Des responsables de la IVe Internationale répondent à Nordine Aït-Hamouda
C’est avec stupeur mais aussi avec un certain écœurement que nous avons pris connaissance de l’article paru dans le journal algérien Le Soir d’Algérie, daté du 2 mars, sous la signature de M. Aït Hamouda, que nous fait parvenir un de nos camarades français qui l’a lu sur le site du journal Le Soir d’Algérie.
Nous avons pour principe de ne pas interférer dans les débats nationaux mais comme la IVe Internationale a été mise en cause, nous devons rétablir la vérité sur la base des faits qui peuvent être vérifiés. Précisons que la IVe Internationale n’a pas d’activité organisée en Algérie. Elle n’y a pas non plus de salarié. D’ailleurs, la IVe Internationale qui n’est pas une multinationale mais une Internationale révolutionnaire n’a de «salariés» ni de représentants dans aucun pays.
La IVe Internationale, fondée en 1938 par Léon Trotsky contre la bureaucratie stalinienne, a eu à connaître les calomnies, violences, assassinats de la part de Staline qui cherchait à domestiquer le mouvement ouvrier. En même temps, la IVe Internationale a eu à subir la calomnie et la répression des gouvernements français et de l’impérialisme. C’est pourquoi nous sommes fiers d’avoir, en Algérie, des amis comme produit d’un long combat commun de plusieurs décennies contre le colonialisme français et l’impérialisme, pour le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. C’est à ce titre que nous réagissons comme vieux militants de la IVe Internationale car la plupart de ceux qui se sont tenus aux côtés des militants algériens comme Pierre Lambert, Gérard Bloch, Maître Yves Dechezelles (avocat de Messali Hadj mais aussi de nombreux combattants algériens tel Mohamed Boudiaf, Rabah Bitat, etc) ont disparu. Ils ne peuvent répondre mais nous n’entendons pas laisser salir leur mémoire par ce qu’écrit M. Aït Hamouda, qui met en cause l’engagement des trotskystes français aux côtés de la révolution algérienne.
Rappelons qu’en 1936, la section française de la IVe Internationale soutenait l’Etoile nord-africaine qui s’opposait au plan Violette du Front populaire, «saucissonnant le peuple algérien », selon les termes de Messali Hadj. Durant longtemps, Pierre Lambert et Yves Dechezelles ont eu des rapports réguliers avec Messali, fondateur de l’Etoile nord-africaine dans les années 1920. Personne ne peut nier que c’est là l’origine — quelle que soit l’évolution ultérieure et les points de vues différents – du combat pour l’indépendance de l’Algérie. Précisons qu’Alexandre Hébert, responsable syndicaliste, aujourd’hui disparu, auquel il est fait référence dans l’article, n’était pas membre de la IVe Internationale mais il a aidé Messali et les combattants algériens, sur le terrain du mouvement ouvrier français et international. Rappelons également que notre organe, La Vérité (n°88 de juillet 1945), écrivait à propos des massacres de Sétif et Guelma le 8 mai 1945 par le gouvernement de Gaulle-PS-PCF : «La répression de la révolte d’Algérie a eu le même caractère de bestialité que la destruction par les SS du ghetto de Varsovie.» Rappelons enfin que notre soutien au peuple algérien était inconditionnel contre le colonialisme français et cela indépendamment des débats au sein des organisations algériennes ou même des points de vue exprimés par la IVe Internationale.
Le colonialisme français, quant à lui, ne s’y est pas trompé en engageant 104 procédures devant les tribunaux militaires contre nos camarades Gérard Bloch, Pierre Lambert, Daniel Renard… Personne n’a le droit de faire parler les morts comme M’hamed Yazid, avec qui nous avons eu des relations, des discussions, des accords et des désaccords, ou encore le colonel Ouamrane qui achemina les fonds collectés pour la révolution. En revanche, d’autres combattants de la révolution algérienne comme le président Ahmed Ben Bella peuvent témoigner. Il est donc aussi insultant pour les morts que pour les vivants d’écrire de telles choses qui salissent le combat du peuple algérien pour l’indépendance et les militants français qui l’ont appuyé contre leur propre impérialisme.
