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Yahia Boulenouar : «L’Etat est impuissant face aux barons de l’importation»

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  • Yahia Boulenouar : «L’Etat est impuissant face aux barons de l’importation»

    Yahia Boulenouar* à InfoSoir : «L’Etat est impuissant face aux barons de l’importation»



    Anomalie n Au mépris des lois en vigueur, le commerce informel se développe d’année en année. Et le gouvernement semble impuissant face à une telle expansion.
    InfoSoir : Le commerce informel connaît une grande expansion à travers le pays et les commerçants exerçant dans la légalité s’en plaignent. Quelle est la position de l’Ugcaa quant à l’attitude des pouvoirs publics ?
    Y. Boulenouar : Le gouvernement a failli à ses engagements. Après de longues années de léthargie, il est aujourd’hui quasi impossible de lutter contre un fléau qui menace de ruiner notre économie. Certains estiment que les pouvoirs publics ont décidé de fermer les yeux pour calmer le front social, mais la réalité est autre. La vérité est que le gouvernement est devenu impuissant face aux barons de l’importation et de distribution de toutes sortes de produits, y compris des produits avariés, dans le circuit informel. Je me demande à quoi sert un gouvernement qui ne peut faire appliquer ses propres lois ! L’exemple des pétards est le plus éloquent. Une loi interdisant l’importation et la commercialisation existe bel et bien, mais la quantité importée augmente d’année en année. La décision d’obligation de chèque dans toute transaction équivalente ou supérieure à 500 000 DA, qui devait entrer en vigueur à partir du 1er avril, a été renvoyée aux calendes grecques. L’Ugcaa appelle à des décisions courageuses qui imposent l’autorité de l’Etat pour protéger notre économie.
    Mais les vendeurs à la sauvette disent avoir le droit d’exercer une activité commerciale pour gagner leur vie. Et les citoyens y trouvent leur compte au vu des prix appliqués…
    C’est au gouvernement d’organiser l’activité commerciale, conformément aux lois en vigueur. Notre pays est devenu un bazar à ciel ouvert. Il est vrai que les consommateurs estiment que cela les arrange, mais ils doivent savoir que les produits achetés à moindre prix sont, soit contrefaits, soit avariés. On entend quotidiennement dire que les services de sécurité ont saisi de grandes quantités de produits alimentaires et tout cela se fait dans le réseau informel. Voilà le danger. En 2010, 50 000 tonnes de produits périmés ont été saisies et l’Algérien consomme 1,5 kg de ces produits par an ! Le gouvernement a une vision très courte, car à long terme l’activité informelle aura des conséquences désastreuses sur toute notre économie.

    L’Algérie se dirige donc vers une économie informelle…
    Effectivement. Aujourd’hui, une partie des producteurs préfère travailler avec le marché informel pour échapper aux impôts et autres formalités administratives. Les demandes de création d’entreprises par les chômeurs vont aussi dans ce sens. En effet, huit dossiers sur dix concernent la création d’entreprises d’importation ! Même les investisseurs étrangers ont peur de cette situation, car ils sont face à un gouvernement qui fait marche arrière quant à l’application des lois. Ils perdent automatiquement confiance en notre pays…

    Propos recueillis par A. H.

  • #2
    Issad Rebrab, PDG de Cevital :"L’Etat a malheureusement reculé face à l’informel"
    27 Mars 2011

    Issad Rebrab: grossistes et détaillants sont prêts à revenir au formel avec des garanties



    Le "marché noir à la paix" en Algérie a écrit un grand journal du soir français. Dans son fameux Conseil des ministres de février, le gouvernement a en effet décidé de surseoir à la lutte contre l’informel dans un souci d’apaisement. La lutte contre l'informel est renvoyée à plus tard. Pour le patron de Cevital, Issad Rebrab, l’Etat a envoyé un mauvais signal alors que beaucoup d’acteurs de l’informel étaient prêts à se remettre dans le circuit légal en contrepartie de l’assurance d’une marge bénéficiaire. Entretien


    Depuis les émeutes de janvier dernier, le commerce informel semble être revenu en force. Quel est votre constat sur le terrain ?
    Il faut tout d’abord revenir sur ces événements là pour préciser leur origine. Comme je l’ai déjà dit, il n y a pas eu d’augmentation des prix du sucre et du l’huile de la part des producteurs et importateurs. Ce sont les détaillants qui ont augmenté leurs prix de plus de 60%. Cela était dû à l’arrêt d’activité d’un grand nombre de grossistes qui ont fermé leurs entrepôts à la suite d’un contrôle des services des prix et de la gendarmerie. Nous par contre, nous avions du surstock. Beaucoup de gens ont interprété que les émeutes étaient dues à l’augmentation des prix de ces deux produits. La réalité est autre à mon avis. C’étaient en fait des jeunes entre 14 et 25 ans qui ne connaissaient même pas les prix de ces produits. Je pense qu’il y a eu manipulation.

    Est-ce que vous penser que l’informel a été conforté après ces événements ? A-t-il remporté une bataille contre les pouvoirs publics ?
    Malheureusement l’Etat a reculé. Nous sommes très proches des distributeurs et je peux vous assurer qu’ils étaient prêts à revenir dans le formel pour peu qu’on leurs garantissent une certaine marge bénéficiaire et que l’Etat ferme les yeux sur leur passifs avec l’administration fiscale. Aujourd’hui, les grossistes et les détaillants sont toujours prêts à revenir au formel à condition qu’ils aient des garanties.

