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Algérie : Bouteflika maintient le cap

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  • Algérie : Bouteflika maintient le cap

    L'Algérie devrait connaître un regain d'activité, surtout dans les secteurs dits "après-pétrole"
    Le président Abdelaziz Bouteflika a marqué sa ferme volonté de conduire un nouveau train de réformes politiques en Algérie en abrogeant l’état d’urgence en vigueur depuis dix-neuf ans, et en ouvrant plus largement les champs politique et médiatique, sans cependant céder sur l’interdiction des « marches politiques » dans la capitale, Alger

    Une partie de l’opposition l’avait placée au cœur de ses revendications, en appelant à une marche à Alger tous les samedis. Mais dès la seconde tentative, il est apparu qu’elle avait perdu son bras de fer, les autorités ayant mobilisé efficacement les forces de l’ordre pour faire respecter cette interdiction. A la veille d’une nouvelle marche prévue samedi 26 février, la Commission nationale pour la démocratie le changement (CNDC), attelage hétéroclite d’associations diverses et de petits partis sans envergure nationale, est plus divisée que jamais.

    Interdites à Alger, les marches sont autorisées partout ailleurs sur le territoire national, de même que les réunions publiques en salles, que l’Etat met gracieusement à la disposition des associations légales sans discrimination politique.
    L’état d'urgence a été officiellement abrogé après la publication, jeudi 24 au soir, de l'ordonnance présidentielle rendant effective la levée de cette mesure, prise en Conseil de ministres mardi. Elle avait été instaurée en 1992 dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et n’avait pas été utilisée pour restreindre les libertés publiques. Selon le ministre de l'Intérieur Dahou Ould Kablia, le recul du terrorisme justifiait l'abrogation de l'état d'urgence. « La lutte contre le terrorisme a donné d’excellents résultats depuis dix ans », a-t-il dit.

    Les autorités ont par aillleurs décidé d'ouvrir la télévision et les radios publiques à l'opposition. « C'est une avancée importante dans la construction de l'Etat de droit », a commenté le président de la Ligue algérienne des droits de l'homme (LADH), M. Ghachir. « Le déverrouillage des champs politique et médiatique ne sont plus qu'une question de temps », a pour sa part indiqué Farouk Ksentini, président de la Commission consultative des droits de l'homme.

    Le président Barack Obama a adressé aussitôt ses félicitations au président algérien. « Je félicite le gouvernement algérien pour avoir pris une mesure importante aujourd'hui en levant officiellement l'état d'urgence. Il s'agit d'un signe positif montrant que le gouvernement algérien écoute les préoccupations et répond aux aspirations de son peuple et nous sommes impatients de voir les prochaines mesures qui seront prises pour permettre aux Algériens d'exercer pleinement leurs droits universels, dont la liberté d'expression et d'association », a déclaré M. Obama dans un communiqué. Plus tôt dans la journée William Burns, secrétaire d'État adjoint en charge des Affaires politiques, en visite à Alger, a qualifié, de « très positives » les mesures économiques et sociales annoncées mardi 22 février par le Conseil des ministres. « Nous considérons comme très positifs les engagements qui ont été pris de donner plus d'opportunités en ce qui concerne l'emploi, le logement et l'éducation », a déclaré, à l'issue d'une rencontre le président Bouteflika. « Nous espérons que toutes ces mesures seront concrétisées très rapidement », a-t-il ajouté.

    Il a souligné que les États-Unis considèrent comme « prioritaires » leurs relations avec l'Algérie, qui dispose, a-t-il dit, d'un« énorme potentiel » de développement. Les deux pays coopèrent étroitement par ailleurs dans la lutte contre le terrorisme – notamment au Sahel où continuent à sévir des « kabitas » d’Al Qaeda au Maghreb Islamique (AQMI) affiliée à la nébuleuse d’Oussama Ben Laden.

