Jamais décision dans le secteur agricole n’a été aussi courageuse.
Souvent, par résignation, par lassitude ou encore par opportunisme destructif, des responsables aiment invoquer la complexité du secteur agricole pour nous expliquer ensuite qu’il serait fou de vouloir le transformer. Mais dans certaines circonstances, tout redevient simple. Ce qui vient de se passer lors du dernier Conseil des ministres le confirme d’une étonnante manière. Jamais, dans la courte histoire de notre agriculture, une décision comme celle qui vient d’être prise n’a été aussi courageuse et aussi osée. Sans rappeler les détails techniques, les spécialistes s’en chargeront très bien, voilà concrètement en quoi consistent ces mesures. En premier lieu, elles sont porteuses d’une dynamique nouvelle, ouverte et réelle. Elles visent à élargir la base productive par la création de nouvelles exploitations agricoles et d’élevage. Pour la seconde décision, et c’est à ce niveau que réside la révolution, c’est que pour la première fois, les terres privées ne sont pas marginalisées par l’Etat. Désormais, les propriétaires de ces terres auront la possibilité de bénéficier d’un soutien total de l’Etat.
C’est une aide de 100 millions de centimes pour chaque hectare mis en valeur. D’autre part, les jeunes voulant intervenir dans le domaines privé de l’Etat auront les mêmes avantages, c’est-à-dire un soutien de 100 millions pour chaque hectare mis en valeur. La paperasse, la bureaucratie, les blocages et les connaissances du nabab local pour avoir ces aides? Rien de tout cela. Autres temps, autres moeurs et cela ne tient qu’à la volonté et à l’engagement moral du jeune, désormais seul maître, seul colon de ses terres. En d’autre termes, la substance de ces décisions se résume à la sentence suivante: «Fellahs, enrichissez-vous!» Au risque de choquer les nostalgiques de la révolution agraire, ces décisions sont tout simplement historiques.
Signalons-le, ces mesures sont l’aboutissement d’une longue démarche de renouvellement agricole qui a atteint sa vitesse de croisière en 2008. Et c’est tant mieux si ces mesures interviennent dans un contexte social particulier, cela ne permettra que leur accélération. Aussi, ces mesures résonnent-elles au-delà des conditions sociales actuelles. Au demeurant, si les détonateurs de l’explosion se retrouvent dans une croissance inégalitaire, dans un chômage élevé, une jeunesse sans débouchés, l’agriculture peut jouer un rôle central d’apaisement. Certes, l’agriculture n’aura pas raison, à elle seule, de tous ces maux mais elle aura soulevé le joug d’une fatalité imposée à force d’être répétée: «Nous resterons toujours dépendants de l’étranger sur le plan alimentaire», nous a-t-on seriné depuis près de 50 ans. Vous qui vivez en milieu rural, qui avez enduré les pires épreuves quand le terrorisme bombait le torse, répondez que «parfois, si ce n’est souvent, l’impossible arrive!»
On a, tour à tour, ignoré des millions d’hectares de terres privées, laissés en jachère, ainsi que des millions d’autres appartenant à l’Etat.
Le résultat a été catastrophique. Nous avons perdu tous nos labels agricoles: notre clémentine, notre Siguoise, notre figue de Barbacha, nos abricots de N’gaous, notre melon de Bordj Menaïel, nos pommiers de Khenchla notre muscat d’Azzeffoun et que dire alors de notre Deglet Nour de Tolga? Les nouvelles mesures viennent pour faire surgir des acteurs qu’écartait une chorégraphie qu’on croyait verrouillée pour l’éternité. Il appartient maintenant aux cadres centraux et locaux du monde de l’agriculture de traduire, d’expliquer et de donner corps à ces mesures. Oui, il vous appartient à vous, messieurs de l’agriculture, d’assumer cette tâche qui engage le futur d’une génération. Il ne s’agit pas d’une simple aide de 100 millions, mais bien du destin d’une nation et de souveraineté nationale. Frémissez, sortez de votre léthargie, de votre conformisme! Aucune politique et aucune perspective ne pourront se dessiner si le problème de la sécurité alimentaire n’est pas réglé.
On a beau fabriquer des machines et construire des logements mais si on n’a pas réglé le problème de notre alimentation, nous garderons toujours un collier au cou par lequel nous tiendront nos pires ennemis d’hier et nos meilleurs amis d’aujourd’hui.
