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La democratie comme revendication transitoire ?

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  • La democratie comme revendication transitoire ?

    (voir"démocratie représentative" en fin de rubrique)
    (voir en fin de rubrique: démocratie paysanne au Mexique en 1910)

    Introduction :
    Selon Marx la démocratie n'est qu'une revendication transitoire, puisque la "dictature du prolétariat" doit la remplacer, et plus tard l'abolition de l'Etat doit remplacer la dictature; les gens sauront se gouverner par eux-mêmes (sauf qu'ils n'auront jamais appris). Nous allons ici exposer le point de vue de Marx après cette introduction.

    La démocratie veut dire éthimologiquement "Gouvernement du peuple par lui-même". Qu'est-ce à dire ?

    Pouvoir populaire réel dans un gouvernement défini par le peuple ? Ou prépondérance du contrôle populaire sur un gouvernement ? En tout état de cause ce gouvernement s'oppose théoriquement à celui de l' aristocratie qui détient tous les pouvoirs entre ses mains.

    Le gouvernement du peuple, et le mot démocratie, sont apparus à Athènes environ 5 siècles avant JC. Mais qu'est-ce que le peuple à Athènes ? Ce sont les citoyens. Or tout le monde n'y est pas citoyen. Les esclaves qui travaillent la terre ou qui sont les serviteurs, les étrangers et ceux qui sont liés par la parenté à des étrangers ne sont pas des citoyens. Autrement dit, ceux qui produisent des richesses fondamentales à la vie ne font pas partie du peuple. La démocratie est entachée dès l'origine de son existence d'une tare fondamentale: l'élimination d'une partie de ce qu'on nomme le peuple aujourd'hui: les travailleurs. En fait seules les classes dominantes bénéficient de la démocratie, c'est à dire à Athènes, les propriétaires terriens ou les possesseurs d'une propriété.

    La démocratie a toujours gardé cette tare, même après que le suffrage universel (fin du 19ème) ait donné le droit de vote (pour des députés) à tous les hommes indistinctement, propriétaires ou non, les femmes n'acquiérant le droit de vote que vers le milieu du 20ème siècle. Mais en plus de cela, la démocratie ne bénéficiera réellement qu'aux gens cultivés, instruits et ayant déjà du pouvoir par leurs activités économiques. Le pouvoir du peuple en Europe ne sera réalisé que très peu de temps lors de la Commune de Paris en 1871, au soviet de Pétrograd en 1905 pour quelques mois, dans les conseils ouvriers et paysans de 1917 en Russie avant qu'ils soient bolchévisés, c'est à dire pendant à peine 6 mois. Par contre, dans les sociétés villageoises en Afrique, la démocratie directe dans les assemblés du peuple des hommes, autour du chef de village, donnera un véritable pouvoir aux habitants masculins des villages.

    En définitive, la démocratie comme gouvernement dit du peuple ne fonctionne pratiquement que comme gouvernement qui exclut le peuple réel du pouvoir.

    Marx, dans son analyse, introduira la primauté de la lutte des classes dans une démocratie qui, selon lui, ne profite qu'à ceux qui ont déjà le pouvoir économique. Cette démocratie pour les dominants ne reçoit de fait que peu de contrôle de la part du peuple.

    Nous distinguerons, dans ce qui va suivre, deux types de démocratie, la démocratie représentative ou parlementaire, dont parle Marx, et qui fonctionne actuellement, et la démocratie des conseils, telle qu'elle a fonctionné de février 1917 à Octobre 1917 (et telle qu'elle avait fonctionné quelques mois à Pétrograd en 1905), c'est à dire la démocratie directe . Marx n'évoque jamais la seconde qui n'apparaissait à son époque que dans les structures villageoises des sociétés qu'il jugeait archaïques. Pourtant Bakounine y fera allusion dans l'AIT pour l'après révolution sociale; en tant qu'anarchiste, il avait l'intuition que c'était la seule forme de démocratie qui permettrait au peuple de s'auto-gouverner. D'ailleurs de nombreux auteurs ont cherché dans cette voie: Proudhon, Owen, Fourier… Cette forme de démocratie paraîtra à Marx extrêmement dangereuse parce qu'elle constitue a) un obstacle à la centralisation des forces productives et à leur efficacité ; b) un obstacle à la centralisation du pouvoir autour du prolétariat ; c) parce qu'elle représente des décisions possibles désordonnées et contraire au seul pourvoir du prolétariat.

