Meeting des cadres du MAK à Semaoune (Béjaïa) : « La Kabylie ne peut être servie que par ses enfants »
De Béjaïa, par Saïd Tissegouine
Dans le cadre de la mise à exécution du programme d’actions arrêté en début de ce mois à Tizi-El Karn par la direction du Mouvement pour l’Autonomie de la Kabylie (MAK), ses cadres et dirigeants ont pris langue, hier en milieu de l’après-midi, avec la population de Semaoune, département de Béjaïa (Bgayet). Et par moins de quatre tribuns se sont succédés au micro devant une assistance nombreuse et attentionnée pour expliquer les raisons et la légitimité de la Kabylie à exiger son autonomie laquelle reste, au demeurant, tributaire d’une simple question de temps.
27/02/2011 - 00:20 mis a jour le 27/02/2011 - 00:20 par Saïd Tissegouine
C’est M. Farid Djennadi, membre du Conseil Régional du MAK, qui a ouvert le bal le premier en expliquant de prime abord que « si Semaoune est choisie pour cette manifestation c’est parce qu’elle est victime d’une iniquité sans pareille en matière de projets de développement ». Sans hésitation, l’orateur a jeté la pierre dans le camp de l’administration et représentant officiel du pouvoir algérien. M. Djennadi a démontré la volonté des pouvoirs publics algériens de maintenir la Kabylie dans le sous-développement en utilisant délibérément des assiettes foncières à mauvais escient. « Nous avons, dit-il, demandé une zone d’activité pour y implanter des entreprises industrielles, mais au lieu de cela, c’est une prison qui a été implantée sur le terrain en question ». L’établissement pénitentiaire en question, que tous les Béjaouis considèrent comme une provocation, est construit dans un délai inférieur à celui arrêté initialement par le maître de l’œuvre. L’orateur a parlé également du long détour que font les lycéens de Smaoun pour acquérir le savoir, et ce, faute de lycée dans la localité. Autrement dit, ce n’est pas seulement le chômage qui rend la vie insupportable aux habitants de Smaoun.
Pour sa part, Mohand Tayev Larvi, Président du MAK par intérim, abordera le volet historique et sociologique du peuple kabyle pour démontrer que l’autonomie de la Kabylie n’obéit qu’à l’ordre naturel des choses. L’autonomie a toujours été l’apanage de la nation kabyle, selon Mohand Tayev Larvi. Pour appuyer sa thèse, le président du MAK par intérim dira que lors de l’invasion de l’Algérie par les Turcs, seule la Kabylie échappa à leur l’embargo économiquement. « Pendant toute cette période (03 siècles), les habitants d’Iflissen (Tigzirt) qui étaient d’excellents marins tenaient la dragée haute aux pirates turcs ». Ainsi, le président du MAK par intérim renseigne pour les besoins de l’histoire qu’Iflissen dont les faits d’armes durant la guerre de libération nationale sont encore présents dans les mémoires ont livré de nombreuses batailles maritimes contre les pirates turcs dont la férocité est légendaire et que leur rôle dans la longue résistance kabyle contre l’envahisseur étranger n’était pas des moindres.
Concernant les libertés individuelles et collectives, selon Mohand Larvi Tayev, la Kabylie n’a rien à envier à l’occident. Concernant justement le culte, l’orateur dira que la laïcité de la France est arrivée bien après la liberté de culte instaurée en Kabylie. « La liberté de culte est traduite et explicitée par Jmaâ Limane ».
Prenant la parole à son tour, M. Mohand Ouamer Hachim, Président du Conseil National du MAK, soulignera d’emblée que le pouvoir algérien a toujours nourri des discours démagogiques vis-à-vis de la Kabylie. « En sus des médias utilisés pour nous diaboliser, l’islam est aussi utilisé dans la lutte contre notre identité et notre culture. Sur le plan économique, la Kabylie est la région la plus délaissée ».
M. Hachim a également rejeté le principe d’appartenance de la Kabylie au monde arabe. « Nous ne sommes pas concernés par cette révolution arabe dont parle l’occident », martèlera M. Mohand Hachim. L’allusion est faite aux mouvements insurrectionnels enregistrés en Égypte, Tunisie, Libye. « Nous voulons notre propre révolution », dira l’orateur. Le président du Conseil national du MAK dira enfin que la Kabylie ne peut être servie que par ses propres enfants.
