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Libye : les contradictions d'une intervention en urgence

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    Libye : les contradictions d'une intervention en urgence


    Maurice Szafran - Marianne

    Comme l'intervention en Libye devait se faire rapidement, elle a été, pour Maurice Szafran, mal préparée, ce qui se paye aujourd'hui. Et même si chacun soutient encore Nicolas Sarkozy, les clivages ne tarderont pas à réapparaître.







    Il fallait gagner vite. Il fallait éviter que les combats au sol - sans aucun soldat étranger (occidental et arabe) - tournent à l'avantage des troupes de Kadhafi. Il fallait, d'une manière ou d'une autre, se débarrasser du dictateur aussi fou que criminel. Il fallait... Il fallait tant de choses! Et voilà, après quelques semaines, que cette guerre de Libye apparaît autrement plus ardue que nos gouvernants et stratèges l'avaient conçue.

    D'ailleurs l'avaient-ils seulement conçue ?

    Revenons un instant en arrière : appuyés sur un concept en réalité inédit - se porter au secours d'un peuple en danger, substantiellement diffèrent du si contesté droit d'ingérence (même Rony Brauman l'admet, c'est dire...) - Nicolas Sarkozy et le Premier ministre britannique, David Cameron, savaient que le temps jouait contre eux. Convaincre le président américain Obama ; obtenir la neutralité de Pékin et de Moscou ; éviter que l'Allemande Angela Merkel réunisse autour d'elle d'éventuels opposants. Il était donc indispensable d'emballer la machine diplomatico-militaire, quelles que soient les zones d'ombre, les impensés, les approximations, bref, en assumant une bonne part de non-préparation et de non-dits.

    Que savions-nous de l'état des troupes kadhafistes ?

    Que savions-nous de la nature exacte de leurs armements ?

    Que savions-nous d'éventuelles divisions et contradictions au sein du pouvoir kadhafiste ?

    Que savions-nous de la nature politique de la révolution libyenne, de sa ligne politique, d'éventuelles connections avec Al-Qaïda au Maghreb ?

    Et ne savions-nous pas pertinemment que gagner une guerre sans intervention au sol relève au mieux de l'illusion, au pire de la tromperie ?

    Problème: sans cette garantie absolue de non-intervention au sol, Sarkozy et Cameron n'auraient jamais obtenu le moindre accord, notamment avec Barack Obama. De la bonne politique sans doute, mais apparemment contradictoire, et chaque jour davantage, avec la réalité militaire. Et à la guerre, ce qui compte, ce qui pèse, ce qui s'avère décisif...

    Rarement guerre n'a été aussi idéologique, ou plus précisément encore, jamais guerre n'a autant dépendu du consensus idéologique, en France notamment. Car, pour l'heure, l'unité se maintient et les clivages habituels n'ont toujours pas ressurgi. De Copé à Mélenchon, en passant par Bayrou et Aubry, chacun soutient à sa façon, à plus ou moins haute voix, la guerre Sarkozy-Cameron. Jusqu'à quand ? Plus le temps passe, plus l'interrogation se fait aigüe.
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