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Saïf al-Islam Kadhafi répond à Paris Match

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  • Saïf al-Islam Kadhafi répond à Paris Match

    actu-match | Mercredi 9 Mars 2011







    Tard dans la nuit, Saif al-Islam Kadhafi débarque pour une interview à bâtons rompus. Le plus médiatique des sept fils de dictateur libyen a fait pression pour qu’on autorise les journalistes à rentrer dans le pays. Maintenant, presque tous les jours, ses services doivent faire libérer des reporters que les milices de ses autres frères arrêtent près des zones de combat, dont ils veulent bloquer l’accès.

    Paris Match : Le monde entier appelle Mouammar Kadhafi et son clan à quitter le pouvoir, pourquoi vous accrochez-vous ?
    Saïf al-Islam Kadhafi : Il faut que le monde fasse très attention avec le jeu libyen. C’est une partie chaude, très très chaude. La France et l’Italie, par exemple, devraient réfléchir. Ils ne comprennent absolument pas ce qui est en train de se passer en Libye. Ils devraient nous soutenir, soutenir le peuple libyen. Sinon, ce pays pourrait devenir la Somalie de l’Afrique du Nord. Vous verrez des pirates en Mer Méditerranée, en Sicile, en Crète, à Lampedusa. Vous verrez des millions d’émigrés clandestins, le chaos sera le pas de votre porte. Vous savez, la Libye c’est pas l’Afghanistan. L’Afghanistan c’est à 8 heures d’avion, et ça crée déjà une instabilité qui vous menace. Alors vous imaginez la Libye, à une demi-heure d’avion de l’Europe ? C’est une partie très sérieuse qui est en train de se jouer. Vous êtes en train d’oublier le pétrole, le gaz naturel, le terrorisme … la communauté internationale devrait prendre ça plus au sérieux, elle devrait nous soutenir, car la stabilité de la Libye va dans l’intérêt de tout le monde.

    « Je ne veux pas être président de la
    Libye, le temps est venu pour la démocratie »
    P.M.: Comme votre père, vous affirmez que les rebelles sont des terroristes. Pourtant, vous avez longtemps appelé à des réformes démocratiques. Que s’est-il passé ?
    S.K. : Nous pensons tous que ce pays devrait être une démocratie. Moi ça fait dix ans que je l’affirme : il faut une nouvelle constitution, du pluralisme, il faut qu’une nouvelle génération de responsables émerge. Bien sûr, nos réformes ont été trop lentes, trop hésitantes, et c’était une erreur. Mais à l’heure actuelle, nous ne sommes pas opposés à des réformistes : ce sont des milices armées jusqu’aux dents. Ce n’est pas la société civile qui se dresse en face de nous, mais des Islamistes qui complotent depuis des mois avec Al Qaida. Même si ce pays était géré comme la Suisse, ils seraient contre nous.
    Ce qui s’est passé en Tunisie et en Egypte, c’était des vraies révolutions, avec des millions de personnes dans la rue. Ici, c’est des bandits sans avenir. Vous accepteriez, vous, de discuter de réformes s’il y avait des milices dans Paris ? Au commencement de cette révolte, l’Europe et les autres ont cru aux fausses informations colportées par des médias hostiles. Mais il faut faire attention, ils ne doivent pas commettre une erreur après l’autre. Instaurer une zone d’exclusion aérienne, ça reviendrait à soutenir les terroristes et à affaiblir le gouvernement. Si le gouvernement chute, à qui parlerez-vous ?


    P.M. : Certains voient dans cette révolte l’occasion d’un rééquilibrage entre vous et certains de vos frères dans les coulisses du pouvoir. Comment pensez vous que le régime peut émerger de cette crise ?
    S.K. : On dit que certains membres de ma famille sont contre moi, mais c’est faux. Tout le monde est d’accord : il faut plus de démocratie. Le moment est venu d’engager les vraies réformes. Mais pas sous la menace. On ne laissera pas les milices prendre ce pays en otage, jamais. Vous savez, la Libye ce n’est pas Khadafi, ce n’est pas Saïf al-Islam, c’est beaucoup plus grand. Il faut arrêter de se focaliser sur nous. Vous croyez que j’ai l’ambition de devenir président ? Jamais. C’est un casse-tête, une énorme responsabilité. Vous croyez par exemple que c’est une situation plaisante pour nous à l’heure actuelle ?

    P.M. : D’un point de vue plus personnel, vous avez longtemps été le chouchou de ceux qui voulaient faire des affaires avec la Libye. Vous avez eu beaucoup d’amis en Occident. Que pensez vous de ceux qui maintenant vous renient, comme à la LSE (London School of Economics), où le directeur a dû démissionner parce qu’il avait accepté votre donation et où une commission inspecte à présent votre thèse de doctorat pour voir si vous ne l’avez pas plagiée ?
    S.K. : Ecoutez, d’abord, cette donation, c’était un projet pour financer un centre de recherche à la LSE et c’était de l’argent qui venait d’entreprises libyennes, pas du gouvernement. C’est très transparent : des entreprises précises, commerciales, ont contribué à un fond de financement. Et c’était pour 100,000 ou 200,000 livres, c’était pas vraiment une grosse affaire. (Il s’interrompt, se fend d’un rire un peu amer). Mais c’est vrai que quand tu es fort, tout le monde est tout gentil. Par contre, quand tu es sur le point de t’effondrer, c’est ‘bye-bye’… Mais attention, on est toujours là !
    "Quand le dernier arbre aura été abattu - Quand la dernière rivière aura été empoisonnée - Quand le dernier poisson aura été péché - Alors on saura que l'argent ne se mange pas." Geronimo
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