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Le racisme progresse-t-il vraiment sur Internet ?
Port du voile, Roms, apéros "saucisson et pinard"... Les polémiques se succèdent et alimentent la toile. Pour le pire ?
Le racisme, l'antisémitisme et la xénophobie progressent en France, selon le dernier rapport de la Commission nationale consultative des droits de l'Homme (CNCDH). "La tolérance recule, les sentiments xénophobes se diffusent" et "le lien entre immigration et insécurité est considéré comme avéré pour beaucoup, alors que perdure l'image de l'étranger-parasite", indique-t-elle.
Institution indépendante (composée notamment d'associations et de syndicats) qui assure un rôle de conseil auprès du gouvernement, la commission n'hésite pas à pointer du doigt la classe politique." Internet contribue grandement à cette banalisation (des propos racistes ndlr). Mais elle s'alimente également de l'instrumentalisation dans le discours politique de certaines thématiques (identité nationale, immigration, religion-laïcité), ainsi que de certains dérapages et des polémiques qui ont suivi.", note la CNCDH dans son rapport.
Le discours de Nicolas Sarkozy sur les Roms l'été dernier, la polémique sur le port du voile en France, les scores électoraux du Front national, les apéros "saucisson et pinard" ou les conflits internationaux sont autant d'occasion pour les internautes de se défouler. Sophia Aram l'avait constaté après sa chronique sur France Inter sur les électeurs frontistes. L'humoriste a vu déferler commentaires et messages racistes sur sa personne.
La Licra a ainsi enregistré 1.192 signalements de propos racistes sur le Web en 2010, contre 687 en 2009. Cette croissance affichée suffit-elle à démontrer une progression du racisme sur internet ? Difficile de trancher, tant il est difficile de signaler et répertorier tous les contenus illicites.
"Caisse de résonance"
Il y a une "explosion des propos racistes, antisémites et xénophobes sur internet" assure au Post Mark Knobel, qui a participé au rapport de la CNCDH. Ces propos ne sont pas limités aux sites spécialisés comme ceux animés par l'extrême droite, mais abondent de plus en plus sur les réseaux sociaux, les commentaires des sites d'information ou les sites de partage de vidéo.
Egalement chercheur au CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France) et président de J'Accuse, association de lutte contre le racisme et l'antisémitisme sur Internet, Mark Knobel assimile la Toile à une "caisse de résonance pour des gens qui auparavant n'avaient pas autant de facilité à s'exprimer et faire passer leurs idées". Il relève une "détabouïsation" et estime que les discours des hommes politique ont "une incidence" sur ces comportements. "Si on stigmatise les Roms, on permet aux gens de se lâcher."
"Des fusibles ont sauté"
David Corchia observe les internautes tous les jours. Il est fondateur de la société Concileo, chargée de la modération des commentaires sur les sites Internet d'une dizaine de médias français. Il explique au Post qu'"un premier fusible a sauté il y a trois ans lorsque le Net participatif est rentré complètement dans les mœurs." "Jusque là, note-t-il, les internautes avaient peur d'un manque de confidentialité et arrivaient à tenir leurs propos ".
Il a vu sauter "un autre fusible" en septembre 2010 quand un prêtre américain a menacé de brûler le Coran, ce qu'il a fait au mois de mars. "On a vu beaucoup de propos auxquels on était rarement confrontés, appelant à brûler des juifs ou des arabes par exemple".
Jouer entre les lignes
En proportion, les propos racistes ne progressent pas plus rapidement que les commentaires en général, selon Jérémie Mani, le président de Netino, une société chargée de la modération de nombreux sites français dont Le Post. Il note néanmoins "un changement de ton". Les internautes connaissent et maîtrisent mieux les codes de la modération et veulent faire passer des messages en accumulant des faits, répertoriant par exemple des agressions commises par une communauté pour laisser entendre qu'elle est plus violente. "Ils jouent entre les lignes et c'est plus compliqué à modérer. [...] Certains créent leurs blogs hébergés par des sites étrangers pour pouvoir faire passer des messages qui étaient censurés par la modération".
Un phénomène mondial
Il existe "une vague très difficile à endiguer", selon Philippe Schmidt, membre de la Licra et président de l'association INACH (International Network Against Cyberhate). Les propos racistes progressent sur le web en France comme dans le monde." Pour lui, "il est évident que des petites phrases comme celles de Claude Guéant ont un impact". Pour autant, il rappelle que l'Internet est "un instrument extraordinaire qui profite autant aux gentils génies qu'aux mauvais génies".
