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Servives publics et enjeux écologiques

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  • Servives publics et enjeux écologiques

    Retrouver le sens du Bien commun, se réapproprier les biens communs et les services collectifs, sont des manières d’opposer la coopération à la concurrence, la solidarité à la domination des humains et de la nature, des voies pour conjuguer justice et liberté, pour promouvoir l’usage des richesses au lieu de leur destruction dans la consommation privative ; en un mot ce sont des chemins pour Bien vivre.

    PAR GENEVIÈVE AZAM*

    La crise actuelle témoigne de l’effondrement d’un système, qui, en se globalisant, se heurte aux limites physiques de la terre et ne peut poursuivre son expansion qu’au prix d’une accélération de la ponction sur les biens naturels et sur les activités humaines, au prix d’une concurrence accrue pour la captation de l’ensemble des ressources. Toutefois, la globalisation ne signifie pas seulement l’extension géographique du capitalisme. Elle procède également de son approfondissement par une expropriation sans précédent des ressources communes, humaines, sociales et matérielles, et par leur transformation en marchandises. La nature et la société, dans leurs ressorts les plus profonds, dans leur capacité de reproduction et de création, sont absorbées dans la sphère économique de la valorisation marchande. Le travail, la biodiversité, l’atmosphère, la connaissance tendent à devenir des marchandises comme les autres, soumises à la loi de la concurrence et du profit. Partout, les services publics sont démantelés, les systèmes de protection sociale défaits et les biens communs naturels accaparés par quelques transnationales qui entendent contrôler les capacités de reproduction de la vie sur la planète, la santé et l’alimentation. La propriété privée est exaltée au nom de son efficacité à gérer des ressources rares», l’individu est renvoyé à luimême et à son «mérite» pour assurer sa vie personnelle et sociale, la solidarité est opposée à la liberté. Le bilan parle de lui-même : approfondissement des inégalités, souffrance sociale, dégradation parfois irréversible des ressources naturelles, crise démocratique.


    SE RÉAPPROPPRIER LES BIENS COMMUNS SOCIAUX

    Face à la crise écologique, les services publics, pour le transport, le logement, la gestion du foncier, la santé, l’énergie, l’eau, sont les moyens essentiels pour permettre une transition qui assure la justice sociale, la soutenabilité écologique et le débat démocratique. Toutefois, ces services publics ne peuvent être conçus comme simples transferts de propriété et comme soutiens des politiques de croissance économique. Le caractère public des services ou des biens ne saurait en effet suffire à définir les choix sociaux. La crise écologique et les exigences du vivre ensemble sur une planète finie, exigent une reconversion de certaines activités et une diminution forte de l’empreinte écologique, une sortie du modèle de croissance, qui, sur une Terre finie, ne peut se poursuivre que par l’expropriation du plus grand nombre au profit de quelques-uns. Les services publics sont des moyens de réduire les consommations privées au profit de consommations collectives plus justes et moins prédatrices, de s’échapper de la prison du productivisme et de l’enchaînement aux besoins d’expansion du capital, de s’affranchir du temps économique et de la vitesse pour retrouver le temps social et le temps biologique. Alors que la globalisation a dévitalisé les territoires, les services publics sont un moyen irremplaçable pour relocaliser les activités. Leur affaiblissement et la disparition de services publics de proximité appauvrissent les régions rurales et les périphéries urbaines, renforçant le double mouvement de polarisation des activités dans certaines zones et de désertification ou d’abandon pour le reste. Le caractère public ne suffit pas non plus à assurer une gestion démocratique et une véritable communalisation des conditions de vie et de travail. Soustraire des productions à l’emprise du marché ne peut se limiter à les remettre aux mains d’un État supposé neutre et redistributeur : c’est un moyen de soumettre ces productions au choix démocratique de la société, de mettre en discussion les choix productivistes, étatiques ou privés. De même la crise écologique enseigne que les systèmes de protection sociale, construits depuis plus d’un siècle et fondés sur la solidarité entre les personnes, sont des remparts face à une fuite en avant qui précarise les personnes et les rend dépendantes d’une accumulation privée de biens censés les protéger. Ils ne peuvent être financés que par une nouvelle répartition des richesses, qui, en réduisant les revenus des plus riches, réduirait l’empreinte écologique d’une surconsommation devenue modèle et condition du bien-être.


    RÉCUPÉRER LES BIENS COMMUNS NATURELS

    L’accaparement de la vie sociale et la privatisation des personnes s’accompagnent de l’expropriation des biens communs naturels : l’eau, la terre, les forêts, l’air, les ressources halieutiques, le vivant, la biodiversité. Le développement des bioindustries se fonde sur l’expropriation des «ressources» biologiques et des populations qui les entretiennent, sur la captation des savoirs communs transformés en «droits de propriété intellectuelle». La crise écologique et l’épuisement des ressources non-renouvelables sont devenus de nouvelles opportunités pour liquider ce qui reste des biens communs naturels et engager un processus de privatisation sans précédent, car désormais la biodiversité et l’atmosphère se trouvent dans le processus de marchandisation et de gestion économique. Face à ce mouvement de privatisation, qui accélère la dégradation légale des ressources, de multiples mouvements sociaux réaffirment la nécessité d’une réappropriation démocratique des biens communs, afin de les maintenir, d’en assurer le renouvellement, d’en permettre l’usage selon des règles collectivement choisies : c’est le cas notamment de la gestion municipale ou communautaire de l’eau, de la production et de l’usage des semences paysannes, de la gestion collective du foncier, de la production d’énergies renouvelables. Ces initiatives sont souvent issues de mouvements de base autoorganisés qui oeuvrent pour la reconnaissance et la préservation des ressources communes, y compris en faisant appel à des lois et des décisions de justice. Fondées sur la mise en avant de l’usage et de l’entretien du bien au lieu d’une propriété-acquisition, sur des règles collectivement élaborées, elles dessinent de nouvelles relations de solidarité entre les humains et avec la nature, au lieu des rapports de domination et d’expropriation.

    Geneviève Azam est membre du conseil scientifique d’Attac


    La Revue du Projet
    Dernière modification par Gandhi, 28 mars 2011, 16h13.
    Rebbi yerrahmek ya djamel.
    "Tu es, donc je suis"
    Satish Kumar; "Tout est lié, c'est le don qui est le lien naturel entre tout".

  • #2
    à bientôt...

    mais pas trop ni peu...


    Salam, merci...
    ...Rester Humain pour le devenir de l'Homme... K.H.R.

    Commentaire

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