C'est un reportage intéressant à lire parce que c'est la vie de tous les jours qui est décrite. Départ dans le train d’Alger Annaba qui quitte la gare centrale d’Alger le mercredi 5 Avril. Il est 20h40mn.
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Ils sont donc 11 wagons, qui vont rallier la capitale à Annaba. Depuis quelques années, la criminalité dans les trains a pris des proportions alarmantes. Des agressions, des vols, des trafics en tous genres sont devenus le lot quotidien des navettes par rails. Pour cela les voyageurs, qui choisissent les services de la SNTF, se sentent plus que jamais dans une insécurité et une menace permanente. Aussi, la menace qui guettait les trains au cours de la décennie noire avait poussé les citoyens à bouder ce moyen de transport.
Des gendarmes pour sécuriser le train...
Nous prenons place dans l’un des premiers wagons à sièges du train. Pour le sécuriser, des agents de sécurité armés de fusils à pompe et d’un maître chien étaient déjà là. Les veilles tenues. Le nombre d’agents qui assurent la sécurité à bord, renseignent si besoin est, sur toute l’importance accordée au volet sécuritaire par la société. A bord de ce train quotidien, près de 600 passagers, quant à la sécurité, elle est assurée par... 7 personnes. “Le nombre d’agents est insuffisant pour assurer la sécurité”, nous dit le chef de brigade, Toufik L. En ce mercredi, le nombre de passagers n’est pas très important, le train arrive souvent à transporter parfois plus de 1000 personnes. “Le nombre de wagons atteint parfois les 18”, nous dit l’un des contrôleurs qui n’a cessé de narrer avec nostalgie sa carrière de 35 ans sur les rails.
Arrivant à hauteur de Rouiba, le détachement spécial d’intervention de la Gendarmerie nationale (DSI) rallie le train. Près d’une vingtaine d’éléments prennent également place dans le premier wagon. Ces robustes éléments prêts à l’intervention ont pour mission, cette nuit, leur part de lutte contre la criminalité à bord du train.
“Ces interventions ont pour but la lutte contre la criminalité et la sécurisation des chemins de fer, une action qui pourrait attirer plus de voyageurs vers ce moyen de transport et atténuer la pression sur les autres moyens, notamment routiers, qui connaissent d’énormes problèmes, notamment de circulation”, nous dit le colonel Ayoub.
A 22h10, la mission de nuit est entamée. Les gendarmes “ratissent” les wagons. Les deux premiers wagons à sièges sont fouillés. Ici, les gens étaient déjà éprouvés par les deux premières heures de voyage. Beaucoup se sont même endormis. Les bagages sont fouillés : sacs, cabas, sachets, valises, tout ce qui est soupçonné est minutieusement fouillé. Dans les wagons couchettes, également, tout est passé au peigne fin. Les avis des voyageurs interrogés sur la sécurité dans le train sont mitigés : si ceux des wagons à sièges se plaignent de l’absence de sécurité, ceux des wagons couchettes paraissent plus satisfaits. Prenant le couloir étroit du train, les hommes en uniforme cherchaient d’éventuels “intrus délinquants”. Torche en main, les couchettes sont minutieusement fouillées et l’identité des occupants contrôlée. Après avoir fouillé les premiers voyageurs, les gendarmes n’ont rien trouvé. Selon des indiscrétions, l’information aurait circulé le matin même dans la gare, faisant état d’une intervention de la gendarmerie dans le train, ce qui aurait dissuadé ‘’les activistes’’
Des agents de sécurité en difficulté
Les agents de sécurité à bord nous ont fait part de leurs difficultés à bien mener leur mission. Leur nombre réduit et le manque de moyens pénalisent grandement leur travail. L’absence de moyens de transmission pour la coordination entre eux, met leur propre vie en danger, en faisant quotidiennement face à des délinquants déterminés et à des contrebandiers et voleurs professionnels ainsi qu’à des ivrognes et drogués.
“Quand quelqu’un se trouve au premier wagon, il peut être agressé car les autres se trouvent loin de lui, sans pouvoir lui porter secours”, nous affirme toujours le chef de brigade. “Le manque de communication entre eux au moment opportun met leur vie en danger”.
Aussi, même à l’extérieur, ces agents se trouvent en proie à des représailles de la part des passagers suspects appréhendés. Nous montrant des cicatrices sur son visage, un agent de sécurité nous affirme que cela est dû à deux agressions dont il a été victime en dehors de son travail. C’est dans un quartier d’Alger qu’un individu lui a assené un coup sur la tête à l’aide d’une bouteille ; il lui reprochait de ne pas l’avoir laissé monter dans le train.
