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La survie de Kadhafi passe par une armée faible et des milices puissantes

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  • La survie de Kadhafi passe par une armée faible et des milices puissantes

    LE CAIRE (AP) — Le colonel Moammar Kadhafi n'a jamais fait confiance à sa propre armée. Pour éviter qu'elle ne le défie ou le renverse, le "Guide" de la révolution libyenne l'a délibérément rendue faible, notent les experts.

    En 41 ans de pouvoir, "Kadhafi a fait en sorte que l'armée soit incapable de faire quoi que ce soit contre lui", note Henry Schuler. Selon ce retraité de la diplomatie américaine autrefois en poste à Benghazi, la deuxième ville de Libye, cela va, par exemple, jusqu'à fournir aussi peu d'essence que possible aux unités à la loyauté douteuse, ou à leur refuser des munitions.


    Cette armée, qui ne compte que 50.000 hommes, sous-équipés, mal armés, n'a donc pas permis que la Libye adopte le "modèle" tunisien ou égyptien, dans lequel l'armée a pris le parti du peuple contre le pouvoir politique et empêché le bain de sang.

    S'il a négligé à dessein l'armée, Kadhafi a dépensé en revanche sans compter pour se constituer une force parallèle à toute épreuve. Des fidèles ont donc été installés à des postes-clés avec de l'argent et des faveurs et ces milices et "comités révolutionnaires" armés sont le dernier carré de défenseurs autour de lui et de ses tout-puissants fils.

    C'est grâce à eux, censés combattre pour lui même si l'armée régulière l'abandonne, que le régime tient encore Tripoli alors que d'immenses secteurs du pays sont tombés aux mains de l'opposition, même dans la poche nord-ouest autour de la capitale.

    Au bout du compte, les loyautés tribales pourraient bien finir par décider du sort du régime. Pour cimenter sa mainmise sur le pouvoir, Kadhafi a utilisé la richesse pétrolière afin de séduire les autres tribus, distribuant argent, emplois et faveurs, raffermissant le tout par les liens du sang, via des mariages intertribaux. Un système de prébendes qui s'étendait en outre au-delà des frontières, arrosant nations et tribus en Afrique subsaharienne.

    Dans ce contexte, Kadhafi a également recours aux mercenaires étrangers, haïs pour leur violence et semant la terreur, qu'il a lâchés contre les manifestants. Selon les observateurs, le recrutement par le régime libyen de combattants venus d'Afrique subsaharienne avait commencé dans les années 80. Un programme tout d'abord secret, mais leur présence est connue depuis quelques années. Même si l'on ne sait guère combien ils seraient, quelques centaines.

    Si certains auraient été spécifiquement enrôlés dans l'infrastructure sécuritaire de Kadhafi, d'autres seraient membres des groupes armés et organisations rebelles financés et entraînés par Tripoli, Tchadiens notamment.

    Kadhafi a en tous cas juré de combattre jusqu'à la dernière goutte de son sang. Et, selon le spécialiste de la Libye George Joffe, de l'Université de Cambridge, en Grande-Bretagne, il en a les moyens: d'après lui, il pourrait compter sur 120.000 hommes, dont ces miliciens sur-armés et totalement dévoués, ayant tout à perdre si le régime tombe.


    "Kadhafi peut continuer à combattre aussi longtemps qu'il le souhaite tant que ses forces ne sont pas frappées par les désertions", dit-il.

    S'il mène le combat jusqu'au bout, la Libye pourrait s'en retrouver ingouvernable: divisée le long de lignes régionales ou tribales, sa richesse énergétique détruite ou inutilisable, estime Saad Djebbar, spécialiste libyen de droit international, basé à Londres.

    Ce sombre scénario en forme de menace a été décrit dimanche dernier par Seïf al-Islam, le plus visible des fils Kadhafi, autrefois façade présentable du régime, aujourd'hui son plus féroce porte-parole.

    L'Est libyen, avec Benghazi ou Tobrouk, a la réputation d'être un bastion de résistance. L'ancienne Cyrénaïque antique fut la dernière région du pays à tomber sous le joug du colonisateur du XXe siècle, l'Italie. Une histoire qui lui donne un sentiment d'unité et d'exceptionnalité, note Charles Schuler: "les gens de l'est aspirent à une dignité que Kadhafi cherche depuis toujours à leur enlever", dit-il. Cette partie est de la Libye pourrait devenir autonome, comme les régions kurdes du nord de l'Irak dans la foulée de la guerre du Golfe de 1991, estime-t-il.

    Et de souligner que les insurgés de Benghazi scandaient parmi leurs slogans cette phrase du légendaire résistant anti-italien Omar al-Mukhtar: "Vivre dans la dignité ou mourir dans la dignité".

    Comme en écho, Seïf al-Islam, interrogé vendredi par CNN-Turquie sur les options du régime aux abois, a répondu: "le plan A est de vivre et mourir en Libye, le Plan B est de vivre et mourir en Libye, le Plan C est de vivre et mourir en Libye". AP

    26/02/11 17:28
    NouvelObs
    "Quand le dernier arbre aura été abattu - Quand la dernière rivière aura été empoisonnée - Quand le dernier poisson aura été péché - Alors on saura que l'argent ne se mange pas." Geronimo
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