Aujourd’hui encore, à propos de l’Afghanistan, l’Irak ou le Maghreb et le Moyen-Orient, la IVe Internationale combat toute intervention et ingérence du gouvernement français, de l’Union européenne et des Etats-Unis. Une autre contre-vérité doit être dénoncée quand M. Aït Hamouda met en cause la IVe Internationale au sujet de son combat pour la Palestine. La IVe Internationale est la seule organisation internationale qui, dès 1947, a pris position contre la partition de la Palestine, décidée à l’ONU par les Etats-Unis et les dirigeants de l’URSS : «La position de la IVe Internationale face au problème palestinien reste claire et nette comme auparavant. Elle sera à l’avant-garde de la lutte contre le partage, pour une Palestine unie et indépendante dans laquelle les masses détermineront souverainement leur sort par l’élection d’une Assemblée constituante.» Plus de 60 ans plus tard, c’est d’ailleurs toujours notre position : aux côtés du peuple palestinien (de tout le peuple qui exige le droit au retour pour tous les réfugiés), pour une seule Palestine sur tout le territoire historique de la Palestine. Il est vrai que notre position est : «Le mouvement de libération palestinien déclare solennellement que l’objectif final de cette lutte réside dans la restauration de l’Etat démocratique et indépendant de la Palestine où tous les citoyens, quelles que soient leur race et leur religion, jouiront de droits égaux.» Cette formule, extraite de la Charte fondatrice de l’OLP en 1964, démontre l’inanité des «découvertes » de M. Aït Hamouda.
C’est le droit de M. Hamouda de ne pas partager les positions de la IVe Internationale. Mais cela ne l’autorise pas pour autant à la calomnier en reprenant à son compte les falsifications et autres mensonges provenant de France et véhiculés par ceux qui défendent les puissants que nous combattons. Ce sont les mêmes qui entendent réhabiliter «les bienfaits de la colonisation», chassent les travailleurs immigrés «clandestins » et qui sous prétexte de «laïcité » et de «lutte contre l’islamisme » s’attaquent aux travailleurs d’origine maghrébine ou qui cherchent à «s’ingérer démocratiquement » dans les affaires des peuples algérien, tunisien, ou marocain. La IVe Internationale, quant à elle, est dans l’autre camp : celui des travailleurs et des peuples. A chacun ses amis, à chacun ses combats !
Louis Eemans (adhérent de la IVe Internationale depuis 1940).
François De Massot (adhérent de la IVe Internationale depuis 1950).
Source: Le Soir d'Algérie du 10 mars 2011
C’est avec stupeur mais aussi avec un certain écœurement que nous avons pris connaissance de l’article paru dans le journal algérien Le Soir d’Algérie, daté du 2 mars, sous la signature de M. Aït Hamouda, que nous fait parvenir un de nos camarades français qui l’a lu sur le site du journal Le Soir d’Algérie.
Nous avons pour principe de ne pas interférer dans les débats nationaux mais comme la IVe Internationale a été mise en cause, nous devons rétablir la vérité sur la base des faits qui peuvent être vérifiés. Précisons que la IVe Internationale n’a pas d’activité organisée en Algérie. Elle n’y a pas non plus de salarié. D’ailleurs, la IVe Internationale qui n’est pas une multinationale mais une Internationale révolutionnaire n’a de «salariés» ni de représentants dans aucun pays.
La IVe Internationale, fondée en 1938 par Léon Trotsky contre la bureaucratie stalinienne, a eu à connaître les calomnies, violences, assassinats de la part de Staline qui cherchait à domestiquer le mouvement ouvrier. En même temps, la IVe Internationale a eu à subir la calomnie et la répression des gouvernements français et de l’impérialisme. C’est pourquoi nous sommes fiers d’avoir, en Algérie, des amis comme produit d’un long combat commun de plusieurs décennies contre le colonialisme français et l’impérialisme, pour le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. C’est à ce titre que nous réagissons comme vieux militants de la IVe Internationale car la plupart de ceux qui se sont tenus aux côtés des militants algériens comme Pierre Lambert, Gérard Bloch, Maître Yves Dechezelles (avocat de Messali Hadj mais aussi de nombreux combattants algériens tel Mohamed Boudiaf, Rabah Bitat, etc) ont disparu. Ils ne peuvent répondre mais nous n’entendons pas laisser salir leur mémoire par ce qu’écrit M. Aït Hamouda, qui met en cause l’engagement des trotskystes français aux côtés de la révolution algérienne.
