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Les douleurs sous-évaluées par les médecins en Algérie

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  • Les douleurs sous-évaluées par les médecins en Algérie

    La douleur est loin d’être une fatalité à laquelle il faut se résigner. Pourtant, bien qu’elle soit un motif de consultation de plus en plus courant, la douleur est très mal appréhendée en Algérie.

    La douleur, l’inflammation et la place des anti-COX 2 (classe thérapeutique des anti-inflammatoires) dans le traitement ont été au cœur d’un séminaire organisé par les laboratoires Pfizer, mercredi dernier, à l’hôtel Sheraton. Quelque 900 participants, dont des spécialistes en rhumatologie, rééducation fonctionnelle, orthopédie et médecine générale, ont pris part à cette manifestation médicale qui a été encadrée par le professeur Frédéric Camu, professeur émérite d’anesthésie-réanimation de l’Université libre de Bruxelles, en Belgique ainsi que le professeur Aïcha Ladjouze, présidente de la Ligue algérienne antirhumatismale.

    Vu l’importance du sujet, les laboratoires ont tenu à organiser des séminaires régionaux, à Oran (le 28 février) et à Constantine (le 1er mars), afin de mieux informer les praticiens sur la douleur et les stratégies thérapeutiques pour la prise en charge des patients. Ces journées de formation médicales permettent aux médecins algériens d’être au diapason de ce qui se passe dans d’autres pays et de mettre à jour leurs connaissances.

    C’est que la douleur est très mal apaisée en Algérie.

    Sous-évaluée et sous-traitée, elle représente un véritable calvaire avec lequel il est difficile de vivre au quotidien. Toutefois, l’évaluation de la douleur reste indispensable pour orienter le choix thérapeutique, comme l’a indiqué le professeur Brahim Griene, président de la Société algérienne d’étude et de traitement de la douleur, également chef du service de traitement de la douleur au Centre-Pierre-et-Marie-Curie de lutte contre le cancer (CPMC). Selon lui, «entre 30 et 80% des douleurs ne sont pas soulagées correctement». Il a déploré l’absence de centres antidouleur et d’une prise en charge efficace de ce phénomène complexe et dynamique.

    Pour la présidente de la Fédération algérienne de rhumatisme, également chef du service de rhumatologie au Centre hospitalo-universitaire (CHU) de Ben Aknoun, le Pr. Aïcha Ladjouze, la douleur est un sujet vaste qui suscite un intérêt grandissant de la part des spécialistes mais aussi bien des malentendus. Il s’agit pour le rhumatologue d’un motif quasi constant de consultation pour 60% des patients souffrant d’arthrose et 70% des personnes atteintes de rhumatisme inflammatoire.

    Cependant, il faut distinguer la douleur aiguë, symptôme d’une lésion, de la douleur chronique, qui est une maladie à part entière. «Si elle n’est pas traitée, la douleur aiguë évolue vers la chronicité et devient une véritable pathologie et non un symptôme et peut être à l’origine d’un arrêt de travail prolongé, altérer la qualité de vie et générer une angoisse chez de nombreux patients», nous explique le professeur Ladjouze.

    En tant que rhumatologue, elle a cité la douleur qui affecte les articulations et la colonne vertébrale, facile à détecter, ainsi que d’autres douleurs qui, dit-elle, «sont secondaires, liées à différentes maladies, comme le mal de dos». En fait, le dos arrive en tête des causes de douleurs chroniques les plus fréquentes. C’est pourquoi, cette spécialiste a vivement plaidé pour le diagnostic précoce des maladies et les causes des douleurs afin d’améliorer la prise en charge et soulager le plus rapidement possible le malade.

    Le professeur a souligné que les anti-inflammatoires figurent parmi les traitements prescrits par les médecins pour traiter la douleur, cependant elle a averti du danger d’une utilisation abusive de ces médicaments, notamment sans avis médical, car ils peuvent comporter des effets nocifs sur la santé, particulièrement sur le foie.

    C’est aussi la mise en garde du Dr Karim Liyada, du service de médecine interne au CHU Mustapha Pacha, qui a précisé que la prise exagérée de médicaments anti-inflammatoires nuit à l’appareil digestif et provoque des ulcères et des hémorragies et peut être à l’origine de nombreuses complications graves.

    Ne pas souffrir est un droit. Car il est possible d’éviter la douleur.

    Et le médecin est appelé à être à l’écoute de son patient et à tout faire pour le soulager. Or, bien souvent, certains praticiens, par manque de temps, montrent peu de disponibilité à atténuer la souffrance de leurs patients.

    D’après le docteur Liyada, «en Europe, il y a un texte de loi qui dit que le médecin qui ne soulage pas la douleur de son malade est responsable de faute médicale. En Algérie, c’est loin d’être le cas».

    Cette rencontre a été l’occasion d’aborder la question des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) qui sont largement utilisés pour traiter la fièvre, les rhumatismes, les douleurs articulaires, lombaires, les douleurs et inflammations ORL, dentaires, hémorroïdaires, gynécologiques, les maux de tête, les migraines, etc.

