En 1986, Nadean Cool, une infirmière du Wisconsin, a suivi une thérapie afin de comprendre sa réaction vis-à-vis d'un traumatisme subi par sa fille. Pendant la thérapie, Cool a fini par se convaincre d'avoir fait partie d'une secte satanique (avec un certain nombre de pratiques atroces allant avec). La "thérapie" s'est terminée avec un exorcisme de quatre heures.
Après avoir pris conscience des dégâts, Cool attaqua le "psychiatre" en justice et obtint gain de cause en 1997.
Au Missouri, en 1992, la fille d'un clergé a été amenée pendant une thérapie à "se souvenir" d'avoir été violée par son père avec l'aide de sa mère, et d'être tombée enceinte à deux reprises. Ces souvenirs étaient évidemment faux parce que la personne en question était ..... vierge.
Ces drames ont révélé l'existence d'un procédé assez dangereux que certains psychiatres pratiquent, parfois sans le savoir. Il s'agit des faux souvenirs induits.
Ce procédé a été étudié largement par le Dr E. F Loftus. L'une des expériences concluantes dans ce domaine consistait à essayer d'induire chez un certain nombre d'individus le souvenir de s'être perdu dans une grande surface. L'induction de ce souvenir a été effectué en créant des analogies avec des évènement que les sujets avaient réellement vécus (voyages, sorties,...). Au bout de trois séances, 30% des personnes ayant subi le test ont fini par reconnaitre ce faux souvenir.
Il est généralement très difficile de savoir à quel point le sujet est convaincu de la véracité d'un souvenir. Cependant, on peut reconnaître un faux souvenir (si on en a envie) à partir des détails donnés dans sa description. Ainsi, les patients ont généralement tendance à décrire les "vrais" souvenirs avec plus de mots.
La tendance des individus à "créer des souvenirs" dépend de la nature de ces derniers. Ainsi, il est nécessaire de prendre en considération l'interaction entre "souvenirs" et "imagination". Malheureusement, c'est là que le piège se referme sur le patient. Ainsi, une étude a révélé que 11% des psychologues recommandaient à leurs patient de "laisser libre cours à leur imagination". Wendy Maltz, psychiatre et écrivain, recommande "de prendre le temps d'imaginer l'acte d'abus, sans se soucier de la précision des détails."
Il est indéniable que la suggestion, procédé incontournable dans la psychanalyse, ne permet pas seulement de déverrouiller des souvenirs, mais peut contribuer à en créer. Ce processus devient terriblement efficace si on associe cette suggestion à un "faux-témoignage" d'une personne proche. C'est ce que Saul M. Kassin a réussi à prouver en étudiant les réactions d'individus ayant été injustement accusés d'avoir endommagé un ordinateur en appuyant sur la mauvaise touche. Au départ, les "accusé" ont nié les faits. Mais après le témoignage d'un fonctionnaire, certains sont allés jusqu'à signer un aveu !
Finalement, la mémoire humaine n'est pas un simple disque dur qu'on peut explorer avec n'importe quel système d'exploitation, mais plutôt un organisme complexe, mystérieux, malléable et fragile.
(D'après l'article: Creating False Memories, Elisabeth F. Loftus)
Après avoir pris conscience des dégâts, Cool attaqua le "psychiatre" en justice et obtint gain de cause en 1997.
Au Missouri, en 1992, la fille d'un clergé a été amenée pendant une thérapie à "se souvenir" d'avoir été violée par son père avec l'aide de sa mère, et d'être tombée enceinte à deux reprises. Ces souvenirs étaient évidemment faux parce que la personne en question était ..... vierge.
Ces drames ont révélé l'existence d'un procédé assez dangereux que certains psychiatres pratiquent, parfois sans le savoir. Il s'agit des faux souvenirs induits.
Ce procédé a été étudié largement par le Dr E. F Loftus. L'une des expériences concluantes dans ce domaine consistait à essayer d'induire chez un certain nombre d'individus le souvenir de s'être perdu dans une grande surface. L'induction de ce souvenir a été effectué en créant des analogies avec des évènement que les sujets avaient réellement vécus (voyages, sorties,...). Au bout de trois séances, 30% des personnes ayant subi le test ont fini par reconnaitre ce faux souvenir.
Il est généralement très difficile de savoir à quel point le sujet est convaincu de la véracité d'un souvenir. Cependant, on peut reconnaître un faux souvenir (si on en a envie) à partir des détails donnés dans sa description. Ainsi, les patients ont généralement tendance à décrire les "vrais" souvenirs avec plus de mots.
La tendance des individus à "créer des souvenirs" dépend de la nature de ces derniers. Ainsi, il est nécessaire de prendre en considération l'interaction entre "souvenirs" et "imagination". Malheureusement, c'est là que le piège se referme sur le patient. Ainsi, une étude a révélé que 11% des psychologues recommandaient à leurs patient de "laisser libre cours à leur imagination". Wendy Maltz, psychiatre et écrivain, recommande "de prendre le temps d'imaginer l'acte d'abus, sans se soucier de la précision des détails."
Il est indéniable que la suggestion, procédé incontournable dans la psychanalyse, ne permet pas seulement de déverrouiller des souvenirs, mais peut contribuer à en créer. Ce processus devient terriblement efficace si on associe cette suggestion à un "faux-témoignage" d'une personne proche. C'est ce que Saul M. Kassin a réussi à prouver en étudiant les réactions d'individus ayant été injustement accusés d'avoir endommagé un ordinateur en appuyant sur la mauvaise touche. Au départ, les "accusé" ont nié les faits. Mais après le témoignage d'un fonctionnaire, certains sont allés jusqu'à signer un aveu !
Finalement, la mémoire humaine n'est pas un simple disque dur qu'on peut explorer avec n'importe quel système d'exploitation, mais plutôt un organisme complexe, mystérieux, malléable et fragile.
(D'après l'article: Creating False Memories, Elisabeth F. Loftus)
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