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Maroc : « le discours royal n'a pas répondu à nos attentes »

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  • Maroc : « le discours royal n'a pas répondu à nos attentes »

    (De Rabat) Un nouvel appel à manifester au Maroc a été lancé pour dimanche 20 mars, le premier depuis le discours du roi Mohamed VI lançant un chantier de réforme constitutionnelle. Abdallah Aballagh, un étudiant en droit de 23 ans, est un des membres fondateurs du Mouvement 20 février, à l'origine des protestations. A la veille de la marche du 20 mars, ce membre d'Attac Maroc, d'origine Sahraouie, répond aux questions de Rue89.

    Comment vous sentez-vous à la veille de la marche du 20 mars ?

    Je suis serein et confiant, même s'il est difficile de savoir ce qu'il va se passer. Le scénario est inconnu. S'il y a une violence de l'Etat dimanche, personne ne peut savoir ce qui se passera.

    Nous ne pouvons pas prévoir cette réaction de l'Etat, c'est ça le problème au Maroc. Lors de son discours, le roi Mohamed VI a parlé de libertés individuelles, mais dans le même temps les autorités ont réprimé des sit-in les 9 et 13 mars, entre autres.

    Moi, je n'ai pas peur. S'il y a de la répression lors de la marche, nous serons forts. Avant la marche du 20 février, nous n'avions pas peur, mais nous craignions la réaction de l'Etat. Du coup, nous sommes arrivés très tôt. Il y avait alors une présence policière importante, mais ils sont partis par la suite.

    Ce matin [samedi, ndlr], j'ai été arrêté avec trois autres membres du mouvement alors que nous distribuions des tracts à Rabat, pour la manifestation de demain. Ils nous ont relâché après un peu moins d'une heure.

    Pourquoi appelez-vous à une deuxième marche le 20 mars ?

    Parce que le discours royal n'a pas répondu à nos attentes. Nos revendications n'ont pas changé depuis ce discours du 9 mars. Il n'aborde qu'une partie de l'aspect politique de nos revendications, et n'aborde pas l'aspect économique et social.

    Nous demandons des réformes qui luttent contre les inégalités sociales, des réformes qui s'attaquent au chômage, des réformes dans le domaine de l'éducation, de la santé. Il n'y a même pas de réelle santé publique au Maroc.

    De plus, même les propositions politiques du discours ne sont pas réellement une réponse aux revendications du mouvement. Le gouvernement actuel doit démissionner et le parlement doit être dissous.

    Quelle a été votre réaction au discours du 9 mars ?

    Le discours n'est pas une réponse aux demandes du mouvement. Le roi Mohamed VI n'a pas répondu à nos demandes dans ce discours. Ce discours est un point de départ avec des réformes démocratiques qui vont en parallèle avec nos demandes.

    Mais c'est mieux que rien. Il y a des éléments intéressants dans ce discours. De plus, nous n'avons aucune garantie que les promesses du discours vont se réaliser. La seule manière que nous avons d'obtenir des garanties aujourd'hui, c'est de maintenir la pression dans la rue avec notre mouvement.

    La majorité des membres du mouvement ne semblent pas satisfaits des réformes annoncées, qui sont pourtant considérables pour un pays comme le Maroc.

    Au sein du groupe, les avis divergent. Certains veulent se baser sur le discours pour avancer. D'autres veulent s'en tenir strictement aux demandes du mouvement, rédigées par les membres fondateurs avant la marche du 20 février, et publiéesFsur facebook, notamment. Les membres fondateurs ne veulent pas se baser sur le discours. Nous voulons continuer à réclamer des réformes.

    Quelles sont vos demandes aujourd'hui ? Comment allez-vous faire pour établir des revendications communes ?

    Nous n'avons pas d'idéologie précise dans ce mouvement, qui est composé de jeunes aux opinions politiques diverses. Nous avons demandé une réforme constitutionnelle mais nous n'avons pas d'objectif précis. Nous devons établir une méthode au sein du mouvement pour que les jeunes expriment clairement leurs revendications en ce qui concerne cette réforme de la constitution.

    Certains ne veulent rien entendre et se cramponnent à notre document fondateur.

    D'autres veulent se baser uniquement sur le discours royal. Ce sont des jeunes membres du mouvement, issus de partis comme l'USFP, des « robots manipulés ». Ce sont ceux-là principalement qui veulent abandonner notre document fondateur et se baser sur le discours.

    Il y beaucoup de choses qui ne sont pas claires dans ces réformes annoncées. En ce qui concerne la séparation des pouvoirs, comment donner le maximum au parlement et au gouvernement ? Il y a aussi l'article 19, qui ne sera pas modifié, et qui donne tous les pouvoirs au roi.

    N'est-ce pas une faiblesse majeure de ce mouvement, l'absence d'idéologie politique ?

    Au contraire, c'est une force, le fait de ne pas avoir d'idéologie. C'est ce qui nous a permis de nous rassembler : gauchistes, libéraux, islamistes… même si les revendications de notre mouvement sont plutôt libérales.

    Etes-vous pour une monarchie parlementaire avec une limitation des pouvoirs du roi ?

    Nous exprimer en faveur d'une monarchie parlementaire signifierait que nous avons une idéologie précise au sein du groupe. Nous voulons réunir tous les Marocains qui veulent le changement.

    Personnellement, je pencherais pour une réelle monarchie parlementaire. Mais je sais que ce rêve mettra beaucoup de temps à se réaliser, plusieurs années, peut-être même une ou deux décennies. Toutes les forces démocratiques de ce pays la réclament.

    Qui soutient votre mouvement aujourd'hui ?

    95 organisations nous soutiennent aujourd'hui. Des syndicats, des ONGS comme Attac et l'AMDH, ainsi que trois partis politiques : Annahj Democrati, le PADS et le PSU. Al Adl Wal Ihsane aussi nous soutient. Avant la marche du 20 février, nous étions soutenus par 20 organisations.

    La classe politique marocaine s'est clairement désolidarisée du mouvement avant la marche du 20 février. Quelle est la réaction des partis et du gouvernement à la veille de la marche du 20 mars ?

    Certains membres du gouvernement et des dirigeants politiques ont cherché à nous rencontrer ces derniers jours. Un grand nombre de militants du mouvement ne veulent pas rencontrer la classe dirigeante. Moi je pense que l'on doit les rencontrer. Ils existent, on doit discuter avec eux. Nous devons discuter avec eux et les rencontrer comme des citoyens marocains.

    Ne craignez-vous pas une récupération islamiste avec la participation de militants de Al Adl Wal Ihsane ?

    Pas du tout. Une grande partie des manifestants sont de Al Adl Wal Ihsane. Leurs dirigeants ne manifestent pas avec nous. Mais leurs militants vont descendre dans la rue. Nous sommes d'accord sur les objectifs à atteindre : la construction d'un Etat démocratique. Ensuite, chacun pourra présenter et défendre ses idées de façon démocratique.

    Par ILHEM RACHIDI
    Sur rue89
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  • #2
    Le roi a la chance de faire de vraies réformes, ça permettra de stabiliser le pays et de se concentrer sur l'économie au lieu de perdre beaucoup d'énergie en politique.

    Par contre s'il foire cette mission, j'imagine beaucoup de marocains qui seront déçus vont intégrer ce mouvement de 20 février et militer dedans, c'est la ou ça va se jouer au maroc dans les quelques mois a venir.

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