En 1988, une blague savoureuse circulait à Alger. Place du 1er mai, une
vieille dame évitant d’emprunter la passerelle, traverse la rue «
illicitement». Un policier zélé l’interpelle et la sermonne sévèrement.
La vieille dame réplique : « Tu étais où quand les hommes sont sortis
manifester le 5 octobre?» En effet, les policiers avaient disparu de la
circulation durant les premiers jours de la révolte de 1988.
Quand on voit Saïd Sadi protégé par ses gardes du corps, eux mêmes
policiers, bomber le torse devant les policiers anti-émeute, on a envie de lui
dire : « Où étais tu quand les rares et authentiques opposants, journalistes,
intellectuels, hommes et femmes, au risque de leur vie s’opposaient au régime
et à ses pratiques ?
Or depuis quelques jours le docteur Sadi se pose en opposant résolu au
régime. Monsieur Sadi tempête et trépigne, appelle à manifester pour la
démocratie et le changement, et au cours d'une marche statique tente
d'arracher la casquette d'un policier. Hèlas, le très télévisuel coup de
matraque ne répondra pas à la provocation de l'insurgé de circonstance!
Héroïque docteur Sadi qui n'ignore rien des mouvements de caméra...
L'indécence est sans limites et chez nous elle ne connait aucune
frontière.Malgré tout on reste perplexe devant tant d'aplomb. Comment M. Sadi
ose t il marcher aux côtés des familles de disparus, alors qu’il traitait il
y a peu leurs enfants de terroristes. Aurait-il changé d’avis depuis ? Se
serait-il repenti ?
Comment M. Sadi peut-il se mettre aux côtés du vénérable Ali Yahia
Abdennour, alors que lorsque ce dernier avait signé le Contrat National en
1995, il avait été insulté et traîné dans la boue par Sadi et ses amis?
Aurait présenté des excuses depuis ? Se serait-il repenti ?
L'image montrant le respectable Ali Yahia Abdennour à côté de Abderrezak
Brerhi et de Said Sadi montre toute la sophistication du scénario de confusion
mis en oeuvre par le pouvoir réel, le DRS tapi derrière les institutions
civiles.
Sur la base de quel arguments, M. Sadi Sadi compte-t-il nous convaincre
qu’il a divorcé avec un régime qu’il a soutenu depuis près de 20 ans ?
Il suffit de lire les journaux de l’époque pour se rappeler (pour ceux qui
l’ont oublié) que le docteur Sadi a accompagné, défendu, justifié toutes
les décisions du régime depuis 1992. Pour mémoire nous citerons les plus
éclatants des positions de ce nouvel opposant irréductible. Monsieur Sadi a
soutenu sans réserves :
- L'Arrêt du processus électoral, censé sauvegarder la République, mais
qui n’a sauvegardé que la dictature;
- Les camps d’internement du sud où des milliers d’Algériens ont été
placés sans accusation, ni jugement;
- L’état d’urgence;
- Les multiples élections truquées (M. Sadi a bien voulu jouer au lièvre
pour l’élection du général Zeroual en 1995)
- Le recours à la violence d'État et le système de terreur déployé dans
les années 90.
Les postures et retournements du Docteur Sadi ne trompent pas grand monde et
au fond elles n'intéressent pas grand monde. Sauf peut-être quelques médias
français ou il a quelques entrées...
La société algérienne, dans toutes ses composantes, aguerrie par les
années d'horreur, n'a pas la mémoire courte. Elle n'est pas dupe des
retournements et reconnait la partition jouée par le docteur Sadi et ses
collègues de l'opposition "de dessins animés" selon la sympathique formule
égyptienne.
Et elle comprend clairement que la conversion récente du docteur Sadi à
l'opposition radicale est une pure posture politicienne. Nul besoin de sortir
de Sciences-po' pour déchiffrer les intentions de Monsieur Sadi : il s'agit
de regagner un peu de crédit en tenter de surfer sur la vague des révolutions
arabes et, surtout, d'instrumentaliser la colère de la société algérienne.
En demandant le départ de Bouteflika, président de façade, le Docteur joue un
rôle dans une mise en scène dirigée par son vrai inspirateur : le DRS du
général Tewfik.
La société algérienne le sait. Elle n'acceptera jamais que sa révolte
légitime, quelle que soit la forme qu'elle prendra, soit dirigée par des
derviches-tourneurs et des illusionistes.
Par Merwane Al-Andaloussi, Algeria-Watch, 16 février 2011.
