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Libye. Les discussions à l'Otan tournent à l'orage

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  • Libye. Les discussions à l'Otan tournent à l'orage

    Ce lundi, de nouveaux raids aériens, menés par la coalition internationale sous le nom « Aube de l’Odyssée », devraient être menés en Libye, contre des lignes de ravitaillement. Objectif affiché : soutenir les forces rebelles hostiles à Kadhafi et protéger les populations civiles, prises au piège dans ce qui commence à ressembler à une guerre civile.

    L'orage, qui menaçait depuis des jours au sein de l'Otan, a fini par éclater lundi, la France refusant que l'alliance remplace la coalition internationale en Libye et la Turquie rejetant l'idée de lui donner carte blanche pour imposer une zone d'exclusion aérienne.

    Au cours d'une réunion, les ambassadeurs d'une majorité des 28 pays membres ont confirmé leur souhait que l'alliance relaie au plus tôt la coalition qui a lancé la campagne de bombardements samedi, selon les diplomates.

    «L'OTAN jouera un rôle» dans la nouvelle phase militaire en Libye, a déclaré lundi le président américain Barack Obama à Santiago du Chili, ajoutant que cette nouvelle phase interviendrait dans un délai «de jours, non de semaines».

    Ambiguïtés dans les pays arabes, divergences d'intérêt et division sur le rôle de l'OTAN, les premiers craquements sont apparus lundi dans la coalition militaire contre le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, fermement menée par Washington, Paris et Londres.

    Critiques et revirements se multiplient depuis les premières frappes de la coalition montée ad hoc lors d'un sommet samedi à Paris, que certains jugent à la limite de ce que permet la résolution 1973 de l'ONU.

    La Norvège, qui a dépêché six F-16 en Méditerranée, a suspendu lundi sa participation à des clarifications sur le commandement qui n'est toujours pas unifié, alors que plusieurs pays poussent pour que l'opération passe sous le giron de l'OTAN.

    Au-delà, l'Italie, qui a accepté de mettre à la disposition de la coalition huit avions Tornado, a averti qu'elle allait «vérifier soigneusement que toutes les actions entreprises étaient conformes aux objectifs de la résolution» de l'ONU, selon son ministre des Affaires étrangères, Franco Frattini.

    L'Allemagne, qui s'est abstenue jeudi de voter la résolution 1973 du Conseil de sécurité avant d'apporter samedi un soutien - sans participation - à l'opération militaire, a finalement estimé lundi qu'il y avait «des risques».

    Berlin et Rome reprochent à la coalition d'avoir bombardé des cibles au sol (défenses antiaériennes et blindés) sans se limiter à la seule instauration d'une zone d'exclusion aérienne, notent les analystes.

    Ces pays suivent plus ou moins explicitement l'argumentation de la Ligue arabe qui, dimanche, avait critiqué ouvertement les bombardements : les frappes s'écartent «du but qui est d'imposer une zone d'exclusion aérienne», avait déclaré son secrétaire général, Amr Moussa.

    Ce dernier est revenu lundi à une position plus consensuelle mais ces revirements illustrent la «position schizophrénique» des États arabes, analyse Jean-Pierre Maulny, de l'Institut des relations internationales et stratégiques (Iris).

    Les Occidentaux se sont targués d'une participation arabe à cette coalition. Mais jusqu'à présent seul le Qatar s'est engagé. Les Émirats arabes unis ont finalement annoncé que leur rôle se bornerait à une «aide humanitaire».

    «Pas mal de pays sont partagés entre l'impératif de politique intérieure et extérieure : la Ligue arabe comprend que Kadhafi est un problème et souhaite qu'il parte et en même temps il y a toujours la crainte qu'une intervention occidentale ne soit mal perçue par l'opinion publique», poursuit M. Maulny.

    Tout se joue autour de la définition de la «zone d'exclusion aérienne».

    La résolution 1973 autorise «toutes les mesures nécessaires» pour protéger les civils, y compris des frappes aériennes, et prévoit une zone d'exclusion aérienne pour empêcher l'aviation du colonel Kadhafi de pilonner ses opposants.

    «France, Grande-Bretagne et États-Unis n'ont jamais caché que techniquement une no-fly zone ne peut fonctionner que si on détruit les batteries antiaériennes au sol et les centres de commandement», souligne Denis Bauchard de l'Institut français des relations internationales (Ifri). «Mais la Ligue arabe joue sur une ambiguïté» en avançant qu'elle pensait à des opérations de «brouillage», poursuit-il.

    Quant à l'Union africaine (UA), attendue samedi au sommet de Paris, elle a finalement fait faux bond en organisant une réunion à part. À Nouakchott, le comité de l'UA sur la Libye a appelé dimanche à «la cessation immédiate de toutes les hostilités» dans ce pays.

    Cette position en retrait s'explique par les liens étroits entretenus pendant des années par Mouammar Kadhafi avec les pays africains.

    Il «a financé toutes les révolutions, a dilapidé l'argent de son pays en soutien des régimes africains, cherchant à fédérer autour de lui, à se voir reconnu comme le grand roi de l'Afrique» et de son organisation, selon Antoine Basbous, de l'Observatoire des pays arabes.

    Cyberpresse
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