a Dépêche de Kabylie : Votre livre «Mémoires d’un enfant de la guerre, Kabylie (Algérie) 1956-1962» vient d’être édité aux éditions l’Harmattan, quand est-ce qu’il sera édité en Algérie ?
Abdenour Si Hadj : Au départ, j’avais envisagé d’éditer cet ouvrage en Algérie. D’abord par mes propres moyens à travers une maison d’édition que j’ai créée. J’ai même sollicité les autorisations et l’IBSBN pour chacun des ouvrages en chantier, car il y en a plusieurs, au niveau de la Bibliothèque nationale. Ces ouvrages dont «mémoires d’un enfant de la guerre» et «Tinfouchy, les oubliés de la torture» ont été confiés aux soins des éditions l’harmattan. Le premier à être édité est «Mémoires d’un enfant de la guerre» mis en vente en France selon la formule on-line (Internet).
Auparavant je me suis adressé à plusieurs maisons algériennes dont celles du secteur public et Kasbah Editions. Pour des raisons économiques, je veux dire de rentabilité, car éditer est aussi une entreprise soumise aux critères d’efficacité, du marché, je me suis rétracté.
Tout compte fait, j’ai pris la décision de confier mes œuvres pour édition, à l’Harmattan pour plusieurs raisons : La qualité du travail de l’éditeur de renommée internationale tant sur le plan du hard que du soft (support et corrections de l’ouvrage).
La mise en vente de l’ouvrage par le biais d’Internet permet le recours à ce procédé économique et efficace en même temps (pas de production en quantité engendrant des coûts élevés, pas de stocks invendus. Ce qui limite le niveau des dépenses à engager à priori.
Le lectorat : compte tenu du fait que l’œuvre en question «Mémoires d’un enfant de la guerre», consiste en des témoignages historiques sur des événements de la guerre d’Algérie qui concernent aussi bien le lecteur algérien que français, ces faits peuvent intéresser les deux communautés. La langue utilisée étant accessible aux deux et le marché au plan de la demande si l’on associe le Québec francophone, en Belgique, en suisse, et dans certains pays africains voisins comme le Maroc et la Tunisie, se trouve être des plus favorables du point de vue de son étendue. C’est donc une population de plus de 100 millions d’habitants qui est visée par mon choix.
La traduction en d’autres langues de mes livres sera une deuxième étape de mon projet, mais une fois ayant connu l’épreuve du feu. Ce livre pourra donc être traduit en arabe et en anglais. Du reste, pour l’heure, ce livre a déjà été lu au Québec, au USA et bien sûr en France et en Algérie.
La faiblesse du lectorat national ne m’interdit pas par contre de le mettre sur le marché algérien, mon livre selon une formule adaptée à ce pays et qui tienne compte du pouvoir d’achat du citoyen algérien, qu’il soit universitaire, lycéen, fonctionnaire, ou chercheur. En ce moment, je prospecte le marché des distributeurs exclusivistes pour une quantité de 2 000 à 5000 exemplaires pour un prix accessible au consommateur algérien.
Votre livre se veut aussi un rappel sur les exactions commises dans toute la région par l’armée coloniale et «sa mission civilisatrice» ; sur ce, vous posez la pertinente question de si la France avait terminée sa mission civilisatrice, plusieurs décennies après, quel est votre regard sur cette période et surtout l’évolution du discours politique en France, notamment sur son passé colonisateur ?