En dehors du sujet de la sécurité dans le train, les voyageurs que nous avons rencontrés à bord nous ont fait part de leur indignation, quant aux prix des billets pratiqués par la SNTF. La place en couchette Alger-Annaba revient à 1 650 DA, quant au siège, 300 DA sont à déduire. La place jusqu’à Sétif, quand à elle, est de 705 DA. Une somme que doit payer même un passager qui rallierait les villes précèdant Sétif ! Cette politique des prix ne peut être en faveur de l’entreprise, puisque beaucoup sont dissuadés par cela, d’où la colère qu’ils ont exprimée même à notre égard.
C’est à une heure tardive de la nuit que nous arrivons à Sétif, mais notre voyage n’est pas fini, car nous devons pénétrer dans les profondeurs des Hauts-Plateaux. C’est finalement après une cinquantaine de kilomètres de Sétif que nous élisons domicile, à Hammam Soukhna, à quelques 25 km d’El Eulma. Ce n’est que le lendemain que nous découvrons le paysage de la région qui reflète à merveille l’image que nous avons de cette région du pays. Les terres, verdoyantes en ce milieu de printemps, s’étendent à perte de vue. L’horizon donne l’impression d’une limite que dessine la rencontre de la terre et du ciel. Les quelques monts qui les agrémentent ressemblent à des dunes d’une autre nature, émergés brusquement de la terre, le sommet est aussitôt atteint.
La région est à vocation agricole, bien qu’elle reste largement inexploitée. Tout au long des plateaux, des troupeaux de moutons sont gardés par des bergers enturbannés.
Les maisons isolées et les groupements de maisons éparpillées sur ces terres plates qui rappellent la Mitidja, démontrent si besoin est, la très modeste vie que mènent les populations locales. Tout comme les demeures construite avec de la pierre et de la terre, la mémoire locale impose le respect dû à plusieurs générations qui y ont déjà élus domicile.
Les usagers des routes qui traversent ces plaines remarqueront ces innombrables dos-d’âne ou plutôt dos de chameau qui sont semés tout au long des routes. Des séries de “ralentisseurs” en triplés, sont dessinées. Chaque ralentisseur n’est séparé de l’autre que par quelques mètres, ce qui cause des désagréments à ceux utilisant une vitesse excessive. La vox populi qui dit que les gens de Sétif sont toujours en excès de vitesse, légitime, en quelque sorte, cette pratique confortée par... l’absence de l’autorité publique.
Sétif : Prostitution, détresse et risques du métier
Les brigades que nous avons visitées nous ont exposé des saisies, à El Oueldja : des pétards et du fil chirurgical que les éléments de la Gendarmerie nationale ont saisi lors d’un contrôle de routine, sur la RN 5, reliant Sétif aux villes de l’est du pays. “Les pétards sont achetés d’El Eulma, selon les mis en cause dans cette affaire”, nous dit l’homme en vert, qui nous a exposé la situation. Quant au fil chirurgical, il a été saisi sur un paramédical de Constantine qui voulait le vendre à El Eulma.
Une autre escale à la brigade d’El Eulma. D’ici, nous nous sommes dirigés vers une destination inconnue. Notre route nous amène loin de la ville de Sétif. Nous quittons la route principale, accompagnés d’une dizaine de véhicules de la gendarmerie. La piste est poussiéreuse et non homogène, de violentes secousses saisissent les véhicules et un nuage de poussière est laissé derrière chacun d’eux. Nous nous éloignons de tout et pour quelqu’un qui ne connaît pas cette région, l’idée d’une présence humaine dans ces lieux ne lui effleurerait même pas l’esprit. Le cortège avance et les véhicules se séparent parfois. De loin, apparaît une sorte de hangar ou plutôt une propriété entourée d’un mur, ce qui donne une première idée de ce dont il s’agit. Les premiers véhicules de la gendarmerie prennent position devant le portail. Parmi les gendarmes se trouvent les éléments de la brigade de prévention et d’intervention. Les lieux sont aussitôt encerclés. De loin, apparaissent les hommes en vert. Le mur qui ne laisse rien transparaître, de par sa hauteur, est aussitôt escaladé et les gendarmes pénètrent dans l’enceinte. L’enquête relative à cette opération a été ouverte il y a six mois, après des plaintes déposées par des personnes habitant les alentours, bien que les lieux soient déserts. Notre véhicule rejoint les précédents et nous entrons à notre tour. Beaucoup de gendarmes sont déjà à l’intérieur. Plusieurs locaux de fortune entourent une grande cour, des véhicules y sont garés.
