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Bientôt un « Petit Mamadou », dico de l'argot de Villiers-le-Bel

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  • Bientôt un « Petit Mamadou », dico de l'argot de Villiers-le-Bel

    Bientôt un « Petit Mamadou », dico de l'argot de Villiers-le-Bel
    Par Nadia Sweeny| 10/04/2011 | 10H48

    Si vous posez vos oreilles quelque temps à Villiers-le-Bel (Val d'Oise), ne vous étonnez pas de ne rien comprendre malgré votre « parler ghetto » quasi parfait ! Quelques exemples et leur traduction :

    « Salam, tchek en wifi, ça sort ou pas ? » ( « Bonjour, on se salue, ça va ou pas ? »)
    « Pepel's, c'est quoi ton kiub ? » (« Tranquille, tu fais quoi ? )
    “ T'as cassé ton français lourd ! ” (“Tu dis la vérité ! )”
    “ C'est Mabe, allez, range ton corps ! ” (“Ce n'est pas bien, allez va-t-en ! ”)
    La langue attribuée à Molière serait sans doute méconnaissable pour le dramaturge, tant les influences externes ont été multiples depuis le XVIIe siècle. Dans les quartiers, la langue française est malmenée, modifiée, enrichie pour s'ajuster à une réalité multiple diverse.

    La plupart des expressions beauvillésoises vous feront vous sentir comme un étranger. Pourtant, la langue parlée à Villiers-Le-Bel est née il y a plus de dix ans, et comporte des mots aussi variés que “ mabe ”, mauvais en lingala, ou “ pepel's ”, tiré de pépelé, “ tranquille ” en zaïrois, français du Congo.

    “ Kiub ” peut être utilisé, selon le contexte, à la place de “ bien ” ou pour demander “quel est le problème ? ”, “qu'est-ce que tu fais ? ”. Le terme vient du nom d'un collectif de rappeur américain, QB, pour Queens Bridge, quartier de New York d'où sont issus des grands noms du hip hop, de Nas à Mobb Deep. Et donc “ Kiub ”, à la sauce Villiers.

    “Le Petit Mamadou” pour enrichir la langue
    Tibault Baka, l'un des instigateurs de cette langue locale, a pour projet de créer un dictionnaire du parler propre à Villiers. Son titre ? Le “Petit Mamadou”, un cousin du “Petit Robert” pour “ valoriser notre langue et apporter la contribution des gens des quartiers à l'enrichissement de la langue française. C'est d'ailleurs pour ça qu'on a appelé notre langue locale le français aka ! ”

    “Aka” ? Comprendre “also known as”, formule utilisée en anglais pour dire “alias” et qu'on utilise dans le monde du rap pour introduire les pseudonymes – par exemple, Axiom “aka” Icham ou Laouni “aka” La Fouine.

    De la langue arabe aux influences hip-hop américaines, en passant par des imprégnations noires africaines, “ ce langage traduit complètement le pluriel de ces quartiers ”, estime M. Ivora, professeur d'histoire géographie au collège Léon-Blum, en plein cœur de “ Vyler ” – “Villiers” avec l'accent américain.

    “Le risque, c'est l'enfermement dans un vase clos”
    Parler cette langue, “ c'est une manière de montrer que t'es d'ici ” explique Samir, 22 ans, pion au collège Léon-Blum. Pour marquer leur territoire, beaucoup de quartiers populaires ont développé leur langage. Ainsi du “montreuillois”, parlé à Montreuil (Seine-Saint-Denis), où les influences tsiganes ont donné des expressions telles que

    “pillave” (boire)
    “bicrave” (vendre ou dealer)
    “linchave” (partir)
    Des mots qui se sont diffusées sur l'ensemble du territoire pour intégrer le parler des cités en général.

    A Evry, un collectif de jeunes est allé jusqu'à publier en 2007 un “lexik” des cités ou l'on retrouve plusieurs milliers de mots aux origines multiples.

    L'écrivain Mabrouk Rachedi travaille à l'élaboration d'un lexique de l'argot avec des élèves d'un collège de Troyes. “ Nous avons retracé les origines et les influences des mots utilisés par les élèves et on a été surpris du nombre de mots d'origine étrangère ”, s'étonne-t-il. Se concentrer sur de l'argot ? :

    “ Evidemment, ça participe à la diffusion d'une forme de multiculturalisme, même à des endroits où les minorités de la diversité ne sont pas très visibles. Mais le risque, c'est l'enfermement dans un vase clos : quand je demande la définition d'un mot d'argot, ils me répondent par un autre mot d'argot ” admet l'auteur.

    “C'est vrai qu'en premier, je parle la langue d'ici”
    A Villiers, même si les jeunes utilisent tous la même langue de base, chacun y apporte sa touche en fonction de ses influences. Au point, parfois, d'éprouver des difficultés à se défaire de l'emprise de ce langage.

