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La Libye sera-t-elle coupée en deux ?

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  • La Libye sera-t-elle coupée en deux ?

    L’OTAN s’enlise en Libye où ni solution militaire ni politique ne semblent se dégager. Mais est-ce vraiment une situation qui dérange les calculs de l’Occident ?

    Fait remarquable, la majorité des acteurs présents à la réunion de Londres sur la Libye, ce mardi, a insisté sur la nécessité du départ du dirigeant libyen Mouaâmar Kadhafi et sur le fait qu’il quitte le pays vers une destination qui risque de s’avérer rapidement bien plus clémente pour lui. Mais, ce qui se passe sur le terrain des confrontations entre les rebelles soutenus par l’OTAN et sa puissance de frappe aérienne et les forces gouvernementales fidèles à Kadhafi démontre exactement le contraire.

    En réalité, la position de l’Otan quant à ce qui se déroule sur le front libyen est entourée de beaucoup de zones d’ombre et dans la majorité des cas, la situation n’est couverte médiatiquement que par un unique son de cloche, tant la communication officielle libyenne est faible et surtout proche d’une propagande archaïque sans efficacité ni précision aucunes.

    Quotidiennement, des avions de l’Alliance atlantique effectuent des raids contre des cibles et des sites officiels libyens ; certains ont visé la ville de Sebha au Sud, d’autres ont eu pour cible la ville de Tripoli où des explosions ont été rapportées, et il reste difficile de connaître la nature de ces cibles ou si ces attaques ont effectivement fait des victimes civiles, comme le prétend, toujours sans grandes précisions, la télévision d’Etat libyenne.

    Des agences de presse occidentales ont rapporté, lundi, que les forces de Kadhafi ont réinvesti la ville de Benjouad et que d’autres zones périphériques sont, en revanche, tombées entre les mains des insurgés après leur assaut lancé dimanche. Ce qui signifie que les troupes de Kadhafi continuent de défendre les positions acquises dans la ville de Mesrata et que nous sommes en fait face à une lutte sanglante et acharnée et que la fin n’est pas si proche que cela comme le pensent certaines parties optimistes quant à une chute proche et rapide du leader libyen.

    C’est peut-être cette raison, entendre la poursuite des combats et avec une ardeur redoublée par les troupes de Kadhafi, qui explique pourquoi le président américain Barack Obama a tenu à souligner que c’était une erreur que de chercher à faire tomber le régime de Kadhafi par les armes et que les Etats-Unis ne comptaient pas envoyer des troupes au sol pour réaliser pareil objectif.

    Certes, la résolution du Conseil de sécurité des Nations unies ne donne pas un mandat franc à l’Otan pour faire tomber le régime libyen et agir dans le sens du départ forcé de Kadhafi, mais il n’est plus un secret que l’Otan a pris fait et cause pour les insurgés et que cela contribue à donner à leur mission l’objectif que peu de dirigeants occidentaux admettent dans sa véritable nature et finalité. Au contraire, on constate que tous les efforts sont consentis dans ce sens, d’autant que les capitales occidentales se relayent désormais à reconnaître le Conseil national de transition, basé à Benghazi en tant que représentant du peuple libyen, arguant dans ce sens que Mouaâmar Kadhafi a perdu sa légitimité.

    On en veut pour preuve l’établissement, dès à présent, de relations diplomatiques avec le CNT et l’ouverture de représentations diplomatiques ainsi que l’envoi d’émissaires en nombre à Benghazi.
    Il est à remarquer aussi que 43 jours après le déclenchement de la révolte populaire en Libye, la capitale Tripoli continue d’être tenue par la poigne de fer du colonel Kadhafi et de ses troupes, en sus d’autres villes d’importance comme Zawya, Sebha, Syrte et Jabel Gharbi, tout comme il est donné de constater que l’on n’a toujours pas entendu parler de scission ou de cassure au sein du clan Kadhafi ou de ralliement d’une partie de ses troupes à la révolution comme ce fut le cas au début de cette révolte libyenne ou comme cela se passe encore au Yémen de Ali Abdallah Salah.