La population algérienne de l’époque du début de la guerre, particulièrement celle des montagnes était isolée, coupée de la vie économique et sociale de la «cité»- cette population paysanne de la montagne, au départ, ne croyait pas tellement à l’injustice de l’occupant. Elle était d’autant plus surprise que l’occupation n’a pas été pacifique, contrairement à ce que la propagande coloniale diffusait par ses moyens non violents (la presse, l’école). Mais les exactions, la privation de ce peuple «indigène» a poussé à une révolte cette population, qui, déjà était soumise naturellement aux aléas d’une nature rigoureuse (configuration du relief, climat, absence de routes, de commodités …)
Un paragraphe de mon livre est justement consacré, pour décrire avec forces détails cet état de fait qui oppose un peuple tranquille, besogneux, « primitif » mais inoffensif, à une armée suréquipée, citadine avec tout ce qu’elle a de brigandage, de ruse et de matérialiste
En 18 chapitres, vous revenez sur plusieurs épisodes, comme l’Opération jumelle, les harkis et leur «acharnement contre les fils de Fellaghas», ces derniers qui deviendront plus tard des «fellaghas»…Pourtant plusieurs ouvrages ont été consacrés à ces périodes, pour quelqu’un qui n’a pas encore lu le livre, qu’elle est la nouveauté dans ces témoignages ?»
En effet, ce livre fait découvrir des faits de cette guerre qui ne sont qu’exactions, embuscades, ratissages, bombardements aveugles, tortures, exécutions sommaires, corvées de bois. Et s’il s‘est trouvé des hommes politiques à un niveau le plus élevé d’un état pour dire que c’est là un moyen pacifique pour instruire, éduquer, civiliser un peuple «indigène», arriéré, barbare, cela pose encore 50 ans après la fin de la guerre, soit presque 2 siècles après le début de cette longue et sauvage invasion de l’Algérie, cela pose je le répète, un véritable problème de connaissances de l’histoire, qui favorise une amnésie générale pour nos aînés et une culture de reniement pour les générations à venir… au-delà du fait que en cherchant à absoudre les crimes inexpugnables, on se retrouve simplement sur la voie de l’apologie du génocide commis par d’abord les penseurs de l’idéologie colonialiste et ensuite exécutés par les tortionnaires français de triste réputation.
Nés après 1954 et qui se trouvent actuellement aux commandes de l’Etat, ces jeunes français, qui n’ont pas certes connu les affres de la guerre pour n y avoir pas participé, commettent le crime d’induire en erreur des générations entières sur ce qu’a été réellement «le maintien de l’ordre en Algérie».
Ce livre répond, en ce sens à ces ténors qui usent et abusent de l’ignorance de la majorité de leurs compatriotes, des faits historiques- les problèmes économiques et socioculturels de l’heure, la crise multidimensionnelle qui frappe en ce moment de plein fouet le monde entier, met au second rang les mémoires des peuples, car la crainte du présent et de l’avenir incertain inhibe les esprits des dirigeants politiques.
Voila, que vous me pousser à divulguer les raisons profondes qui m’ont amené lier, par ce qu’ils le sont effectivement, le passé au présent dans cette confrontation algéro-française. Le colonialisme est aujourd’hui reconnu universellement comme un épisode regrettable dans l’histoire de l’humanité tout entière comme l’ont été l’esclavagisme, le féodalisme etc.…et dire aujourd’hui pour satisfaire des besoins de consommation électoralistes que le colonialisme a eu des effets positifs, bénéfiques, est tout simplement rien d’autre qu’une apologie du crime contre l’humanité. L’ignorer seulement pour un responsable politique démontre son incapacité à gouverner un peuple, car si individuellement rien ne peut nous empêcher de programmer ses idées fascistes, par contre rien ne peut justifier le recours à un discours idéologiquement fasciste, nazi, quand on assure de hautes responsabilités politiques. Quand le président français présente des excuses, au nom de la France tout entière, aux harkis de la guerre d’Algérie, il le fait sans se soucier des victimes encore vivantes des exactions, des crimes, des viols dont ont été responsables ces mêmes harkis ; pendant ce temps on fait l’hypocrite pour vanter l’amitié algero-française.
D’un autre coté, vous entendez d’autres voix qui vous donnent l’impression de répondre aux propos purement politiciens métropolitains mais non moins officiels, qui réclament des excuses et une indemnisation pour crimes de guerre…. alors que pour l’heure, nous n’avons pas encore fini de faire le bilan de cette guerre, à cause du problème des archives historiques, de l’édition simplement de certains témoignages et mémoires sur cette période méconnue, quand celle-ci n’est pas déformée par la propagande coloniale d’abord, et ensuite remise au goût du jour par des objectifs électoralistes.
