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Livre : La Carte et le Territoire de Michel Houellebecq.

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  • Livre : La Carte et le Territoire de Michel Houellebecq.

    Œuvre magistrale ! Je viens de terminer la lecture de ce livre, et je vous le recommande vivement (surtout pour ceux qui lisent beaucoup, et encore plus pour ceux qui ont lu les précédents Houellebecq).


    La Carte et le Territoire
    (Flammarion), 450 pages, 22 €.
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    Ce n’est pas un homme, c’est un champignon.
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  • #2
    "La Carte et le Territoire", formidable autoportrait de Houellebecq.

    Roman total, bilan de l'état du monde et autoportrait, labyrinthe métaphysique sidérant de maîtrise : avec "La Carte et le Territoire", Michel Houellebecq signe un très grand livre.


    Pas de sexe, de partouze, de putes à Pattaya. Si le nouveau Houellebecq est moins spectaculaire que ses précédents, s'il se teinte d'une tonalité plus douce, il n'en est pas moins visionnaire - juste plus profond, peut-être. Avec La Carte et le Territoire, le monde désertique n'a ni l'exotisme de Lanzarote, ni l'aspect SF de la planète postapocalyptique de La Possibilité d'une île : ce désert, c'est le nôtre, ici et maintenant, rempli à ras bord de produits manufacturés, traversé d'êtres irrémédiablement seuls, de moins en moins habité par Michel Houellebecq himself.

    Si l'une des nombreuses lectures de ce texte d'une densité et d'une richesse impressionnantes est celle d'une vision du monde rompue à la manufacturisation de tout, à la mise à mort de l'authenticité (le territoire, ou le terroir) pour mieux l'imiter en la caricaturant à la norme mondialisée, à l'avènement de l'argent-roi qui tue tout sur son passage, même les écrivains, le livre est aussi la preuve que Michel Houellebecq refuse de se manufacturer lui-même.

    Plutôt que de s'imiter, l'auteur va se démultiplier. Car La Carte et le Territoire est avant tout un formidable autoportrait de Michel Houellebecq, en écrivain, en artiste, en enquêteur, en homme ou en chien, en solitaire qui n'a plus rien à attendre de l'humain passé de la société du spectacle à celle de la consommation. Rarement on aura vu un écrivain se faire apparaître avec une distance aussi comique que glaçante, avec tendresse aussi, comme s'il était observé par un autre, dans son propre roman. Un roman à la structure complexe, vertigineuse, galerie des glaces qui donne le tournis : au-delà de sa propre apparition, l'écrivain va s'incarner aussi dans ses autres personnages, devenus autant d'avatars de lui-même.

    Il est Jed Martin, cet artiste sur lequel s'ouvre le roman, et qui fera fortune en exposant d'abord des reproductions de cartes Michelin représentant la France, puis des peintures de "métiers", ces maillons de la chaîne de production dont, au plus haut du Marché, sont Steve Jobs et Bill Gates, héros d'un de ses tableaux. Il est Jasselin, dans la dernière partie du livre, le flic chargé de mener l'enquête sur le meurtre sauvage de Michel Houellebecq, qui vit seul avec sa femme, sans enfant, et qui a dû "apprendre" à regarder la mort en face, à scruter ces cadavres en décomposition auxquels il est constamment confronté. Chacun représentant une facette de la démarche de l'écrivain.

    Et puis, Houellebecq est aussi Houellebecq, écrivain retiré du "commerce" des humains, installé seul en Irlande puis dans la province française, qui s'empiffre de charcuterie industrielle et de vins argentins. Enfin, il est aussi Michel, dit Michou, le bichon bolonais du couple Jasselin, devenu stérile à cause d'une maladie : "Ce pauvre petit chien non seulement n'aurait pas de descendance, mais ne connaîtrait aucune pulsion, ni aucune satisfaction sexuelle. Il serait un chien diminué, incapable de transmettre la vie, coupé de l'appel élémentaire de la race, limité dans le temps - de manière définitive." Mais après tout, est-ce si grave quand le sexe, comme le pense l'inspecteur, n'est au fond que "(...) la lutte, le combat brutal pour la domination, l'élimination du rival et la multiplication hasardeuse des coïts sans autre raison d'être que d'assurer une propagation maximale des gènes." Comme le serait toute structure capitalistique ?

