Kadhafi prépare l’assaut de Benghazi
Les forces pro-Kadhafi étaient en regroupement, hier, dans les lignes de front qui se déplacent de plus en plus vers l’Est. Cette position a été acquise après la reconquête de nouvelles villes à coups d’obus et de raids aériens, selon plusieurs médias.
Malgré les protestations et sanctions internationales, Mouammar Kadhafi s’est dit, une nouvelle fois hier, déterminé à venir à bout de l’insurrection. Dimanche, ce dernier avait annoncé, via la télévision d’Etat Al Jamahirya, avoir sécurisé ses ports et appelé les sociétés étrangères à renvoyer leurs pétroliers pour charger le brut.
La Compagnie pétrolière nationale, citée par la télévision, a annoncé que «les ports pétroliers libyens sont devenus sûrs après qu’il eut été mis fin aux actes de sabotage, et sont désormais opérationnels». Par conséquent, la Compagnie «demande à tous les employés de revenir travailler dans tous les lieux pétroliers» et «à toutes les sociétés étrangères à envoyer leurs pétroliers à ces ports et à entamer les opérations de déchargement et chargement» de brut.
Après Al Oukaila sur la route côtière, c’est la localité d’Al Bicher plus à l’Est qui est désormais sous contrôle des loyalistes qui bombardaient aussi Brega, à quelque 240 km de Benghazi, quartier général du Conseil national de transition regroupant l’opposition. Cette ville a été abandonnée, hier, par des dizaines d’insurgés à bord de véhicules transportant des batteries anti-aériennes de la DCA. Ils se seraient, selon plusieurs sources, regroupés dans la ville d’Ajdabiya à 80 km plus à l’Est. Tripoli, toujours via la télévision d’Etat libyenne, a affirmé que Brega avait été «une ville nettoyée».
Désormais, l’on parle de quelques autres opérations avant que Kadhafi, dans les jours qui viennent, ne donne l’ordre de l’assaut de la capitale des insurgés, Benghazi.
Dans cette ville, située à un millier de km de Tripoli, toutes les lignes des téléphones portables étaient coupées, les communications des opérateurs Libyana et Al-Madar ne fonctionnant plus.
Selon plusieurs sources médicales citées par les chaînes d’informations télévisées, il semblerait que malgré les mauvaises nouvelles du front, des volontaires quasi désarmés continuaient de s’enrôler à Benghazi.
Dans l’Ouest, Zawiyah, qui fut le bastion rebelle le plus proche de la capitale, est tombée aux mains du régime après plus de deux semaines de résistance acharnée. En revanche, les rebelles contrôlaient toujours Misrata (150 km à l’est de Tripoli) mais des tirs d’armes automatiques étaient entendus aux abords de la ville, selon un habitant. Plusieurs villes du Nord-Ouest, dont la région montagneuse du Jabal Al-Gharbi, sont cela dit, encore sous contrôle rebelle, selon plusieurs correspondants de presse. La situation, quoique confuse, en Libye, indique que les pro-Kadhafi sont nettement en train de gagner du terrain, profitant de l’absence de consensus international sur une intervention militaire qui prendrait le plus probablement la force d’une zone d’exclusion aérienne. Un temps que le régime de Tripoli emploie sans en perdre une seconde à asseoir une situation de fait accompli, avec pour idéal de faire tomber Benghazi, quoi de plus symbolique, pour dire que la rébellion est morte et finie et que le pays ainsi pacifié est redevenu exactement comme il était auparavant.
Pourtant, rien ne sera plus difficile alors que de continuer à gérer le pays après le lourd passif de la révolte des Libyens et de la répression qui s’en est suivie. On parle, en effet, de centaines de morts et la fuite vers l’étranger de plus de 250 000 personnes, sans compter les populations déplacées à l’intérieur du pays. L’on sait que la Ligue arabe a estimé que le régime libyen avait «perdu sa légitimité» et annoncé son soutien à l’opposition. Mais il semble que le régime de Kadhafi a décidé de se replier sur lui-même, faire le dos rond, dans l’espoir d’écraser la rébellion par tous les moyens et, dans un second temps, de trouver des issues à sa mise sur le ban de la communauté internationale.
