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1795: l’Algérie et les Etats-Unis signent un traité de paix et d’amitié

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  • 1795: l’Algérie et les Etats-Unis signent un traité de paix et d’amitié

    1795: l’Algérie et les Etats-Unis signent un traité de paix et d’amitié



    Par Boualèm Souibès



    Un quotidien, tout d’abord national, et ainsi qu’il va de soi, nationaliste - qui ne l’est pas, chez nous ? -, évoquait ce samedi passé «un traité d’amitié paraphé voilà plus de deux siècles (1795) entre la Régence turque d’Alger et les autorités américaines». Comme les mots, quelquefois, nous font dire ce que nous ne voudrions pas ! Faut-il les déclarer coupables ?

    Est-il bien juste, bien vu, bien pensé, bien prudent, bien raisonnable, bien respectueux de son histoire nationale que d’écrire, journaliste, qu’un traité d’amitié a été paraphé entre les Etats-Unis et la «Régence turque d’Alger» ? Soucieux à l’extrême de la justesse des mots, je n’écrirai pas, pour ma part, cela. Je craindrais de blesser l’orgueil nationaliste d’Algériens suffisamment au fait des dimensions réelles de l’histoire de leur pays et aux yeux desquels l’Algérie a toujours été algérienne avant tout. On veut, on a voulu, on voudra longtemps encore que l’Algérie ait été turque, française, arabe, amazighe, et j’en passe. Je préfère quant à moi penser qu’avant tout, comme après tout, elle a été algérienne et qu’elle demeure indiscutablement algérienne.

    L’Algérie n’a jamais été turque, et sa régence encore moins. Je n’écrirai donc pas, pour ce qui me concerne, qu’un traité de paix a été signé entre les Etats-Unis d’Amérique et la «Régence turque d’Alger». Alger, comme toute l’Algérie, n’était pas turque, ne l’a jamais été, mais a toujours été algérienne. Je me répète ? Oui. Et j’entends, me répétant, souligner que je me répète; les Etats-Unis n’ont pas signé un traité avec des Turcs (autrement dit «la Régence turque») mais avec des Algériens.

    Ils n’en signèrent d’ailleurs pas un mais trois: le premier en 1795 donc, et un 5 septembre. Le document signé entre les deux pays portait le titre exact de «Traité de paix et d’amitié». Un second traité de paix et d’amitié fut signé le 30 juin 1815. Quelque dix-huit mois après seulement, le 23 décembre 1816, un troisième traité de paix et d’amitié était de nouveau signé. Il validait seulement, à la vérité, le précédent, dont les dispositions contenues dans deux articles, entre-temps satisfaites, n’avaient plus lieu d’y être encore inscrites; on conformait ainsi le droit à des faits accomplis en vertu d’un premier traité fondé en droit.

    Je reviens donc à une question essentielle: ces trois traités furent-ils conclus «entre la Régence turque d’Alger et les autorités américaines» ? Autrement dit, le territoire algérien était-il territoire turc et les Algériens sujets de Constantinople ? Certes pas !

    La Régence d’Alger - ce que l’on appelait la Régence d’Alger alors - était une entité autonome vis-à-vis de Constantinople. Si elle n’en avait été que le prolongement, le débarquement français à Sidi-Fredj en 1830, puis la conquête de l’ensemble de l’Algérie par les armées françaises auraient été considérés comme une atteinte portée à l’intégrité du territoire turc, dans l’une de ses composantes; et la France aurait été considérée par le sultan de Constantinople, régnant sur la Turquie et au-delà, comme ayant déclaré la guerre à la Turquie même, son pays, en occupant une partie de son territoire. Or, on n’a pas le souvenir de ce que les Turcs, ou la Turquie, se soient militairement mobilisés pour défendre le territoire algérien; ils auraient ainsi donné la preuve que le territoire qui constituait l’Algérie était d’appartenance ou, à tout le moins, d’obédience turque, ainsi que ses habitants. La Turquie protesta, certes, contre la conquête de l’Algérie par la France; c’est là un fait avéré. Elle fit un courrier, je veux dire une lettre, pour faire connaître sa protestation. Peut-être d’ailleurs, plus certainement, le souverain turc écrivit-il plus d’une lettre pour redire sa protestation ? Cela mérite étude.

    Revenons aux traités conclus en 1795, 1815 et 1816, qui tous les trois portent le titre de «Traité de paix et d’amitié»; il n’y est pas fait allusion, même de façon indirecte, à la Turquie.

    Plus explicitement encore, l’article III du premier traité, traité dont Condoleezza Rice, Secrétaire d’Etat des Etats-Unis d’Amérique, a remis ce 12 avril courant une copie à Mohamed Bedjaoui, ministre des Affaires étrangères, devant les caméras, lors de la visite que ce dernier a effectuée à Washington, stipule que «les navires des deux nations circuleront librement». L’Algérie était donc une nation contractante, et la Régence d’Alger, un pouvoir autonome, et non un pouvoir délégué.

    «La Régence d’Alger» ! Que recouvrait cette expression dont je retire à dessein le mot «turque» ? Cela car la Régence d’Alger était algérienne avant tout, et non pas turque avant tout, ni même après tout...

