De notre envoyée spéciale au Sahara occidental
Badiaa Amarni
«Kassaman, la nakhoun ahalina fi essoujoun El Ayoun» (promesse, nous ne trahirons pas nos frères dans les prisons d’El Ayoun), «bissilah, bilkifah nafdi essahra bilarouah» (avec les armes, avec la lutte nous sacrifierons nos vies pour le Sahara)… Des slogans scandés par la population et les militants sahraouis au passage des troupes de l’armée tous corps confondus. C’était à l’ouverture des festivités du 35e anniversaire de la proclamation de la République arabe sahraouie démocratique (Rasd), dimanche dernier dans le territoire libéré de Tifariti, symbole de la résistance sahraouie, qui ont réuni tous les amis du peuple sahraoui. Ils sont venus des quatre coins du monde, d’Amérique du Nord, d’Amérique du Sud, d’Europe, d’Afrique, d’Asie et même d’Australie pour partager et célébrer cette fête-événement si symbolique qui en dit long sur la lutte des Sahraouis pour reconquérir leur pays. La marche vers la reconquête se poursuit et la conviction de voir un jour le vent de l’indépendance souffler sur le pays est totale. Une conviction que partage toute la population sahraouie. Cela transparaît d’ailleurs à travers tous les slogans et chansons patriotiques interprétées lors de cet anniversaire.
Une armée structurée au service d’une noble cause
L’ouverture des festivités a eu lieu en présence du président de la Rasd et secrétaire général du Front Polisario, Mohamed Abdelaziz, et des invités, dont l’Algérie, à l’honneur dans le discours présidentiel. Après avoir hissé le drapeau de la Rasd, place aux nombreuses troupes composant l’Armée populaire de libération sahraouie (APLS) dont la création remonte au congrès fondateur du Front Polisario qui s’est tenu le 10 mai 1973. Son objectif principal est «la libération du Sahara occidental de l’emprise étrangère ainsi que la défense de l’intégrité du territoire sahraoui». L’APLS est organisée en sept régions militaires (trois dans le Nord, trois dans le Sud et une à Tindouf). Dans le Nord, il y a la 5e région (près de Bir Lehlou) et la 4e (près de Meres) appuyée au Centre par la 2e région «renforcée» et mécanisée de Tifariti. Dans le Sud, ce sont la 3e région (Mijeh) et la première (Zoug), appuyées au Centre par la 7e région
«renforcée» et mécanisée de Sellaourich. Chaque région militaire se compose de cinq à six bataillons, composés chacun approximativement de quatre à cinq unités militaires.Toutes les troupes de l’armée, notamment féminines, ont défilé devant les invités de la République qui les ont applaudies avec force et qui sont restés admiratifs de tant de détermination. Le président de la Rasd a été longuement acclamé par les populations de Tifariti et même celles venues des autres régions, y compris celles occupées pour assister à cette fête grandiose. Parmi les activités de l’APLS, le déminage du territoire sous son contrôle.