    Avec la levée de l’état d’urgence, la lutte contre le terrorisme relèvera de nouvelles dispositions légales. Selon M. Ould Kablia, la coordination de cette lutte sera assurée désormais par l’état-major général de l’armée, qui décidera du déploiement des affectifs, du suivi et de l’évaluation des opérations, dont la conduite relevait jusqu’à présent des chefs de régions militaires. L’armée aura dans cette tâche le concours de la police et de la gendarmerie pour le renseignement, la tenue de barrages de contrôle aux abords des zones urbaines ainsi que de la logistique.

    Par ailleurs, le président Bouteflika a réaffirmé que l’Etat plaçait « au cœur de son action », la lutte contre la corruption et la fraude, dans un message adressé à l’Union générale des travailleurs algériens, à l’occasion du quarantième anniversaire des nationalisations de hydrocarbures le 24 février 1971. Fermement déterminé à protéger l'économie nationale, l'État a placé la lutte contre la corruption, les pratiques parasitaires et la fraude au cœur de son action », déclare le chef de l’Etat dans ce message.

    Il rappelle que des mécanismes de prévention ont déjà été mis en place et souligne que « l’Etat continuera à consacrer les moyens nécessaires pour renforcer et soutenir les instances de contrôle ». Les hydrocarbures sont exploités par l’entreprise publique Sonatrach (Société nationale pour la recherche, la production, le transport, la transformation, et la commercialisation des hydrocarbures). Elle est classée première compagnie pétrolière en Afrique et 12ème dans le monde avec un chiffre d’affaires annuel de plus de 60 milliards de dollars.

    Le chef de l’Etat algérien a aussi annoncé plusieurs mesures économiques et sociales en faveur des investissements et de l’emploi, notamment celui des jeunes chômeurs diplômés. Ces mesures ont été favorablement accueillies par le patronat.
    Le président a ainsi ordonné des allégements sur la fiscalité des entreprises nationales, l’assouplissement des conditions de cession de terrains pour leur implantation, la création de fonds d’investissement régionaux. Il en attend une relance de la croissance pour atteindre un taux de 6 à 7% l’an, contre un taux actuel de l’ordre de 5%, insuffisant pour résorber le chômage. Des instructions ont été par ailleurs données aux entreprises publiques pour qu’elles recrutent le plus possible de diplômés sans porter atteinte à l’équilibre de leurs comptes.

    Le taux de chômage des jeunes est estimé à 25 %, pour un taux moyen national de 11 %. Pour absorber le flux continu de jeunes se présentant sur le marché de l’emploi, l’économie doit ouvrir annuellement quelque 300 000 postes de travail. Dans le programme quinquennal en cours de réalisation, il est prévu la création de trois millions d’emplois entre 2009 et 2014. L’État a mis plus de 300 milliards de dollars sur la table pour renforcer et étendre les infrastructures durant cette période. Il veut aussi stimuler la création des petites et moyennes entreprises pour densifier le tissu économique du pays.

    Les autorités avaient auparavant décidé d’augmenter substantiellement les subventions publiques aux produits de base et d’assouplir les mesures d’intégration des activités informelles (marché noir), dans la sphère légale, afin de juguler le mécontentement des jeunes qui en bénéficient faute de mieux. Le ministre du Commerce a cependant souligné que l’éradication du marché informel restait un objectif de l’Etat.

    Selon les organisations internationales, les fondamentaux de l’économie algérienne se portent bien. Mettant à profit la hausse des prix des hydrocarbures (98 % des recettes extérieures du pays) sur le marché international, l’Algérie a triplé son PIB en dix ans (170 milliards de dollars), avec un taux de croissance moyen de 5 %, une dette extérieure réduite pratiquement à zéro, et une inflation contenue malgré une légère reprise depuis quelques mois.

    L’objectif officiel est désormais de préparer l’après-pétrole en relançant notamment l’activité industrielle – qui a connu un recul sévère dans les années 1980-2000 faute de soutien de l’Etat – et l’agriculture. Il s’agit d’assurer la sécurité alimentaire du pays – dont 75 % des besoins sont actuellement importés.

    Par : Hassen Zenati
    Afrique Asie.fr
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