    Toutefois, les intervenants ont mis l’accent sur leurs effets secondaires. Dans ce sens, l’étude Condor a été présentée. Il s’agit de la première étude à évaluer les complications dans l’ensemble du tractus gastro-intestinal (TGI) chez des patients exposés à un risque en comparant deux stratégies qui se sont révélées également efficaces dans la protection du TGI supérieur. Le traitement par le Celecoxib s’est montré supérieur à l’association AINS + inhibiteur de la pompe à protons en ce qui concerne l’incidence d’événements significatifs sur le plan clinique survenant dans le TGI supérieur et (ou) inférieur, sans augmentation du nombre d’événements indésirables hépatiques. Les AINS accroissent le risque d’événements gastro-intestinaux graves, dont les hémorragies, les ulcérations et les perforations de l’estomac ou des intestins, qui peuvent être mortels. Ces événements peuvent survenir à tout moment pendant l’usage des AINS, même en l’absence de symptômes avant-coureurs. Les patients qui courent le plus grand risque de présenter ces complications graves touchant le tractus gastro-intestinal sont les personnes âgées. Les intervenants, dont le professeur Frédéric Camu, ont mis l’accent sur la nécessité de promouvoir l’utilisation rationnelle des médicaments dans le traitement de la douleur.

    Douleurs aiguës et chroniques

    La douleur est avant tout une réaction naturelle de notre corps. Elle nous informe des dysfonctionnements de notre organisme pouvant être liés à des causes internes ou à des agressions externes. La douleur aiguë (douleur de courte durée) constitue, en règle générale, un signal d’alerte. Elle a pour but de nous protéger, par exemple, des brûlures, ou de nous signaler des blessures, des infections. Généralement, elle est soulagée par les médicaments. La douleur aiguë associée à une blessure guérit généralement en moins d’un mois. Lorsque la douleur persiste longtemps après la guérison ou la disparition de la blessure, on parle alors de douleur chronique. La douleur chronique peut constituer un réel problème avec lequel il est difficile de vivre au quotidien. Elle peut être fluctuante et se manifester par pics pour certaines pathologies ou devenir omniprésente pour d’autres. Beaucoup de malades ont la sensation de réaliser un véritable parcours médical du combattant avant de trouver un traitement adapté. Les médicaments ne suffisent pas toujours à soulager les symptômes. La douleur chronique doit être prise en charge dans sa globalité pour réduire son impact sur la vie quotidienne.

    Quels médicaments prendre ?

    En cas de douleurs dentaires, de mal de dos ou de maux de tête, on peut s’automédiquer sans abuser du médicament. Le paracétamol, en plus de ses propriétés antidouleur, est également un antipyrétique (contre la fièvre). L’aspirine (ou acide acétylsalicylique) est un anti-inflammatoire non stéroïdien, et également un antipyrétique et un anti-inflammatoire. Toutefois, il est préférable d’opter pour le paracétamol. En effet, c’est le mieux toléré car il présente le moins d’effets secondaires. Cependant, à forte dose le paracétamol peut endommager le foie. Il est donc indispensable de ne pas dépasser les doses prescrites ou indiquées sur la notice, et, si vous prenez d’autres médicaments, de vérifier qu’ils ne contiennent pas, eux aussi, du paracétamol !L’automédication doit rester ponctuelle. Il faut l’arrêter immédiatement si les symptômes s’aggravent, si de nouveaux symptômes apparaissent ou s’ils réapparaissent dès qu’on arrête le traitement. Enfin, il ne faut prendre qu’un seul médicament en automédication à la fois.

    Névralgies dentaires

    Nombre de ces douleurs peuvent être évitées grâce à une bonne hygiène dentaire. Celle-ci passe notamment par un brossage minutieux après chaque repas, par une alimentation équilibrée en évitant les grignotages et les aliments acides comme les sodas et les jus de fruits, surtout avant le coucher.

    Conseils pratiques

    Certes, les antalgiques de palier I, comme l’aspirine ou le paracétamol, sont efficaces pour soulager nombre de douleurs habituelles, comme le mal de tête, les courbatures, les douleurs dentaires. Cependant, le suivi de certaines règles hygiéno-diététiques peut également se révéler très utile. Quelques conseils pratiques à mettre en œuvre si possible avant le recours à un médicament.

    Maux de tête

    Les origines d’un mal de tête sont multiples, allant de la grippe ou d’une autre infection, en passant par une fatigue visuelle ou des problèmes dentaires. Nombre de facteurs sont connus pour favoriser son apparition : stress, tension nerveuse, alcool, tabac, manque de sommeil… Le suivi de quelques conseils supplémentaires d’hygiène de vie peut en limiter l’apparition : éviter les locaux mal aérés, bruyants ou enfumés, dormir dans une chambre peu chauffée (entre 18-19°C), respecter les heures de sommeil réclamées par votre organisme, prendre les repas à heure régulière, ne pas sauter de repas, et enfin, consulter régulièrement, soit une fois par an, un dentiste et un ophtalmologue.

    Courbatures

    En dehors d’un contexte sportif, nombre d’entre nous souffrent de courbatures, par exemple après avoir soulevé de lourdes charges ou lors d’un syndrome viral. Avant un exercice, il est conseillé de s’échauffer, puis de doser l’effort et de l’augmenter très progressivement. Ne pas forcer, ne pas s’arrêter brusquement. Mais aussi, boire suffisamment, avant, pendant et après l’exercice, manger équilibré et préférer les aliments contenant des sucres lents (féculents, fruits…) avant l’effort. Après l’effort, pratiquer des étirements, un massage ou plonger dans un bain chaud afin de détendre les muscles.

    Par Amel Bouakba, La Tribune
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