Les mines antipersonnel, un crime contre l’humanité
Le 35e anniversaire de la proclamation de la Rasd a été l’occasion pour cet Etat de démontrer au monde entier sa détermination à en finir avec les mines antipersonnel, dont 1 506 ont été détruites sous les yeux de ses hôtes au lieu-dit El Kalaa à Tifariti. En effet, au deuxième jour de cette commémoration, l’armée a procédé à la destruction de ces engins de la mort qui ont fait et continuent à faire des victimes parmi les populations innocentes. Des organisations non gouvernementales étrangères ont pris à bras-le-corps ce programme et tentent d’apporter appui et soutien au Front Polisario pour le déminage des territoires minés. Cette quatrième et dernière opération menée sur le territoire libéré de Tifariti, depuis que le Polisario a signé l’appel de Genève, a été une réussite et ouvre la voie à d’autres opérations dès l’année prochaine au niveau de la région de Bir Lahlou et dans le sud du pays. Ces mines antipersonnel ont causé la mort et des blessures à des milliers de citoyens. Même les animaux n’échappent pas à ces armes destructives semées sur le territoire sahraoui par l’armée marocaine. Selon M. Pascal Boncard, directeur de programme au niveau de l’Appel de Genève, «plus de 300 victimes de mines antipersonnel vivent dans les camps des réfugiés et d’autres vivent sur les territoires libérés, sans compter un nombre important de morts. Les survivants vivent dans des conditions difficiles car ils restent sans emploi et représentent une lourde charge pour leurs familles. Il y a beaucoup de travail à faire sur ce point bien précis». Un bureau de la Croix-Rouge a été installé à Rabouni ainsi qu’un centre de prothèses pour les victimes des mines antipersonnel.La dernière et la plus jeune des victimes de ces engins de la mort est Mouna Hafedh El Hadj. Agée à peine de 4 ans, elle a déjà connu les affres des blessures par une mine antipersonnel. Ce jour fatidique du mois de février 2011 restera gravé à jamais dans la mémoire de cette petite fille et de sa famille. Mouna était en train de jouer avec sa cousine, dans la campagne d’El Oudj, lorsqu’elle voit cette mine. Loin d’imaginer qu’il s’agissait d’un engin de la mort, elle prend une pierre et la jette en direction de la mine qui explosa. La voyant projetée à terre avec cette fumée qui s’élevait vers le ciel, sa cousine s’enfuit la laissant derrière elle. Sa maman Mamia et les autres membres de la famille accourent. Mouna est blessée au niveau des jambes et de la main. Immédiatement, le médecin de Bir Lahlou où elle a été examinée décide de l’évacuer vers l’hôpital militaire de Tindouf à des centaines de kilomètres de là. C’est une piste qui n’est pas de tout repos pour une personne en bonne santé. Alors, pour notre petite blessée, le voyage a dû lui paraître une éternité ! En ce jour de déminage, la petite Mouna, en entendant la détonation des explosions a détourné sa tête de cette fumée qui monte au loin et s’est mise à pleurer au creux de l’épaule de sa mère. Le souvenir amer est remonté à la surface et l’expression de la peur se lisait sur son petit visage.
L’école et la formation, une priorité
Pour accéder à Tifariti depuis les camps des réfugiés à Tindouf, il faut parcourir une distance de 360 km de piste. Ce n’est pas un voyage facile pour ceux qui ont le cœur fragile. Cependant, la magnificence des paysages qui vous accompagnent tout au long de ce safari dans le désert peut vite vous faire oublier la fatigue et les malaises en tous genres. Le terrain est tantôt escarpé, tantôt plat. Il est parfois désertique, et c’est le vide autour de soi, et parfois peuplé de chameaux ou de troupeaux de moutons. Des acacias et des plantes apparaissent çà et là. Nous regagnons Tifariti au crépuscule, dans le camp du chahid Mahfoud Ali Baiba, une école qui forme des générations de Sahraouis. L’hospitalité des gens de la région est marquante comme celle d’Omeima qui nous a tout le temps servies dans la chambre des filles où nous étions hébergées. Après deux jours à Tifariti pour assister au lancement des festivités de ce 35e anniversaire, nous reprenons la route pour regagner le camp des réfugiés à Tindouf appelé «27-Février» où nous avions déjà logés chez des familles la première nuit de notre arrivée. Le voyage de retour était encore plus dur car entamé tard dans l’après-midi pour permettre aux journalistes de faire leurs envois sur l’événement.Conduire dans la nuit en plein désert n’est pas du tout facile. Mais l’expérience des chauffeurs sahraouis, comme Mehdi, nous a permis d’arriver à bon port en toute sécurité ! Le lendemain, nous regagnons la wilaya de Smara à environ 24 km du camp du 27-Février. Là aussi, des festivités commémorant l’anniversaire de l’instauration de l’Etat sahraoui ont été organisées. Des tableaux exprimant des messages de paix et d’amour et les capacités de construire le pays une fois libéré ont été peints par des enfants, des jeunes même des femmes sahraouis.Toutes les franges de la société depuis l’école coranique, la crèche, le primaire, le fondamental, le lycée et la formation professionnelle ont défilé devant les invités de la Rasd pour démontrer que la force et l’avenir de ce pays sont dans la formation. D’ailleurs, l’Etat sahraoui en fait sa priorité.