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Ils sont donc 11 wagons, qui vont rallier la capitale à Annaba. Depuis quelques années, la criminalité dans les trains a pris des proportions alarmantes. Des agressions, des vols, des trafics en tous genres sont devenus le lot quotidien des navettes par rails. Pour cela les voyageurs, qui choisissent les services de la SNTF, se sentent plus que jamais dans une insécurité et une menace permanente. Aussi, la menace qui guettait les trains au cours de la décennie noire avait poussé les citoyens à bouder ce moyen de transport.
Des gendarmes pour sécuriser le train...
Nous prenons place dans l’un des premiers wagons à sièges du train. Pour le sécuriser, des agents de sécurité armés de fusils à pompe et d’un maître chien étaient déjà là. Les veilles tenues. Le nombre d’agents qui assurent la sécurité à bord, renseignent si besoin est, sur toute l’importance accordée au volet sécuritaire par la société. A bord de ce train quotidien, près de 600 passagers, quant à la sécurité, elle est assurée par... 7 personnes. “Le nombre d’agents est insuffisant pour assurer la sécurité”, nous dit le chef de brigade, Toufik L. En ce mercredi, le nombre de passagers n’est pas très important, le train arrive souvent à transporter parfois plus de 1000 personnes. “Le nombre de wagons atteint parfois les 18”, nous dit l’un des contrôleurs qui n’a cessé de narrer avec nostalgie sa carrière de 35 ans sur les rails.
Arrivant à hauteur de Rouiba, le détachement spécial d’intervention de la Gendarmerie nationale (DSI) rallie le train. Près d’une vingtaine d’éléments prennent également place dans le premier wagon. Ces robustes éléments prêts à l’intervention ont pour mission, cette nuit, leur part de lutte contre la criminalité à bord du train.
“Ces interventions ont pour but la lutte contre la criminalité et la sécurisation des chemins de fer, une action qui pourrait attirer plus de voyageurs vers ce moyen de transport et atténuer la pression sur les autres moyens, notamment routiers, qui connaissent d’énormes problèmes, notamment de circulation”, nous dit le colonel Ayoub.
A 22h10, la mission de nuit est entamée. Les gendarmes “ratissent” les wagons. Les deux premiers wagons à sièges sont fouillés. Ici, les gens étaient déjà éprouvés par les deux premières heures de voyage. Beaucoup se sont même endormis. Les bagages sont fouillés : sacs, cabas, sachets, valises, tout ce qui est soupçonné est minutieusement fouillé. Dans les wagons couchettes, également, tout est passé au peigne fin. Les avis des voyageurs interrogés sur la sécurité dans le train sont mitigés : si ceux des wagons à sièges se plaignent de l’absence de sécurité, ceux des wagons couchettes paraissent plus satisfaits. Prenant le couloir étroit du train, les hommes en uniforme cherchaient d’éventuels “intrus délinquants”. Torche en main, les couchettes sont minutieusement fouillées et l’identité des occupants contrôlée. Après avoir fouillé les premiers voyageurs, les gendarmes n’ont rien trouvé. Selon des indiscrétions, l’information aurait circulé le matin même dans la gare, faisant état d’une intervention de la gendarmerie dans le train, ce qui aurait dissuadé ‘’les activistes’’
Des agents de sécurité en difficulté
Les agents de sécurité à bord nous ont fait part de leurs difficultés à bien mener leur mission. Leur nombre réduit et le manque de moyens pénalisent grandement leur travail. L’absence de moyens de transmission pour la coordination entre eux, met leur propre vie en danger, en faisant quotidiennement face à des délinquants déterminés et à des contrebandiers et voleurs professionnels ainsi qu’à des ivrognes et drogués.
“Quand quelqu’un se trouve au premier wagon, il peut être agressé car les autres se trouvent loin de lui, sans pouvoir lui porter secours”, nous affirme toujours le chef de brigade. “Le manque de communication entre eux au moment opportun met leur vie en danger”.
Aussi, même à l’extérieur, ces agents se trouvent en proie à des représailles de la part des passagers suspects appréhendés. Nous montrant des cicatrices sur son visage, un agent de sécurité nous affirme que cela est dû à deux agressions dont il a été victime en dehors de son travail. C’est dans un quartier d’Alger qu’un individu lui a assené un coup sur la tête à l’aide d’une bouteille ; il lui reprochait de ne pas l’avoir laissé monter dans le train.
