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Seul aux côtés des insurgés de Zintan

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    Florent Marcie est le seul journaliste présent à Zintan, une ville tenue par les opposants au régime de Mouammar Kadhafi. Située dans une région montagneuse au sud-ouest de Tripoli, Zintan tient tête aux forces de Kadhafi. Témoignage.

    Alors que sur le front est de la Lybie se multiplient offensives et contre-offensives des bélligérants, le front ouest se transforme, lui, en guerre de positions, loin des caméras de la presse internationale.
    Au sud-ouest de Tripoli, une barrière rocheuse s’étend d’est en ouest jusqu’à la frontière tunisienne. C’est dans cette région que Florent Marcie, un documentariste français, se trouve depuis qu’il a traversé clandestinement la frontière le 24 février dernier. Aidé d’un passeur et accompagné au début par d’autres journalistes, il s’est d’abord rendu dans la petite ville de Nalout, à 68 kilomètres de la frontière tunisienne, un bastion de la rébellion. Il se trouve maintenant dans la ville de Zintan, à 100 kilomètres de là.
    Il est l’un des seuls journalistes présents dans cet ‘angle-mort’ de la Libye, comme il se plaît à l’appeler. Témoignage.

    FRANCE 24 : Quelle est la situation dans la région où vous vous trouvez ?
    Florent Marcie : Aujourd’hui toutes les villes de la crête montagneuse sont aux mains des rebelles [la route principale au pied de la montagne ainsi que les accès à la frontière tunisienne sont contrôlés par l'armée libyenne, NDLR]. Elles ont rédigé une déclaration commune et se sont placées sous l’autorité du comité révolutionnaire de Benghazi. Maintenant, les insurgés de ces villes essaient de coordonner leurs actions.
    C’est une région de peuplement berbère avec des populations qui ne se sont pas toujours entendues. Mais aujourd’hui elles se disent toutes unies contre la dictature de Mouammar Kadhafi. Leur moral est très haut même si elles ont peu de moyens. Mais il commence à y avoir des pénuries. Et les gens veulent qu’on parle d’eux car ils se sentent oubliés.

    FRANCE 24 : Que représente cette région pour Mouammar Kadhafi ?
    F. M. : Il y a une route qui mène de Nalout à Zintan pour ensuite remonter au nord vers Tripoli. La route présente un coude au niveau de Gharyan, une grosse ville garnison tenue par les pro-Kadhafi, ce qui fait de Zintan une ville exposée. Comme l’armée tient la route, la ville de Zintan est dans un cul de sac.
    C’est une région assez stratégique pour Kadhafi. Il y a des champs pétroliers au sud, trois pipelines importants vers la Méditerranée puis un gros dépôt de munitions à 25 ou 30 kilomètres à l’est dans une zone désertique.

    FRANCE 24 : Comment s’est passée votre arrivée à Zintan ?
    F. M. : Zintan est la première ville à s’être soulevée dans la région et ils sont très fiers de cela. Mais il n’y avait pas de presse pour le faire connaître. Les gens se sentent oubliés. Ils attendent. Ils fortifient la ville avec leurs moyens. Ils creusent des tranchées et disposent de quelques mitrailleuses. L’eau a été rétablie, ainsi que l’électricité.
    J’ai également vu des soldats libyens faits prisonniers par les rebelles, mais aussi des mercenaires d’Afrique noire. Il est difficile de savoir qui ils sont exactement. Soit ce sont des Africains n’ayant rien à voir avec des mercenaires et qui essayaient de fuir, soit ce sont des mercenaires habillés en civil pour ne pas se faire repérer.
    Quant aux prisonniers libyens, il s’agissait de trois jeunes hommes. Ils n’ont pas été maltraités. Les insurgés considèrent que ce sont avant tout des victimes, des jeunes sans argent dont les familles sont sous pression à Tripoli.

    FRANCE 24 : Que font les rebelles pour tenir leurs positions ?
    F. M. : La nuit dernière, les insurgés ont pris l’armée régulière en embuscade en bas de la montagne. Ils ont attaqué les soldats à l’extérieur de la ville. Ils leur ont pris un tank et des munitions et ont fait des prisonniers. Ils ont aussi ramené quatre hommes qui ont été exécutés, les mains liées, d’une balle dans la tête.

    FRANCE 24 : Comment la situation peut-elle évoluer à votre avis ?
    F. M. : Le problème de Kadhafi c’est la fragilité de ses hommes et le risque qu’ils se retournent contre lui. D’où le fait que la clé de la situation, c’est que l’information circule. Le paradoxe pour Kadhafi, c’est que plus il lance des attaques, plus il y a de risque que ses soldats se retournent. En s’éloignant de Tripoli, il y a une possibilité pour qu’ils veuillent changer de camp
    J’ai le sentiment qu’avec une armée qui n’a pas le moral et juste quelques mercenaires, Kadhafi ne pourra pas tenir très longtemps. La question, c’est combien de temps est-ce que cela prendra ?


    Par Marie Valla : envoyée spéciale à Ben Gardane, Tunisie .

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