Source : alterinfo.net
vieille dame évitant d’emprunter la passerelle, traverse la rue «
illicitement». Un policier zélé l’interpelle et la sermonne sévèrement.
La vieille dame réplique : « Tu étais où quand les hommes sont sortis
manifester le 5 octobre?» En effet, les policiers avaient disparu de la
circulation durant les premiers jours de la révolte de 1988.
Quand on voit Saïd Sadi protégé par ses gardes du corps, eux mêmes
policiers, bomber le torse devant les policiers anti-émeute, on a envie de lui
dire : « Où étais tu quand les rares et authentiques opposants, journalistes,
intellectuels, hommes et femmes, au risque de leur vie s’opposaient au régime
et à ses pratiques ?
Or depuis quelques jours le docteur Sadi se pose en opposant résolu au
régime. Monsieur Sadi tempête et trépigne, appelle à manifester pour la
démocratie et le changement, et au cours d'une marche statique tente
d'arracher la casquette d'un policier. Hèlas, le très télévisuel coup de
matraque ne répondra pas à la provocation de l'insurgé de circonstance!
Héroïque docteur Sadi qui n'ignore rien des mouvements de caméra...
L'indécence est sans limites et chez nous elle ne connait aucune
frontière.Malgré tout on reste perplexe devant tant d'aplomb. Comment M. Sadi
ose t il marcher aux côtés des familles de disparus, alors qu’il traitait il
y a peu leurs enfants de terroristes. Aurait-il changé d’avis depuis ? Se
serait-il repenti ?
Comment M. Sadi peut-il se mettre aux côtés du vénérable Ali Yahia
Abdennour, alors que lorsque ce dernier avait signé le Contrat National en
1995, il avait été insulté et traîné dans la boue par Sadi et ses amis?
Aurait présenté des excuses depuis ? Se serait-il repenti ?
L'image montrant le respectable Ali Yahia Abdennour à côté de Abderrezak
Brerhi et de Said Sadi montre toute la sophistication du scénario de confusion
mis en oeuvre par le pouvoir réel, le DRS tapi derrière les institutions
civiles.
Sur la base de quel arguments, M. Sadi Sadi compte-t-il nous convaincre
qu’il a divorcé avec un régime qu’il a soutenu depuis près de 20 ans ?
Il suffit de lire les journaux de l’époque pour se rappeler (pour ceux qui
l’ont oublié) que le docteur Sadi a accompagné, défendu, justifié toutes
les décisions du régime depuis 1992. Pour mémoire nous citerons les plus
éclatants des positions de ce nouvel opposant irréductible. Monsieur Sadi a
soutenu sans réserves :
- L'Arrêt du processus électoral, censé sauvegarder la République, mais
qui n’a sauvegardé que la dictature;
- Les camps d’internement du sud où des milliers d’Algériens ont été
placés sans accusation, ni jugement;
- L’état d’urgence;
- Les multiples élections truquées (M. Sadi a bien voulu jouer au lièvre
pour l’élection du général Zeroual en 1995)
- Le recours à la violence d'État et le système de terreur déployé dans
les années 90.
Les postures et retournements du Docteur Sadi ne trompent pas grand monde et
au fond elles n'intéressent pas grand monde. Sauf peut-être quelques médias
français ou il a quelques entrées...
La société algérienne, dans toutes ses composantes, aguerrie par les
années d'horreur, n'a pas la mémoire courte. Elle n'est pas dupe des
retournements et reconnait la partition jouée par le docteur Sadi et ses
collègues de l'opposition "de dessins animés" selon la sympathique formule
égyptienne.
Et elle comprend clairement que la conversion récente du docteur Sadi à
l'opposition radicale est une pure posture politicienne. Nul besoin de sortir
de Sciences-po' pour déchiffrer les intentions de Monsieur Sadi : il s'agit
de regagner un peu de crédit en tenter de surfer sur la vague des révolutions
arabes et, surtout, d'instrumentaliser la colère de la société algérienne.
En demandant le départ de Bouteflika, président de façade, le Docteur joue un
rôle dans une mise en scène dirigée par son vrai inspirateur : le DRS du
général Tewfik.
La société algérienne le sait. Elle n'acceptera jamais que sa révolte
légitime, quelle que soit la forme qu'elle prendra, soit dirigée par des
derviches-tourneurs et des illusionistes.
Par Merwane Al-Andaloussi, Algeria-Watch, 16 février 2011.
Source : alterinfo.net
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