Rappelons qu’en 1936, la section française de la IVe Internationale soutenait l’Etoile nord-africaine qui s’opposait au plan Violette du Front populaire, «saucissonnant le peuple algérien », selon les termes de Messali Hadj. Durant longtemps, Pierre Lambert et Yves Dechezelles ont eu des rapports réguliers avec Messali, fondateur de l’Etoile nord-africaine dans les années 1920. Personne ne peut nier que c’est là l’origine — quelle que soit l’évolution ultérieure et les points de vues différents – du combat pour l’indépendance de l’Algérie. Précisons qu’Alexandre Hébert, responsable syndicaliste, aujourd’hui disparu, auquel il est fait référence dans l’article, n’était pas membre de la IVe Internationale mais il a aidé Messali et les combattants algériens, sur le terrain du mouvement ouvrier français et international. Rappelons également que notre organe, La Vérité (n°88 de juillet 1945), écrivait à propos des massacres de Sétif et Guelma le 8 mai 1945 par le gouvernement de Gaulle-PS-PCF : «La répression de la révolte d’Algérie a eu le même caractère de bestialité que la destruction par les SS du ghetto de Varsovie.» Rappelons enfin que notre soutien au peuple algérien était inconditionnel contre le colonialisme français et cela indépendamment des débats au sein des organisations algériennes ou même des points de vue exprimés par la IVe Internationale.
Le colonialisme français, quant à lui, ne s’y est pas trompé en engageant 104 procédures devant les tribunaux militaires contre nos camarades Gérard Bloch, Pierre Lambert, Daniel Renard… Personne n’a le droit de faire parler les morts comme M’hamed Yazid, avec qui nous avons eu des relations, des discussions, des accords et des désaccords, ou encore le colonel Ouamrane qui achemina les fonds collectés pour la révolution. En revanche, d’autres combattants de la révolution algérienne comme le président Ahmed Ben Bella peuvent témoigner. Il est donc aussi insultant pour les morts que pour les vivants d’écrire de telles choses qui salissent le combat du peuple algérien pour l’indépendance et les militants français qui l’ont appuyé contre leur propre impérialisme.
Aujourd’hui encore, à propos de l’Afghanistan, l’Irak ou le Maghreb et le Moyen-Orient, la IVe Internationale combat toute intervention et ingérence du gouvernement français, de l’Union européenne et des Etats-Unis. Une autre contre-vérité doit être dénoncée quand M. Aït Hamouda met en cause la IVe Internationale au sujet de son combat pour la Palestine. La IVe Internationale est la seule organisation internationale qui, dès 1947, a pris position contre la partition de la Palestine, décidée à l’ONU par les Etats-Unis et les dirigeants de l’URSS : «La position de la IVe Internationale face au problème palestinien reste claire et nette comme auparavant. Elle sera à l’avant-garde de la lutte contre le partage, pour une Palestine unie et indépendante dans laquelle les masses détermineront souverainement leur sort par l’élection d’une Assemblée constituante.» Plus de 60 ans plus tard, c’est d’ailleurs toujours notre position : aux côtés du peuple palestinien (de tout le peuple qui exige le droit au retour pour tous les réfugiés), pour une seule Palestine sur tout le territoire historique de la Palestine. Il est vrai que notre position est : «Le mouvement de libération palestinien déclare solennellement que l’objectif final de cette lutte réside dans la restauration de l’Etat démocratique et indépendant de la Palestine où tous les citoyens, quelles que soient leur race et leur religion, jouiront de droits égaux.» Cette formule, extraite de la Charte fondatrice de l’OLP en 1964, démontre l’inanité des «découvertes » de M. Aït Hamouda.
C’est le droit de M. Hamouda de ne pas partager les positions de la IVe Internationale. Mais cela ne l’autorise pas pour autant à la calomnier en reprenant à son compte les falsifications et autres mensonges provenant de France et véhiculés par ceux qui défendent les puissants que nous combattons. Ce sont les mêmes qui entendent réhabiliter «les bienfaits de la colonisation», chassent les travailleurs immigrés «clandestins » et qui sous prétexte de «laïcité » et de «lutte contre l’islamisme » s’attaquent aux travailleurs d’origine maghrébine ou qui cherchent à «s’ingérer démocratiquement » dans les affaires des peuples algérien, tunisien, ou marocain. La IVe Internationale, quant à elle, est dans l’autre camp : celui des travailleurs et des peuples. A chacun ses amis, à chacun ses combats !
Louis Eemans (adhérent de la IVe Internationale depuis 1940).
François De Massot (adhérent de la IVe Internationale depuis 1950).
Source: Le Soir d'Algérie du 10 mars 2011
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