Paris réagit aux déclarations de Bouteflika sur « Le genocide culturel et linguistique...)
Les « conseils » de Douste-Blazy
L’onde de choc provoquée par les déclarations du président de la République à propos des « bienfaits » de la colonisation dans l’Hexagone a tiré de sa réserve Philippe Douste-Blazy.
Sur les ondes de la RMCinfo, le ministre français des Affaires étrangères, bien qu’il n’ait pas souhaité « polémiquer », a estimé que « dans toutes les affaires de colonisation, il y a eu deux moments : le moment de la conquête qui est toujours un moment d’horreur, puis une fois que vous êtes sur la terre (nouvellement conquise) il y a des femmes et des hommes qui travaillent et qui vont instruire des enfants ». Si, a priori, ce propos se veut « équilibriste », M. Douste-Blazy n’en suggère pas moins que toute la longue nuit coloniale fut surtout celle de l’édification, de l’éducation et de la santé. Le responsable du Quai d’Orsay ne sort pas du cadre de la fameuse théorie de la mission prétendument civilisatrice de la colonisation ! « Il y a des instituteurs français qui évidemment ont fait leur travail, des architectes qui ont fait leur travail, des médecins qui ont soigné », a-t-il argumenté. M. Douste-Blazy n’a pas fait mieux que Nicolas Sarkozy, qui, il n’y a pas si longtemps, notait que « quand on se promène à Alger, on ne voit pas que de la torture ! », dans une allusion maladroite aux vieux édifices construits du reste pour les colons partisans de « l’Algérie française ». Or, le président Bouteflika, et sans doute la majorité du peuple algérien, y compris ceux résidant en France comme nous le montre si bien Le Parisien dans son édition d’hier, pensent le contraire. Le chef de l’Etat avait lancé depuis Constantine que « la colonisation avait réalisé un génocide de notre identité, de notre histoire, de notre langue, de nos traditions (...) Nous ne savons plus si nous sommes des Amazighs, des Arabes, des Européens ou des Français ». M. Douste-Blazy a répliqué, trois jours plus tard, par un discours moralisateur aux entournures. N’ayant pas encore digéré l’échec de son séjour à Alger, le chef de la diplomatie française a cru bon prodiguer ses « conseils » : « Plutôt que de polémiquer, plutôt que d’employer des mots comme ceux-là, il est important pour l’Algérie comme pour la France de regarder devant, de construire ensemble, parce que par l’histoire et par la géographie nous sommes liés à l’Algérie. » « La politique, cela se construit sur l’avenir, sur la vision, pas sur la rancœur », ajoute encore le patron du Quai d’Orsay. Cette sortie est accompagnée d’un battage médiatique en France. D’une seule voix, les journaux, les JT des chaînes de télévision et les ondes des radios sont mis à contribution pour défendre la « bonne cause », celle de la France « agressée ». En l’occurrence, la manchette à la fois évocatrice et provocatrice du Parisien d’hier : « Que cherche Bouteflika ? » renseigne sur cette offensive frisant l’hystérie qui s’est emparée de l’establishment politico-méditatique en France, si frileux dès qu’il s’agit du bourbier algérien. Le quotidien parisien n’a pas hésité à donner la parole à ceux qui, de préférence, ne partagent pas la teneur du propos de M. Bouteflika et qui, croit-il, pouvaient peser lourd dans la balance de l’opinion publique algérienne. Et subtilement, on y trouve les reproches faits à M. Bouteflika d’avoir fait la part belle aux islamistes, d’avoir fermé les écoles privées qui enseignent en français, d’avoir pondu une loi réglementant la pratique des religions autres que celle musulmane, et même d’avoir affamé son peuple en plein boom financier.
Hassan Moali (el watan du 20 avril 2006)
Les « conseils » de Douste-Blazy
L’onde de choc provoquée par les déclarations du président de la République à propos des « bienfaits » de la colonisation dans l’Hexagone a tiré de sa réserve Philippe Douste-Blazy.
Sur les ondes de la RMCinfo, le ministre français des Affaires étrangères, bien qu’il n’ait pas souhaité « polémiquer », a estimé que « dans toutes les affaires de colonisation, il y a eu deux moments : le moment de la conquête qui est toujours un moment d’horreur, puis une fois que vous êtes sur la terre (nouvellement conquise) il y a des femmes et des hommes qui travaillent et qui vont instruire des enfants ». Si, a priori, ce propos se veut « équilibriste », M. Douste-Blazy n’en suggère pas moins que toute la longue nuit coloniale fut surtout celle de l’édification, de l’éducation et de la santé. Le responsable du Quai d’Orsay ne sort pas du cadre de la fameuse théorie de la mission prétendument civilisatrice de la colonisation ! « Il y a des instituteurs français qui évidemment ont fait leur travail, des architectes qui ont fait leur travail, des médecins qui ont soigné », a-t-il argumenté. M. Douste-Blazy n’a pas fait mieux que Nicolas Sarkozy, qui, il n’y a pas si longtemps, notait que « quand on se promène à Alger, on ne voit pas que de la torture ! », dans une allusion maladroite aux vieux édifices construits du reste pour les colons partisans de « l’Algérie française ». Or, le président Bouteflika, et sans doute la majorité du peuple algérien, y compris ceux résidant en France comme nous le montre si bien Le Parisien dans son édition d’hier, pensent le contraire. Le chef de l’Etat avait lancé depuis Constantine que « la colonisation avait réalisé un génocide de notre identité, de notre histoire, de notre langue, de nos traditions (...) Nous ne savons plus si nous sommes des Amazighs, des Arabes, des Européens ou des Français ». M. Douste-Blazy a répliqué, trois jours plus tard, par un discours moralisateur aux entournures. N’ayant pas encore digéré l’échec de son séjour à Alger, le chef de la diplomatie française a cru bon prodiguer ses « conseils » : « Plutôt que de polémiquer, plutôt que d’employer des mots comme ceux-là, il est important pour l’Algérie comme pour la France de regarder devant, de construire ensemble, parce que par l’histoire et par la géographie nous sommes liés à l’Algérie. » « La politique, cela se construit sur l’avenir, sur la vision, pas sur la rancœur », ajoute encore le patron du Quai d’Orsay. Cette sortie est accompagnée d’un battage médiatique en France. D’une seule voix, les journaux, les JT des chaînes de télévision et les ondes des radios sont mis à contribution pour défendre la « bonne cause », celle de la France « agressée ». En l’occurrence, la manchette à la fois évocatrice et provocatrice du Parisien d’hier : « Que cherche Bouteflika ? » renseigne sur cette offensive frisant l’hystérie qui s’est emparée de l’establishment politico-méditatique en France, si frileux dès qu’il s’agit du bourbier algérien. Le quotidien parisien n’a pas hésité à donner la parole à ceux qui, de préférence, ne partagent pas la teneur du propos de M. Bouteflika et qui, croit-il, pouvaient peser lourd dans la balance de l’opinion publique algérienne. Et subtilement, on y trouve les reproches faits à M. Bouteflika d’avoir fait la part belle aux islamistes, d’avoir fermé les écoles privées qui enseignent en français, d’avoir pondu une loi réglementant la pratique des religions autres que celle musulmane, et même d’avoir affamé son peuple en plein boom financier.
Hassan Moali (el watan du 20 avril 2006)
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