Alertés par l'interdiction, en janvier, d'un débat sur la politique d'Israël vis-à-vis de la Palestine, qui devait se tenir à l'École normale supérieure (Paris), plus de 160 universitaires et intellectuels du monde entier, emmenés par Judith Butler (Berkeley), Michael Harris (Paris-Diderot), Natalie Zemon Davis (Toronto) et Joan Wallach Scott (Princeton), adressent une pétition à sa directrice, pour lui demander «de revenir sur sa décision et de restaurer la liberté universitaire».
Nous les signataires, qui enseignons dans des universités aux États-Unis, en Grande-Bretagne et au Canada, qui pour beaucoup entretenons de longue date des liens avec la France, et qui admirons depuis longtemps le rôle historique de l'École normale supérieure dans la vie intellectuelle et critique de ce pays, ressentons un trouble profond devant les événements qui viennent d'avoir lieu à l'École. Les décisions de sa directrice, Monique Canto-Sperber, qui a d'abord interdit un débat avec Stéphane Hessel, avant de refuser au Collectif Palestine ENS l'autorisation de tenir une réunion dans l'établissement, marquent un déni de ces droits que sont la liberté d'expression et la liberté de réunion. Stéphane Hessel, âgé de 93 ans, est un ancien élève de l'École; combattant de la France libre, survivant de Buchenwald, il fut l'un des auteurs de la Déclaration universelle des droits de l'homme. Dans son best-seller récent, Indignez-vous, traduit en anglais sous le titre Time for Outrage, il critique (entre autres choses) le traitement des Palestiniens par Israël. L'argumentation de Madame la Directrice et du Conseil d'État, selon laquelle ces réunions constituent une menace pour l'ordre public, ou bien outrepassent la responsabilité de l'ENS de garantir à l'ensemble de ses élèves le droit à la liberté d'expression et de réunion, n'emporte pas notre conviction.
La décision de Madame la Directrice fait exception à la tolérance habituelle de l'École en matière d'activités politiques d'élèves, et c'est une exception qui, en se répétant, vise à réduire au silence l'une des parties dans un débat bien nécessaire sur le conflit israélo-palestinien. Nous estimons que la décision de Madame la Directrice contredit une longue histoire de liberté d'expression politique à l'ENS, telle que la décrit sa propre publicité: «Depuis des décennies, l'École est le lieu le plus prestigieux de la vie intellectuelle et scientifique française. Elle a participé à tous les grands débats intellectuels de la France moderne, depuis l'affaire Dreyfus jusqu'aux mouvements des années 1930, depuis la fondation des sciences humaines jusqu'aux mouvements d'avant-garde des années 1970.»
Nous demandons à Madame la Directrice de revenir sur sa décision, et de restaurer la liberté universitaire, pratique associée depuis longtemps à cette institution prestigieuse.
Mediapart
Nous les signataires, qui enseignons dans des universités aux États-Unis, en Grande-Bretagne et au Canada, qui pour beaucoup entretenons de longue date des liens avec la France, et qui admirons depuis longtemps le rôle historique de l'École normale supérieure dans la vie intellectuelle et critique de ce pays, ressentons un trouble profond devant les événements qui viennent d'avoir lieu à l'École. Les décisions de sa directrice, Monique Canto-Sperber, qui a d'abord interdit un débat avec Stéphane Hessel, avant de refuser au Collectif Palestine ENS l'autorisation de tenir une réunion dans l'établissement, marquent un déni de ces droits que sont la liberté d'expression et la liberté de réunion. Stéphane Hessel, âgé de 93 ans, est un ancien élève de l'École; combattant de la France libre, survivant de Buchenwald, il fut l'un des auteurs de la Déclaration universelle des droits de l'homme. Dans son best-seller récent, Indignez-vous, traduit en anglais sous le titre Time for Outrage, il critique (entre autres choses) le traitement des Palestiniens par Israël. L'argumentation de Madame la Directrice et du Conseil d'État, selon laquelle ces réunions constituent une menace pour l'ordre public, ou bien outrepassent la responsabilité de l'ENS de garantir à l'ensemble de ses élèves le droit à la liberté d'expression et de réunion, n'emporte pas notre conviction.
La décision de Madame la Directrice fait exception à la tolérance habituelle de l'École en matière d'activités politiques d'élèves, et c'est une exception qui, en se répétant, vise à réduire au silence l'une des parties dans un débat bien nécessaire sur le conflit israélo-palestinien. Nous estimons que la décision de Madame la Directrice contredit une longue histoire de liberté d'expression politique à l'ENS, telle que la décrit sa propre publicité: «Depuis des décennies, l'École est le lieu le plus prestigieux de la vie intellectuelle et scientifique française. Elle a participé à tous les grands débats intellectuels de la France moderne, depuis l'affaire Dreyfus jusqu'aux mouvements des années 1930, depuis la fondation des sciences humaines jusqu'aux mouvements d'avant-garde des années 1970.»
Nous demandons à Madame la Directrice de revenir sur sa décision, et de restaurer la liberté universitaire, pratique associée depuis longtemps à cette institution prestigieuse.
Mediapart
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