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Intégrer le Maghreb

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  • Intégrer le Maghreb

    La « révolution du jasmin » en Tunisie a souligné les conséquences liées aux économies stagnantes et au chômage endémique des jeunes pour les régimes autoritaires de la région. Un autre facteur moins remarqué contribue au malaise : l’incapacité des pays du Maghreb – l’Algérie, la Libye, la Mauritanie, le Maroc et la Tunisie – à développer leur coopération économique.

    En fait, l’Union du Maghreb arabe estime que le manque d’intégration régionale coûte à chaque pays deux points de pourcentage de croissance annuelle du PIB. De son côté, la Commission économique pour l’Afrique des Nations unies a évalué que dans l’éventualité d’un Maghreb unifié, chacun des cinq pays de la région connaîtrait une croissance de 5 pour cent de son PIB. Et la Banque mondiale a calculé qu’une meilleure intégration, comprenant une libéralisation des services et la réforme des lois sur l’investissement, entraînerait une progression de 34 pour cent du PIB réel par tête pour l’Algérie, de 27 pour cent pour le Maroc et de 24 pour cent pour la Tunisie.

    Les pays de la région ne peuvent plus se permettre d’attendre. Si leurs taux de croissance restent identiques à ceux des cinq dernières années, il leur faudra plus de deux décennies pour atteindre le revenu par tête actuel du Mexique et de la Turquie, d’autres pays moins riches membres de l’OCDE.

    Un marché unique dynamique créerait des occasions d’investissement pour toutes les entreprises de la région. Mais aujourd’hui, seulement 1,2 à 2 pour cent du commerce extérieur des cinq pays maghrébins s’effectue au sein de la région. La question clé est de savoir si ce sont des problèmes structurels ou des facteurs institutionnels et politiques qui freinent le développement du commerce interrégional.

    Au plan économique, le niveau négligeable du commerce intra-Maghreb s’explique par des facteurs tels que l’étroitesse des marchés et la faible complémentarité commerciale – en d’autres termes, le faible rapport entre les importations et les exportations. Le potentiel du commerce interrégional semble être en partie limité par la similitude entre les économies de certains pays, du Maroc et de la Tunisie en particulier. L’indice de Finger et Kreinin, qui mesure le degré de similarité des exportations de deux pays sur un marché tiers, évalue à plus de 70 pour cent la similarité des exportations de ces deux pays vers l’Union européenne.

    L’intégration régionale pourrait contribuer à encourager la croissance de deux manières. Tout d’abord, l’intégration du Maghreb créerait des économies d’échelle et stimulerait la concurrence, établissant un marché de 75 millions de consommateurs – de taille analogue à plusieurs des puissances commerciales les plus dynamiques et certainement assez important pour attirer les investisseurs étrangers. Ensuite, l’intégration régionale réduirait les effets du réseau « en étoile » entre l’UE et le Maghreb – effets qui apparaissent quand un grand pays ou une région conclut des accords commerciaux bilatéraux avec plusieurs pays plus petits.

    La mondialisation des marchés agit comme un puissant régulateur des économies, mais elle provoque aussi une déstabilisation des régions les plus faibles. Si les pays du Maghreb venaient à se diviser davantage en des entités protectionnistes mutuellement hostiles, le seul résultat serait une croissance économique trop faible pour répondre aux attentes de leurs populations – des attentes déjà exacerbées par le contraste de plus en plus marqué entre les niveaux de vie au nord et au sud de la Méditerranée.

    Face aux défis croissants présentés par la mondialisation, une volonté politique partagée est la seule force suffisamment puissante pour tirer parti de l’énorme potentiel économique du Maghreb. A défaut, la région risque de devenir un espace politique et économique poreux livré à l’incertitude et à l’instabilité. Dans le monde instable actuel, un Maghreb intégré est à la fois une possibilité et une nécessité.

    Et pourtant, nombreux sont ceux au Maghreb – à la fois au sein de la classe politique et de l’opinion publique – à entretenir des sentiments ambivalents quant à l’intégration régionale. Il est donc urgent de développer un projet politique qui séduise tant les dirigeants que les populations de la région.

    Rien ne souligne davantage les bienfaits d’une intégration régionale que les grands projets d’infrastructures qui profitent à plusieurs pays. Des projets liés aux transports, par exemple, auraient un fort impact politique et une visibilité maximum, tout en rapprochant les citoyens du Maghreb, à la fois physiquement et psychologiquement.

    Les projets énergétiques pourraient aussi être développés, étant donné que les besoins en énergie devraient croître plus rapidement au sud de la Méditerranée qu’en Europe. De tels projets encourageraient énormément l’intégration du Maghreb s’ils étaient accompagnés de projets industriels basés sur le gaz comme matière première ou comme source d’énergie développée avec des partenaires de l’UE. Les abondantes ressources en gaz de la région pourraient également servir à faire fonctionner des usines de désalinisation pour faire face aux énormes besoins en eau du Maghreb.

    En effet, l’explosion de la population et l’urbanisation rapide de la région, combinées au développement rapide des infrastructures touristiques, ont fait que la pénurie en eau constitue déjà un frein à la croissance. Compte tenu de l’accroissement indispensable des infrastructures en eau, s’il est bien une question pour unifier la région, c’est celle de la gestion et de l’allocation des ressources en eau.

    Le premier pas doit toutefois être de résoudre les conflits entre États, comme le conflit entre l’Algérie et le Maroc à propos du Sahara "occidental", qui entravent la mise sur pied d’un Maghreb unifié. Sans cela, imaginer même les contours d’un avenir commun deviendra difficile. Et sans ces perspectives d’avenir, le désespoir né de la précarité économique et à l’origine de la révolution tunisienne, ne disparaîtra pas de sitôt.


    Copyright: Project Syndicate, Europe’s World, 2011.
    Traduit de l’anglais par Julia Gallin

  • #2
    En fait, l’Union du Maghreb arabe estime que le manque d’intégration régionale coûte à chaque pays deux points de pourcentage de croissance annuelle du PIB. De son côté, la Commission économique pour l’Afrique des Nations unies a évalué que dans l’éventualité d’un Maghreb unifié, chacun des cinq pays de la région connaîtrait une croissance de 5 pour cent de son PIB. Et la Banque mondiale a calculé qu’une meilleure intégration, comprenant une libéralisation des services et la réforme des lois sur l’investissement, entraînerait une progression de 34 pour cent du PIB réel par tête pour l’Algérie, de 27 pour cent pour le Maroc et de 24 pour cent pour la Tunisie
    ou est ce qu'ils sont les gens qui disaient que c'est le Maroc qui sera le plus gagnant si on ouvre les frontières et qu'on crée une véritable union, non pas seulement sur le papier.

    PS: Je suis contre l'UMA et je préfère voir le Maroc se retirer de cette organisation.



    Bon pour le reste, j'ai la flem de lire.
    Critiquer pour améliorer.
    Ne pas changer, mais évoluer.

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