Le cinéma Atlas à Bab El Oued n'est pas n'importe quel cinéma de la « wilaya » d'Alger. ...
C'est dans cette immense salle de spectacle de trois mille cinq cents places, qui s'appelait alors Le Majestic, que Ben Bella réunit ses partisans en 1962 pour élaborer la Constitution algérienne.
Vendredi, le Front des forces socialistes (FFS), principal parti d'opposition d'essence kabyle, n'a pas choisi au hasard cet endroit chargé d'histoire pour lancer son premier grand meeting depuis plusieurs années.
Dans une ambiance de stade de foot, les jeunes de Béjaia ou de Tizi-Ouzou arrivés en minibus patientent en scandant « Pouvoir assassin !
» ou « One, two, free, viva l'Algérie ! », en référence au slogan qui porta l'équipe nationale à la dernière Coupe du monde. De quoi faire passer nos meetings politiques pour de douces périodes de sieste. On s'invective. On chasse sous les huées une équipe de l'ENTV, la télé du pouvoir. On interpelle les orateurs venus de Tunisie et du Maroc pour réclamer le Maghreb des libertés. Les représentants des étudiants, des enseignants appellent au secours : « L'étudiant s'engage, système dégage ! » Le collectif des mères de disparus brandit des portraits de jeunes envolés durant la décennie noire.
« Il faut reconstruire la confiance »
Karim Tabbou se lève enfin. Le premier secrétaire du FFS a 38 ans et du charisme quand il alterne les diatribes en arabe et en français. Le parti, qui a des élus locaux mais boycotte les législatives, reste présidé par Hocine Aït Ahmed, 84 ans, héros du Front de libération nationale, qu'il quitta pour fonder le FFS en 1963. Mais le vieil homme vit à Genève, loin d'Alger et de ses réalités. Son jeune second prend donc les choses en main : « Il y a des groupes islamistes armés, mais il y a aussi des groupes islamistes de l'armée.
» « Beaucoup d'Algériens se sont vus place Tahrir. Mais le changement ne se capte pas qu'à la télé. Il faut se mettre au travail en retrouvant du lien social. » La fureur du meeting retombée, Karim Tabbou prend le temps d'expliquer son objectif : « Le pouvoir utilise comme prétexte un retour en arrière, et le terrorisme, pour faire peur aux Algériens, les rendre immobiles. Il faut reconstruire la confiance. L'Algérie a besoin de sérieux, de gens qui parlent vrai, qui partagent leur souffrance. Les Algériens sortiront dans la rue quand ils le décideront. Je ne crois pas à l'épidémie démocratique, mais au travail de pédagogie politique. » L'intention est louable, mais manque de propositions concrètes. L'opposition, éclatée, régionalisée, voire manipulée, a encore un long chemin devant elle.
La Voix du Nord
C'est dans cette immense salle de spectacle de trois mille cinq cents places, qui s'appelait alors Le Majestic, que Ben Bella réunit ses partisans en 1962 pour élaborer la Constitution algérienne.
Vendredi, le Front des forces socialistes (FFS), principal parti d'opposition d'essence kabyle, n'a pas choisi au hasard cet endroit chargé d'histoire pour lancer son premier grand meeting depuis plusieurs années.
Dans une ambiance de stade de foot, les jeunes de Béjaia ou de Tizi-Ouzou arrivés en minibus patientent en scandant « Pouvoir assassin !
» ou « One, two, free, viva l'Algérie ! », en référence au slogan qui porta l'équipe nationale à la dernière Coupe du monde. De quoi faire passer nos meetings politiques pour de douces périodes de sieste. On s'invective. On chasse sous les huées une équipe de l'ENTV, la télé du pouvoir. On interpelle les orateurs venus de Tunisie et du Maroc pour réclamer le Maghreb des libertés. Les représentants des étudiants, des enseignants appellent au secours : « L'étudiant s'engage, système dégage ! » Le collectif des mères de disparus brandit des portraits de jeunes envolés durant la décennie noire.
« Il faut reconstruire la confiance »
Karim Tabbou se lève enfin. Le premier secrétaire du FFS a 38 ans et du charisme quand il alterne les diatribes en arabe et en français. Le parti, qui a des élus locaux mais boycotte les législatives, reste présidé par Hocine Aït Ahmed, 84 ans, héros du Front de libération nationale, qu'il quitta pour fonder le FFS en 1963. Mais le vieil homme vit à Genève, loin d'Alger et de ses réalités. Son jeune second prend donc les choses en main : « Il y a des groupes islamistes armés, mais il y a aussi des groupes islamistes de l'armée.
» « Beaucoup d'Algériens se sont vus place Tahrir. Mais le changement ne se capte pas qu'à la télé. Il faut se mettre au travail en retrouvant du lien social. » La fureur du meeting retombée, Karim Tabbou prend le temps d'expliquer son objectif : « Le pouvoir utilise comme prétexte un retour en arrière, et le terrorisme, pour faire peur aux Algériens, les rendre immobiles. Il faut reconstruire la confiance. L'Algérie a besoin de sérieux, de gens qui parlent vrai, qui partagent leur souffrance. Les Algériens sortiront dans la rue quand ils le décideront. Je ne crois pas à l'épidémie démocratique, mais au travail de pédagogie politique. » L'intention est louable, mais manque de propositions concrètes. L'opposition, éclatée, régionalisée, voire manipulée, a encore un long chemin devant elle.
La Voix du Nord
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