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Khouribga/OCP: Comment le sit-in a dérapé

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  • Khouribga/OCP: Comment le sit-in a dérapé

    50 ans d’archives de l’Office détruites en quelques minutesLe phosphatier déplore les actes de vandalisme et dénonce «la manipulation»


    Les plus grosses pertes ont été enregistrées au centre de formation. Plus de 50 ans d’archives sur les phosphates ont été brûlées



    Imprévisible! Khouribga surprend plus d’un. La capitale des phosphates a été le théâtre de violentes manifestations et d’affrontements entre jeunes et forces de l’ordre, mardi 15 mars.
    Bilan provisoire: Plus de 100 blessés dont des agents de police, de la gendarmerie et une dizaine des Forces auxiliaires ainsi qu’une vingtaine de voitures brûlées.
    Plusieurs blessés parmi les jeunes ont préféré se soigner ailleurs que dans l’hôpital de la ville par crainte de poursuites
    Selon un médecin de l’hôpital de Khouribga, «71 blessés ont été évacués à l’hôpital de la ville. Une soixantaine a déjà quitté l’établissement. 7 personnes ont été hospitalisées dont un évacué à l’hôpital militaire de Rabat». Généralement, les blessures sont légères et ne suscitent pas d’inquiétudes, poursuit le médecin. Elles varient entre des entorses et des contusions suite à des jets de pierres. A l’heure où nous mettions sous presse, aucun décès n’est à déplorer. Mais une marche serait programmée mercredi en fin d’après-midi. Suite aux incidents survenus mardi, une délégation du Conseil national des droits de l’Homme (CNDH) s’est rendue le lendemain à Khouribga pour mener une enquête. Objectif: «surveiller les cas de violation des droits de homme».



    A l’origine de ces manifestations: des sit-in de protestations observés depuis plus de 10 jours, dans le quartier des Phosphatiers, devant la Direction d’exploitation minières, QG de l’OCP.
    Mardi 15 mars vers 5 heures du matin, des manifestants ont été dispersés manu militari mais sans aucune résistance. Vers la fin de la matinée, plusieurs dizaines de manifestants sont revenus avec des gourdins, des armes blanches et jets de pierres… Ils se sont attaqués à des locaux ciblés au quartier administratif de l’OCP, le club social ainsi que le centre de formation. A partir de là, la bastonnade a démarré avec des interventions musclées des forces de l’ordre.
    Pris d’assaut, le centre de formation a été complètement saccagé mardi soir. «Plusieurs bureaux, ordinateurs et documents ont été brûlés ainsi que trois voitures de service», confie un agent OCP sur place. Selon un cadre de l’Office, «en brûlant le centre de formation, ce sont 50 ans d’archives qui ont été détruites. Plusieurs documents sont irrécupérables». Khouribga est réputée être la mémoire documentaire des phosphates.
    Les manifestants, essentiellement des jeunes et des enfants de retraités et d’anciens mineurs de l’OCP, réclamaient «le droit à un recrutement prioritaire, immédiat et inconditionné au sein de l’Office». Selon un porte-parole des manifestants, «historiquement, la politique de recrutement de l’OCP à Khouribga accordait la priorité aux enfants de retraités et des décédés de l’Office. Mais avec l’expansion de ses activités et pour des raisons politiques, l’OCP aurait dernièrement recruté plus de 1.000 Sahraouis et des jeunes de l’Oriental». Et c’est en réaction à cette décision de recrutement, poursuit la même source, que des fils d’anciens mineurs et des jeunes de la région ont dressé des tentes et organisé un sit-in illimité depuis plusieurs jours. Entre-temps, un comité de soutien a été constitué avec des militants de droits de l’homme et autres activistes de l’extrême gauche. Les autorités locales parlent de récupération du sit-in par des individus qui n’ont aucun rapport avec les revendications des jeunes et qui servent des agendas loin de l’objectif de l’emploi.
    Les autorités pointent du doigt l’implication des membres de la Mouvance interdite mais tolérée d’Al Adl Wal Ihssane (Mouvance Justice et Bienfaisance) qui se seraient greffés à l’encadrement des manifestations. «Accusations sécuritaires non fondées» que dément catégoriquement la Jamaâ de Cheikh Yassine.
    Contactée par L’Economiste au lendemain des manifestations, la direction de l’OCP déplore «vivement les actes de vandalisme perpétrés contre ses locaux». Le phosphatier national précise «que les motivations réelles des fauteurs de troubles sont injustifiables».



    Selon la direction de l’OCP, d’autres manifestations ont été enregistrées ces derniers jours sur d’autres sites de l’Office, mais elles ont toutes été démantelées, sauf à Khouribga. Ce qui laisse sous-entendre un certain laxisme des autorités qui auraient «laissé faire au départ en ne prévoyant pas de renfort dans l’immédiat».
    En dépit des actes de vandalisme perpétrés à Khouribga, l’OCP annonce qu’il compte poursuivre sa mission sociale et renforcer son implication dans la région. Sur les deux dernières années, 6.000 recrutements ont été enregistrés par l’Office. Les projets d’investissements programmés pour les prochaines années prévoient la création de quelque 10.000 emplois. Pour l’heure, le phosphatier national examine les listes de l’Anapec. Il a aussi commencé à recevoir les dossiers de candidature d’embauche au titre de l’exercice 2011-2012. Par ailleurs, le groupe turc Tekfen qui a remporté le marché de la construction d’un pipeline pour le transport de phosphates, prévoit de recruter entre 6.000 et 7.000 personnes.
    Chez l’OCP, l’on soutient que «l’Office ne peut pas employer tout le monde. Par contre, il peut rendre employables les jeunes».

    Amin RBOUB
    Dernière modification par manamani, 18 mars 2011, 14h07.
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