    En fait, depuis la scission faite par des personnalités libyennes, à l’instar de Mustapha Abdeljalil, ancien ministre de la Justice et actuel président du Conseil national de transition, ainsi que de Abdelfattah Younes, ancien ministre de l’Intérieur et de plusieurs ambassadeurs, dont l’ancien ministre des Affaires étrangères Abderrahmane Chalkam, aucune haute personnalité n’a, depuis, consenti à prendre ses distances avec le régime, y compris un certain Abdelaati Abidi, de la tribu des Aabidat et qui a son importance à l’Est du pays, ou encore Mohamed Zawi, Moussa Koussa, Abdelmadjid Al Kaoud, Abdelfattah Ghanem Abdesselamn Al Triki, Al Baghdadi Al Mahmoudi et d’autres ministres, anciens ou actuels du régime libyen.

    Selon certaines sources, ces personnalités seraient emprisonnées à Tripoli et empêchées de tout contact avec l’étranger ou avec la rébellion de Benghazi, mais une bonne partie d’entre elles étaient parvenues à quitter la Libye dans le cadre de leurs missions et sont toutes revenues à Tripoli sans la moindre déclaration hostile à Kadhafi ou tentative de scission comme cela leur aurait été possible une fois loin de la Libye.
    Se posent alors beaucoup de questions sur la réalité de la situation en Libye et afin de pouvoir se faire une idée précise de ce qui se passe dans ce pays, à l’ombre d’un flux extraordinaire d’informations toutes aussi confuses, imprécises et parfois contradictoires que nous diffusent les médias occidentaux et qui créent pour les lecteurs et les téléspectateurs une impossibilité de lire les événements et, pour certains, une saturation stérile qui les obligent à s’en détourner.

    Mouaâmar Kadhafi ne quittera pas le pouvoir avec la facilité et la rapidité annoncées, du moins comme souhaité par ses adversaires, même si de toute façon il n’a plus d’alliés et que les avions de l’Otan n’auront, dans quelques jours encore, plus aucune cible à pourchasser tant les moyens de l’armée libyenne sont limités. Ce qui autorise à dire que si Kadhafi résiste encore au traitement de choc que l’Otan a expérimenté jusque-là, cela implique que sa chute par la force ne peut avoir lieu qu’à travers l’envoi de troupe régulières terrestres occidentales. D’autant que l’option de l’armement, de l’entraînement et de l’organisation des unités des rebelles libyens risque de prendre beaucoup de temps avant que celles-ci n’accèdent au niveau de combativité requis pour la guerre qui est en cours en Libye.

    Et comme l’Otan, handicapée par le retrait américain, hésite à envoyer ses troupes au sol, alors tout indique que nous sommes devant une guerre sanglante partie pour durer de longs mois encore, voire des années, alors que le plus grand danger qui guette la Libye dans cette veine tourne autour de la partition du pays, entre l’Est et l’Ouest. On aura alors deux Libye, l’une ayant pour capitale Benghazi, regorgeant de réserves pétrolières et l’autres, dirigée par Tripoli, pauvre, cernée et rejetée à l’échelle internationale, exactement comme cela s’est produit pour la Corée du Nord.

    Si l’Occident veut la démocratie pour une Libye unifiée, alors cet objectif est encore loin devant et il sera plus coûteux que celui-ci ne semble pouvoir se permettre. S’il ne s’agit pour lui que de disposer du pétrole libyen après l’avoir confisqué à Kadhafi, voilà une réalisation qui est presque à portée de main.
    Il suffit pour cela de ne pas armer les rebelles ou d’envoyer ses propres troupes pour renverser Kadhafi, mais de se borner à le mettre au ban de la communauté internationale. Cette fois, sans pétrole, c’est certain, il pourrira lentement, mais sûrement.

    Par Nabil Benali
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