Badiaa Amarni
«Kassaman, la nakhoun ahalina fi essoujoun El Ayoun» (promesse, nous ne trahirons pas nos frères dans les prisons d’El Ayoun), «bissilah, bilkifah nafdi essahra bilarouah» (avec les armes, avec la lutte nous sacrifierons nos vies pour le Sahara)… Des slogans scandés par la population et les militants sahraouis au passage des troupes de l’armée tous corps confondus. C’était à l’ouverture des festivités du 35e anniversaire de la proclamation de la République arabe sahraouie démocratique (Rasd), dimanche dernier dans le territoire libéré de Tifariti, symbole de la résistance sahraouie, qui ont réuni tous les amis du peuple sahraoui. Ils sont venus des quatre coins du monde, d’Amérique du Nord, d’Amérique du Sud, d’Europe, d’Afrique, d’Asie et même d’Australie pour partager et célébrer cette fête-événement si symbolique qui en dit long sur la lutte des Sahraouis pour reconquérir leur pays. La marche vers la reconquête se poursuit et la conviction de voir un jour le vent de l’indépendance souffler sur le pays est totale. Une conviction que partage toute la population sahraouie. Cela transparaît d’ailleurs à travers tous les slogans et chansons patriotiques interprétées lors de cet anniversaire.
Une armée structurée au service d’une noble cause
L’ouverture des festivités a eu lieu en présence du président de la Rasd et secrétaire général du Front Polisario, Mohamed Abdelaziz, et des invités, dont l’Algérie, à l’honneur dans le discours présidentiel. Après avoir hissé le drapeau de la Rasd, place aux nombreuses troupes composant l’Armée populaire de libération sahraouie (APLS) dont la création remonte au congrès fondateur du Front Polisario qui s’est tenu le 10 mai 1973. Son objectif principal est «la libération du Sahara occidental de l’emprise étrangère ainsi que la défense de l’intégrité du territoire sahraoui». L’APLS est organisée en sept régions militaires (trois dans le Nord, trois dans le Sud et une à Tindouf). Dans le Nord, il y a la 5e région (près de Bir Lehlou) et la 4e (près de Meres) appuyée au Centre par la 2e région «renforcée» et mécanisée de Tifariti. Dans le Sud, ce sont la 3e région (Mijeh) et la première (Zoug), appuyées au Centre par la 7e région
«renforcée» et mécanisée de Sellaourich. Chaque région militaire se compose de cinq à six bataillons, composés chacun approximativement de quatre à cinq unités militaires.Toutes les troupes de l’armée, notamment féminines, ont défilé devant les invités de la République qui les ont applaudies avec force et qui sont restés admiratifs de tant de détermination. Le président de la Rasd a été longuement acclamé par les populations de Tifariti et même celles venues des autres régions, y compris celles occupées pour assister à cette fête grandiose. Parmi les activités de l’APLS, le déminage du territoire sous son contrôle.
