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Maroc: à Sefrou il n'y a pas que des cerises .

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  • Maroc: à Sefrou il n'y a pas que des cerises .

    ar Mohammed Boudarham,
    envoyé spécial à Sefrou
    Reportage. A Sefrou, il n’y a pas que des cerises…

    Le 20 février, la police anti-émeutes s’est positionnée entre le siège de la préfecture et les manifestants. (AICPRESS)

    La capitale des cerisiers fait partie des villes où les manifestations du 20 février ont dégénéré en actes de vandalisme. Deux semaines plus tard, c’est une cité morte qui panse ses plaies.

    A 28 kilomètres à peine de Fès, on est à Sefrou. Et on est surtout loin des fastueuses places de la capitale spirituelle grouillant de touristes. La “vieille petite sœur” de Fès (fondée avant l’ère islamique au Maroc) ne diffère pas trop des villes moyennes ayant connu une urbanisation sauvage et un exode rural qui en ont fait de véritables poudrières.
    Pauvreté, chômage, habitat insalubre... on est loin du Sefrou des cartes postales immortalisant son Festival des cerises. Sefrou, c’est la mal-vie. Et les jeunes Sefriouis ont inventé un nouveau nom pour leur ville : Hefrou (Creusez), tellement les travaux de réfection des voies et voiries prennent du temps. C’est cette mal-vie qui a fait sortir la population dans la rue, le 20 février. Et bien avant, le 23 septembre 2007, quand la ville s’était embrasée au moment des manifestations contre la vie chère. Aujourd’hui, c’est un calme suspect qui y règne.

    “Wahed noir l’chaf !”
    Dimanche 6 mars, à 9 heures du matin. Le boulevard Mohammed V, principale artère de la ville, est presque désert. Les vitres de la préfecture, de la Trésorerie, du tribunal et du siège central de la police, “caillassées” le 20 février, ont été remplacées. Des éléments des CMI (Compagnies mobiles d’intervention) terminent leur petit-déjeuner et rejoignent leurs véhicules stationnés à proximité. Dépêchés en renfort de Fès, ils ont encore fait le déplacement pour rien. Car, contrairement aux autres villes où des manifestations étaient prévues ce jour-là, Sefrou était restée calme, étrangement calme. “Cela n’a rien de surprenant au vu de l’attitude des autorités et du climat de terreur qu’elles ont fait régner”, explique Badr Arafat, jeune militant de l’OMDH (Organisation marocaine des droits de l’homme) et l’une des chevilles ouvrières des manifestations du 23 septembre 2007. Le souvenir douloureux de cette date est toujours présent dans les esprits des habitants.
    Le Mouvement du 20 février ? Il n’a tout simplement pas droit de cité dans cette ville. Et ce n’est pas demain qu’on verrait s’y créer une coordination de soutien comme dans le reste du pays. “Les divergences entre ONG et composantes politiques de la ville ont fait en sorte qu’aucune structure n’a été mise en place pour soutenir ce mouvement”, explique un militant associatif de la ville. Et Facebook ? “Les jeunes suivent l’actualité des manifestations, mais je dirais que le principal moyen d’information, voire de mobilisation, reste la presse”, enchaîne Mohamed Kamal Mrini, responsable local du PADS (Parti de l’avant-garde socialiste et démocratique). Quid alors des manifs dans cette ville frondeuse ? Sefrou est en effet un bastion historique de la gauche. “La pauvreté et le chômage pourraient déboucher sur des situations ingérables, sur l’inconnu”, avertit Badr Arafat. La répression pourrait être le pire des détonateurs. Comme en septembre 2007.