L’auteur
Karine Lambin
Sources : Le Post, Le rapport de la CNCDH
Le racisme, l'antisémitisme et la xénophobie progressent en France, selon le dernier rapport de la Commission nationale consultative des droits de l'Homme (CNCDH). "La tolérance recule, les sentiments xénophobes se diffusent" et "le lien entre immigration et insécurité est considéré comme avéré pour beaucoup, alors que perdure l'image de l'étranger-parasite", indique-t-elle.
Institution indépendante (composée notamment d'associations et de syndicats) qui assure un rôle de conseil auprès du gouvernement, la commission n'hésite pas à pointer du doigt la classe politique." Internet contribue grandement à cette banalisation (des propos racistes ndlr). Mais elle s'alimente également de l'instrumentalisation dans le discours politique de certaines thématiques (identité nationale, immigration, religion-laïcité), ainsi que de certains dérapages et des polémiques qui ont suivi.", note la CNCDH dans son rapport.
Le discours de Nicolas Sarkozy sur les Roms l'été dernier, la polémique sur le port du voile en France, les scores électoraux du Front national, les apéros "saucisson et pinard" ou les conflits internationaux sont autant d'occasion pour les internautes de se défouler. Sophia Aram l'avait constaté après sa chronique sur France Inter sur les électeurs frontistes. L'humoriste a vu déferler commentaires et messages racistes sur sa personne.
La Licra a ainsi enregistré 1.192 signalements de propos racistes sur le Web en 2010, contre 687 en 2009. Cette croissance affichée suffit-elle à démontrer une progression du racisme sur internet ? Difficile de trancher, tant il est difficile de signaler et répertorier tous les contenus illicites.
"Caisse de résonance"
Il y a une "explosion des propos racistes, antisémites et xénophobes sur internet" assure au Post Mark Knobel, qui a participé au rapport de la CNCDH. Ces propos ne sont pas limités aux sites spécialisés comme ceux animés par l'extrême droite, mais abondent de plus en plus sur les réseaux sociaux, les commentaires des sites d'information ou les sites de partage de vidéo.
Egalement chercheur au CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France) et président de J'Accuse, association de lutte contre le racisme et l'antisémitisme sur Internet, Mark Knobel assimile la Toile à une "caisse de résonance pour des gens qui auparavant n'avaient pas autant de facilité à s'exprimer et faire passer leurs idées". Il relève une "détabouïsation" et estime que les discours des hommes politique ont "une incidence" sur ces comportements. "Si on stigmatise les Roms, on permet aux gens de se lâcher."
"Des fusibles ont sauté"
David Corchia observe les internautes tous les jours. Il est fondateur de la société Concileo, chargée de la modération des commentaires sur les sites Internet d'une dizaine de médias français. Il explique au Post qu'"un premier fusible a sauté il y a trois ans lorsque le Net participatif est rentré complètement dans les mœurs." "Jusque là, note-t-il, les internautes avaient peur d'un manque de confidentialité et arrivaient à tenir leurs propos ".
Il a vu sauter "un autre fusible" en septembre 2010 quand un prêtre américain a menacé de brûler le Coran, ce qu'il a fait au mois de mars. "On a vu beaucoup de propos auxquels on était rarement confrontés, appelant à brûler des juifs ou des arabes par exemple".
Jouer entre les lignes
En proportion, les propos racistes ne progressent pas plus rapidement que les commentaires en général, selon Jérémie Mani, le président de Netino, une société chargée de la modération de nombreux sites français dont Le Post. Il note néanmoins "un changement de ton". Les internautes connaissent et maîtrisent mieux les codes de la modération et veulent faire passer des messages en accumulant des faits, répertoriant par exemple des agressions commises par une communauté pour laisser entendre qu'elle est plus violente. "Ils jouent entre les lignes et c'est plus compliqué à modérer. [...] Certains créent leurs blogs hébergés par des sites étrangers pour pouvoir faire passer des messages qui étaient censurés par la modération".
Un phénomène mondial
Il existe "une vague très difficile à endiguer", selon Philippe Schmidt, membre de la Licra et président de l'association INACH (International Network Against Cyberhate). Les propos racistes progressent sur le web en France comme dans le monde." Pour lui, "il est évident que des petites phrases comme celles de Claude Guéant ont un impact". Pour autant, il rappelle que l'Internet est "un instrument extraordinaire qui profite autant aux gentils génies qu'aux mauvais génies".
L’auteur
Karine Lambin
Sources : Le Post, Le rapport de la CNCDH
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