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SYRIE : La répression brutale renforce la contestation

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  • SYRIE : La répression brutale renforce la contestation

    Les manifestations du 17 avril et les affrontements sanglants avec les forces de l'ordre, au lendemain des promesses de réformes annoncées par le président Bachar El-Assad, montrent que le régime a perdu toute crédibilité, souligne le quotidien libanais L'Orient-Le Jour.


    Est-il déjà trop tard ? Trop tard pour calmer le jeu, pour rétablir les ponts coupés, une confiance ébranlée parce que fondée sur des mensonges répétés ? De toute évidence, les promesses que Bachar El-Assad a faites solennellement le 16 avril ne suffisent plus, ne convainquent plus.

    S'il a été question d'une prochaine levée de l'état d'urgence, une loi honnie qui a fait de la Syrie une grande prison, rien n'a été dit sur l'appareil sécuritaire, coupable des pires abus, des vilenies les plus abjectes, aucune condamnation n'a été exprimée concernant les agissements des sbires de cette machine infernale, ceux qui torturent les détenus, tabassent les manifestants, piétinent les contestataires menottés et jetés à terre pour avoir osé défendre leur dignité.

    Rien n'a été dit sur la nécessité d'une loi sur le multipartisme qui abolirait l'exclusivité dont se prévaut le parti Baas et mettrait un terme à la corruption générée par le monopole du parti unique. Pour Bachar El-Assad, cette question est, bien sûr, trop délicate pour être réglée dans l'immédiat "l'avenir du pays devant en dépendre". Celui du pouvoir en place aurait-il dû préciser...

    Est-il donc trop tard pour une transition tranquille, une évolution vers un début de démocratisation à laquelle s'attellerait le régime baasiste, comme l'a promis le président syrien ? Pour les dizaines de milliers de manifestants qui continuent de crier leur soif de liberté, de Deraa à Soueyda, de Banias et Homs à la proche banlieue de Damas, la réponse est venue le 17 avril, incisive, radicale : le régime a perdu toute crédibilité et n'est pas en mesure de satisfaire les revendications populaires.

    De l'exigence de réformes dans toutes les institutions de l'Etat à celle d'une liberté totale qui permettrait aux citoyens de s'exprimer haut et fort sans craindre les foudres des services sécuritaires, les manifestants sont passés ces derniers jours à un pic dans leurs revendications : la chute du régime. Une exigence qui n'est que le résultat de la répression dont ils ont été victimes depuis le déclenchement du mouvement [le 15 mars] et qui rend, maintenant, toute possibilité de dialogue aléatoire, pour ne pas dire impossible.

    De la Tunisie à l'Egypte, du Yémen à la Syrie, les pouvoirs en place, autant autoritaires que sourds aux revendications légitimes de leurs peuples, n'ont jamais saisi à temps la perche qui leur a souvent été tendue, celle qui leur aurait permis de s'en aller dans la dignité ou d'enclencher un changement radical dont ils auraient pu être les parrains. Moubarak, aujourd'hui, attend d'être jugé, Ben Ali se terre quelque part dans la région du Golfe, et Ali Saleh compte les heures qu'il lui reste à vivre dans son palais avant l'inévitable exil...

    Quid de la Syrie ? A la répression brutale, meurtrière, exercée à l'encontre des manifestants au lendemain même du discours "apaisant" de Bachar El-Assad, ne peut désormais répondre qu'un mouvement de protestation encore plus large, encore plus déterminé. Quand le sang coule en abondance, les appels au calme ne peuvent que se perdre dans le tumulte et le vacarme de la révolte.

    Un engrenage inévitable que les allégations sur des complots externes et des conspirations d'organisations terroristes pourraient difficilement freiner, tant la ficelle est grosse. La vague contestataire n'est venue ni de Beyrouth ni de Bagdad ou de Amman, elle a surgi du cœur de la Syrie, d'une population longtemps muselée qui ne demande qu'une chose : la liberté, synonyme de dignité retrouvée.
    L'appel, de toute évidence, n'a pas été entendu...


    Nagib Aoun
    L'Orient-Le Jour
    Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin
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