    Où est le problème ? Est-ce l’Etat qui n’arrive pas à appliquer ses propres règles ? Ou bien ce sont ces règles qui ne sont pas adaptées ?
    Des solutions existent. L’Etat doit tout d’abord habituer les gens à travailler dans le formel, cela concerne surtout les circuits commerciaux. Il faut tout simplement se concerter avec ceux qui travaillent sur le terrain et arrêter de prendre des décisions derrière des bureaux. Ils ne connaissent pas la réalité du terrain. En l’absence d’un débat libre et d’une concertation sérieuse avec tous les acteurs économiques, l’Etat ne pourra pas appliquer ses propres règles du jeu. Nous ne cessons pas de répéter ce discours mais le gouvernement ne prend pas notre expertise au sérieux. C’est un dialogue de sourds.

    Propos recueillis par Salim Hairouz
    Maghreb Emergent

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    • #3
      Un conflit pour un commerce informel dégénère. Nuit de révolte à Sidi-M’hamed

      liberte-************

      27 03 2011
      L’assouplissement des mesures dans la gestion de l’informel par les pouvoirs publics, depuis la révolte des jeunes en janvier dernier, dévoile sa face cachée. Celle d’une perte de tout contrôle. Le cas récent de la rue Mohamed-Zekkal est on ne peut plus clair.


      Hier, cette rue qui relie le quartier du 1er-Mai à El-Madania était calme. Les services de la commune et de NetCom ont effacé les traces des échauffourées ayant opposé les habitants aux forces de l’ordre.
      Ces dernières ont éclaté en début de soirée de vendredi pour se prolonger jusqu’à une heure tardive avec la fermeture à la circulation de la rue au niveau du talus Harcha par des manifestants.
      Bien qu’aucun bilan n’ait été rendu officiel, on parle tout de même de plusieurs blessés parmi les manifestants et les policiers. Le calme est, semble-t-il, précaire si l’on se réfère aux déclarations d’un riverain faisant allusion à la reprise de l’émeute “si la revendication principale n’est pas exaucée”. Celle-ci a commencé mardi dernier, quand un jeune homme, accompagné d’un voisin, demande à voir le P/APC de Sidi-M’hamed. Il réclame à ce dernier “une autorisation de construire sur la voie publique un petit local commercial”. Il essuie un refus catégorique de la part du maire. “Je vais quand même le construire”, insiste le citoyen, arguant qu’il n’a pas d’autre ressource pour subvenir aux besoins de sa famille. Le niet est maintenu. “Non content de la réponse réservée à sa demande jugée illégale, il déverse sur moi un flot d’injures alors que son voisin qui l’accompagnait s’en est pris physiquement au SG et à un agent de sécurité”, explique Mokhtar Bourouina, ajoutant qu’“une plainte a été déposée tout de suite après les faits auprès des services de police compétents”. Cependant, et au moment où l’APC s’attendait, selon le maire, à une première mesure conservatoire concernant cette agression, “le mis en cause s’est mis à la besogne jeudi pour ériger une construction illicite en parpaing. Les services de la commune et les forces de l’ordre l’empêchent, déclenchant une série de réactions chez le protestataire. Ce dernier menace vendredi dans la matinée de faire exploser une bouteille de butane sur la terrasse de l’immeuble où il habite avec ses parents. Il tente aussi de bloquer la rue Zekkal. Mais, c’est en début de soirée du même jour qu’il revient à la charge avec des voisins et des habitants de la cité Mahieddine, quartier qui surplombe la rue Zekkal. Ils ferment la rue avec des barricades. Les forces antiémeutes interviennent en même temps que des négociations reprennent avec les contestataires. Vers minuit, les choses sont rentrées dans l’ordre, mais nous déplorons le fait que l’agresseur d’un élu, d’un commis de l’État et d’un agent de la commune soit toujours en liberté”, dira le maire désolé. L’on saura dans la foulée que le contestataire a menacé de revenir à la charge dimanche, si aucune proposition ne lui est faite, entre autres celle de placer une tente sur le trottoir. Ce qui repose, une fois de plus, la problématique suscitée par le projet du code communal, particulièrement en matière de protection du P/APC. L’on constate, en effet, ces dernières années que les collectivités locales sont livrées à elles-mêmes lors de protestations liées au logement et au marché informel. “Dans notre commune, nous avons eu à intervenir à deux reprises pour empêcher le retour du marché informel sur la piétonnière Ferhat-Boussad (ex-Meissonnier) et l’érection de constructions illicites au niveau de la cité Mahieddine. Les négociations menées avec l’association et les sages de ce quartier populaire ont porté leurs fruits. C’est dire que nous assumons notre rôle d’élus. Mais quand on constate qu’il nous arrive de nous retrouver seuls face à des situations nécessitant le concours incontournable des instances, cela nous contrarie fortement”, confie Mokhtar Bourouina. Voilà qui ouvre une brèche sur la question de la prise en charge de l’informel depuis les émeutes de janvier.
      À défaut donc de trouver la solution pour maîtriser ce volet par la création d’emplois en ouvrant l’investissement particulièrement au privé, on sursoit à la lutte contre le marché mené depuis des années. À l’instar du volet relogement qui avance bien malgré les aléas, le dossier de l’informel devrait être géré par la mise en place d’une vraie politique et non d’un traitement à coups de bouche-trous

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