Zakaria Boualem sent le vent souffler sur son visage, le vent du changement sans doute, mais aussi celui des vestes qui se retournent à grande vitesse.
Nom : Boualem
Prénom : Zakaria.
né en 1976 à guercif
Signe particulier : Marocain à tendance paranoïaque.
Le Maroc est formidable. Il y a quelques années, notre Premier ministre, Abbas El Fassi, expliquait fièrement que sa conception de son rôle consistait à appliquer les instructions du roi. Il se félicite aujourd’hui d’un projet de Constitution qui vise à élargir ses pouvoirs. Il s’en félicite même s’il n’a rien demandé. Il est peu probable qu’il bénéficie un jour de cette nouvelle donne. Il y a quelques années, TelQuel était traîné en justice pour “atteinte aux valeurs sacrées”. Un ministre s’était même élevé pour accuser de nihilisme quiconque osait diffuser de mauvaises nouvelles. Il y a quelques semaines, un autre ministre expliquait sur sa page Facebook que “des traîtres” osaient organiser une marche pour réclamer du changement. Le même ministre, aujourd’hui, bondit de joie à l’annonce de ces changements.
Que Dieu nous donne vos visages.
Puisse Facebook garder les archives, on est prêt à payer l’espace disque nécessaire pour abriter les
Que Dieu nous donne vos visages.
Zakaria Boualem est bien évidemment plus mobilisé que jamais, vigilant, il se sent important. Il vient de découvrir qu’il existe un moyen de se faire entendre, une manière d’influer sur son destin. Pour quelqu’un qui a grandi dans le scepticisme, l’ironie permanente et le ricanement systématique, c’est une découverte colossale. On va lui demander son avis, c’est certain, c’est imminent. Son téléphone est chargé, il attend qu’on le consulte. Il faut signaler à l’attention de nos plus jeunes lecteurs que c’est le premier débat de la vie de Zakaria Boualem. Cet homme formé par l’éducation nationale avait jusque-là pris soin de cantonner ses réflexions à des sujets aussi cruciaux que la coupe de cheveux de Mahdoufi ou les plongeons du faux Ronaldo. Aujourd’hui, c’est une autre affaire. Partant du principe que s’il ne s’occupe pas de politique, c’est elle qui s’occupera de lui, il lui faut s’y mettre. Il adresse donc cette lettre à notre vaillante classe politique, que Dieu lui pardonne : Chers hommes politiques, merci de ranger vos tracteurs, lanternes et autres icônes Windows au placard, merci de supprimer de vos disques durs tous vos slogans plats et creux. Merci de vous mettre au boulot pour nous expliquer dans une langue intelligible à quoi nous allons ressembler demain. Option deux : juste dégagez, on trouvera mieux que vous sans problèmes. Et merci.
Nom : Boualem
Prénom : Zakaria.
né en 1976 à guercif
Signe particulier : Marocain à tendance paranoïaque.
Le Maroc est formidable. Il y a quelques années, notre Premier ministre, Abbas El Fassi, expliquait fièrement que sa conception de son rôle consistait à appliquer les instructions du roi. Il se félicite aujourd’hui d’un projet de Constitution qui vise à élargir ses pouvoirs. Il s’en félicite même s’il n’a rien demandé. Il est peu probable qu’il bénéficie un jour de cette nouvelle donne. Il y a quelques années, TelQuel était traîné en justice pour “atteinte aux valeurs sacrées”. Un ministre s’était même élevé pour accuser de nihilisme quiconque osait diffuser de mauvaises nouvelles. Il y a quelques semaines, un autre ministre expliquait sur sa page Facebook que “des traîtres” osaient organiser une marche pour réclamer du changement. Le même ministre, aujourd’hui, bondit de joie à l’annonce de ces changements.
Que Dieu nous donne vos visages.
Puisse Facebook garder les archives, on est prêt à payer l’espace disque nécessaire pour abriter les
preuves, et merci ! Zakaria Boualem, dimanche matin, était sommé de choisir son camp : soit il manifestait, et il faisait le jeu des félons (en vrac : les islamistes, le Polisario, les casseurs, les partisans du chaos…), soit il restait fièrement chez lui en prenant soin de placer sur son profil Facebook un petit montage années 1980 avec du vert, du rouge, du Sahara, le roi, quelques points d’exclamation et en musique d’accueil du rap patriotique. Soudain, aujourd’hui, on ne se contente pas de l’autoriser à débattre à ciel ouvert : on le lui demande, et on lui demande de le faire rapidement. Toutes les théories éternelles diffusées par nos patriotes anesthésistes sont mortes : ce n’est pas le moment, on n’est pas encore prêts, soyons patients, ne faisons pas le jeu de l’ennemi. Ce discours est fini, c’est une très bonne nouvelle. Répétons-le, le Maroc est formidable, et j’ajoute que cette époque est formidable. Zakaria Boualem sent le vent souffler sur son visage, le vent du changement sans doute, mais aussi celui des vestes qui se retournent à grande vitesse. Il faut de la souplesse pour retourner sa veste et, hamdoullah, nos patriotes anesthésistes n’en manquent pas.
Que Dieu nous donne vos visages.
Zakaria Boualem est bien évidemment plus mobilisé que jamais, vigilant, il se sent important. Il vient de découvrir qu’il existe un moyen de se faire entendre, une manière d’influer sur son destin. Pour quelqu’un qui a grandi dans le scepticisme, l’ironie permanente et le ricanement systématique, c’est une découverte colossale. On va lui demander son avis, c’est certain, c’est imminent. Son téléphone est chargé, il attend qu’on le consulte. Il faut signaler à l’attention de nos plus jeunes lecteurs que c’est le premier débat de la vie de Zakaria Boualem. Cet homme formé par l’éducation nationale avait jusque-là pris soin de cantonner ses réflexions à des sujets aussi cruciaux que la coupe de cheveux de Mahdoufi ou les plongeons du faux Ronaldo. Aujourd’hui, c’est une autre affaire. Partant du principe que s’il ne s’occupe pas de politique, c’est elle qui s’occupera de lui, il lui faut s’y mettre. Il adresse donc cette lettre à notre vaillante classe politique, que Dieu lui pardonne : Chers hommes politiques, merci de ranger vos tracteurs, lanternes et autres icônes Windows au placard, merci de supprimer de vos disques durs tous vos slogans plats et creux. Merci de vous mettre au boulot pour nous expliquer dans une langue intelligible à quoi nous allons ressembler demain. Option deux : juste dégagez, on trouvera mieux que vous sans problèmes. Et merci.
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