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Regain de popularité du hijab en Tunisie

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  • Regain de popularité du hijab en Tunisie

    Alors que certains craignent que le changement de régime en Tunisie ne vienne menacer la ferme tradition de laïcité du pays, d'autres tirent parti de cette nouvelle liberté pour pratiquer l'Islam en public.
    Par Houda Trabelsi pour Magharebia à Tunis – 24/02/11

    [Reuters/Zohra Bensemra] Suscitant de nombreuses controverses, la Tunisie pourrait prochainement abolir une loi interdisant le port du hijab en public.
    Après des années de politique restrictive envers les symboles vestimentaires religieux, la Tunisie pourrait prochainement revenir sur l'interdiction de longue date concernant le port du hijab dans les institutions publiques.

    Le voile est une affaire personnelle, qui s'inscrit dans le cadre des libertés individuelles de la femme, a déclaré Laroussi Mizouri, ministre des Affaires religieuses, le 12 février lors de la première déclaration officielle sur cette question.

    Aux termes de la loi tunisienne, le voile est considéré comme "un vêtement à caractère sectaire" plutôt que comme un devoir religieux. Le premier Président du pays, Habib Bourguiba, avait interdit le port du hijab dans les lieux publics, et son successeur Zine El Abidine Ben Ali s'était engagé à préserver le Code sur le statut des personnes.

    "Notre directeur a imposé une interdiction complète de porter le voile au travail", se plaint Sonia Labadh, salariée du secteur public. "Je devais donc l'enlever à la porte du ministère et le remettre lorsque je partais ; cela m'a énormément gênée."

    "J'ai toujours eu horreur de ces comportements de la part de l'ancien régime", ajoute-t-elle. "Comment ont-ils pu empêcher les gens de porter ce qu'ils voulaient et de respecter les devoirs religieux dans un pays supposé être musulman ?"

    La grogne du public à l'encontre des anciennes politiques avaient atteint son paroxysme en 2003, lorsque des manifestants avaient demandé que le gouvernement intervienne pour arrêter les insultes proférées à l'encontre des femmes voilées, et lorsqu'un groupe d'avocats et de militants des droits de l'Homme avait signé une pétition condamnant les autorités.

    "Ce jeu de cache-cache avec l'administration et la sécurité à l'université, qui nous interdisaient de porter le voile, me rendait malade", explique Sourour Mhadhbi, 22 ans. "Je me suis souvent sentie opprimée et humiliée, et les choses ont été encore pires lorsque j'ai été la cible de paroles obscènes."

    La situation a changé depuis la révolution du 14 janvier, et les villes tunisiennes assistent à un retour en force du voile.

    "Je me sens renaître ; je ne dois plus enlever mon voile à l'université ni porter un chapeau pour le cacher", explique Mhadhbi.

    "La restauration de la liberté de porter le voile pourra peut-être contrebalancer un peu les scènes de nudité qui ont envahi la Tunisie ces dernières années", déclare Mondher Ayari à Magharebia.

    Mais certains craignent un retour des conservateurs. Arbia Ezine, enseignante dans un lycée, espère que les femmes ne seront pas tenues "de porter le voile, notamment avec l'arrivée des partis islamistes sur la scène politique après une absence de plusieurs années".

    "Je respecte la liberté vestimentaire et les croyances personnelles, mais je rejette l'imposition du port ou du retrait du voile, car cela constitue une grave atteinte aux libertés individuelles", poursuit-elle.

    Ghalya ben Mohamed, une étudiante, dit à Magharebia : "Personnellement, je ne recommande pas de porter le voile, mais je respecte la liberté personnelle de celles qui décident de le porter", ajoutant que "celles qui ne portent pas le voile doivent également être respectées".

    Elle souhaite une "disposition juridique claire" pour empêcher que les islamistes n'imposent ce vêtement.

    Mais les changements législatifs n'entraînent pas toujours des changements dans les comportements, selon le professeur de sociologie Ali Hammi. "L'autorisation du voile donnée par le gouvernement ne sera pas nécessairement suivie d'une augmentation du nombre de femmes décidant de le porter. Le voile a toujours été là, bien qu'interdit. L'interdit est toujours tentant."

    De nombreuses femmes portent le voile comme "une forme d'expression sociale ou de mode, et pas toujours comme une manifestation d'une appartenance religieuse ou d'une approche spécifique de la religion", conclut-il.

    Magharebia
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