    L'opposition Bakounine/Marx portera fondamentalement sur ces questions qui, sur le plan formel, touchent à la question de l'Etat après la révolution. Marx formule l'idée d'un Etat Prolétarien après la Commune de Paris, Bakounine est contre. Les deux hommes iront jusqu'à la rupture.

    Reconnaissons que la démocratie directe est celle que choisit spontanément le peuple dans les périodes de crise et de révolution, quand l'Etat bourgeois ne peut plus fonctionner ; on le voit encore actuellement à travers les assemblées populaires en Argentine dans les années 90. Les militants et idéologues actuels ont le plus grand mal à parler de la démocratie directe, ils contournent la question en parlant de « démocratie participative», de « démocratie active », « d'autogestion » qui excluent la forme même des conseils. Les causes en sont complexes.

    Lénine aura exactement les mêmes réticences que Marx vis-à-vis de la démocratie directe, c'est à dire face aux soviets de février 1917. C'est Trotsky, de par son expérience de 1905 à Pétrograd, qui le convaincra que cette forme de démocratie est utilisable par les bolchéviks à condition qu'ils y acquièrent la majorité. La grande divergence entre les anarchistes et les bolchéviks en 1917 porte sur la nature des conseils ou soviets. Les premiers veulent des soviets libres sans exclusive, les seconds veulent y prendre le pouvoir et y imposer leur parti et leur programme. Ces derniers assassineront et pourchasseront les anarchistes pour réaliser la transformation des soviets, c'est à dire leur confiscation à leur profit . La vision de Bakounine était extraordinairement lucide et prémonitoire au 19 ème siècle.
    Dernière modification par Gandhi, 22 avril 2011, 10h39.
    Rebbi yerrahmek ya djamel.
    "Tu es, donc je suis"
    Satish Kumar; "Tout est lié, c'est le don qui est le lien naturel entre tout".

  • #2
    Marx, au sujet de la démocratie représentative, pense que celle-ci est historiquement la revendication de la bourgeoisie contre la royauté et la féodalité, et convient parfaitement au capitalisme naissant. Elle est donc confisquée à son seul profit. Demander son extension à toutes les classes de la société est une façon, selon Marx, de semer l'illusion que des classes antagonistes puissent vivre en harmonie. Marx refuse donc cette illusion. Par contre il pense qu'on peut avancer ce mot d'ordre d'extension dans le but d'obtenir des concessions pour le salariat, ce qui donnera à ce dernier la possibilité de s'organiser pour le combat contre le capitalisme. C'est à ce titre que la revendication de la démocratie (représentative) n'est qu'une revendication transitoire pour lui, la revendication essentielle étant celle du pouvoir pour le prolétariat.

    La démocratie représentative est de fait très bien adaptée au capitalisme. Elle exige le parlementarisme qui respecte la centralisation et assure le pouvoir à la seule bourgeoisie. Au départ, le suffrage est naturellement censitaire. Il faudra beaucoup de combats, entre autre l'accès au suffrage universel, pour que des députés ouvriers apparaissent et expriment de façon déformée la réalité ouvrière. La culture, les journaux, les loisirs, le temps, l'argent appartiennent au départ à la classe bourgeoise ; elle seule peut avoir des députés. C'est toujours vrai aujourd'hui : la gauche bourgeoise et la droite se partagent les sièges. Les chômeurs, les précaires, le petit peuple en grande difficulté, dont la majorité des ouvriers, à plus forte raison les sans papiers, n'accèdent pas au parlement. Il n'y ont que des représentations édulcorées.

    Marx ne revendique en principe la démocratie représentative que pour les salariés ; s'il la revendique pour le peuple ce sera par pure tactique
    On aura coutume de distinguer dans la démocratie représentative, la démocratie politique, la démocratie sociale, la démocratie économique.