Car malgré le soutien arabe à la zone d’exclusion, réclamée avec force par l’opposition libyenne, et l’accueil favorable des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne à une telle position, l’indécision sur l’intervention militaire continue de frapper les réunions de l’Otan et l’Union européenne et, hier, du G8 réuni à Paris. Lors de cette dernière réunion, le ministre français des AE, Alain Juppé, a reconnu que «Kadhafi marque des points», tout en admettant que la communauté internationale ne pourrait pas empêcher le colonel Kadhafi de reprendre la deuxième ville de Libye, Benghazi». L’appel de l’émissaire de l’ONU, arrivé à Tripoli lundi, pour l’arrêt des violences, n’a été suivi d’aucun écho de quelque partie que ce soit. Les négociations pour permettre un accès aux organisations humanitaires dans le pays devaient se poursuivre jusqu’à hier soir.
Fort inquiète de l’évolution de la situation, la population de Benghazi pourrait vite se retrouver menacée. Dans les rues et les places de la ville, l’euphorie des premières semaines de la révolte a fait place à l’inquiétude, et les regards sont tournés vers l’étranger. Dès lors, des diplomates européens via la presse de certains pays de l’UE avancent que la situation a changé, où maintenant Kadhafi est plutôt dans l’offensive, et ses adversaires plutôt sur la défensive, et que le moment est peut-être celui d’appeler à un cessez-le-feu et au dialogue national, seule carte encore jouable pour éviter qu’un véritable bain de sang ne se produise à Benghazi.
Encore que ce soit une option très difficile à imposer sur le terrain. Au début de la révolte, Tripoli avait suggéré un dialogue que le Conseil national de transition avait accepté sous la seule condition du départ de Mouammar Kadhafi vers l’étranger. Mercredi dernier, c’était au tour de ce dernier de rejeter toute idée de dialogue avec «des terroristes liés à Al Qaïda». C’est dire à quel point la situation est dramatique en Libye…
Par Nabil Benali
Les forces pro-Kadhafi étaient en regroupement, hier, dans les lignes de front qui se déplacent de plus en plus vers l’Est. Cette position a été acquise après la reconquête de nouvelles villes à coups d’obus et de raids aériens, selon plusieurs médias.
Malgré les protestations et sanctions internationales, Mouammar Kadhafi s’est dit, une nouvelle fois hier, déterminé à venir à bout de l’insurrection. Dimanche, ce dernier avait annoncé, via la télévision d’Etat Al Jamahirya, avoir sécurisé ses ports et appelé les sociétés étrangères à renvoyer leurs pétroliers pour charger le brut.
La Compagnie pétrolière nationale, citée par la télévision, a annoncé que «les ports pétroliers libyens sont devenus sûrs après qu’il eut été mis fin aux actes de sabotage, et sont désormais opérationnels». Par conséquent, la Compagnie «demande à tous les employés de revenir travailler dans tous les lieux pétroliers» et «à toutes les sociétés étrangères à envoyer leurs pétroliers à ces ports et à entamer les opérations de déchargement et chargement» de brut.
Après Al Oukaila sur la route côtière, c’est la localité d’Al Bicher plus à l’Est qui est désormais sous contrôle des loyalistes qui bombardaient aussi Brega, à quelque 240 km de Benghazi, quartier général du Conseil national de transition regroupant l’opposition. Cette ville a été abandonnée, hier, par des dizaines d’insurgés à bord de véhicules transportant des batteries anti-aériennes de la DCA. Ils se seraient, selon plusieurs sources, regroupés dans la ville d’Ajdabiya à 80 km plus à l’Est. Tripoli, toujours via la télévision d’Etat libyenne, a affirmé que Brega avait été «une ville nettoyée».
Désormais, l’on parle de quelques autres opérations avant que Kadhafi, dans les jours qui viennent, ne donne l’ordre de l’assaut de la capitale des insurgés, Benghazi.