Abdenour Si Hadj : Au départ, j’avais envisagé d’éditer cet ouvrage en Algérie. D’abord par mes propres moyens à travers une maison d’édition que j’ai créée. J’ai même sollicité les autorisations et l’IBSBN pour chacun des ouvrages en chantier, car il y en a plusieurs, au niveau de la Bibliothèque nationale. Ces ouvrages dont «mémoires d’un enfant de la guerre» et «Tinfouchy, les oubliés de la torture» ont été confiés aux soins des éditions l’harmattan. Le premier à être édité est «Mémoires d’un enfant de la guerre» mis en vente en France selon la formule on-line (Internet).
Auparavant je me suis adressé à plusieurs maisons algériennes dont celles du secteur public et Kasbah Editions. Pour des raisons économiques, je veux dire de rentabilité, car éditer est aussi une entreprise soumise aux critères d’efficacité, du marché, je me suis rétracté.
Tout compte fait, j’ai pris la décision de confier mes œuvres pour édition, à l’Harmattan pour plusieurs raisons : La qualité du travail de l’éditeur de renommée internationale tant sur le plan du hard que du soft (support et corrections de l’ouvrage).
La mise en vente de l’ouvrage par le biais d’Internet permet le recours à ce procédé économique et efficace en même temps (pas de production en quantité engendrant des coûts élevés, pas de stocks invendus. Ce qui limite le niveau des dépenses à engager à priori.
Le lectorat : compte tenu du fait que l’œuvre en question «Mémoires d’un enfant de la guerre», consiste en des témoignages historiques sur des événements de la guerre d’Algérie qui concernent aussi bien le lecteur algérien que français, ces faits peuvent intéresser les deux communautés. La langue utilisée étant accessible aux deux et le marché au plan de la demande si l’on associe le Québec francophone, en Belgique, en suisse, et dans certains pays africains voisins comme le Maroc et la Tunisie, se trouve être des plus favorables du point de vue de son étendue. C’est donc une population de plus de 100 millions d’habitants qui est visée par mon choix.
La traduction en d’autres langues de mes livres sera une deuxième étape de mon projet, mais une fois ayant connu l’épreuve du feu. Ce livre pourra donc être traduit en arabe et en anglais. Du reste, pour l’heure, ce livre a déjà été lu au Québec, au USA et bien sûr en France et en Algérie.
La faiblesse du lectorat national ne m’interdit pas par contre de le mettre sur le marché algérien, mon livre selon une formule adaptée à ce pays et qui tienne compte du pouvoir d’achat du citoyen algérien, qu’il soit universitaire, lycéen, fonctionnaire, ou chercheur. En ce moment, je prospecte le marché des distributeurs exclusivistes pour une quantité de 2 000 à 5000 exemplaires pour un prix accessible au consommateur algérien.
Votre livre se veut aussi un rappel sur les exactions commises dans toute la région par l’armée coloniale et «sa mission civilisatrice» ; sur ce, vous posez la pertinente question de si la France avait terminée sa mission civilisatrice, plusieurs décennies après, quel est votre regard sur cette période et surtout l’évolution du discours politique en France, notamment sur son passé colonisateur ?
La population algérienne de l’époque du début de la guerre, particulièrement celle des montagnes était isolée, coupée de la vie économique et sociale de la «cité»- cette population paysanne de la montagne, au départ, ne croyait pas tellement à l’injustice de l’occupant. Elle était d’autant plus surprise que l’occupation n’a pas été pacifique, contrairement à ce que la propagande coloniale diffusait par ses moyens non violents (la presse, l’école). Mais les exactions, la privation de ce peuple «indigène» a poussé à une révolte cette population, qui, déjà était soumise naturellement aux aléas d’une nature rigoureuse (configuration du relief, climat, absence de routes, de commodités …)
Un paragraphe de mon livre est justement consacré, pour décrire avec forces détails cet état de fait qui oppose un peuple tranquille, besogneux, « primitif » mais inoffensif, à une armée suréquipée, citadine avec tout ce qu’elle a de brigandage, de ruse et de matérialiste
En 18 chapitres, vous revenez sur plusieurs épisodes, comme l’Opération jumelle, les harkis et leur «acharnement contre les fils de Fellaghas», ces derniers qui deviendront plus tard des «fellaghas»…Pourtant plusieurs ouvrages ont été consacrés à ces périodes, pour quelqu’un qui n’a pas encore lu le livre, qu’elle est la nouveauté dans ces témoignages ?»