    Depuis son premier roman, Extension du domaine de la lutte, mais surtout avec Les Particules élémentaires, Houellebecq a su penser et théoriser le monde à travers sa propre existence, ses propres difficultés à vivre, parfois ses joies. Pas étonnant qu'il se place aujourd'hui, carrément, au coeur même de son dispositif romanesque - objet d'observation et sujet poétique à la fois. La différence de taille, c'est que La Carte et le Territoire bascule dans le temps d'après la douleur de la "misère sexuelle" - le temps de l'acceptation mélancolique de la marche du monde (les êtres étant si peu différents, eux-mêmes comme en devenir manufacturé).

    Roman d'un écrivain arrivé à maturité et qui semble avoir suffisamment "compris" la vie pour accepter de lâcher prise, roman stoïque sur l'état du monde, l'état des êtres, le bilan d'une vie, la fin de Houellebecq-personnage, sacrifié, comme tout, sur l'autel de l'argent. Car au XXIe siècle, les artistes n'ont plus de morts romantiques : on les flingue pour des raisons triviales, vulgaires, comme on vit souvent toute sa vie. "Ce qui marche le mieux, ce qui pousse avec la plus grande violence les gens à se dépasser, c'est encore le pur et simple besoin d'argent", confiera le père de Jed à son fils.

    L'amour, la poésie, sont pourtant présents. Mais comme des choses précieuses, fugaces, éphémères : les seuls vrais luxes quand tout se réifie, se vend, s'achète. Et tant pis pour ceux qui, comme Jed qui ne saura pas retenir sa fiancée Olga, laisseront passer l'amour - il n'y a jamais de seconde chance, constate Michel Houellebecq. Reste que ce magnifique roman irréductible à une seule thèse, construit comme un labyrinthe, fourmillant de visions métaphysiques, écrit avec une maîtrise sidérante, nous faisant constamment la grâce de parer son désespoir d'une ironie irrésistible, n'est pas à lire comme un document sur la société. Tel Jed Martin qui choisit d'intituler sa première exposition La carte est plus intéressante que le territoire, ce que nous dit Michel Houellebecq à travers cette magistrale leçon de littérature qu'est aussi La Carte et le Territoire, c'est que le roman sera toujours plus intéressant (plus vrai, plus fort, plus beau) que toute réalité. A condition qu'il s'agisse d'un très grand roman, comme il en arrive rarement, comme il vient de nous en arriver.

    Les Inrocks,
    Source.
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    Ce n’est pas un homme, c’est un champignon.
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    • #3
      Personne ne peut nier sa qualité d'écrivain c'est indubitable par contre c'est vraiment une saleté d'islamophobe que je déteste.
      Ya Allah, al Aziz, al Hakim. a7fadh jazair wa al maghareb al kabir

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      • #4
        "La carte et le territoire" : Houellebecq sculpte son tombeau.

        Son nouveau roman, La carte et le territoire, est en librairie.
        Début du troisième millénaire. Un artiste contemporain, Jed Martin, rencontre l'amour avec une Russe nommée Olga et l'ascension artistique avec son galeriste, Franz. Il croise des célébrités comme l'animateur Julien Lepers ou le tycoon Carlos Slim et entre en contact, par l'entremise de l'écrivain Frédéric Beigbeder, avec un autre écrivain : Michel Houellebecq. Jed lui demande une préface pour le catalogue de son exposition. Houellebecq s'exécute, on exécute Houellebecq. On s'arrêtera là pour l'intrigue. Pour respecter le livre - irréductible à cette pluie d'événements - mais surtout le plaisir du lecteur. Pourvu qu'il y prenne le même que nous - et, mieux encore, d'autres, tant la lecture de ce texte puissant et doux, en librairie dans quelques jours, en offre de variés.