Le quatrième intervenant, M. Mazigh Bouhas, Chef de département à l’action politique, défendra la thèse selon laquelle les autres Algériens ont plus de sympathie et se montrent plus solidaires envers les autres peuples arabes qu’envers les Kabyles. Se référant au chapitre de l’histoire comme l’affaire des poseurs de Bombes, le Printemps I980, la grève du cartable en I994, les événements tragiques de 2001, l’orateur rappellera qu’aucun signe d’encouragement ou témoignage de solidarité « ne nous est venu d’ailleurs ». « Seuls les Kabyles ont fait face à leurs difficultés », clamera ce jeune responsable.
L’assistance est déjà chauffée à blanc quand arrive enfin M. Bouaziz Aït Chebib, Secrétaire national à l’organique du MAK. Le tribun a, encore une fois, produit l’effet d’un bulldozer. Dans un kabyle châtié, Bouaziz Aït Chebib a commencé sa longue allocution en disant que « si nos intentions sont saines, nous ne pouvons que réussir dans notre lutte ». Maîtrisant à la perfection son sujet, le tribun du MAK dira, toujours dans le cadre de son introduction, que le peuple kabyle est originaire d’ici, c’est-à-dire que c’est un peuple autochtone et qu’il a sa civilisation. « Le peuple kabyle a toujours refusé l’oppression et la soumission et il a toujours évolué parmi les grands », dira encore le Secrétaire national à l’organique du MAK.
De fil en aiguille, l’orateur parlera longuement des longs sacrifices consentis par le peuple kabyle pour se débarrasser de l’oppression et des nouveaux pièges que le sort lui tend. « Ainsi, après s’être libéré du joug du colonialisme français, dira M. Bouaziz Aït Chebib, le voilà sous celui de l’arabo-islamisme ». Selon l’orateur, les autres Algériens ont toujours vu les Kabyles comme un peuple à part, ce qui explique son isolement même dans les pires situations. « C’est suite aux événements tragiques de 2001 que le peuple kabyle a jugé, que lui seul est capable de se prendre en charge », affirmera l’orateur du MAK.
À propos des détracteurs de la famille militante et patriotique du MAK qui prétendent que c’est la division du pays qui est ciblée par cette revendication de l’autonomie, le Secrétaire national à l’organique remettra les pendules à l’heure en réaffirmant que « nous ne voulons que notre droit et, par conséquent, est loin de nous l’idée de la division de l’Algérie ». « Nous voulons, a-t-il expliqué, vivre dans la dignité qui signifie la reconnaissance de notre langue et notre culture » avant d’ajouter : « Nous refusons catégoriquement d’être les valets et les laquais de Bouteflika, de Tewfik, Lamari et consorts ». Sans mâcher ses mots, l’orateur désignera l’arabisme et l’islamisme comme les outils et moyens d’oppression de la langue et la culture du peuple kabyle d’où la nécessité de les combattre.
Concernant la création du Gouvernement provisoire Kabyle en France et non en Algérie, le Secrétaire national à l’organique du MAK dira que les raisons de cela sont simples. « En effet, a-t-il expliqué, cela n’aurait pas été possible ici en Algérie. Il faut savoir aussi que le Gouvernement provisoire kabyle est créé pour mener le combat et la lutte ».
Avant d’appeler à la marche prévue à Akbou le 28 du mois en cours, l’orateur dira encore qu’ « aujourd’hui, nous sommes arrivés à la croisée des chemins. Et, si nous restons inactifs, nous mourrons ».
Notons qu’à la fin du meeting, des milliers de fascicules du MAK ont été distribués à la population.
Juste après le départ des animateurs du MAK, des policiers sont arrivés sur la place où a eu lieu le meeting. Selon des informations locales qui nous sont parvenues, les policiers affolés voulaient à tout prix savoir la teneur du discours prononcé et l’identité des animateurs. Aussi, dans le souci de leur faciliter la tâche, nous suggérons à ces fonctionnaires de se connecter sur Tamurt.info.
