La concurrence devient féroce dans le Golfe. Pour se différencier, Bahreïn cultive une image de place internationale de la finance islamique.
A l'heure de la prière, le chant du muezzin se mêle aux bruits des engins de chantier sur l'avenue du roi Faysal. Une ville flottante de 38 hectares est en train d'émerger des eaux turquoise du Golfe. Déjà, les carcasses de quatre tours en forme de voiles dominent Manama de leurs cinquante étages. Murtuz Zamanly, directeur des ventes du Bahreïn Financial Harbour, se frotte les mains : «A la vitesse où les banques se multiplient, elles ne tarderont pas à se disputer nos mètres carrés de bureaux.»
Salaires faramineux
Pour l'heure, elles s'arrachent les professionnels de la finance. Et à prix d'or. «Les salaires des banquiers ont été multipliés par dix en quelques années», observe un expatrié français. Avec 366 banques, compagnies d'assurances et sociétés de bourse, le minuscule royaume détient un record de densité des institutions financières : une pour 2 000 habitants ! Et leur nombre continue d'augmenter.
Pour la seule année 2005, on comptabilise 34 créations. Avec des bénéfices à faire des jaloux : 20% de progression par an et une rentabilité moyenne des fonds propres de 25%.
Dans le Golfe, la concurrence devient toutefois féroce. Pour se différencier, Bahreïn cultive son image de place de la finance islamique. «Les banques islamiques sont non seulement les plus nombreuses du Golfe à Bahreïn, mais aussi les plus dynamiques», assure Mohammed al-Maraj, le gouverneur de la Banque centrale. Elles sont déjà 26 à se partager 8,6 milliards d'actifs gérés.
Le petit royaume souhaite surtout attirer les mégabanques internationales. Trois parmi les plus prestigieuses ont déjà choisi Manama comme siège dans la région du Golfe : Citi Islamic Investment Bank, BNP Paribas et UBS qui a baptisé sa filiale islamique Noriba, jeu de mots anglo-arabe qui signifie «pas d'intérêt».
Pour séduire ces banques, Bahreïn dispose d'un capital en platine : sa réputation, obsession constante des banquiers. «Dans le Golfe plus qu'ailleurs, il faut faire extrêmement attention à ce que l'on finance», confie un professionnel.
Ici, la mésaventure de la Citibank est encore dans toutes les mémoires. Son image a été ternie pour sa participation de 20% dans la Saudi American Bank, soupçonnée il y a quelques années d'avoir fait virer des fonds de donateurs saoudiens à des «martyrs» palestiniens...
Le label d'un conseil de la charia
Reste l'autre grande affaire des banquiers islamiques : offrir le meilleur label de conformité coranique possible à leurs montages financiers. Pour obtenir cette certification, ils la soumettent à un «conseil de la charia» composé de quelques érudits de jurisprudence coranique. S'ils sont convaincus, ils émettent une fatwa. On se dispute celles du cheikh Nizam Yacouby, une des vedettes de Bahreïn dont la rémunération est tenue secrète. «C'est un des rares docteurs de la charia à comprendre la finance», plaisante un banquier. D'où la présence de Nizam Yacouby dans au moins une quinzaine de «charia boards».
Les Saoudiens sont aussi appréciés, mais davantage en raison de leur interprétation pure et dure de la charia. Enfin, il n'est pas rare de trouver dans ces conseils un Malais ou un Pakistanais. «C'est devenu une tendance de fond : certains pays musulmans comme le Pakistan et la Malaisie n'émettent plus désormais leurs titres qu'en islamique», poursuit le banquier. L'islamisation de la finance semble ainsi aller grandissant dans la région du Golfe.
Qu'il s'agisse de compagnies aériennes qui achètent des flottes d'avions, ou des réseaux de ports comme à Dubaï, les projets sont de plus en plus faramineux. Et leurs promoteurs exigent de plus en plus des financements «halal» à 100%.
Finance islamique : les principes
Les intérêts : ils ne sont pas autorisés alors que les loyers le sont. Un prêt peut donc prendre la forme d'une location avec option d'achat.
La spéculation : elle est interdite. Les transactions doivent porter sur des actifs, ce qui exclut tout marché de produits dérivés ;
Les activités : les prêts ne doivent pas financer des activités non conformes à la charia, comme les dépenses d'armement, d'alcool, de tabac ou de produits à base de porc.