        Apothéose poétique

        D'où vient le nôtre ? De l'impériale ambition et de la folle liberté qu'il y a là-dedans. A chaque page on entend une musique rarissime. Celle, non pas du bonheur d'écrire (cela ne veut rien dire, écrire ne rend pas heureux, c'est "avoir écrit" qui rend heureux), mais celle plutôt qui ferait tic-tic, celle du ciseau d'un artisan tout occupé, tout passionné, à sculpter dans la solitude ce qu'il sait être son chef-d'oeuvre car fidèle au projet qu'il s'est fixé. Et le projet de Houellebecq, semble-t-il, c'est, avec La carte et le territoire, de donner un tombeau à notre époque, au sens où Mallarmé parlait de tombeau : une apothéose poétique. Bien sûr, dit comme ça, ça paraît gonflé.
        Prenons juste, en guise d'exemple, les premières pages du roman. C'est ce qu'on appelle une ekphrasis : la description d'un objet d'art, d'un tableau en l'occurrence, celui que Jed est en train de réaliser. Il s'intitule "Damien Hirst et Jeff Koons se partageant le marché de l'art". On y voit les deux plus influents artistes de la planète, l'homme des chiens balloonesques qui envahirent Versailles il y a deux ans et Damien Hirst, chef de file des défunts Young British Artists, connu pour ses impressionnants requins formolisés et son crâne recouvert de diamants, s'affronter dans des poses étudiées. Il ne s'agit pas là simplement pour Houellebecq de contextualiser sa fiction (saupoudrer quelques noms connus pour faire couleur locale, ou plutôt couleur temporelle), mais d'immerger immédiatement son livre, à travers ces deux artistes aux antipodes, dans les deux courants - chaud et froid - qui irriguent notre monde "Il y a eu, en effet, une espèce de partage, écrit Houellebecq, d'un côté, le fun, le sexe, le kitsch, l'innocence ; de l'autre, le trash, la mort, le cynisme." Faudra-t-il choisir ?

        Cartographie du monde

        Pas le temps : la porte est aussitôt fermée derrière le lecteur, car l'artiste déchire ce tableau qu'il n'arrive pas à peindre. Nous voici pris au piège dans un roman-poupées russes (pas seulement à cause d'Olga), plein de jeux de miroirs et de correspondances, qui brasse tous les genres (romance, satire, mémoire d'ethnologue, thèse d'architecture, encyclopédie, enquête policière) et nous propulse à travers tous les milieux socio-géographiques, d'une maison de retraite à une galerie d'art, d'une carlingue low cost au bureau de Jean-Pierre Pernaut, prétexte, notice Wikipédia à l'appui, à de furieuses expériences de distorsion du réel.
        En effet, dans La carte et le territoire, le présentateur a fait son coming out, porte queue-de-pie, et organise des fêtes dans une sorte d'abbaye romane gardée par des paysans vendéens armés d'une fourche. Jean-Pierre Pernaut ? Oui, l'animateur du 13 Heures de TF1. On entend dire : qu'a-t-il à faire dans un roman ? C'est du populisme ! Ah ? Et pourquoi un homme suivi quotidiennement par 7 millions de Français ne serait-il pas un bon instrument de mesure de la marche du monde ? Ce monde, précisément, que l'écrivain entreprend de cartographier. Avec quel oeil, quelle patte, quelle patience !

        Rire salvateur

        Cet écrivain, c'est évident, voit mieux que nous. Les détails des chairs humaines qui s'affaissent, les étiquettes dans les supermarchés, les publicités pour les SUV Lexus RX 350, les formats TIFF et les fichiers JPEG, les yeux des mouches, les fesses des femmes et surtout la dimension insolite du monde, dont il pointe les ridicules langagiers (les expressions "coeur de cible", "crise de couple", "traiteur", "anus artificiel") avec une précision de sniper, les soulignant pour mieux les humilier.
        Cet homme voit mieux que nous mais, surtout, il prend la peine de sortir un carnet et un stylo pour se ressouvenir de ce qui l'a frappé au moment où il écrira son roman. Et ça donne ce genre de phrases que nous avons tous forcément lues en cherchant un hôtel dans un guide touristique : "Un sourire vous entraînera du jardin (espèces méditerranéennes) à votre suite, un lieu qui bousculera tous vos sens. Il vous suffira alors de fermer les yeux pour garder en mémoire les senteurs de paradis, les jets d'eau bruissant dans le hammam de marbre blanc pour ne laisser filtrer qu'une évidence : ici, la vie est belle." Effet de connivence : le relire chez Houellebecq déclenche un véritable élan de pitié amusée pour le pauvre monde où nous nous débattons. Et, finalement, un rire salvateur, ce genre de rire qui servait de critère à Nietzsche pour classer les philosophes.