    Précisons que Marx ne parle que de la démocratie politique . La démocratie sociale lui semble un leurre : les classes antagonistes ne pouvant socialement établir que des compromis reposant sur des rapports de forces. Marx ne dira pas un mot de la démocratie économique, ni pour le prolétariat ni pour le peuple, car elle ouvre la voie à la démocratie directe. Le prolétariat lorsqu'il prendra le pouvoir ne pourra, selon lui, que se conformer au fonctionnement centralisé de l'industrie à travers sa direction.

    1)Marx et la démocratie.

    Historiquement la démocratie représentative a été revendiquée par une partie des classes possédantes contre les tyrans, dictateurs, empereurs, de toutes sortes, mais en vue d'établir à leur tour leur propre domination. Par exemple la démocratie athénienne était la démocratie pour l'aristocratie des villes et pour les grands propriétaires fonciers, dans le même temps où plus de la moitié de la société était composée d'esclaves travailleurs. Idem à Rome. A l'époque du despotisme royal de droit divin, la bourgeoisie naissante revendiquait le pouvoir économique et politique, le droit de regard sur les impôts donc le droit de vote, le contrôle sur la monnaie . Elle voulait la démocratie pour son propre compte. En France, après les USA, elle s'attache provisoirement le mouvement populaire et concède en théorie, après avoir liquidé la royauté, la « souveraineté de la nation », c'est à dire la souveraineté nationale théoriquement pour tous les citoyens (en fait pour ceux qui ont le pouvoir économique, et à la rigueur pour tous ceux qui payent des impôts !). Il est évident que la souveraineté n'appartient en fait qu'à la classe bourgeoise. Par conséquent dès l'origine, la démocratie « pour tous », inscrite dans les textes, est confisquée au profit de la bourgeoisie. De là naîtra, chez Marx, l'analyse très importante sur l'impossibilité de la neutralité de l'Etat, d'où naîtra l'expression d'« l'Etat bourgeois » républicain.

    On trouve dans « l'Idéologie allemande » (l'un des textes les plus anciens de Marx) l'ébauche d'une définition particulière de la démocratie en général (p1064. Tome III). Ce serait la réalisation de « l'intérêt commun ». Mais qui définit l'intérêt commun ? Pourrait-il s'agir de l'intérêt commun du peuple (peuple au sens décrit précédemment : salariat dont les ouvriers, paysannerie, classes moyennes) ? Marx et Engels ont vite tranché la question. La conquête de la démocratie pour le peuple n'est utile que pour mettre fin à l'oppression politique et sociale du prolétariat. Elle ne constitue qu'un marchepied pour la conquête du pouvoir politique par ce dernier, conquête qui est le but ultime.

    Dans le Manifeste Communiste , il n'y a pas d'allusion à la démocratie, si ce n'est que l'appel des socialistes dits utopiques (Owen, Fourier, Saint Simon) à « améliorer l'existence de tous les membres de la société » est critiqué par Marx comme étant finalement réactionnaire, ce qui revient à une critique de la démocratie comme réalisation de l'intérêt commun (Marx, Manifeste Communiste , 1848, p 191, Tome I).

