(voir"démocratie représentative" en fin de rubrique)
(voir en fin de rubrique: démocratie paysanne au Mexique en 1910)
Introduction :
Selon Marx la démocratie n'est qu'une revendication transitoire, puisque la "dictature du prolétariat" doit la remplacer, et plus tard l'abolition de l'Etat doit remplacer la dictature; les gens sauront se gouverner par eux-mêmes (sauf qu'ils n'auront jamais appris). Nous allons ici exposer le point de vue de Marx après cette introduction.
La démocratie veut dire éthimologiquement "Gouvernement du peuple par lui-même". Qu'est-ce à dire ?
Pouvoir populaire réel dans un gouvernement défini par le peuple ? Ou prépondérance du contrôle populaire sur un gouvernement ? En tout état de cause ce gouvernement s'oppose théoriquement à celui de l' aristocratie qui détient tous les pouvoirs entre ses mains.
Le gouvernement du peuple, et le mot démocratie, sont apparus à Athènes environ 5 siècles avant JC. Mais qu'est-ce que le peuple à Athènes ? Ce sont les citoyens. Or tout le monde n'y est pas citoyen. Les esclaves qui travaillent la terre ou qui sont les serviteurs, les étrangers et ceux qui sont liés par la parenté à des étrangers ne sont pas des citoyens. Autrement dit, ceux qui produisent des richesses fondamentales à la vie ne font pas partie du peuple. La démocratie est entachée dès l'origine de son existence d'une tare fondamentale: l'élimination d'une partie de ce qu'on nomme le peuple aujourd'hui: les travailleurs. En fait seules les classes dominantes bénéficient de la démocratie, c'est à dire à Athènes, les propriétaires terriens ou les possesseurs d'une propriété.
La démocratie a toujours gardé cette tare, même après que le suffrage universel (fin du 19ème) ait donné le droit de vote (pour des députés) à tous les hommes indistinctement, propriétaires ou non, les femmes n'acquiérant le droit de vote que vers le milieu du 20ème siècle. Mais en plus de cela, la démocratie ne bénéficiera réellement qu'aux gens cultivés, instruits et ayant déjà du pouvoir par leurs activités économiques. Le pouvoir du peuple en Europe ne sera réalisé que très peu de temps lors de la Commune de Paris en 1871, au soviet de Pétrograd en 1905 pour quelques mois, dans les conseils ouvriers et paysans de 1917 en Russie avant qu'ils soient bolchévisés, c'est à dire pendant à peine 6 mois. Par contre, dans les sociétés villageoises en Afrique, la démocratie directe dans les assemblés du peuple des hommes, autour du chef de village, donnera un véritable pouvoir aux habitants masculins des villages.
En définitive, la démocratie comme gouvernement dit du peuple ne fonctionne pratiquement que comme gouvernement qui exclut le peuple réel du pouvoir.
Marx, dans son analyse, introduira la primauté de la lutte des classes dans une démocratie qui, selon lui, ne profite qu'à ceux qui ont déjà le pouvoir économique. Cette démocratie pour les dominants ne reçoit de fait que peu de contrôle de la part du peuple.
Nous distinguerons, dans ce qui va suivre, deux types de démocratie, la démocratie représentative ou parlementaire, dont parle Marx, et qui fonctionne actuellement, et la démocratie des conseils, telle qu'elle a fonctionné de février 1917 à Octobre 1917 (et telle qu'elle avait fonctionné quelques mois à Pétrograd en 1905), c'est à dire la démocratie directe . Marx n'évoque jamais la seconde qui n'apparaissait à son époque que dans les structures villageoises des sociétés qu'il jugeait archaïques. Pourtant Bakounine y fera allusion dans l'AIT pour l'après révolution sociale; en tant qu'anarchiste, il avait l'intuition que c'était la seule forme de démocratie qui permettrait au peuple de s'auto-gouverner. D'ailleurs de nombreux auteurs ont cherché dans cette voie: Proudhon, Owen, Fourier… Cette forme de démocratie paraîtra à Marx extrêmement dangereuse parce qu'elle constitue a) un obstacle à la centralisation des forces productives et à leur efficacité ; b) un obstacle à la centralisation du pouvoir autour du prolétariat ; c) parce qu'elle représente des décisions possibles désordonnées et contraire au seul pourvoir du prolétariat.
