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Pour se maintenir, le pouvoir engage l’Algérie dans l’incertitude

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  • Pour se maintenir, le pouvoir engage l’Algérie dans l’incertitude

    Les mesures annoncées à l’issue du Conseil des ministres du 22 février pourraient s’avérer désastreuse pour la stabilité économique et sociale de l’Algérie dans l’avenir.

    Ces mesures vont coûter à l’État des milliards de dollars, déstructurer l’économie et affaiblir les entreprises publiques déjà peu compétitives, estiment des économistes interrogés par TSA. Au lieu d’utiliser l’argent du pétrole pour engager des investissements structurants, le gouvernement a opté pour des mesures populistes, comme les emplois aidés ou l’opportunité offerte à des chômeurs de devenir des chefs d'entreprises, une particularité algérienne.

    Sous l’effet de la panique, le pouvoir, qui cherche à se maintenir dans un contexte de révolutions qui secouent le monde arabe, a pris des décisions qui vont favoriser l’informel, les importations de produits finis et les emplois aidés. « Le gouvernement a décidé de créer des emplois sur papier qui ne sont pas durables. Il a demandé aux entreprises de créer des emplois sociaux alors que leurs effectifs sont déjà pléthoriques et qu’elles survivent grâce aux aides de l’État provenant de la rente pétrolière. Il a également dégagé d’importantes sommes d’argent pour aider les chômeurs à devenir patrons sans aucun suivi », explique un économiste.

    Pour calmer le front social en ébullition et éviter une révolte de la rue à la tunisienne ou à l’égyptienne, le président Bouteflika utilise l’argent du pétrole pour financer des mesures vouées à l’échec et qui pourraient handicaper l’économie nationale. « L’Algérie va droit au mur. Ces nouvelles mesures vont vider les caisses de l’État », prévient un autre économiste. Et d’ajouter : « toutes ces mesures représentent des pertes sèches pour l’État. Au lieu de subventionner à tout va des produits importés et des emplois inutiles, le gouvernement aurait été mieux inspiré d’engager des dépenses en investissements ».

    Cet économiste a identifié des projets structurants dans neuf secteur : industrie lourde (pétrochimie), électronique, automobile, offshoring, agroalimentaire, produits de la mer (transformation), textile, artisanat industriel et tourisme. « Ces investissements structurants vont permettre de créer de la richesse et des emplois rapidement », explique‑t‑il. Dans certains secteurs, comme l’offshoring, les résultats sont visibles rapidement.


    Le successeur de Bouteflika va hériter d’une situation explosive

    Déjà fragilisées par les privatisations massives des années 1990 et les récentes enquêtes sur la corruption, les entreprises publiques vont devoir désormais faire du social, dans une économie de marché marquée par une rude concurrence entre le privé national et étranger et le public. « Le gouvernement ordonne aux entreprises publiques de créer des emplois. C’est une décision politique et non pas économique. Ces entreprises ne supporteront pas longtemps des effectifs pléthoriques et seront obligées de dégraisser dans les prochaines années. Des milliers de travailleurs vont alors se retrouver à la rue », analyse un chef d’entreprise.

    Les mesures présidentielles illustrent l’absence d’une stratégie économique de la part du pouvoir. « La politique actuelle de Bouteflika est celle d’un pays très riche. Or, ce n’est pas le cas de l’Algérie. Notre pays n’a pas les moyens financiers pour maintenir éternellement la paix sociale à coups de dépenses de plusieurs milliards de dollars. Tôt ou tard, les caisses de l’État vont se vider et la révolte deviendrait inévitable. Les décisions actuelles coûteront très cher aux générations futures », estime un autre investisseur. En fait, avec les mesures prises après les dernières émeutes, le président Bouteflika va léguer une véritable bombe à retardement à son successeur : des dizaines de milliers de travailleurs avec de faux emplois et une économie déstructurée par les subventions.



    TSA
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