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La colonie recommencée

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  • La colonie recommencée

    Ce régime abominable concerne au maximum une cinquantaine de milliers d'individus, l'essentiel du pouvoir étant détenu par quelques dizaines de personnes. Cette ultra-minorité possède, comme nous l'avons vu, toute l'Algérie. Géographiquement, elle est localisée dans un triangle de quelques kilomètres carrés : l'Ouest algérois, la Mitidja, les villas officielles, les principaux ministères et la Présidence, l'aéroport d'Alger et quelques hôtels où s'agglutinent les délégations étrangères et le Sahara, où les Algériens sont indésirables, territoire maintenu désormais sous l'oil scrutateur des USA.

    Quels ressorts peuvent animer ces hommes pour vouer ainsi leur pays aux gémonies ? Bien sûr la soif de pouvoir, la volonté d'éviter le TPI tant ils ont commis d'horreurs. Mais il y a une raison plus fondamentale encore, qui rend possibles toutes ces autres. Il y a ce mépris et cette absence de considération pour les algériens, qu'ils considèrent comme des infra-humains. Ces « notables », tel Larbi Belkheir [62] , issus pour l'essentiel de la bourgeoisie de l'époque de la colonisation française, des familles de nantis, de caïds, de bachaghas, vouaient déjà une haine profonde pour le petit peuple. Haine qu'ils ont eu plusieurs décennies pour cultiver et exacerber, ce petit peuple ne les ayant jamais adoptés ni estimés. « Je tuerai deux millions d'Algériens pour rétablir l'ordre », disait Smaïn Lamari, avant de lancer un « programme » génocidaire dont le pays n'est pas encore sorti. « Quand des journalistes viennent en visite ici, ils n'arrivent pas à croire qu'il s'agisse de l'Algérie [63] », se vante Khaled Nezzar devant un journaliste américain, parlant de son immense villa du Paradou sur les hauteurs de Hydra. Bouteflika dira des Kabyles qu'ils sont « des nains », et des arabophones qu'ils méritent la punition divine du tremblement de terre et des inondations parce qu'ils sont « des Arabes sales ».





    Les généraux ont la hantise que les étrangers les assimilent à des Algériens, leur quartier à l'Algérie. Ils n'auront de cesse que lorsque le pays aura cessé d'exister sous se contours actuels. C'est cette haine pour le peuple algérien, pour sa culture, ses langues, ses contours géographiques, qui explique cette furie destructrice qui ne cessera pas tant qu'ils sont aux commandes. De ce pays, tout ce qui les intéresse, ce sont ses ressources et la couverture qu'il leur offre au travers de ses institutions « souveraines », l'abri qu'il leur permet contre toute ingérence étrangère qui n'ait pas pour finalité de les renforcer.
    Le 1er novembre 2004, 50 ans après avoir décidé de briser les chaînes de l'asservissement, les Algériens se réveillent plus loin l'indépendance que jamais. La presse égrène les infos d'une « recolonisation » inexorable de leur pays. Un ministre annonce ici « que l'Algérie compte 1 209 entreprises éligibles à la privatisation ». Là, à tours de bras, la Sonatrach rétrocède aux compagnies étrangères ses prérogatives tandis que Chakib Khelil assure celles-ci « de l'appui de l'administration pour faire aboutir leurs projets [64] ». Pour parer au « déficit en encadrement dans l'université algérienne, 600 enseignants étrangers » sont sollicités, un comble, au moment même où Xavier Darcos évalue à 214 000 les « cadres algériens à exercer en Europe et aux États-Unis dans le domaine de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique ». « Après le mouvement qui a touché le corps de l'armée, les walis puis les magistrats, c'est au tour des chefs de daïra. Pas moins de 245 [.] seront en effet concernés. » Alors que la tenue prochaine d'« une nouvelle conférence sur le terrorisme » est annoncée [65] , le dossier des familles de disparus du terrorisme d'État se règle sur la route de la présidence algérienne à coup de « ratonnades » [66] . Pendant que le régime pousse dans ses retranchements la jeunesse algérienne, qu'il lui laisse l'exil pour seule issue, se multiplient en Méditerranée des manouvres conjointes avec la France, l'Otan, l'Espagne, les USA, etc. La Police organise quant à elle « à Maghnia un stage national de formation sur la lutte contre l'immigration clandestine avec la participation de cadres de la police française. » L'objectif, dira l'un d'eux, est « de partager nos expériences et nos erreurs afin de contribuer efficacement dans la lutte contre ce fléau qui prend des proportions alarmantes ». Réunis à Florence dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et l'immigration illégale, les ministres de l'Intérieur du G5 (Italie, Allemagne, France, Grande-Bretagne et Espagne) envisagent de créer « des centres d'accueil en Afrique du Nord » destinés à « filtrer les candidats à l'entrée en Europe [67] », ce qui, selon un représentant français, « reviendrait à recréer Sangatte et la ligne Maginot avec des effets pervers, notamment des éventuels recrutements terroristes, des dérives mafieuses et des trafics dont les premières victimes seraient ces populations défavorisées ». Sur un tout autre chapitre, le ministre algérien des Affaires étrangères Abdelaziz Belkhadem déclare que « la guerre [avec le Maroc] est une option que l'Algérie ne retient que dans le cas d'une violation de ses frontières [68] », ce qui équivaut à annoncer que l'option est à l'étude.

    Les Algériens sont cernés, comme dans une chasse à cour. Le scénario est ficelé, la distribution des rôles achevée. Aux USA la force et la dissuasion, à la France la couverture diplomatique, à la presse française la caution par l'omerta, au DRS de briser les reins aux Algériens. Combien de temps ces derniers accepteront-ils de jouer les lapins de garenne ? C'est la seule incertitude qui demeure ! Car pour le reste, il ne doivent plus compter que sur leurs ressources internes, dans un combat libérateur qui sera de toute façon très dur.


    Algérie Watch
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