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Situation en Libye La présence d'Al Qaïda se confirme

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  • Situation en Libye La présence d'Al Qaïda se confirme

    L'organisation de Ben Laden est-elle déjà partie prenante du conflit en Libye ? A cette question, Washington et l'OTAN cherchent des réponses précises et rapides avant de décider de fournir des armes offensives aux rebelles de Benghazi. Entre temps, Kadhafi gagne du terrain…

    Le porte-parole de la fondation Kadhafi, Khaled Zaïdi, a annoncé, que l'organisation dirigée par le fils du dirigeant libyen, Seif Al Islam Kadhafi, a perdu «tout contact avec des centaines» d'éléments islamistes qui étaient détenus dans les prisons libyennes et qui ont été libérés récemment, notamment les éléments qui résidaient à Ajdabia, Tobrouk et Benghazi, dans une allusion claire à l'adhésion de ces derniers aux groupes de rebelles qui se battent dans l'Est du pays.

    Dans une conférence de presse tenue jeudi aux côtés de hauts officiers de la sécurité libyenne, Khaled Zaïdi a précisé que tout au long de ces dernières années, les autorités ont procédé à la libération de 700 éléments des Frères musulmans et d’autres islamistes identifiés comme ayant combattu en Irak et en Afghanistan, ainsi que des membres des groupes islamiques combattants libyens et d'autres organisations islamistes.

    Le conférencier a insisté sur le nom de Abdelhakim Al Hassadi, figure importante du GICL, récemment libéré et qui se serait «proclamé émir de la ville de Derna» et qu'il supervise la formation de 300 combattants, avec l'aide de Abou Soufiane Kemmou, autrefois détenu au camp de Guantanamo.

    Il a annoncé, par ailleurs, la mort de Abdellatif Atterhouni, l'un des responsables d'Al Qaïda dans la région d'Al Barqia en Libye, lors des affrontements entre unités pro-Kadhafi et des groupes rebelles.
    Le même responsable a également présenté un long exposé sur la présence d'Al Qaïda en Libye, arguant que le point de fort des petits groupes sur place, qui ne reçoivent pas nécessairement leurs ordres d'Oussama Ben Laden ou de Aymen Zawahiri, était leurs mobilité et vitesse de déplacement d'une zone à une autre, notamment au vu de la situation dans le pays.

    L'une des organisations pointées du doigt n'est autre que le Rassemblement islamique, qui a annoncé s'être mis sous la bannière d'Al Qaïda, après avoir été créé en 1992 et s'être peu à peu implanté au sud et à l'est de la Libye. Cet exposé des autorités libyennes s'inscrit en droite ligne du discours de Mouaâmar Kadhafi qui, très tôt, avait averti contre toute intervention étrangère, accusant celle-ci de favoriser l'implantation d'Al Qaïda en Libye. Un discours jugé purement dissuasif et fabriqué de toutes pièces, ne servant qu'à jeter l'hésitation dans les esprits des décideurs occidentaux. Son argument a été vite discrédité, tout comme l'avertissement de son fils sur l'imminence d'une guerre civile en Libye.

    Mais, depuis, plusieurs faits ont peu à peu contribué à installer la thèse de la présence d'Al Qaïda en Libye. La première, la plus évidente, est l'état de conflit qui a cours dans ce pays et qui ne peut que fragiliser la surveillance des frontières libyennes, aussi vastes que poreuses. D'autant que ce pays est limitrophe de plusieurs autres où des groupes armés, islamistes ou rebelles, l'appellation diffère, et ce depuis plus d'une décennie. Sans compter la proximité avec la Somalie, elle-même plaque tournante de la branche d'Al Qaïda implantée au Yémen et désirant poursuivre la tendance de cette organisation à déplacer ses bases de l'Afghanistan vers l'ouest, en passant par la péninsule arabe.

    Autre fait en date qui vient confirmer les appréhensions de la diplomatie algérienne, qui n'a pas hésité à exprimer ses appréhensions sur le fait que la situation en Libye puisse profiter pour relancer Aqmi, la branche maghrébine d'Al Qaïda. Il s'agit de du dernier message de Abdelmalek Droukdel, alias Abou Mosaâb Abdelouadoud, qui a appelé au djihad en Libye contre l'Occident. Abdelmalek Droukdel était jusque-là dans une situation délicate, après avoir perdu le contrôle des groupes du Sahel, et son activité dans le Nord du pays a été fortement réduite sous l'étau des services de sécurité algériens.

    Mais, dans un enregistrement audio, Droukdel a annoncé que son organisation allait intervenir dans le front libyen. Où, on le devine, de nouvelles recrues et des armes sont désormais disponibles à volonté et qu’Aqmi n'hésitera pas, à tout moment, à vouloir en faire usage pour ses opérations dans les pays voisins de la Libye.

    Cette situation, même si les médias occidentaux refusent de «tomber dans le jeu de Kadhafi», est cependant prise on ne peut plus au sérieux par les Etats-Unis. Selon le «New York Times», dans son édition du mercredi, l'administration Obama a annoncé avoir dépêché plusieurs agents de la CIA pour prendre attache avec les groupes rebelles. Washington veut disposer d'un aperçu, le plus clair possible, sur les lieux et les quantités de dépôts d'armes, mais aussi la nature et l'identité des groupes rebelles qui affrontent les forces pro-Kadhafi. Le même journal a indiqué que le président Barack Obama a également signé, il y a plusieurs jours, un décret secret autorisant la CIA à fournir des armes ou de l'argent aux rebelles.

    Le «New York Times» souligne toutefois qu'aucune livraison d'armes n'a encore été effectuée et estime que cela revient à la grande prudence des Américains qui craignent que la finalité de ces armes ne soit de réarmer les groupes appartenant à Al Qaïda… sous couleur de rébellion anti-Kadhafi. Lors d'une audition au Sénat américain, l'amiral James Stavridis, commandant des forces de l'OTAN en Europe, a reconnu mardi que les renseignements occidentaux ont «des soupçons» sur la présence d'Al-Qaïda parmi les opposants libyens. Il a rappelé en ce sens qu'en Irak de nombreux combattants libyens plus ou moins affiliés à Al Qaïda avaient été capturés, pour la plupart originaires de l'Est de la Libye.

    Dans une interview au «Washington Post», Bruce Riedel, ancien officier de la CIA, a estimé, pour sa part, qu'Al-Qaïda joue bel et bien un rôle dans la révolte libyenne. Des propos que ne dément pas Abdelhakim Al Hasidi, un des leaders de la rébellion en Libye, qui a expliqué au journal italien «Il Sole 24 Ore», que quelques-uns des 25 hommes qu'il avait recrutés dans la région de Derna (dans l'Est du pays) pour combattre avec lui contre les forces de la coalition en Irak, étaient aujourd'hui à ses côtés en première ligne à Adjabya.

    Il les décrit comme «des patriotes et de bons musulmans», mais réfute l'appellation de terroristes, indiquant toutefois que «les membres d'Al Qaïda sont également de bons musulmans qui se battent contre l'envahisseur».

    Le problème pour Washington, qui s'est engagée à ne pas envoyer de troupes au sol, et de l'Otan qui ne peut plus se retirer avant la chute de Kadhafi, c'est que les rebelles ont suffisamment fait la démonstration de leur faiblesse devant les forces pro-Kadhafi. Et le temps presse, surtout qu'hier ces dernières étaient lancées dans la bataille d'Al Adjabya, dernière étape avant… Benghazi.

    Par Nabil Benali
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