Dans cette ville, située à un millier de km de Tripoli, toutes les lignes des téléphones portables étaient coupées, les communications des opérateurs Libyana et Al-Madar ne fonctionnant plus.
Selon plusieurs sources médicales citées par les chaînes d’informations télévisées, il semblerait que malgré les mauvaises nouvelles du front, des volontaires quasi désarmés continuaient de s’enrôler à Benghazi.
Dans l’Ouest, Zawiyah, qui fut le bastion rebelle le plus proche de la capitale, est tombée aux mains du régime après plus de deux semaines de résistance acharnée. En revanche, les rebelles contrôlaient toujours Misrata (150 km à l’est de Tripoli) mais des tirs d’armes automatiques étaient entendus aux abords de la ville, selon un habitant. Plusieurs villes du Nord-Ouest, dont la région montagneuse du Jabal Al-Gharbi, sont cela dit, encore sous contrôle rebelle, selon plusieurs correspondants de presse. La situation, quoique confuse, en Libye, indique que les pro-Kadhafi sont nettement en train de gagner du terrain, profitant de l’absence de consensus international sur une intervention militaire qui prendrait le plus probablement la force d’une zone d’exclusion aérienne. Un temps que le régime de Tripoli emploie sans en perdre une seconde à asseoir une situation de fait accompli, avec pour idéal de faire tomber Benghazi, quoi de plus symbolique, pour dire que la rébellion est morte et finie et que le pays ainsi pacifié est redevenu exactement comme il était auparavant.
Pourtant, rien ne sera plus difficile alors que de continuer à gérer le pays après le lourd passif de la révolte des Libyens et de la répression qui s’en est suivie. On parle, en effet, de centaines de morts et la fuite vers l’étranger de plus de 250 000 personnes, sans compter les populations déplacées à l’intérieur du pays. L’on sait que la Ligue arabe a estimé que le régime libyen avait «perdu sa légitimité» et annoncé son soutien à l’opposition. Mais il semble que le régime de Kadhafi a décidé de se replier sur lui-même, faire le dos rond, dans l’espoir d’écraser la rébellion par tous les moyens et, dans un second temps, de trouver des issues à sa mise sur le ban de la communauté internationale.
Car malgré le soutien arabe à la zone d’exclusion, réclamée avec force par l’opposition libyenne, et l’accueil favorable des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne à une telle position, l’indécision sur l’intervention militaire continue de frapper les réunions de l’Otan et l’Union européenne et, hier, du G8 réuni à Paris. Lors de cette dernière réunion, le ministre français des AE, Alain Juppé, a reconnu que «Kadhafi marque des points», tout en admettant que la communauté internationale ne pourrait pas empêcher le colonel Kadhafi de reprendre la deuxième ville de Libye, Benghazi». L’appel de l’émissaire de l’ONU, arrivé à Tripoli lundi, pour l’arrêt des violences, n’a été suivi d’aucun écho de quelque partie que ce soit. Les négociations pour permettre un accès aux organisations humanitaires dans le pays devaient se poursuivre jusqu’à hier soir.
Fort inquiète de l’évolution de la situation, la population de Benghazi pourrait vite se retrouver menacée. Dans les rues et les places de la ville, l’euphorie des premières semaines de la révolte a fait place à l’inquiétude, et les regards sont tournés vers l’étranger. Dès lors, des diplomates européens via la presse de certains pays de l’UE avancent que la situation a changé, où maintenant Kadhafi est plutôt dans l’offensive, et ses adversaires plutôt sur la défensive, et que le moment est peut-être celui d’appeler à un cessez-le-feu et au dialogue national, seule carte encore jouable pour éviter qu’un véritable bain de sang ne se produise à Benghazi.
Encore que ce soit une option très difficile à imposer sur le terrain. Au début de la révolte, Tripoli avait suggéré un dialogue que le Conseil national de transition avait accepté sous la seule condition du départ de Mouammar Kadhafi vers l’étranger. Mercredi dernier, c’était au tour de ce dernier de rejeter toute idée de dialogue avec «des terroristes liés à Al Qaïda». C’est dire à quel point la situation est dramatique en Libye…
Par Nabil Benali
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