Assurance : les risques doivent être partagés et non transférés sur un tiers.
Par Le Figaro
A l'heure de la prière, le chant du muezzin se mêle aux bruits des engins de chantier sur l'avenue du roi Faysal. Une ville flottante de 38 hectares est en train d'émerger des eaux turquoise du Golfe. Déjà, les carcasses de quatre tours en forme de voiles dominent Manama de leurs cinquante étages. Murtuz Zamanly, directeur des ventes du Bahreïn Financial Harbour, se frotte les mains : «A la vitesse où les banques se multiplient, elles ne tarderont pas à se disputer nos mètres carrés de bureaux.»
Salaires faramineux
Pour l'heure, elles s'arrachent les professionnels de la finance. Et à prix d'or. «Les salaires des banquiers ont été multipliés par dix en quelques années», observe un expatrié français. Avec 366 banques, compagnies d'assurances et sociétés de bourse, le minuscule royaume détient un record de densité des institutions financières : une pour 2 000 habitants ! Et leur nombre continue d'augmenter.
Pour la seule année 2005, on comptabilise 34 créations. Avec des bénéfices à faire des jaloux : 20% de progression par an et une rentabilité moyenne des fonds propres de 25%.
Dans le Golfe, la concurrence devient toutefois féroce. Pour se différencier, Bahreïn cultive son image de place de la finance islamique. «Les banques islamiques sont non seulement les plus nombreuses du Golfe à Bahreïn, mais aussi les plus dynamiques», assure Mohammed al-Maraj, le gouverneur de la Banque centrale. Elles sont déjà 26 à se partager 8,6 milliards d'actifs gérés.
Le petit royaume souhaite surtout attirer les mégabanques internationales. Trois parmi les plus prestigieuses ont déjà choisi Manama comme siège dans la région du Golfe : Citi Islamic Investment Bank, BNP Paribas et UBS qui a baptisé sa filiale islamique Noriba, jeu de mots anglo-arabe qui signifie «pas d'intérêt».
Pour séduire ces banques, Bahreïn dispose d'un capital en platine : sa réputation, obsession constante des banquiers. «Dans le Golfe plus qu'ailleurs, il faut faire extrêmement attention à ce que l'on finance», confie un professionnel.
Ici, la mésaventure de la Citibank est encore dans toutes les mémoires. Son image a été ternie pour sa participation de 20% dans la Saudi American Bank, soupçonnée il y a quelques années d'avoir fait virer des fonds de donateurs saoudiens à des «martyrs» palestiniens...
Le label d'un conseil de la charia
Reste l'autre grande affaire des banquiers islamiques : offrir le meilleur label de conformité coranique possible à leurs montages financiers. Pour obtenir cette certification, ils la soumettent à un «conseil de la charia» composé de quelques érudits de jurisprudence coranique. S'ils sont convaincus, ils émettent une fatwa. On se dispute celles du cheikh Nizam Yacouby, une des vedettes de Bahreïn dont la rémunération est tenue secrète. «C'est un des rares docteurs de la charia à comprendre la finance», plaisante un banquier. D'où la présence de Nizam Yacouby dans au moins une quinzaine de «charia boards».
Les Saoudiens sont aussi appréciés, mais davantage en raison de leur interprétation pure et dure de la charia. Enfin, il n'est pas rare de trouver dans ces conseils un Malais ou un Pakistanais. «C'est devenu une tendance de fond : certains pays musulmans comme le Pakistan et la Malaisie n'émettent plus désormais leurs titres qu'en islamique», poursuit le banquier. L'islamisation de la finance semble ainsi aller grandissant dans la région du Golfe.
Qu'il s'agisse de compagnies aériennes qui achètent des flottes d'avions, ou des réseaux de ports comme à Dubaï, les projets sont de plus en plus faramineux. Et leurs promoteurs exigent de plus en plus des financements «halal» à 100%.
Finance islamique : les principes
Les intérêts : ils ne sont pas autorisés alors que les loyers le sont. Un prêt peut donc prendre la forme d'une location avec option d'achat.
La spéculation : elle est interdite. Les transactions doivent porter sur des actifs, ce qui exclut tout marché de produits dérivés ;
Les activités : les prêts ne doivent pas financer des activités non conformes à la charia, comme les dépenses d'armement, d'alcool, de tabac ou de produits à base de porc.
Assurance : les risques doivent être partagés et non transférés sur un tiers.
Par Le Figaro
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