    Marx, polémiquant contre Hegel, s'affirme comme démocrate, c'est à dire prône la lutte contre l'oppression de l'Etat (l'Etat bourgeois). Mais il en fait bien une revendication transitoire, c'est à dire une revendication qui peut être saisie momentanément par une majorité en vue d'enclencher un mouvement social, dans lequel le prolétariat pourra ensuite se démarquer. Cette lutte pour la démocratie permet celle pour la conquête du pouvoir politique, transitoirement, à la fois par les prolétaires, les petits paysans et les petits bourgeois, étape nécessaire pour mettre fin à l'oppression du peuple. Mais Marx ne considère cette démocratie que comme une étape vers la conquête du seul pouvoir des prolétaires ( écrits de Engels et Marx cités par Rubel, 1844, La Pléiade III, p 721 à 728, contre le journal prussien « Rheinischer Beobachter » ). Ici les communistes se présentent comme des démocrates dans toutes les questions pratiques de parti. Il est important de citer : «Dans tous les pays civilisés, la démocratie a (doit avoir) pour conséquence nécessaire la domination politique du prolétariat, et cette domination est la première condition de toutes les mesures communistes. Aussi longtemps que la démocratie n'est pas conquise, les communistes et les démocrates mènent, par conséquent, un combat commun, et les intérêts des démocrates sont en même temps ceux des communistes. Jusque là les différends entre les deux partis sont de nature purement théoriques, et l'on peut fort bien les discuter théoriquement sans troubler en aucune manière l'action commune. On pourra même s'entendre sur maintes mesures qu'il faudra prendre le lendemain de la conquête de la démocratie dans l'intérêt des classes hier opprimées, par exemple la gestion de la grande industrie, des chemins de fer par l'Etat, l'éducation des enfants aux frais de l'Etat…. ».

    Par parenthèse, Marx donne une définition de la social-démocratie , donc de la bourgeoisie démocrate, en 1852, qui est tout à fait intéressante : « Le caractère propre de la social-démocratie se résumait en ce qu'elle réclamait des institutions républicaines comme moyen, non pas de supprimer les deux extrêmes, le capital et le salariat, mais d'atténuer leur antagonisme et de la transformer en harmonie » ( Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte , 1852, aux Editions Sociales, 1949, p 41). On pourrait totalement appliquer cette définition à l'idéologie keynésienne qui fondera celle de la social-démocratie de la 2 ème partie du 20 ème siècle.
    Dernière modification par Gandhi, 22 avril 2011, 10h40.
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    Commentaire


    • #3
      Mais revenons au texte ci-dessus de 1844, la conquête de la démocratie concerne l'Allemagne qui est un pays industriel autocratique en vue d'une république bourgeoise ou populaire. Ailleurs la conquête de la démocratie s'apparenterait avec la lutte contre la féodalité, toujours pour une République bourgeoise ou populaire, comme phase transitoire. La démocratie n'est donc bien qu'une étape , étape pendant laquelle l'union avec les démocrates peut être totale. Ce qui sous-entend que cette union n'est que transitoire. Une fois l'étape acquise et dépassée, les différends seront évidents et pourront entraîner la rupture franche.

      La dissolution de la Constituante soviétique en 1918 illustre cela, avec une innovation cependant. Son mot d'ordre constituait une étape vers la démocratie totale du peuple, non pas avec, mais contre les bourgeois et sociaux-démocrates russes. C'était une situation très nouvelle qui pouvait donner pour la première fois un vrai parlement populaire accompagnant l'existence des conseils démocratiques dans tout le pays… . Double pouvoir certes mais qui aurait peut-être pu trouver des compromis intéressants. Les bolchéviks prennent peur. Une fois élue, les bolchéviks ayant pris le pouvoir entre temps, la dissoudront par la force.

      La démocratie ne peut donc être un but ni pour Marx ni pour Engels, pour des raisons évidentes. Ce ne peut être qu'une passerelle. De façon ultime, la démocratie ne concernerait que le prolétariat, les autres classes sociales devant disparaître. De plus, les lois d'évolution historique, conduisant la destinée des peuples, justifient que la démocratie soit muselée pour les classes dites « réactionnaires », parce que celles-ci n'ont pas de légitimité à déterminer leur propre avenir. La démocratie aux mains du peuple, comme fin, n'a aucun sens pour Marx, car ce dernier peut se prononcer sur un avenir qui serait contraire aux lois de l'histoire.

      Sous le communisme, encore une fois, la démocratie ne pourra entraver la centralisation rationnelle utile à l'industrie. Marx suppose que les prolétaires n'y verront aucun inconvénient. Les écrits de Marx sur la centralisation laisse préfigurer ce qui s'est passé dans l'URSS bolchévique puis stalinienne.

