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Le coup de gueule de la journaliste Christine Clerc contre l’institution
BRUXELLES Belgique, Irlande, Allemagne, Autriche, États-Unis, Mexique, etc. La liste des pays frappés par le scandale de la pédophilie dans l’Église n’en finit plus de s’allonger depuis quelques mois.
Aujourd’hui, la communauté catholique s’interroge sur son institution. La journaliste et éditorialiste française Christine Clerc – elle a notamment collaboré pour l’Express, le Point , le Figaro ou Marianne – fait partie de celle-là. C’est en tant que chrétienne “déçue, en colère et emplie de chagrin” qu’elle publie Le Pape, la femme et l’éléphant (Éd. Flammarion). Rencontre.
Dans votre ouvrage, vous évoquez la Belgique (les 475 cas de la commission Adriaenssens). Mais qu’en est-il en France ?
“47 prêtres ont été condamnés à la prison – certains à 18 ans de réclusion ! – pour des faits de pédophilie. Est-ce de la même ampleur qu’en Belgique ? Je ne peux pas le dire. Mais on constate que ces faits ont été trop longtemps couverts par l’Église elle-même…”
On a cette impression que l’Église est en décalage total avec la réalité du quotidien.
“Notre société est mauvaise ! Cette société qui fait la part belle à l’argent, à l’avidité, aux inégalités. Ça ne me gêne pas que l’Église soit en décalage avec cela… Par contre, je lui reproche de ne pas s’attaquer au vrai problème – celui de l’argent-Roi – et de faire une fixation sur la sexualité en allant s’immiscer à l’intérieur du couple.”
À cet égard, le pape Jean-Paul II laisse un lourd héritage…
“Il s’est livré à une véritable croisade contre l’avortement et la contraception. En même temps, il ne disait rien sur les scandales de pédophilie (déjà connus dans les années 90 en Autriche ou en Amérique latine). C’est contradictoire.”
Pourquoi ?
“Je ne peux pas comprendre que l’on se lance dans une croisade pour défendre le droit d’un enfant à naître mais qu’on ferme les yeux sur la pédophilie. C’est-à-dire sur des actes ignobles commis sur ces mêmes enfants…”
Notamment l’exemple de cette fillette brésilienne en 2009.
“À 9 ans, elle était enceinte de jumeaux après avoir été violée par son beau-père. Sa mère a décidé de la faire avorter pour lui sauver la vie. Résultat : la mère et le médecin qui a pratiqué l’avortement ont été excommuniés. Mais pas le violeur ! Comme si l’enfant qui est déjà né n’était plus important.”
Quelle attitude devrait avoir Benoît XVI face à la pédophilie ?
“Je pense qu’il a bien agi. Il a été très sévère en disant que le péché qui est venu de l’intérieur de l’Église est plus grave que toute autre persécution. Il a aussi estimé que les prêtres abuseurs devaient répondre de leurs actes devant la justice civile. Une première ! Il a remis les pendules à l’heure.”
Des victimes demandent plus d’actes concrets, comme l’indemnisation des victimes.
“Je ne vois pas pourquoi l’Église devrait y échapper.”
Quitte à la “ruiner”, comme certains le craignent ?
“Oui, bien sûr… Je ne vois pas pourquoi l’Église ne serait pas soumise à la loi commune.”
Quelle sera l’Église de demain ?
“Le Big Bang de la pédophilie est salutaire. Pour qu’elle se repense. Et pour qu’elle retrouve le message de l’Évangile.”
La Dernière Heure
BRUXELLES Belgique, Irlande, Allemagne, Autriche, États-Unis, Mexique, etc. La liste des pays frappés par le scandale de la pédophilie dans l’Église n’en finit plus de s’allonger depuis quelques mois.
Aujourd’hui, la communauté catholique s’interroge sur son institution. La journaliste et éditorialiste française Christine Clerc – elle a notamment collaboré pour l’Express, le Point , le Figaro ou Marianne – fait partie de celle-là. C’est en tant que chrétienne “déçue, en colère et emplie de chagrin” qu’elle publie Le Pape, la femme et l’éléphant (Éd. Flammarion). Rencontre.
Dans votre ouvrage, vous évoquez la Belgique (les 475 cas de la commission Adriaenssens). Mais qu’en est-il en France ?
“47 prêtres ont été condamnés à la prison – certains à 18 ans de réclusion ! – pour des faits de pédophilie. Est-ce de la même ampleur qu’en Belgique ? Je ne peux pas le dire. Mais on constate que ces faits ont été trop longtemps couverts par l’Église elle-même…”
On a cette impression que l’Église est en décalage total avec la réalité du quotidien.
“Notre société est mauvaise ! Cette société qui fait la part belle à l’argent, à l’avidité, aux inégalités. Ça ne me gêne pas que l’Église soit en décalage avec cela… Par contre, je lui reproche de ne pas s’attaquer au vrai problème – celui de l’argent-Roi – et de faire une fixation sur la sexualité en allant s’immiscer à l’intérieur du couple.”
À cet égard, le pape Jean-Paul II laisse un lourd héritage…
“Il s’est livré à une véritable croisade contre l’avortement et la contraception. En même temps, il ne disait rien sur les scandales de pédophilie (déjà connus dans les années 90 en Autriche ou en Amérique latine). C’est contradictoire.”
Pourquoi ?
“Je ne peux pas comprendre que l’on se lance dans une croisade pour défendre le droit d’un enfant à naître mais qu’on ferme les yeux sur la pédophilie. C’est-à-dire sur des actes ignobles commis sur ces mêmes enfants…”
Notamment l’exemple de cette fillette brésilienne en 2009.
“À 9 ans, elle était enceinte de jumeaux après avoir été violée par son beau-père. Sa mère a décidé de la faire avorter pour lui sauver la vie. Résultat : la mère et le médecin qui a pratiqué l’avortement ont été excommuniés. Mais pas le violeur ! Comme si l’enfant qui est déjà né n’était plus important.”
Quelle attitude devrait avoir Benoît XVI face à la pédophilie ?
“Je pense qu’il a bien agi. Il a été très sévère en disant que le péché qui est venu de l’intérieur de l’Église est plus grave que toute autre persécution. Il a aussi estimé que les prêtres abuseurs devaient répondre de leurs actes devant la justice civile. Une première ! Il a remis les pendules à l’heure.”
Des victimes demandent plus d’actes concrets, comme l’indemnisation des victimes.
“Je ne vois pas pourquoi l’Église devrait y échapper.”
Quitte à la “ruiner”, comme certains le craignent ?
“Oui, bien sûr… Je ne vois pas pourquoi l’Église ne serait pas soumise à la loi commune.”
Quelle sera l’Église de demain ?
“Le Big Bang de la pédophilie est salutaire. Pour qu’elle se repense. Et pour qu’elle retrouve le message de l’Évangile.”
La Dernière Heure