    Les “baltajiya” sont passés par là...
    A Sefrou, les cafés grouillent de monde ce dimanche-là. Et pas que de simples “clients”. En plus des voitures de police qui sillonnent la ville, il y a ce qu’on pourrait appeler la “police assise” : des éléments de la DST (Direction de la surveillance du territoire) et des RG (Renseignements généraux) qui ont investi tous les cafés et qui, pour les habitants de la cité, sont facilement identifiables. Ils sont appuyés par une petite armée de moqaddems pour ne rien rater de ce qui se dit ou se prépare dans la ville.
    A Ben Seffar, nouveau quartier monstre, Azeddine Menjli, patron local d’Annahj Addimocrati, n’a pas été envoyé en prison comme en septembre 2007. Il est toujours alité chez lui avec 21 points de suture à la tête. “Le 20 février, juste après la manifestation, un groupe d’individus cagoulés m’ont roué de coups à Bab Lemkam en plein jour. J’ai reconnu trois d’entre eux et ils sont de la police”, accuse Azeddine Menjli. Une source sécuritaire sur place dément, sans fournir le moindre détail quand on lui cite des noms. L’affaire sera portée devant la justice.
    Et puis il y a Abdelmoula Guennouni, autre militant d’extrême gauche et porte-voix des habitants du Mellah (appelé quartier de l’Espoir) dont les maisons menacent ruine, qui a failli laisser la vie lors de ce qu’il qualifie de “tentative d’assassinat”. Le lendemain de la manifestation, alors qu’il se dirigeait vers son café habituel, il a été pris à partie par un groupe d’individus qui l’ont violemment passé à tabac, avant de s’enfuir en criant “vive le roi !”. Abdelmoula Guennouni affirme avoir reconnu des policiers parmi ses agresseurs. Accusation rejetée par la police locale. Guennouni se trouve toujours à l’hôpital Mohammed V où ses visiteurs sont étroitement surveillés. “Les militants, intimidés, se font petits ou se cachent. Les autorités ont gagné le pari, mais pour combien de temps ?”, résume Badr Arafat.

    Karim le martyr
    A un jet de pierre de chez Azeddine Menjli se trouve la maison des Chaïb, les parents du jeune Karim, qualifié de “martyr du 20 février” par le mouvement des jeunes. Selon la version officielle, ce jeune de 21 ans a succombé à ses blessures lors des troubles qui ont émaillé la manif. Une enquête a même été ouverte. La version rapportée par les militants locaux est différente. “Poursuivi par un véhicule de la police, Karim a été tabassé vers le quartier l’Habitat par un groupe de policiers qui l’ont laissé pour mort”, affirme ce militant qui a requis l’anonymat et qui appuie ses dires par une vidéo diffusée sur YouTube. En effet, sur cet enregistrement de qualité moyenne, on voit des policiers s’acharner sur un jeune tombé à terre, mais il est difficile, voire impossible, d’affirmer que la victime de la bastonnade était le jeune Karim. Transporté à l’hôpital, il a été ramené à la maison par sa famille de crainte qu’il ne soit arrêté. “Quand son cas s’est aggravé, ils l’ont reconduit à l’hôpital où des médecins l’ont orienté vers le CHU de Fès. Il a rendu l’âme avant d’y arriver”, nous précise un voisin de la famille.
    Le 24 février en début de soirée, Karim a été enterré en présence d’un cercle restreint : sa famille et des représentants de l’autorité. Abdellah, son père, refuse de nous voir comme il refuse tout contact avec la presse. “Mon fils est mort et on ne sait pas comment. C’est tout”, nous répond-il au téléphone. “Cette pauvre famille a été intimidée par toutes les personnalités qui lui ont rendu visite et a décidé de se taire”, explique un militant de l’AMDH.
    Il est près de 18 heures. Il fait un temps à ne pas mettre un manifestant dehors dans cette ville du Moyen-Atlas. Les cafés sont pleins. Al Jazeera est sur tous les écrans. On suit les informations sur la Libye en révolution... en attendant le 20 mars.


    TelQuel
    " Celui qui passe devant une glace sans se reconnaitre, est capable de se calomnier sans s'en apercevoir "

  • #2
    A Sefrou, il n’y a pas que des cerises…

    bien sur !
    il y aussi de belles filles!

    ce qu'il n y a pas : des envieux, des jaloux, des pleureuses et des corbeaux!

    Commentaire

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