    “ Quand je vais à Paris, personne me comprend ”, explique Kenny, 14 ans, habitant du quartier du Puit :

    “ Je fais un effort, mais c'est vrai qu'en premier je parle la langue d'ici. Je ne sais pas pourquoi, ça vient tout seul… ”

    Samir, le surveillant, l'avoue : “ Ils seraient capables d'aller en entretien [d'embauche] et de parler ce langage… ” “Ils savent faire la différence”, assure tout de même M. Ivora. “Ce qui est inquiétant c'est que, effectivement, ils peuvent ne pas comprendre des mots même simples issus du français.”

    Et si ce malaise de la langue traduisait celui d'un multiculturalisme qui peine à être reconnu, et dont les richesses sont niées ? Ceux qui vivent au quotidien cet état de fait se réapproprient leurs différences avec leurs moyens, notamment le langage.

    Au risque d'être tellement décalés qu'ils risquent, aussi, de se retrouver en marge de la société.
    "En ces temps d'imposture universelle, dire la vérité est un acte révolutionnaire" (G. Orwell)

  • #2
    Ca c'est le Français qu'on apprend en lisant "Tintin au Congo".

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    • #3
      Le Petit Mamadou...

      J'aimerais bien connaitre l'avis de Zemmour sur ça...

      Un avant-goût : "ça serait tout de même plus simple de parler la langue de la civilisation plutôt que d'essayer de reproduire le système primitif "une langue par tribu..."

      S'il se contente de dire ça, je serais plutôt d'accord avec lui, pour une fois...
      -
      Ce n’est pas un homme, c’est un champignon.
      -

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      • #4
        Et certains appellent cela "l'enrichissement" de la langue. J'ai beau essaye d'etre ouvert d'esprit, ca me depasse.

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        • #5
          En algérie, on a de nouvelles espressions du genre "sata men l'meqla", il a sauté de la poelle !
          Jeûner c'est bien. Manger c'est mieux.

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          • #6
            Faut jamais cadrer la langue, faut la laisser, elle trouvera ses repères toute seule.
            «Ceux qui sont infidèles connaissent les plaisirs de l’amour ; ceux qui sont fidèles en connaissent les tragédies..» Oscar Wilde

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            • #7
              Un peu comme le Latin quoi, on l'a tellement laisse partir dans tous les sens que ca a disparu.

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              • #8
                Derniérement j'ai appris un mot : Narvalo

                Tous les "wala quoi" utilisent ça, wache Narvalo ? Ca va Narvalo ?

                D'ailleurs, je ne sais pas d'ou ça vient.

                Cela dit, AAnis, cela dit, je suis d'accord avec toi, si tu laisse la langue à ces gars là, ils te ferront une tchekchouka.
                «Ceux qui sont infidèles connaissent les plaisirs de l’amour ; ceux qui sont fidèles en connaissent les tragédies..» Oscar Wilde

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                • #9
                  @AAnis : Ca a donné le français, une langue créole, qui était très mal vue à l'époque, une langue de racaille ,de l'époque bien sur. D'ailleurs, les bourgeois ont continué à parler latin, le français était comme Darija chez Nous.
                  «Ceux qui sont infidèles connaissent les plaisirs de l’amour ; ceux qui sont fidèles en connaissent les tragédies..» Oscar Wilde

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                  • #10
                    N'empêche que parfois il y a des découvertes assez intéressantes. En tout cas, c'est pas avec le club du troisième âge de l'académie française que la langue évoluera.

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                    • #11
                      C'est ce que je dis, a un moment, ce n'etait plus du latin mais une autre langue qui, au passage, est beaucoup moins riche. Je ne vois pas pourquoi on continuerait a nommer francais un parler pas compris par 95% des francais.

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                      • #12
                        @Blofeld : Pas faux.

                        Ce n'est pas VGE qui va évoluer la langue fr.

                        @AAnis : Pas compris le français pas compris par 95 % de français.
                        «Ceux qui sont infidèles connaissent les plaisirs de l’amour ; ceux qui sont fidèles en connaissent les tragédies..» Oscar Wilde

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                        • #13
                          Je parle de la langue de l'article, celle du "petit Mamadou", je m'excuse mais ce n'est plus du francais, c'est une autre langue.

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                          • #14
                            @AAnis : Qu'est ce que tu attends de la part de casseurs, ils ont rien construit de bien.

                            Suffit d'aller faire un tour dans les cités, tu as les escaliers qui sentent l'urine, pour voir que rien de bien ne pourra sortir d'une façon collective.
                            «Ceux qui sont infidèles connaissent les plaisirs de l’amour ; ceux qui sont fidèles en connaissent les tragédies..» Oscar Wilde

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                            • #15
                              Ca n'a aucun rapport avec la langue.

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