L'opposition Bakounine/Marx portera fondamentalement sur ces questions qui, sur le plan formel, touchent à la question de l'Etat après la révolution. Marx formule l'idée d'un Etat Prolétarien après la Commune de Paris, Bakounine est contre. Les deux hommes iront jusqu'à la rupture.
Reconnaissons que la démocratie directe est celle que choisit spontanément le peuple dans les périodes de crise et de révolution, quand l'Etat bourgeois ne peut plus fonctionner ; on le voit encore actuellement à travers les assemblées populaires en Argentine dans les années 90. Les militants et idéologues actuels ont le plus grand mal à parler de la démocratie directe, ils contournent la question en parlant de « démocratie participative», de « démocratie active », « d'autogestion » qui excluent la forme même des conseils. Les causes en sont complexes.
Lénine aura exactement les mêmes réticences que Marx vis-à-vis de la démocratie directe, c'est à dire face aux soviets de février 1917. C'est Trotsky, de par son expérience de 1905 à Pétrograd, qui le convaincra que cette forme de démocratie est utilisable par les bolchéviks à condition qu'ils y acquièrent la majorité. La grande divergence entre les anarchistes et les bolchéviks en 1917 porte sur la nature des conseils ou soviets. Les premiers veulent des soviets libres sans exclusive, les seconds veulent y prendre le pouvoir et y imposer leur parti et leur programme. Ces derniers assassineront et pourchasseront les anarchistes pour réaliser la transformation des soviets, c'est à dire leur confiscation à leur profit . La vision de Bakounine était extraordinairement lucide et prémonitoire au 19 ème siècle.
(voir en fin de rubrique: démocratie paysanne au Mexique en 1910)
Introduction :
Selon Marx la démocratie n'est qu'une revendication transitoire, puisque la "dictature du prolétariat" doit la remplacer, et plus tard l'abolition de l'Etat doit remplacer la dictature; les gens sauront se gouverner par eux-mêmes (sauf qu'ils n'auront jamais appris). Nous allons ici exposer le point de vue de Marx après cette introduction.
La démocratie veut dire éthimologiquement "Gouvernement du peuple par lui-même". Qu'est-ce à dire ?
Pouvoir populaire réel dans un gouvernement défini par le peuple ? Ou prépondérance du contrôle populaire sur un gouvernement ? En tout état de cause ce gouvernement s'oppose théoriquement à celui de l' aristocratie qui détient tous les pouvoirs entre ses mains.
Le gouvernement du peuple, et le mot démocratie, sont apparus à Athènes environ 5 siècles avant JC. Mais qu'est-ce que le peuple à Athènes ? Ce sont les citoyens. Or tout le monde n'y est pas citoyen. Les esclaves qui travaillent la terre ou qui sont les serviteurs, les étrangers et ceux qui sont liés par la parenté à des étrangers ne sont pas des citoyens. Autrement dit, ceux qui produisent des richesses fondamentales à la vie ne font pas partie du peuple. La démocratie est entachée dès l'origine de son existence d'une tare fondamentale: l'élimination d'une partie de ce qu'on nomme le peuple aujourd'hui: les travailleurs. En fait seules les classes dominantes bénéficient de la démocratie, c'est à dire à Athènes, les propriétaires terriens ou les possesseurs d'une propriété.
