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Cassez tout, mais ne dites rien !
Fin de logiques pour le système
Vu à la télévision : pour casser la marche du dernier samedi, l’ENTV diffusait des messages de propagande en montrant des Algériens s’élever contre la marche, dans le plus pur exercice de débat public. Ces nouveaux acteurs de la télévision expliquaient avec colère que «quand on s’est soulevés, où étaient-ils ?». Faisant référence aux émeutes de janvier et aux marcheurs, ils affirmaient que quand ils ont tout détruit sans slogan particulier, ils étaient dans leur droit, contrairement aux marcheurs. Sans être inquiétés par la justice, les émeutiers affirmaient donc qu’ils en étaient et la télévision les remerciait d’en être pour les opposer à l’autre catégorie. Dans l’une des absurdités dont elle a le secret, la télévision officielle avouait donc qu’un Algérien avait le droit de faire des émeutes, plus constructives, mais pas de faire des marches sans rien casser.
Ce triste message de violence a le mérite d’être à la hauteur de la situation actuelle : on a le droit d’être émeutier, mais pas acteur politique. On a le droit de tout détruire, mais pas de faire des marches politiques. Sauf qu’en janvier, la même télévision montrait les images des destructions en traitant les émeutiers de casseurs et de voyous. Deux mois plus tard, ils devenaient des héros grâce à l’apparition d’acteurs politiques qui revendiquent autre chose que du sucre. On comprend maintenant la schizophrénie algérienne et l’abus de psychotropes, maladies savamment entretenues par les autorités. On comprend aussi que les prochaines émeutes seront très violentes puisque déjà légitimées par le régime, officiellement et à la télévision. On comprend aussi que DOK refuse l’agrément de nouveaux partis. Il préfère des casseurs sans agrément à des structures légalisées. Il faut donc suivre la logique du système et tout casser chaque samedi au lieu de faire des marches. Et surtout, ne rien demander.
Chawki Amari, El Watan
Vu à la télévision : pour casser la marche du dernier samedi, l’ENTV diffusait des messages de propagande en montrant des Algériens s’élever contre la marche, dans le plus pur exercice de débat public. Ces nouveaux acteurs de la télévision expliquaient avec colère que «quand on s’est soulevés, où étaient-ils ?». Faisant référence aux émeutes de janvier et aux marcheurs, ils affirmaient que quand ils ont tout détruit sans slogan particulier, ils étaient dans leur droit, contrairement aux marcheurs. Sans être inquiétés par la justice, les émeutiers affirmaient donc qu’ils en étaient et la télévision les remerciait d’en être pour les opposer à l’autre catégorie. Dans l’une des absurdités dont elle a le secret, la télévision officielle avouait donc qu’un Algérien avait le droit de faire des émeutes, plus constructives, mais pas de faire des marches sans rien casser.
Ce triste message de violence a le mérite d’être à la hauteur de la situation actuelle : on a le droit d’être émeutier, mais pas acteur politique. On a le droit de tout détruire, mais pas de faire des marches politiques. Sauf qu’en janvier, la même télévision montrait les images des destructions en traitant les émeutiers de casseurs et de voyous. Deux mois plus tard, ils devenaient des héros grâce à l’apparition d’acteurs politiques qui revendiquent autre chose que du sucre. On comprend maintenant la schizophrénie algérienne et l’abus de psychotropes, maladies savamment entretenues par les autorités. On comprend aussi que les prochaines émeutes seront très violentes puisque déjà légitimées par le régime, officiellement et à la télévision. On comprend aussi que DOK refuse l’agrément de nouveaux partis. Il préfère des casseurs sans agrément à des structures légalisées. Il faut donc suivre la logique du système et tout casser chaque samedi au lieu de faire des marches. Et surtout, ne rien demander.
Chawki Amari, El Watan