MEDIAS - Des milliers de personnes sont mortes dans le tremblement de terre et le tsunami, et presque pas d'images...
Sur les écrans télé, en boucle, la vague reflue, et l’on voit la dévastation, les ruines. Mais dans ce paysage apocalyptique, à peu près aucun cadavre jusqu’à ce début de semaine. «Les secousses puis les vagues ont rendu les gens introuvables dans les dégâts. Beaucoup de zones sont encore inaccessibles, même aux secours, donc a fortiori aux caméras», explique Laurent Drezner, directeur de la rédaction de LCI. «Le séisme en Haitï, c’était une énorme catastrophe, mais sur une plus petite zone. Et il n’y avait pas le tsunami qui s’ajoutait au tremblement de terre, donc les gens étaient coincés dans des maisons effondrées, plus visibles. Ce n’est pas une volonté de la part des médias, japonais ou autres, de cacher la réalité», précise le journaliste.
Pas de censure
Mais au-delà de la réalité de la catastrophe qui se déroule dans le pays, compliquant l’accès aux images des cadavres, il y a celle de la mentalité japonaise. «Au Japon, on ne montre pas les cadavres, c’est une question de pudeur», analyse une journaliste télé japonaise en poste à Paris. «Là-bas, les images des cadavres en Haïti n’ont pas été montrées par exemple. Même lors du tremblement de terre à Sumatra, on ne voyait pas de cadavres à la télévision japonaise».
Brice Mainguy correspondant de N.N.N. (Nippon News Network) à Paris, abonde dans ce sens. «Ce n’est pas de la censure. C’est la conviction que les images des cadavres ne sont pas nécessaires. Quand on annonce trois cent cadavres sur une plage, l’imagination fait le reste, les corps n’apporteraient pas d’information supplémentaire». Les journalistes japonais sont libres de filmer ce qu’ils veulent, mais ils n’en ont pas envie, précise le correspondant de N.N.N. «Et s’ils le faisaient, la direction déciderait dans 99% des cas de ne pas les diffuser».
Préserver son pays
L’absence de cadavres est frappante à ce jour, parce que la catastrophe est d’une intensité rare. Mais outre la retenue des médias japonais, il y a aussi la retenue propre à chaque pays lors d’un événement traumatisant pour sa population. «Est-ce que la France montre ses propres cadavres?» interroge Jean Lesieur, directeur de la rédaction de France 24. «Est-ce qu’on a montré les cadavres de Xynthia? Evidemment le nombre était sans commune mesure, mais je ne me souviens pas d’en avoir vu à la télé. Chaque pays a une certaine réticence à montrer ses propres morts».
La catastrophe qui a exhibé le plus facilement le plus de cadavres récemment? Haïti. Peu de chaînes locales pour instaurer une discrétion. «Et aucune des conditions qui imposent une réserve: la proximité géographique et culturelle. On montre plus facilement des cadavres haïtiens» analyse André Gunthert, chercheur en histoire visuelle.
De plus en plus d’images
Mais depuis cette semaine, les premières images arrivent néanmoins. C’est une conjonction des événements: les secours qui retrouvent peu à peu des cadavres, et l’envoi de journalistes occidentaux sur place. «Au départ, les sources auprès desquelles nous nous informions n’en fournissaient pas», précise ainsi Jean Lesieur, directeur de la rédaction de France 24. «Nous avions peu de sources propres, d’images à nous. Depuis nous réunissons des équipes pour renforcer notre couverture sur place».
Et puis il y a une «forme de décence à respecter dans la fraîcheur du rapport à l’événement» conclut André Gunthert. «Dans chaque événement qui implique des images choquantes, les images existent, dans les archives, sur les négatifs des photographes. Mais elles mettent plus ou moins de temps à sortir».
20minutes
Sur les écrans télé, en boucle, la vague reflue, et l’on voit la dévastation, les ruines. Mais dans ce paysage apocalyptique, à peu près aucun cadavre jusqu’à ce début de semaine. «Les secousses puis les vagues ont rendu les gens introuvables dans les dégâts. Beaucoup de zones sont encore inaccessibles, même aux secours, donc a fortiori aux caméras», explique Laurent Drezner, directeur de la rédaction de LCI. «Le séisme en Haitï, c’était une énorme catastrophe, mais sur une plus petite zone. Et il n’y avait pas le tsunami qui s’ajoutait au tremblement de terre, donc les gens étaient coincés dans des maisons effondrées, plus visibles. Ce n’est pas une volonté de la part des médias, japonais ou autres, de cacher la réalité», précise le journaliste.
Pas de censure
Mais au-delà de la réalité de la catastrophe qui se déroule dans le pays, compliquant l’accès aux images des cadavres, il y a celle de la mentalité japonaise. «Au Japon, on ne montre pas les cadavres, c’est une question de pudeur», analyse une journaliste télé japonaise en poste à Paris. «Là-bas, les images des cadavres en Haïti n’ont pas été montrées par exemple. Même lors du tremblement de terre à Sumatra, on ne voyait pas de cadavres à la télévision japonaise».
Brice Mainguy correspondant de N.N.N. (Nippon News Network) à Paris, abonde dans ce sens. «Ce n’est pas de la censure. C’est la conviction que les images des cadavres ne sont pas nécessaires. Quand on annonce trois cent cadavres sur une plage, l’imagination fait le reste, les corps n’apporteraient pas d’information supplémentaire». Les journalistes japonais sont libres de filmer ce qu’ils veulent, mais ils n’en ont pas envie, précise le correspondant de N.N.N. «Et s’ils le faisaient, la direction déciderait dans 99% des cas de ne pas les diffuser».
Préserver son pays
L’absence de cadavres est frappante à ce jour, parce que la catastrophe est d’une intensité rare. Mais outre la retenue des médias japonais, il y a aussi la retenue propre à chaque pays lors d’un événement traumatisant pour sa population. «Est-ce que la France montre ses propres cadavres?» interroge Jean Lesieur, directeur de la rédaction de France 24. «Est-ce qu’on a montré les cadavres de Xynthia? Evidemment le nombre était sans commune mesure, mais je ne me souviens pas d’en avoir vu à la télé. Chaque pays a une certaine réticence à montrer ses propres morts».
La catastrophe qui a exhibé le plus facilement le plus de cadavres récemment? Haïti. Peu de chaînes locales pour instaurer une discrétion. «Et aucune des conditions qui imposent une réserve: la proximité géographique et culturelle. On montre plus facilement des cadavres haïtiens» analyse André Gunthert, chercheur en histoire visuelle.
De plus en plus d’images
Mais depuis cette semaine, les premières images arrivent néanmoins. C’est une conjonction des événements: les secours qui retrouvent peu à peu des cadavres, et l’envoi de journalistes occidentaux sur place. «Au départ, les sources auprès desquelles nous nous informions n’en fournissaient pas», précise ainsi Jean Lesieur, directeur de la rédaction de France 24. «Nous avions peu de sources propres, d’images à nous. Depuis nous réunissons des équipes pour renforcer notre couverture sur place».
Et puis il y a une «forme de décence à respecter dans la fraîcheur du rapport à l’événement» conclut André Gunthert. «Dans chaque événement qui implique des images choquantes, les images existent, dans les archives, sur les négatifs des photographes. Mais elles mettent plus ou moins de temps à sortir».
20minutes
Commentaire