Brahim TAKHEROUBT
Souvent, par résignation, par lassitude ou encore par opportunisme destructif, des responsables aiment invoquer la complexité du secteur agricole pour nous expliquer ensuite qu’il serait fou de vouloir le transformer. Mais dans certaines circonstances, tout redevient simple. Ce qui vient de se passer lors du dernier Conseil des ministres le confirme d’une étonnante manière. Jamais, dans la courte histoire de notre agriculture, une décision comme celle qui vient d’être prise n’a été aussi courageuse et aussi osée. Sans rappeler les détails techniques, les spécialistes s’en chargeront très bien, voilà concrètement en quoi consistent ces mesures. En premier lieu, elles sont porteuses d’une dynamique nouvelle, ouverte et réelle. Elles visent à élargir la base productive par la création de nouvelles exploitations agricoles et d’élevage. Pour la seconde décision, et c’est à ce niveau que réside la révolution, c’est que pour la première fois, les terres privées ne sont pas marginalisées par l’Etat. Désormais, les propriétaires de ces terres auront la possibilité de bénéficier d’un soutien total de l’Etat.
C’est une aide de 100 millions de centimes pour chaque hectare mis en valeur. D’autre part, les jeunes voulant intervenir dans le domaines privé de l’Etat auront les mêmes avantages, c’est-à-dire un soutien de 100 millions pour chaque hectare mis en valeur. La paperasse, la bureaucratie, les blocages et les connaissances du nabab local pour avoir ces aides? Rien de tout cela. Autres temps, autres moeurs et cela ne tient qu’à la volonté et à l’engagement moral du jeune, désormais seul maître, seul colon de ses terres. En d’autre termes, la substance de ces décisions se résume à la sentence suivante: «Fellahs, enrichissez-vous!» Au risque de choquer les nostalgiques de la révolution agraire, ces décisions sont tout simplement historiques.
Signalons-le, ces mesures sont l’aboutissement d’une longue démarche de renouvellement agricole qui a atteint sa vitesse de croisière en 2008. Et c’est tant mieux si ces mesures interviennent dans un contexte social particulier, cela ne permettra que leur accélération. Aussi, ces mesures résonnent-elles au-delà des conditions sociales actuelles. Au demeurant, si les détonateurs de l’explosion se retrouvent dans une croissance inégalitaire, dans un chômage élevé, une jeunesse sans débouchés, l’agriculture peut jouer un rôle central d’apaisement. Certes, l’agriculture n’aura pas raison, à elle seule, de tous ces maux mais elle aura soulevé le joug d’une fatalité imposée à force d’être répétée: «Nous resterons toujours dépendants de l’étranger sur le plan alimentaire», nous a-t-on seriné depuis près de 50 ans. Vous qui vivez en milieu rural, qui avez enduré les pires épreuves quand le terrorisme bombait le torse, répondez que «parfois, si ce n’est souvent, l’impossible arrive!»
On a, tour à tour, ignoré des millions d’hectares de terres privées, laissés en jachère, ainsi que des millions d’autres appartenant à l’Etat.
Le résultat a été catastrophique. Nous avons perdu tous nos labels agricoles: notre clémentine, notre Siguoise, notre figue de Barbacha, nos abricots de N’gaous, notre melon de Bordj Menaïel, nos pommiers de Khenchla notre muscat d’Azzeffoun et que dire alors de notre Deglet Nour de Tolga? Les nouvelles mesures viennent pour faire surgir des acteurs qu’écartait une chorégraphie qu’on croyait verrouillée pour l’éternité. Il appartient maintenant aux cadres centraux et locaux du monde de l’agriculture de traduire, d’expliquer et de donner corps à ces mesures. Oui, il vous appartient à vous, messieurs de l’agriculture, d’assumer cette tâche qui engage le futur d’une génération. Il ne s’agit pas d’une simple aide de 100 millions, mais bien du destin d’une nation et de souveraineté nationale. Frémissez, sortez de votre léthargie, de votre conformisme! Aucune politique et aucune perspective ne pourront se dessiner si le problème de la sécurité alimentaire n’est pas réglé.
On a beau fabriquer des machines et construire des logements mais si on n’a pas réglé le problème de notre alimentation, nous garderons toujours un collier au cou par lequel nous tiendront nos pires ennemis d’hier et nos meilleurs amis d’aujourd’hui.
Brahim TAKHEROUBT
Commentaire