En dehors du sujet de la sécurité dans le train, les voyageurs que nous avons rencontrés à bord nous ont fait part de leur indignation, quant aux prix des billets pratiqués par la SNTF. La place en couchette Alger-Annaba revient à 1 650 DA, quant au siège, 300 DA sont à déduire. La place jusqu’à Sétif, quand à elle, est de 705 DA. Une somme que doit payer même un passager qui rallierait les villes précèdant Sétif ! Cette politique des prix ne peut être en faveur de l’entreprise, puisque beaucoup sont dissuadés par cela, d’où la colère qu’ils ont exprimée même à notre égard.
C’est à une heure tardive de la nuit que nous arrivons à Sétif, mais notre voyage n’est pas fini, car nous devons pénétrer dans les profondeurs des Hauts-Plateaux. C’est finalement après une cinquantaine de kilomètres de Sétif que nous élisons domicile, à Hammam Soukhna, à quelques 25 km d’El Eulma. Ce n’est que le lendemain que nous découvrons le paysage de la région qui reflète à merveille l’image que nous avons de cette région du pays. Les terres, verdoyantes en ce milieu de printemps, s’étendent à perte de vue. L’horizon donne l’impression d’une limite que dessine la rencontre de la terre et du ciel. Les quelques monts qui les agrémentent ressemblent à des dunes d’une autre nature, émergés brusquement de la terre, le sommet est aussitôt atteint.
La région est à vocation agricole, bien qu’elle reste largement inexploitée. Tout au long des plateaux, des troupeaux de moutons sont gardés par des bergers enturbannés.
Les maisons isolées et les groupements de maisons éparpillées sur ces terres plates qui rappellent la Mitidja, démontrent si besoin est, la très modeste vie que mènent les populations locales. Tout comme les demeures construite avec de la pierre et de la terre, la mémoire locale impose le respect dû à plusieurs générations qui y ont déjà élus domicile.
Les usagers des routes qui traversent ces plaines remarqueront ces innombrables dos-d’âne ou plutôt dos de chameau qui sont semés tout au long des routes. Des séries de “ralentisseurs” en triplés, sont dessinées. Chaque ralentisseur n’est séparé de l’autre que par quelques mètres, ce qui cause des désagréments à ceux utilisant une vitesse excessive. La vox populi qui dit que les gens de Sétif sont toujours en excès de vitesse, légitime, en quelque sorte, cette pratique confortée par... l’absence de l’autorité publique.
Sétif : Prostitution, détresse et risques du métier
Les brigades que nous avons visitées nous ont exposé des saisies, à El Oueldja : des pétards et du fil chirurgical que les éléments de la Gendarmerie nationale ont saisi lors d’un contrôle de routine, sur la RN 5, reliant Sétif aux villes de l’est du pays. “Les pétards sont achetés d’El Eulma, selon les mis en cause dans cette affaire”, nous dit l’homme en vert, qui nous a exposé la situation. Quant au fil chirurgical, il a été saisi sur un paramédical de Constantine qui voulait le vendre à El Eulma.
Une autre escale à la brigade d’El Eulma. D’ici, nous nous sommes dirigés vers une destination inconnue. Notre route nous amène loin de la ville de Sétif. Nous quittons la route principale, accompagnés d’une dizaine de véhicules de la gendarmerie. La piste est poussiéreuse et non homogène, de violentes secousses saisissent les véhicules et un nuage de poussière est laissé derrière chacun d’eux. Nous nous éloignons de tout et pour quelqu’un qui ne connaît pas cette région, l’idée d’une présence humaine dans ces lieux ne lui effleurerait même pas l’esprit. Le cortège avance et les véhicules se séparent parfois. De loin, apparaît une sorte de hangar ou plutôt une propriété entourée d’un mur, ce qui donne une première idée de ce dont il s’agit. Les premiers véhicules de la gendarmerie prennent position devant le portail. Parmi les gendarmes se trouvent les éléments de la brigade de prévention et d’intervention. Les lieux sont aussitôt encerclés. De loin, apparaissent les hommes en vert. Le mur qui ne laisse rien transparaître, de par sa hauteur, est aussitôt escaladé et les gendarmes pénètrent dans l’enceinte. L’enquête relative à cette opération a été ouverte il y a six mois, après des plaintes déposées par des personnes habitant les alentours, bien que les lieux soient déserts. Notre véhicule rejoint les précédents et nous entrons à notre tour. Beaucoup de gendarmes sont déjà à l’intérieur. Plusieurs locaux de fortune entourent une grande cour, des véhicules y sont garés.
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