Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Derrière la façade, l'Algérie gronde prudemment

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Derrière la façade, l'Algérie gronde prudemment

    Loin des dictatures caricaturales de Tunisie, d'Égypte ou de Libye, l'Algérie est un cas complexe, aussi insaisissable que sa « démocratie contrôlée ». Les grèves se multiplient ; des émeutes de la faim éclatent comme en janvier. Mais pas de soulèvement au programme. Le pouvoir entend s'adapter...


    Comme tous les samedis, Alger la Blanche se mue en Alger la Bleue. De la couleur des innombrables policiers antiémeutes, estafettes et canons à eau qui encadrent les points de ralliement des trois marches lancées par la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD).


    À Hussein Dey au sud, Aïn Benian au nord et El Madania sur les hauteurs, le scénario est écrit d'avance : on ne marche pas à Alger. À l'arrivée théorique, places des Martyrs et du 1er-Mai, c'est encore plus simple : la police a disposé des barrières qui empêchent tout rassemblement. Officiellement, les manifestations sont interdites à Alger pour des raisons de sécurité. « On nous endort ! », dénonce Salim, un étudiant en comptabilité et finance.

    Décennie noire

    Il en va ainsi depuis le 12 février et le lancement des marches par la CNCD. Seulement, à l'image d'une opposition incapable de trouver une plate-forme commune, cette CNCD s'est disloquée. Elle est désormais dominée par le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD). Son leader, Saïd Sadi - « Saïd Samedi », raille-t-on ici -, a beau prendre des coups, il n'est guère apprécié dans la rue. On le soupçonne d'être téléguidé pour diviser la contestation... « Ces gens qui pensent réunir des milliers de personnes sans réfléchir à une stratégie continuent de se mentir à eux-mêmes », estime-t-on chez les rivaux du Front des forces socialistes.

    Saïd Sadi reprend son courage à deux mains. Il arrive à 10 h 30 à El Madania, derrière le Riad El Feth, imposant monument qui domine Alger. Et soudain, c'est la ruée. Des jeunes, venus on ne sait d'où, débarquent en criant leur amour indéfectible au président Bouteflika. Ils bousculent Sadi qui trouve refuge dans sa voiture et la fuite... Ils crient « Dégage, sale Kabyle ! » L'insulte aussi en dit long. Un peu plus tard, on apprend qu'une centaine de militants du CNCD, et des journalistes, ont été arrêtés à Oran.

    La CNCD et la Ligue algérienne des droits de l'homme dénoncent « la police politique qui verrouille la démocratie ». Pourtant, face à une population traumatisée par les horreurs de la décennie noire, la mobilisation ne prend pas. On fait avec ce système, par lassitude, peur de revoir des morts, des attentats.

    « On croit que la presse est libre, illustre Salim. On peut critiquer Bouteflika, un ministre, mais c'est impossible de dire ce qui se passe derrière. En fait, nous sommes gouvernés par des clandestins, des généraux, le DRS... » Le général Toufik, le patron du Département de renseignement et de sécurité, est redouté et honni. Comme ses services, omniprésents dans les administrations, les associations, les entreprises... Ce qui fait dire à Aissa Rahmoune, membre du bureau de la LADDH, que « l'armée exerce le pouvoir sans être apparente. On pense que l'Algérie est un pays émergent qui commence à s'ouvrir. La réalité est tout autre ».

    Comment une nation aussi riche - grâce au miracle pétrolier et gazier, fort d'une entreprise de gestion des hydrocarbures aussi puissante que la SONATRACH (55 milliards en 2009, première compagnie d'Afrique) - peut-elle laisser enfler le ras-le-bol ? Oublier que deux tiers des 36 millions d'Algériens ont moins de 30 ans, qu'ils autant faim de travail que de libertés ? Les étudiants manifestent devant leur ministère les hôpitaux seront en grève demain...

    « Acheter la paix sociale »

    La pression exercée par les révolutions des voisins du Maghreb peut changer la donne. L'état d'urgence a été levé le 24 février, pour la première fois depuis 1992. Le gouvernement annonce des ouvertures en faveur de l'emploi des jeunes, du logement, entend s'attaquer à la corruption qui gangrène le pays. « Des replâtrages pour acheter la paix sociale. ça explosera de nouveau plus tard », estime Salim, qui s'éclipse prudemment du centre d'El Madania.

    Pendant ce temps-là, les familles algéroises goûtent au premier soleil de printemps, sur la magnifique corniche de Bab El Oued, le long de la pimpante et commerçante rue Didouche.

    Source : lavoixdunord.fr
    La pire chose pour l'Homme, serait qu'il meurt idiot.
    De grâce épargnez-moi la prolixe, la syntaxe et la chiffrerie à tout va
    .
    Merci.
    " TOUCHE PAS A MA NAPPE ALBIENNE "
Chargement...
X