En effet, ce livre fait découvrir des faits de cette guerre qui ne sont qu’exactions, embuscades, ratissages, bombardements aveugles, tortures, exécutions sommaires, corvées de bois. Et s’il s‘est trouvé des hommes politiques à un niveau le plus élevé d’un état pour dire que c’est là un moyen pacifique pour instruire, éduquer, civiliser un peuple «indigène», arriéré, barbare, cela pose encore 50 ans après la fin de la guerre, soit presque 2 siècles après le début de cette longue et sauvage invasion de l’Algérie, cela pose je le répète, un véritable problème de connaissances de l’histoire, qui favorise une amnésie générale pour nos aînés et une culture de reniement pour les générations à venir… au-delà du fait que en cherchant à absoudre les crimes inexpugnables, on se retrouve simplement sur la voie de l’apologie du génocide commis par d’abord les penseurs de l’idéologie colonialiste et ensuite exécutés par les tortionnaires français de triste réputation.
Nés après 1954 et qui se trouvent actuellement aux commandes de l’Etat, ces jeunes français, qui n’ont pas certes connu les affres de la guerre pour n y avoir pas participé, commettent le crime d’induire en erreur des générations entières sur ce qu’a été réellement «le maintien de l’ordre en Algérie».
Ce livre répond, en ce sens à ces ténors qui usent et abusent de l’ignorance de la majorité de leurs compatriotes, des faits historiques- les problèmes économiques et socioculturels de l’heure, la crise multidimensionnelle qui frappe en ce moment de plein fouet le monde entier, met au second rang les mémoires des peuples, car la crainte du présent et de l’avenir incertain inhibe les esprits des dirigeants politiques.
Voila, que vous me pousser à divulguer les raisons profondes qui m’ont amené lier, par ce qu’ils le sont effectivement, le passé au présent dans cette confrontation algéro-française. Le colonialisme est aujourd’hui reconnu universellement comme un épisode regrettable dans l’histoire de l’humanité tout entière comme l’ont été l’esclavagisme, le féodalisme etc.…et dire aujourd’hui pour satisfaire des besoins de consommation électoralistes que le colonialisme a eu des effets positifs, bénéfiques, est tout simplement rien d’autre qu’une apologie du crime contre l’humanité. L’ignorer seulement pour un responsable politique démontre son incapacité à gouverner un peuple, car si individuellement rien ne peut nous empêcher de programmer ses idées fascistes, par contre rien ne peut justifier le recours à un discours idéologiquement fasciste, nazi, quand on assure de hautes responsabilités politiques. Quand le président français présente des excuses, au nom de la France tout entière, aux harkis de la guerre d’Algérie, il le fait sans se soucier des victimes encore vivantes des exactions, des crimes, des viols dont ont été responsables ces mêmes harkis ; pendant ce temps on fait l’hypocrite pour vanter l’amitié algero-française.
D’un autre coté, vous entendez d’autres voix qui vous donnent l’impression de répondre aux propos purement politiciens métropolitains mais non moins officiels, qui réclament des excuses et une indemnisation pour crimes de guerre…. alors que pour l’heure, nous n’avons pas encore fini de faire le bilan de cette guerre, à cause du problème des archives historiques, de l’édition simplement de certains témoignages et mémoires sur cette période méconnue, quand celle-ci n’est pas déformée par la propagande coloniale d’abord, et ensuite remise au goût du jour par des objectifs électoralistes.
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