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Les dérives de la Ligue arabe

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    Les dérives de la Ligue arabe

    Le comique a eu vendredi ses droits au siège de la Ligue arabe, où se discutait, sur fond de tragédie libyenne, la réponse commune à opposer au régime Kadhafi pour ses crimes contre son propre peuple. Une initiative qui devait partir d’un bon sentiment dans ce parterre de dictatures éprouvées dont le colonel Kadhafi n’a rien à apprendre en matière de respect des droits de l’homme et de démocratie.

    Les instructions de l’Occident
    La noble mission d’annoncer les mesures de secours au peuple libyen adoptées au Caire a été confiée au ministre des Affaires étrangères d’Oman, l’une des féodalités arabes les plus menacées par la révolte populaire. L’Arabie saoudite, la Jordanie, le Maroc, tous des régimes autocratiques contestés par leurs peuples, ont de bonnes raisons particulières de souhaiter la chute du régime libyen, au nom du monde arabe, mais leurs raisons sont bien loin des principes qu’elles prétendaient défendre au sein de la Ligue arabe.

    Du comique sur fond de tragédie et de magouille politicienne, aux ordres de l’Occident. Les pays occidentaux ont, eux-mêmes, hésité à se prononcer sur le recours à une intervention militaire en Libye dont ils ont mesuré, certainement, les conséquences désastreuses sur la stabilité politique dans la région, parce que ne voulant pas d’un conflit aux portes de l’Union européenne.

    C’est évident que l’envie ne manque ni aux Américains, ni aux Européens, d’en découdre avec le régime du colonel Kadhafi pour ses vieux conflits avec l’Occident. En plus, le profil d’ailleurs ne cadre pas du tout avec le grand projet du Moyen-Orient qui est en train de se mettre en place. Les révoltes populaires qui se multiplient et se font plus violentes, en Libye, au Yémen, à Bahreïn, à Oman, ou plus persistantes au Maroc et en Arabie, ne sont que la mise en œuvre d’un tel projet que les Etats-Unis et l’Europe veulent faire transiter par un processus démocratique.

    Passer la main aux Arabes
    «Les peuples arabes à l’assaut des dictatures !», c’est la belle formule retenue qui cache mal, en réalité, la tentation occidentale d’engager une opération militaire pour garantir le succès de ce processus de démocratisation du monde arabe. L’Occident a passé alors la main aux pays arabes. Les pays de l’Alliance atlantique savent, parfaitement, qu’une intervention militaire annoncée de première main en Occident, y compris pour déloger l’impopulaire guide de la révolution, serait contre-productive.
    Ce serait même le pire des scénarios qui ébranlerait l’architecture démocratique qui se met en place dans le monde arabe. Ce sera donc aux pays arabes de prendre une telle initiative. Dans la forme. Ce que fit, vendredi, la Ligue des Etats arabes, certainement sur instruction des «alliés», à travers son appel à la création d’une zone d’exclusion aérienne en Libye sous le prétexte «humanitaire» de faire cesser les «bombardements par l’aviation du régime de Kadhafi des positions aux mains des insurgés».
    Feu vert à l’agression étrangère
    C’est exactement ce «feu vert» que les Etats-Unis et l’Union européenne attendaient avant de pouvoir passer à la seconde étape du plan d’une intervention militaire : faire voter une résolution en ce sens par le Conseil de sécurité. Il reste encore à convaincre Moscou et Pékin de ne pas brandir l’arme du veto.

    Depuis le siège de la Ligue arabe, la ministre espagnole des Affaires étrangères, Mme Trinidad Jimenez, a immédiatement salué la création de cette zone d’exclusion aérienne en Libye, en ne laissant planer aucun doute sur la mise en œuvre prochaine de cette dangereuse option militaire pour la stabilité du Maghreb.

    «L’Espagne assumera ses responsabilités et appliquera, en coordination avec les pays amis et alliés, l’Union européenne et l’Otan, la décision que prendra le Conseil de sécurité de l’ONU», a-t-elle soutenu, au cours d’une conférence de presse conjointe avec le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa. La forme, comme le fond, de cette déclaration donne à penser que ce qui a été annoncé par la Ligue arabe a été décidé ailleurs. «Je suis heureuse qu’une telle initiative ait été prise par les pays arabes eux-mêmes.»

    Les réserves de l'Algérie
    Les «alliés» peuvent donc rouler sur du velours. Sur les réserves émises par l’Algérie et la Syrie à propos de cette décision lourde de conséquences aux plans militaire et politique, Amr Moussa joue sur le faux consensus arabe : «L’Algérie n’inscrit pas son action en dehors du cadre de la Ligue arabe, alors que la Syrie fait ce qu’elle peut pour l’arrêt de l’effusion de sang en Libye.»
    La question qui se pose aujourd’hui n’est pas celle d’un consensus arabe qui n’a jamais existé depuis la création de cette ligue, en 1947, à la suite du scandaleux partage de la Palestine, à l’initiative des Etats-Unis et de l’Europe. C’est la raison d’être même de cette structure, de son existence juridique, de sa mission politique et des objectifs réels qu’elle poursuit, qui est posée.

    La Ligue arabe est devenue ce faire-valoir d’une fausse cohésion de ses pays membres qui ne sont jamais parvenus à adopter la minimum position commune depuis le décès de Gamal Abdennacer, la disparition du défunt Houari Boumediene ou du décès du roi Fayçal d’Arabie saoudite.
    C’était encore l’âge d’or de cette ligue que Sadate et Moubarak s’étaient employés à faire dévier de sa mission originale : constituer un front arabe uni pour la Palestine et contre les agressions étrangères. En 2011, la Ligue arabe est en train de préparer elle-même une agression étrangère contre l’un de ses membres, sans avoir donné la moindre chance à l’initiative à laquelle Mourad Medelci a appelé, depuis Le Caire, pour tenter de réconcilier les Libyens entre eux.

    Ballet diplomatique au Caire
    Cette ligue fonctionne, en réalité, comme un instrument. Aux mains de l’Egypte pour exercer le leadership arabe et assurer la «stabilité» dans la région, en veillant à la sécurité d’Israël et, occasionnellement, au service des puissantes monarchies du Golfe. C’est donc au Caire que s’effectue, depuis dimanche, le ballet des diplomates occidentaux.
    Outre la visite de Mme Jimenez, la chef de la diplomatique européenne Catherine Ashton est arrivée hier au Caire, précédant la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton. Au programme de ce ballet diplomatique occidental : féliciter le SG de la Ligue arabe pour avoir «adroitement» négocié les instructions occidentales sur la Libye.

    Et avoir des rencontres avec les candidats potentiels aux futures élections en Egypte. Amr Moussa dans les deux cas. Une occasion rêvée pour l’actuel SG de la ligue qui entend doubler ses concurrents, Mohamed El Baradei et les représentants du Mouvement du 25 janvier qui sont eux aussi dans l’agenda occidental. Les «alliés» vont-ils lui renvoyer l’ascenseur ? Moussa ne cache pas son ambition : être le futur président de l’Egypte, siège de la Ligue arabe nouvelle version américaine.
    Par A. Hamid
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