      A supposer que le prolétariat veuille du communisme, quelle peut être sa part de libre détermination dans une situation totalement déterminée par les lois de l'histoire dont Marx est porteur ? Aucune, puisque le communisme est fait pour lui. Selon nous, il pourra juste jouer le rôle de figurant.

      Tout ce qui précède explique que Marx exclut a priori l'idée qu'une assemblée du peuple puisse librement déterminer les voies et les moyens de sa survie et de sa vie en dehors des perspectives du communisme. C'est entre autres l'objet de ses désaccords violents avec Bakounine. Ceci explique également pourquoi les marxistes, expliquant la révolution française, jetteront allègrement aux oubliettes tout ce qui concerne les revendications démocratiques communales et paysannes, pour ne retenir que la conquête du pouvoir par la bourgeoisie et plaquer sur la réalité, le seul conflit prolétariat/bourgeoisie devant mener à la révolution sociale pour le prolétariat.

      On comprendra donc aisément pourquoi Marx n'envisage pas que le peuple puisse se prononcer sur le contenu d'une société anticapitaliste, mais non communiste. Que le peuple puisse dire quelle production il juge la meilleure, comment produire et dans quel but, est inimaginable, car la grande production industrielle serait très probablement mise en question en tant que système unique de production, dans des assemblées populaires. Sans doute pourrait-on trouver là la raison du peu d'intérêt accordé à Marx pour la production des valeurs d'usage en tant que telle. Rappelons encore une fois que le communisme ne se présente pas, pour lui , comme étant « l'économie politique des valeurs d'usage ». Le communisme réalisera, selon lui, en se saisissant de l'industrie, les productions utiles . Marx a beaucoup discuté de la nature des besoins produits par le capitalisme, mais jamais d'un pouvoir démocratique émanant du peuple qui pourrait définir les besoins de ce dernier..

      Pourquoi ce rejet du peuple ? Marx l'a placé hors des nécessités historiques.

      2)Classes révolutionnaires et classes en voie de disparition (classes archaïques et réactionnaires), selon Marx.

      C'est la grande industrie comme force productive qui remplit un rôle révolutionnaire en faisant disparaître le paysan rempart de l'ancienne société ( Le Capital , p 996 sq, Tome I). Elle est donc, comme technique capitaliste, le moteur du sens de l'histoire .C'est elle qui décide de ce qui est réactionnaire de ce qui ne l'est pas, et non pas les besoins du peuple exprimés par lui. La démocratie peut donc apparaître, à moment donné, comme un danger par rapport à ce sens de l'histoire, si les citoyens parvenaient à élire des députés anticapitalistes, capables de préconiser la rupture avec ce système sans aller vers le communisme imaginé par lui: hypothèse irréaliste pour l'instant, car exclue de tous les discours politiques, même d'extrême gauche. Elle l'est également dans une situation de prise du pouvoir par les « représentants » ouvriers qui ne pourraient supporter l'idée même de la démocratie directe. C'est bien pourquoi les bolchéviks ont « bolchévisé » les soviets, c'est à dire les ont vidé de leur contenu démocratique, contestataire et créatif.

      Les classes sociales sont par conséquent à placer dans une hiérarchie historique. Si la féodalité et les corporations ont rempli un rôle révolutionnaire, à moment donné en Europe, pour protéger les paysans et les artisans contre les barbares, elles deviennent progressivement, selon Marx, une entrave pour les activités bourgeoises capables de faire faire un bond en avant aux forces productives. Et ainsi de suite.

      Marx condamne bien sûr les classes exploiteuses qui s'approprient le pouvoir, le travail d'autrui, la production existante. Mais il condamne également à la disparition historique toutes les classes issues de ce qu'il nomme des modes de production dépassés ou les modes de production archaïques : les chefs de tribus, les nomades, les paysans, les artisans, les maîtres des corporations, les compagnons, les colporteurs, les petits commerçants, et bientôt les chefs des petites entreprises…