De Béjaïa, par Saïd Tissegouine
Dans le cadre de la mise à exécution du programme d’actions arrêté en début de ce mois à Tizi-El Karn par la direction du Mouvement pour l’Autonomie de la Kabylie (MAK), ses cadres et dirigeants ont pris langue, hier en milieu de l’après-midi, avec la population de Semaoune, département de Béjaïa (Bgayet). Et par moins de quatre tribuns se sont succédés au micro devant une assistance nombreuse et attentionnée pour expliquer les raisons et la légitimité de la Kabylie à exiger son autonomie laquelle reste, au demeurant, tributaire d’une simple question de temps.
27/02/2011 - 00:20 mis a jour le 27/02/2011 - 00:20 par Saïd Tissegouine
C’est M. Farid Djennadi, membre du Conseil Régional du MAK, qui a ouvert le bal le premier en expliquant de prime abord que « si Semaoune est choisie pour cette manifestation c’est parce qu’elle est victime d’une iniquité sans pareille en matière de projets de développement ». Sans hésitation, l’orateur a jeté la pierre dans le camp de l’administration et représentant officiel du pouvoir algérien. M. Djennadi a démontré la volonté des pouvoirs publics algériens de maintenir la Kabylie dans le sous-développement en utilisant délibérément des assiettes foncières à mauvais escient. « Nous avons, dit-il, demandé une zone d’activité pour y implanter des entreprises industrielles, mais au lieu de cela, c’est une prison qui a été implantée sur le terrain en question ». L’établissement pénitentiaire en question, que tous les Béjaouis considèrent comme une provocation, est construit dans un délai inférieur à celui arrêté initialement par le maître de l’œuvre. L’orateur a parlé également du long détour que font les lycéens de Smaoun pour acquérir le savoir, et ce, faute de lycée dans la localité. Autrement dit, ce n’est pas seulement le chômage qui rend la vie insupportable aux habitants de Smaoun.
Pour sa part, Mohand Tayev Larvi, Président du MAK par intérim, abordera le volet historique et sociologique du peuple kabyle pour démontrer que l’autonomie de la Kabylie n’obéit qu’à l’ordre naturel des choses. L’autonomie a toujours été l’apanage de la nation kabyle, selon Mohand Tayev Larvi. Pour appuyer sa thèse, le président du MAK par intérim dira que lors de l’invasion de l’Algérie par les Turcs, seule la Kabylie échappa à leur l’embargo économiquement. « Pendant toute cette période (03 siècles), les habitants d’Iflissen (Tigzirt) qui étaient d’excellents marins tenaient la dragée haute aux pirates turcs ». Ainsi, le président du MAK par intérim renseigne pour les besoins de l’histoire qu’Iflissen dont les faits d’armes durant la guerre de libération nationale sont encore présents dans les mémoires ont livré de nombreuses batailles maritimes contre les pirates turcs dont la férocité est légendaire et que leur rôle dans la longue résistance kabyle contre l’envahisseur étranger n’était pas des moindres.
Concernant les libertés individuelles et collectives, selon Mohand Larvi Tayev, la Kabylie n’a rien à envier à l’occident. Concernant justement le culte, l’orateur dira que la laïcité de la France est arrivée bien après la liberté de culte instaurée en Kabylie. « La liberté de culte est traduite et explicitée par Jmaâ Limane ».
Prenant la parole à son tour, M. Mohand Ouamer Hachim, Président du Conseil National du MAK, soulignera d’emblée que le pouvoir algérien a toujours nourri des discours démagogiques vis-à-vis de la Kabylie. « En sus des médias utilisés pour nous diaboliser, l’islam est aussi utilisé dans la lutte contre notre identité et notre culture. Sur le plan économique, la Kabylie est la région la plus délaissée ».
M. Hachim a également rejeté le principe d’appartenance de la Kabylie au monde arabe. « Nous ne sommes pas concernés par cette révolution arabe dont parle l’occident », martèlera M. Mohand Hachim. L’allusion est faite aux mouvements insurrectionnels enregistrés en Égypte, Tunisie, Libye. « Nous voulons notre propre révolution », dira l’orateur. Le président du Conseil national du MAK dira enfin que la Kabylie ne peut être servie que par ses propres enfants.
