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Quand le français vient de l’arabe

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  • Quand le français vient de l’arabe

    Cuisine, parfums, meubles, vêtements, vocabulaire scientifique...: les emprunts de la langue française à l’arabe sont innombrables.

    Houla ! (Par Allah ! Peu de Français connaissent l’étymologie de cette expression très française), la journée du «chroniqueur de Paris» commençait mal. Trop de boulot, trop de retards et la chronique à écrire... La soirée précédente n’avait pas été exemplaire. Au café (de l’arabe qahwa), on n’avait pas bu que de la limonade (lîmûn, citron), des sorbets (charâb, boisson) ou des sirops (charâb) sucrés (sukkar). Les carafes (gharrâfa, pot à boire) circulaient à grand train, élixirs (al-’iksîr, le sec) puisés à pleines jarres (jarra, vase de terre). L’alcool (al-kohl, antimoine) avait opéré son alchimie (al-kîmyâ) et le teint cramoisi (qirmizî, rouge violet) et même écarlate (siqillat, rouge vif) de certains convives, avachis sur leur tabouret (tunbûr, du persan tabir, instrument de musique), en était la meilleure preuve. Par hasard (az-zahr, jeu de dés), la soirée se termina mal: quelques lascars (al-’askar, le soldat), quelques argousins (al-gwazil, gendarme) voulurent soulager de leurs pécules les convives restants à grands coups de matraques (matraq, gourdin). Quelle bagarre (de l’arabo-sicilien siarr) ! Quelle galère (qalija) !

    Le français ?
    Un pataouète !


    Bien plus tard, le soleil allant atteindre son zénith (samt al-ra’s, chemin au-dessus de la tête), il fallait bien se lever et quitter son matelas (matrah, qui est jeté à terre). On aurait préférer un sofa (sûfa, coussin) avec de la mousseline (mawsilî, de la ville irakienne Mossoul) ou un baldaquin (baghadâdî, de Bagdad) muni de draps en satin (zaytûnî, de la ville de «Zaitûn», en réalité la ville chinoise Tseu toung).

    Bon ! Quel temps fait-il ? Qu’en disent les magazines (makhâzin, entrepôts) ou les almanachs (al-manâkh, calendrier) ? Pas de sirocco (churûq, lever du soleil), pas de typhon (tûfân, déluge), pas de mousson (mawsim, saison). On va donc se chausser léger. Des savates (sabbât, chaussures), tiens ! C’est confortable. Et comment m’habiller ? Un caban (qabâ, manteau d’homme), un caftan (qaftâzn, robe avec fourrure), un gilet (jalaco, vêtements sans manches), un burnous (burnus), une gandoura (ghandûra), une gabardine (qabâ, vêtement d’homme) ? Une jupe (jubba, vêtement) ? Non, ça c’est pour mon aimée. Elle en a de très jolies, moirées (mukhayyar, étoffe de laine). J’ai d’ailleurs rendez-vous avec elle. Et elle sentira bon. Mais comme elle change souvent de parfum, je devinerais le choix du jour: entre le lilas (lîlak), le jasmin (yâsimîn), l’ambre (‘anbar), le musc (misk) ou le santal (sandal). Elle aime beaucoup les nénuphars (nânûfar) mais ils ne sentent rien. En revanche, elle aura faim: d’aubergines (al-bâdhinjân), avec de l’estragon (tarkhûn) ? D’artichauts (al-kharchûf) ? De potirons (futr, champignon) ? De pastèques (battîkha)? D’abricots (al-barqûq) ? D’oranges (nâranj) ? Nul ne le sait: l’almée (‘âlma, servant, ‘alima, savoir) est souvent changeante.

    Le chroniqueur avait connu cette femme d’exception par le truchement (turjumân, interprète) d’un toubib (tabîb, médecin), un fou (dans le jeu d’échec, le fîl, l’éléphant), passionné d’orientalisme et de musique, tambours (al-tambûr) et cythares (qîthâra), luths (al’ûd) et guitares (qîthâra).

    Il aimait cette houri (femme très belle, vierge du Paradis) et aucune avanie (hawân, rançon), aucune avarie (awârîya, dommages), même sur des récifs (ar-rasîf, jetée) nacrés (naqqâra, tambour), n’aurait pu l’arrêter dans ce «brancheman» (du français «branchement» emprunté par l’arabe moderne).

    On le comprendra: les mots empruntés à l’arabe sont légion et le petit récit proposé narrant un lever difficile du chroniqueur de Paris est au nadir, «à l’opposé» des moeurs vertueuses, voire parfois quelque peu austères prêtées à ce rédacteur.

    D’un merveilleux petit livre sont tirés ces quelques exemples parmi de nombreux autres emprunts à la langue arabe. «Arabesques» *, a été rédigé par Henriette Walter, linguiste bretonne et Bassam Baraké, linguiste libanais. Ces deux universitaires nous rappellent les profonds et anciens apports de nos cultures mélangées. Non seulement, ils soulignent les très nombreux emprunts de la langue française à l’arabe mais ils relèvent également les tout aussi multiples adaptations du français à l’arabe algérien, marocain ou tunisien.

    Le français ? Un pataouète ! Cette façon de parler des «Français d’Algérie» est une expression qui est elle-même une déformation du nom du célèbre quartier Bab el-0ued.

    Par Pierre Morville- Quotidien d'Oran
    Arabesques, L’aventure De La Langue Arabe En Occident - Robert Laffont.

  • #2
    et vla dans tes dents ( snane) !
    ?

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