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Lettre ouverte à mon (ex-)ami Eric Zemmour : “Nous sommes tous deux issus d’une Algérie déchirée”

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    Lettre ouverte à mon (ex-)ami Eric Zemmour : “Nous sommes tous deux issus d’une Algérie déchirée”
    8 Mar 2011 13:37
    Par Jean-Philippe Moinet

    Cher Eric, j’ai peine à te reconnaître et ton sort m’attriste. Je me souviens de nos jeunes années et de nos voyages de presse gaiement partagés, il y a plus d’une quinzaine d’années déjà. Nous étions jeunes journalistes aux plumes vivaces, aimions rire, nous n’étions pas toujours du même avis, apprécions discuter mais beaucoup de choses pouvaient implicitement nous réunir.

    (Éric Zemmour recevant sa première tarte à la crème)

    Tu as rejoint le journal où je travaillais alors, la vie, le temps ont fait que nos chemins se sont écartés. Ces dernières années, ton talent a pris des formes inattendues, notamment au contact grisant des plateaux télé, où l’essentiel est de faire rire en trois secondes.

    Je t’ai observé, mi-amusé, mi-inquiet. J’ai vu ton sens du marketing dans les postures qui cherchaient la provocation, finalement assez facile contre le principe d’égalité, notamment à l’occasion de ton livre d’éloge du « macho ». Manifestement, cela te faisait plaisir : une forme de revanche personnelle peut-être, déjà.

    J’ai vu que ton sens des argumentations acrobatiques a pu trouver le bon segment de marché, comme disent les libéraux. Tu corresponds pour partie à un curieux air du temps qui, sous couvert de dénoncer « le politiquement correct », cherche la « rupture » avec une série de principes dits « tabous ».

    Je trouvais ton sens de l’humour assez limité mais, manifestement, ce n’était pas l’avis de quelques rigolards professionnels – donc aux rires forcés – de quelques plateaux télévisés.

    Un discours peu républicain

    La dérive visible (et risible) que tu recherchais a donc continué. J’ai vu que ta soif de reconnaissance n’avait pas plus de limite que ton orgueil, cette volonté qui peut devenir aveugle d’avoir seul raison contre tous. Et comme être contre tous – ou contre « l’establishment », comme on dit à l’extrême droite qui t’applaudit – te plaît, tu as continué à pousser plus loin ton petit bouchon provocateur.

    Les Noirs et les Arabes, as-tu dis en pleine antenne, c’est bien normal qu’on les arrête plus que les autres dans la rue, voyez comme ils sont nombreux chez les délinquants et dans les prisons ! Pathétique Eric, pris au piège à la fois des formules qu’on exige de toi pour faire rire (moyennant belles rétributions) et des raccourcis les plus faciles, et abjects, qui font bien sûr le jeu des mouvements xénophobes qui attendent tous les moments de crise pour sortir du bois. Et comme tu es féru d’histoire, tu le sais très bien.

    C’est en cela que ton obstination à surfer sur ce type de courants a atteint son point limite, qui appelle non seulement l’application du droit (ce qui est fait) mais la réprobation active de tous les républicains.

    Avec Dieudonné sur le trône des condamnés

    Je t’ai vu t’enferrer dans ce piège que tu crois pouvoir instrumentaliser avec quelques alliés de passage. Non seulement tu n’as eu aucun mot d’excuses pour les Noirs et les Arabes – et tous les autres bien sûr, qui savent où mène le délit de faciès érigé en normalité –, mais tu as été jusqu’à dénoncer la singularité française – qui forge notre identité nationale républicaine – qui fait que le racisme et l’antisémitisme ne sont heureusement pas des opinions mais des délits.

    Tu es tombé bien bas, à trôner avec Dieudonné au palmarès des condamnés sulfureux et tu as assumé le terrible amalgame entre la population carcérale, avec ses traits sociologiques, et la population toute entière.

    A t’écouter, comme il y a bien plus de pauvres et d’hommes en prison que de riches et de femmes, allez la police ! Arrêtez en priorité les pauvres et les hommes dans la rue, vous aurez une chance de trouver du délinquant !

    Ta France rêvée, celle du racisme libéré

    Ton raccourci sur les Noirs et les Arabes est tellement stupide qu’il ne mériterait pas une brève dans une école de journalisme. Le problème est que tes tribunes sont à grands échos et que tu représentes, et tu le sais, un courant assez porteur, public rigolard mi-xénophobe mi-populiste, qui fait que tes soutiens dépassent les rangs enchantés du Front National, que la fille du père veille à rendre fréquentables.

    Alors, sur quelques tréteaux où on t’applaudit comme un faux martyr, tu viens d’en rajouter encore : tu demandes la suppression de la Halde (Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité, mise en place par Jacques Chirac en vertu d’une directive européenne) et des subventions aux associations anti-racistes.

    La France dont tu rêves est celle du racisme libéré, une France qui verrait rayés de sa carte les combats pour les droits élémentaires de la personne, dont les luttes antiracistes font évidemment partie.

    Cher Eric, cette veine néo-lepéniste, qui a l’air de mordre dans quelques cénacles poussiéreux d’une partie de l’UMP, ne fait plus du tout rire.

    Nous sommes tous deux issus d’une Algérie déchirée

    Je terminerai, Eric, sur l’un de nos points communs et une grande différence qui nous sépare. Toi et moi sommes issus d’une Algérie déchirée. Toi, natif de Montreuil et enfant de parents rapatriés, et moi l’Oranais de naissance, avons par transfert porté la tragédie de déchirures et de l’exode.

    Mais près de cinquante ans plus tard, contrairement à toi, précisément à cause de cette terrible histoire et de bien d’autres où les fractures ethno-raciales ont conduit aux pires violences et aux logiques de mort, oui, contrairement à toi, je mets toujours un point d’honneur à ne jamais approcher l’amalgame, à combattre les dangers du racisme et de toutes formes d’intolérance, à redoubler de précaution pour ne jamais confondre, par exemple, un délinquant noir ou arabe (évidemment responsable de ses actes) avec un simple passant dans la rue.

    Je sais que cette pédagogie républicaine est nettement moins simple que la démagogie xénophobe dont tu sembles apprécier la marge de progression possible. Continue comme cela, avec tes tribunes médiatiques et tes réactions irresponsables, et progressera ce qui fait la honte de la France : l’un des mouvements d’extrême droite les plus puissants d’Europe.

    Rue89

  • #2
    merci à M MONET
    par des sit-in on devrait assiéger France 2 qui continue à émettre grace , en partie, à des redevances des familles d origine africaine et maghrébine!

    ce n est pas normal qu il continue d'exercer sur une chaine publique même Arno klarsfeld a reconnu sur france2 hier que si ce vulgaire type avait attaqué de la sorte les juifs il ne serait pas resté ni sur f2 ni sur itélé et encore mois étre reçu et ovationné par des députés UMP
    "En ces temps d'imposture universelle, dire la vérité est un acte révolutionnaire" (G. Orwell)

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