La démocratie a toujours gardé cette tare, même après que le suffrage universel (fin du 19ème) ait donné le droit de vote (pour des députés) à tous les hommes indistinctement, propriétaires ou non, les femmes n'acquiérant le droit de vote que vers le milieu du 20ème siècle. Mais en plus de cela, la démocratie ne bénéficiera réellement qu'aux gens cultivés, instruits et ayant déjà du pouvoir par leurs activités économiques. Le pouvoir du peuple en Europe ne sera réalisé que très peu de temps lors de la Commune de Paris en 1871, au soviet de Pétrograd en 1905 pour quelques mois, dans les conseils ouvriers et paysans de 1917 en Russie avant qu'ils soient bolchévisés, c'est à dire pendant à peine 6 mois. Par contre, dans les sociétés villageoises en Afrique, la démocratie directe dans les assemblés du peuple des hommes, autour du chef de village, donnera un véritable pouvoir aux habitants masculins des villages.
En définitive, la démocratie comme gouvernement dit du peuple ne fonctionne pratiquement que comme gouvernement qui exclut le peuple réel du pouvoir.
Marx, dans son analyse, introduira la primauté de la lutte des classes dans une démocratie qui, selon lui, ne profite qu'à ceux qui ont déjà le pouvoir économique. Cette démocratie pour les dominants ne reçoit de fait que peu de contrôle de la part du peuple.
Nous distinguerons, dans ce qui va suivre, deux types de démocratie, la démocratie représentative ou parlementaire, dont parle Marx, et qui fonctionne actuellement, et la démocratie des conseils, telle qu'elle a fonctionné de février 1917 à Octobre 1917 (et telle qu'elle avait fonctionné quelques mois à Pétrograd en 1905), c'est à dire la démocratie directe . Marx n'évoque jamais la seconde qui n'apparaissait à son époque que dans les structures villageoises des sociétés qu'il jugeait archaïques. Pourtant Bakounine y fera allusion dans l'AIT pour l'après révolution sociale; en tant qu'anarchiste, il avait l'intuition que c'était la seule forme de démocratie qui permettrait au peuple de s'auto-gouverner. D'ailleurs de nombreux auteurs ont cherché dans cette voie: Proudhon, Owen, Fourier… Cette forme de démocratie paraîtra à Marx extrêmement dangereuse parce qu'elle constitue a) un obstacle à la centralisation des forces productives et à leur efficacité ; b) un obstacle à la centralisation du pouvoir autour du prolétariat ; c) parce qu'elle représente des décisions possibles désordonnées et contraire au seul pourvoir du prolétariat.
L'opposition Bakounine/Marx portera fondamentalement sur ces questions qui, sur le plan formel, touchent à la question de l'Etat après la révolution. Marx formule l'idée d'un Etat Prolétarien après la Commune de Paris, Bakounine est contre. Les deux hommes iront jusqu'à la rupture.
Reconnaissons que la démocratie directe est celle que choisit spontanément le peuple dans les périodes de crise et de révolution, quand l'Etat bourgeois ne peut plus fonctionner ; on le voit encore actuellement à travers les assemblées populaires en Argentine dans les années 90. Les militants et idéologues actuels ont le plus grand mal à parler de la démocratie directe, ils contournent la question en parlant de « démocratie participative», de « démocratie active », « d'autogestion » qui excluent la forme même des conseils. Les causes en sont complexes.
Lénine aura exactement les mêmes réticences que Marx vis-à-vis de la démocratie directe, c'est à dire face aux soviets de février 1917. C'est Trotsky, de par son expérience de 1905 à Pétrograd, qui le convaincra que cette forme de démocratie est utilisable par les bolchéviks à condition qu'ils y acquièrent la majorité. La grande divergence entre les anarchistes et les bolchéviks en 1917 porte sur la nature des conseils ou soviets. Les premiers veulent des soviets libres sans exclusive, les seconds veulent y prendre le pouvoir et y imposer leur parti et leur programme. Ces derniers assassineront et pourchasseront les anarchistes pour réaliser la transformation des soviets, c'est à dire leur confiscation à leur profit . La vision de Bakounine était extraordinairement lucide et prémonitoire au 19 ème siècle.
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