    Dans un ouvrage paru en 1887 à Paris, ouvrage tout entier consacré à l’histoire de l’Algérie de 1815 à 1830, Henri-Delmas de Grammont présente ainsi Alger: «Sur la côte africaine du bassin occidental de la Méditerranée, vers le 37e degré de latitude Nord et le 1er de longitude Est, au fond d’une baie charmante, entourée de collines toujours vertes, s’élève la ville d’Alger, sortie des ruines de l’ancien Icosium et de Djezaïr des Béni-Mezranna. «La douceur de son climat et la beauté de ses environs en font aujourd’hui un des lieux les plus riants de l’univers. Mais jadis, et pendant plus de trois siècles, elle a été la terreur et le fléau de la Chrétienté; aucun des groupes européens n’a été épargné par ses hardis marins, et l’écho de ses vastes bagnes a répété le son de presque toutes les langues de la terre. Elle a donné au monde le singulier spectacle d’une nation vivant de la course et ne vivant que par elle, résistant avec une incroyable vitalité aux attaques incessantes dirigées contre elle, soumettant à l’humiliation d’un tribut annuel les trois quarts de l’Europe et jusqu’aux Etats-Unis d’Amérique [...]».

    Le livre dont sont extraites ces lignes porte le titre d’«Histoire d’Alger sous la domination turque. 1515-1830». Mais ces mêmes lignes attestent assez définitivement, en contredisant un titre qui concourait à la négation de l’existence d’une nation algérienne autonome, qu’Alger se suffisait à elle-même et n’avait nul besoin, en tant que capitale, d’être désignée comme étant un pouvoir vassal du pouvoir ottoman.

    Mais ainsi voit-on aussi qu’à une époque où la course, autrement dit la piraterie, était une activité également partagée sur tous les rivages de la Méditerranée, les Algériens avaient réussi à être perçus et considérés, du fait de leur bravoure et de leur témérité, comme d’indomptables adversaires avec lesquels il était plus recommandé de développer des relations de paix que des faits de guerre.

    Les Etats-Unis le comprirent bien avant 1795, année de la signature du traité de paix dont Mohamed Bedjaoui a ramené une copie de Washington, capitale politique des Etats-Unis, qui porte le nom du premier président de la Confédération nord-américaine, George Washington.

    C’est le 4 juillet 1776 qu’un congrès continental avait proclamé l’indépendance des Etats-Unis d’Amérique et mis sur pied une armée qui, aidée par les Français, avait fini par battre l’armée anglaise, travaillant ainsi à l’émancipation de la nouvelle Confédération de la tutelle antérieure.

    Le second président des Etats-Unis fut John Adams. Il avait succédé à George Washington en 1797. Le premier traité de paix entre l’Algérie et les Etats-Unis avait donc été signé avant son accession à la présidence de ces Etats, puisqu’il date de 1795. Mais c’est bien le second président qui en fut l’initiateur.

    Les Etats-Unis, déclarant leur indépendance, étaient désormais privés de la protection de la Couronne britannique. Mais l’essentiel de leur commerce vers l’étranger, nécessairement maritime, concernait en grande partie la Méditerranée. Cette mer, alors, était sillonnée par des navires en provenance de ses deux rives dont chacune guerroyait avec l’autre; les pirates du Nord n’étaient pas moins craints par les habitants de la rive Sud que ceux du Sud par les habitants de la rive Nord.

    En 1883, fut signé à Paris entre l’Angleterre et les nouveaux Etats confédérés d’Amérique du Nord un traité, dit Traité de Paris, aux termes duquel le gouvernement britannique reconnaissait ces Etats-Unis d’Amérique. L’un des trois représentants délégués par les Etats-Unis pour la négociation de ce traité à Paris était précisément le futur président John Adams. Le second était Benjamin Franklin et le troisième, John Jay.

    Voici ce qu’écrivait le premier de ces trois représentants dans une correspondance datant de septembre 1784, évoquant les forces de la Régence d’Alger et, accessoirement, celles des régences des trois autres pays d’Afrique du Nord (Libye, Maroc, Tunisie): «A moins qu’il ne fut possible de persuader toutes les grandes puissances maritimes de s’unir pour supprimer ces pirates, ce serait une véritable imprudence de notre part de penser à nous mesurer avec eux; nous n’aurions qu’à nous en repentir [...] ». Aussi des traités de paix furent-ils signés avec l’Empire du Maroc, la Régence de Tripoli et la Régence de Tunis et, bien sûr, la Régence d’Alger.

    L’article premier du traité de paix et d’amitié conclu le 6 novembre 1797 entre la Libye et les Etats-Unis était ainsi rédigé: «Les deux puissances contractantes s’engagent à observer une paix perpétuelle qui sera garantie par le Dey d’Alger». Il était ainsi fait référence au souverain d’Alger et non à celui de Constantinople pour garantir la paix entre les Libyens et les Américains.

    Cela ne suffit-il pas pour fonder définitivement le fait qu’il convient bien de considérer que la Régence Alger était algérienne et non turque, et qu’elle constituait un pouvoir souverain étendant son gouvernement sur une nation souveraine ?



    Importance et intérêt dans la nouvelle économie des entreprises algériennes


    source : Quotidien d'oran

  • #2
    Oui

    Très interessant cet article .
    Merci Sensib de l'avoir posé .
    Je n'arrive décidement pas dormir .
    Allez je vait essayer encore une fois .

    Commentaire

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