Le 22 janvier 2010, Seif El Islam El Gueddafi, présenté officiellement comme «président d’une fondation éponyme» atterrissait sur le tarmac Messali Hadj de Zenata, avec 12h de retard sur le programme communiqué à la presse par les autorités locales.
La visite était précédée de rumeurs et de conjectures. «Il venait pour s’enquérir des travaux de son hôtel le Mariott accroché sur les hauteurs de Lalla Setti et pour mettre la bague à une Tlemcénienne…» Outre les responsables locaux, le président du Sénat Abdelkader Bensalah et un haut gradé de la 2e Région militaire étaient ballottés depuis la matinée, entre l’aéroport et l’hôtel les Zianides, mais pas de trace de l’avion privé du chérubin du zaïm. «Il est retenu dans une capitale européenne», tentent de justifier des responsables. A chaque alerte, les responsables se remettaient à gesticuler, à redresser leurs costumes et cravates, les moteurs reprenaient leur ronronnement avant de s’estomper. Les rues se refermaient devant une population médusée. Le comité d’accueil, las d’attendre un invité sans fonction réelle, jurait entre les dents.
Entre-temps, les sbires du fils libyen se prélassaient dans le salon de l’hôtel, œuvre de l’architecte français Pouillon. Imbus d’eux-mêmes et n’ayant cure de l’assistance, ils avaient un malin plaisir à laisser «pointer» leurs armes sous la veste. Les heures défilaient et le froid incisif accentuait l’anxiété. Heureusement que la Coupe d’Afrique des nations atténuait quelque peu l’attente fastidieuse et harassante. Pour évacuer le stress, on a tenté une question autour de nous: «Au fait, c’est quoi la mission du fils d’El Gueddafi ?» Une question synonyme d’offense, nous semblait-il, au vu du regard hostile de notre interlocuteur. «C’est une visite privée, touristique.»
Et puis, branle-bas de combat, l’atterrissage du jet est annoncé. Tout le monde en voiture. A 22h, le cher Seif, au crâne rasé, enveloppé dans un costume noir, fait son apparition. Après le salut du comité d’accueil, direction le salon d’honneur, puis l’hôtel. Un orchestre andalou avec des danseuses (un ballet, nous avait-on dit) exécutait ses prouesses, tandis que tout le monde appréciait un dîner friand. «Aucune déclaration, si ce n’est des sourires indéchiffrables de l’invité.» Le lendemain, l’invité de l’Algérie fit la connaissance de la forêt de Moutas pour une partie de chasse infructueuse. Le sanglier refusait de s’offrir ce jour-là. Déçu, Seif ne cachait pas sa colère. Des frasques, on en a raconté sous la chemise. Une visite fardeau, d’où aucun enseignement n’est sorti, et l’on se demande toujours quel était l’objet de cette visite encombrante. Pas à l’époque, bien sûr !
Chahredine Berriah
La visite était précédée de rumeurs et de conjectures. «Il venait pour s’enquérir des travaux de son hôtel le Mariott accroché sur les hauteurs de Lalla Setti et pour mettre la bague à une Tlemcénienne…» Outre les responsables locaux, le président du Sénat Abdelkader Bensalah et un haut gradé de la 2e Région militaire étaient ballottés depuis la matinée, entre l’aéroport et l’hôtel les Zianides, mais pas de trace de l’avion privé du chérubin du zaïm. «Il est retenu dans une capitale européenne», tentent de justifier des responsables. A chaque alerte, les responsables se remettaient à gesticuler, à redresser leurs costumes et cravates, les moteurs reprenaient leur ronronnement avant de s’estomper. Les rues se refermaient devant une population médusée. Le comité d’accueil, las d’attendre un invité sans fonction réelle, jurait entre les dents.
Entre-temps, les sbires du fils libyen se prélassaient dans le salon de l’hôtel, œuvre de l’architecte français Pouillon. Imbus d’eux-mêmes et n’ayant cure de l’assistance, ils avaient un malin plaisir à laisser «pointer» leurs armes sous la veste. Les heures défilaient et le froid incisif accentuait l’anxiété. Heureusement que la Coupe d’Afrique des nations atténuait quelque peu l’attente fastidieuse et harassante. Pour évacuer le stress, on a tenté une question autour de nous: «Au fait, c’est quoi la mission du fils d’El Gueddafi ?» Une question synonyme d’offense, nous semblait-il, au vu du regard hostile de notre interlocuteur. «C’est une visite privée, touristique.»
Et puis, branle-bas de combat, l’atterrissage du jet est annoncé. Tout le monde en voiture. A 22h, le cher Seif, au crâne rasé, enveloppé dans un costume noir, fait son apparition. Après le salut du comité d’accueil, direction le salon d’honneur, puis l’hôtel. Un orchestre andalou avec des danseuses (un ballet, nous avait-on dit) exécutait ses prouesses, tandis que tout le monde appréciait un dîner friand. «Aucune déclaration, si ce n’est des sourires indéchiffrables de l’invité.» Le lendemain, l’invité de l’Algérie fit la connaissance de la forêt de Moutas pour une partie de chasse infructueuse. Le sanglier refusait de s’offrir ce jour-là. Déçu, Seif ne cachait pas sa colère. Des frasques, on en a raconté sous la chemise. Une visite fardeau, d’où aucun enseignement n’est sorti, et l’on se demande toujours quel était l’objet de cette visite encombrante. Pas à l’époque, bien sûr !
Chahredine Berriah
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