        Monument de mots

        Houellebecq fait rire, et il le fait avec une distance aristocratique, presque cruelle : c'est ce qu'il y a de plus difficile à faire en littérature. Et dire que certains lui reprochent de ne pas avoir de style ! Ecoutez : "Le chien est une sorte d'enfant définitif, plus docile et plus doux, un enfant qui se serait immobilisé à l'âge de raison, mais c'est de plus un enfant auquel on va survivre." "Jasselin était tout à fait en faveur des seins siliconés, qui témoignent chez la femme d'une certaine bonne volonté érotique."
        On prévient quand même : très peu de sexe chez ce Houellebecq-là, qui semble s'être retiré de la chair. Et presque retiré du monde, dirait-on, dans cette façon d'écrire comme d'en haut, du ciel, dans une souveraineté surplombante, un détachement d'ermite. "Perinde ac cadaver", énonçait Ignace de Loyola. Il faut ainsi sans doute voir autre chose qu'un bête narcissisme dans le fait pour Houellebecq de s'être projeté dans son propre roman. Il ne s'y projette, ne s'y met en scène, que pour s'y annihiler : sous une simple dalle de basalte noir.
        Façon sans doute de faire savoir à tout le monde que, désormais, Michel Houellebecq n'est là pour personne. Qu'on ne le dérange pas : tic-tic ! Il sculpte, dans sa suprême solitude, osant ce que personne ne fait et faisant ce que personne n'ose : offrir au "début du troisième millénaire" (expression récurrente) un monument de mots. Donner au monde un livre et s'enterrer à l'intérieur. Un livre inépuisable au regard, grouillant de détails, de force et de douleur, comme la Porte de l'Enfer par Rodin. Un livre qui rappelle, par son projet, son ton, son absence totale de tricherie, sa poésie, ce que disait Mallarmé à l'enquêteur Jules Huret : "Pour moi, le cas d'un poète, en cette société qui ne lui permet pas de vivre, c'est le cas d'un homme qui s'isole pour sculpter son propre tombeau."


        Par Christophe Ono-Dit-Biot
        LePoint.fr
        Source.
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        Ce n’est pas un homme, c’est un champignon.
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        • #5
          Personne ne peut nier sa qualité d'écrivain c'est indubitable par contre c'est vraiment une saleté d'islamophobe que je déteste.
          Bonsoir Arbefracom. Oui, ça lui arrive en effet de dire des conneries, ou d'être très fat. Exemple :
          La religion la plus con, c'est quand même l'islam. Quand on lit le Coran, on est effondré... effondré.
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          Ce n’est pas un homme, c’est un champignon.
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          • #6
            Honnêtement, c'est un excellent livre !
            Je n'aime pas Houellebecq, je trouve ses précédentes "oeuvres" nauséabondes et pas particulièrement brillantes mais j'avoue que celui-ci mérite amplement la reconnaissance du monde littéraire.

            Et il n'y a aucun relent racisme dans ce roman ... il s'est assagi, dit-on.
            Il y mène une réflexion intéressante.
            C'est l'un des rares bouquins que je n'ai pas pu lâcher du début à la fin.

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            • #7
              Avec tout ce qu'il a dit sur l'islam , je ne donnerai pas un seul centimes dans ses livres!

              Lisez Mein Kampf au moins lui est gratuit sur internet!

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              • #8
                Youye, je suis d'accord avec toi.

                Je ne l'ai pas acheté. Je l'ai emprunté à la médiathèque.

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