Les mines antipersonnel, un crime contre l’humanité
Le 35e anniversaire de la proclamation de la Rasd a été l’occasion pour cet Etat de démontrer au monde entier sa détermination à en finir avec les mines antipersonnel, dont 1 506 ont été détruites sous les yeux de ses hôtes au lieu-dit El Kalaa à Tifariti. En effet, au deuxième jour de cette commémoration, l’armée a procédé à la destruction de ces engins de la mort qui ont fait et continuent à faire des victimes parmi les populations innocentes. Des organisations non gouvernementales étrangères ont pris à bras-le-corps ce programme et tentent d’apporter appui et soutien au Front Polisario pour le déminage des territoires minés. Cette quatrième et dernière opération menée sur le territoire libéré de Tifariti, depuis que le Polisario a signé l’appel de Genève, a été une réussite et ouvre la voie à d’autres opérations dès l’année prochaine au niveau de la région de Bir Lahlou et dans le sud du pays. Ces mines antipersonnel ont causé la mort et des blessures à des milliers de citoyens. Même les animaux n’échappent pas à ces armes destructives semées sur le territoire sahraoui par l’armée marocaine. Selon M. Pascal Boncard, directeur de programme au niveau de l’Appel de Genève, «plus de 300 victimes de mines antipersonnel vivent dans les camps des réfugiés et d’autres vivent sur les territoires libérés, sans compter un nombre important de morts. Les survivants vivent dans des conditions difficiles car ils restent sans emploi et représentent une lourde charge pour leurs familles. Il y a beaucoup de travail à faire sur ce point bien précis». Un bureau de la Croix-Rouge a été installé à Rabouni ainsi qu’un centre de prothèses pour les victimes des mines antipersonnel.La dernière et la plus jeune des victimes de ces engins de la mort est Mouna Hafedh El Hadj. Agée à peine de 4 ans, elle a déjà connu les affres des blessures par une mine antipersonnel. Ce jour fatidique du mois de février 2011 restera gravé à jamais dans la mémoire de cette petite fille et de sa famille. Mouna était en train de jouer avec sa cousine, dans la campagne d’El Oudj, lorsqu’elle voit cette mine. Loin d’imaginer qu’il s’agissait d’un engin de la mort, elle prend une pierre et la jette en direction de la mine qui explosa. La voyant projetée à terre avec cette fumée qui s’élevait vers le ciel, sa cousine s’enfuit la laissant derrière elle. Sa maman Mamia et les autres membres de la famille accourent. Mouna est blessée au niveau des jambes et de la main. Immédiatement, le médecin de Bir Lahlou où elle a été examinée décide de l’évacuer vers l’hôpital militaire de Tindouf à des centaines de kilomètres de là. C’est une piste qui n’est pas de tout repos pour une personne en bonne santé. Alors, pour notre petite blessée, le voyage a dû lui paraître une éternité ! En ce jour de déminage, la petite Mouna, en entendant la détonation des explosions a détourné sa tête de cette fumée qui monte au loin et s’est mise à pleurer au creux de l’épaule de sa mère. Le souvenir amer est remonté à la surface et l’expression de la peur se lisait sur son petit visage.
L’école et la formation, une priorité
Pour accéder à Tifariti depuis les camps des réfugiés à Tindouf, il faut parcourir une distance de 360 km de piste. Ce n’est pas un voyage facile pour ceux qui ont le cœur fragile. Cependant, la magnificence des paysages qui vous accompagnent tout au long de ce safari dans le désert peut vite vous faire oublier la fatigue et les malaises en tous genres. Le terrain est tantôt escarpé, tantôt plat. Il est parfois désertique, et c’est le vide autour de soi, et parfois peuplé de chameaux ou de troupeaux de moutons. Des acacias et des plantes apparaissent çà et là. Nous regagnons Tifariti au crépuscule, dans le camp du chahid Mahfoud Ali Baiba, une école qui forme des générations de Sahraouis. L’hospitalité des gens de la région est marquante comme celle d’Omeima qui nous a tout le temps servies dans la chambre des filles où nous étions hébergées. Après deux jours à Tifariti pour assister au lancement des festivités de ce 35e anniversaire, nous reprenons la route pour regagner le camp des réfugiés à Tindouf appelé «27-Février» où nous avions déjà logés chez des familles la première nuit de notre arrivée. Le voyage de retour était encore plus dur car entamé tard dans l’après-midi pour permettre aux journalistes de faire leurs envois sur l’événement.Conduire dans la nuit en plein désert n’est pas du tout facile. Mais l’expérience des chauffeurs sahraouis, comme Mehdi, nous a permis d’arriver à bon port en toute sécurité ! Le lendemain, nous regagnons la wilaya de Smara à environ 24 km du camp du 27-Février. Là aussi, des festivités commémorant l’anniversaire de l’instauration de l’Etat sahraoui ont été organisées. Des tableaux exprimant des messages de paix et d’amour et les capacités de construire le pays une fois libéré ont été peints par des enfants, des jeunes même des femmes sahraouis.Toutes les franges de la société depuis l’école coranique, la crèche, le primaire, le fondamental, le lycée et la formation professionnelle ont défilé devant les invités de la Rasd pour démontrer que la force et l’avenir de ce pays sont dans la formation. D’ailleurs, l’Etat sahraoui en fait sa priorité.
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