Le quatrième intervenant, M. Mazigh Bouhas, Chef de département à l’action politique, défendra la thèse selon laquelle les autres Algériens ont plus de sympathie et se montrent plus solidaires envers les autres peuples arabes qu’envers les Kabyles. Se référant au chapitre de l’histoire comme l’affaire des poseurs de Bombes, le Printemps I980, la grève du cartable en I994, les événements tragiques de 2001, l’orateur rappellera qu’aucun signe d’encouragement ou témoignage de solidarité « ne nous est venu d’ailleurs ». « Seuls les Kabyles ont fait face à leurs difficultés », clamera ce jeune responsable.
L’assistance est déjà chauffée à blanc quand arrive enfin M. Bouaziz Aït Chebib, Secrétaire national à l’organique du MAK. Le tribun a, encore une fois, produit l’effet d’un bulldozer. Dans un kabyle châtié, Bouaziz Aït Chebib a commencé sa longue allocution en disant que « si nos intentions sont saines, nous ne pouvons que réussir dans notre lutte ». Maîtrisant à la perfection son sujet, le tribun du MAK dira, toujours dans le cadre de son introduction, que le peuple kabyle est originaire d’ici, c’est-à-dire que c’est un peuple autochtone et qu’il a sa civilisation. « Le peuple kabyle a toujours refusé l’oppression et la soumission et il a toujours évolué parmi les grands », dira encore le Secrétaire national à l’organique du MAK.
De fil en aiguille, l’orateur parlera longuement des longs sacrifices consentis par le peuple kabyle pour se débarrasser de l’oppression et des nouveaux pièges que le sort lui tend. « Ainsi, après s’être libéré du joug du colonialisme français, dira M. Bouaziz Aït Chebib, le voilà sous celui de l’arabo-islamisme ». Selon l’orateur, les autres Algériens ont toujours vu les Kabyles comme un peuple à part, ce qui explique son isolement même dans les pires situations. « C’est suite aux événements tragiques de 2001 que le peuple kabyle a jugé, que lui seul est capable de se prendre en charge », affirmera l’orateur du MAK.
À propos des détracteurs de la famille militante et patriotique du MAK qui prétendent que c’est la division du pays qui est ciblée par cette revendication de l’autonomie, le Secrétaire national à l’organique remettra les pendules à l’heure en réaffirmant que « nous ne voulons que notre droit et, par conséquent, est loin de nous l’idée de la division de l’Algérie ». « Nous voulons, a-t-il expliqué, vivre dans la dignité qui signifie la reconnaissance de notre langue et notre culture » avant d’ajouter : « Nous refusons catégoriquement d’être les valets et les laquais de Bouteflika, de Tewfik, Lamari et consorts ». Sans mâcher ses mots, l’orateur désignera l’arabisme et l’islamisme comme les outils et moyens d’oppression de la langue et la culture du peuple kabyle d’où la nécessité de les combattre.
Concernant la création du Gouvernement provisoire Kabyle en France et non en Algérie, le Secrétaire national à l’organique du MAK dira que les raisons de cela sont simples. « En effet, a-t-il expliqué, cela n’aurait pas été possible ici en Algérie. Il faut savoir aussi que le Gouvernement provisoire kabyle est créé pour mener le combat et la lutte ».
Avant d’appeler à la marche prévue à Akbou le 28 du mois en cours, l’orateur dira encore qu’ « aujourd’hui, nous sommes arrivés à la croisée des chemins. Et, si nous restons inactifs, nous mourrons ».
Notons qu’à la fin du meeting, des milliers de fascicules du MAK ont été distribués à la population.
Juste après le départ des animateurs du MAK, des policiers sont arrivés sur la place où a eu lieu le meeting. Selon des informations locales qui nous sont parvenues, les policiers affolés voulaient à tout prix savoir la teneur du discours prononcé et l’identité des animateurs. Aussi, dans le souci de leur faciliter la tâche, nous suggérons à ces fonctionnaires de se connecter sur Tamurt.info.
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