      Les « marxistes » ne parlent jamais de ce passage pourtant très célèbre du Manifeste Communiste : « De toutes les classes subsistant aujourd'hui en face de la bourgeoisie, le prolétariat, seul, forme une classe réellement révolutionnaire. Les autres dépérissent et s'éteignent devant la grande industrie, dont le prolétariat est le produit le plus propre. La classe moyenne, le petit industriel, le petit commerçant, l'artisan, le cultivateur ( que Marx désignera sous le nom du peuple ), tous combattent la bourgeoisie pour sauver leur existence comme classes moyennes. Ils ne sont donc pas révolutionnaires, mais conservateurs ; bien plus ils sont réactionnaires, car ils cherchent à faire tourner en arrière la roue de l'histoire (souligné par nous). S'il leur arrive d'être révolutionnaires, c'est qu'ils se voient exposés à tomber bientôt dans la condition des prolétaires, c'est qu'ils défendent non pas leurs intérêts présents, mais leurs intérêts futurs…. » en tant que prolétaires. ( Le Manifeste Communiste , 1848, Tome I, La Pléiade, p 171-172).
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      • #4
        Ce terrible texte, repris par deux fois dans Le Capital est une condamnation des classes sociales se consacrant à la petite production depuis des temps immémoriaux, et constituant la base de la vie sociale. Ces classes luttent pourtant contre ce qui est potentiellement la bourgeoisie , ou la bourgeoisie elle-même ; elles sont donc anti-capitalistes . Mais elles ont été historiquement déclarées dépassées et réactionnaires, aussi bien par la bourgeoisie naturellement, que par Marx et ses descendants. Elles sont déclarées vouloir retourner « en arrière », ce qui constitue une hérésie par rapport aux lois de l'histoire.


        Quelle meilleure façon de porter aux nues la bourgeoisie elle-même, de la légitimer ! S'étonnera-t-on que toute la gauche soit devenue libérale à l'époque où la loi du capital s'impose violemment au niveau international ? ? Et s'étonnera-t-on que ces classes condamnées et abandonnées cherchent refuge auprès du fascisme depuis des décennies ?



        De la même façon Marx aura une attitude ambiguë vis à vis des chômeurs de père en fils, en les reléguant dans les classes dangereuses, base du recrutement des brigands et hommes de main au compte de la bourgeoisie.
        Par exemple, Louis Bonaparte utilisait pour ses basses œuvres en 1849 la « société du 10 décembre ». Soi disant société de bienfaisance, on y « avait organisé le sous-prolétariat parisien en sections secrètes…………A côté de « roués » ruinés, aux moyens d'existence douteux, et d'origine également douteuse, d'aventuriers et de déchets corrompus de la bourgeoisie, on y trouvait des vagabonds, des soldats licenciés, des forçats sortis du bagne, des galériens en rupture de ban, des filous, des charlatans, des lazzaroni, des pickpockets, des escamoteurs, des joueurs, des souteneurs, des tenanciers de maisons publiques, des portefaix, des écrivassiers, des joueurs d'orgues, des chiffonniers, des rémouleurs, des rétameurs, des mendiants, bref, toute cette masse confuse, décomposée, flottante, que les français appellent la bohème » ( Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte , 1852, opus cité, p 60) Et Marx oppose cette masse, dite « la société du désordre » (p 62) à la « nation laborieuse » (p 61). Ce texte est important dans la mesure où Marx y mélange les genres . Les exclus de la société côtoient des bourgeois ouvertement immoraux (souteneurs et tenanciers de maisons publiques), et les petits métiers de rue pratiqués par ceux qui refusent d'entrer dans le salariat ou en ont été exclus mais gagnent leur vie chichement (portefaix, écrivassiers, chiffonniers, rémouleurs, rétameurs, joueurs d'orgue). Le même mépris va à tous. Et comme le fait remarquer Michel Surya, la bourgeoisie pourrait partager ce même sentiment pour les mêmes individus. Ce faisant Marx partage la même morale que la bourgeoisie « Marx montre un monde bas, mais pas tout ce qu'a de bas le monde qu'il montre » ( Figures du rebut humain , Lignes, mai 2002, p 175, 176). Car ce qui est bas pour Marx ici, c'est aussi le non-emploi, c'est la non-participation à la « nation laborieuse », ou même la volonté de ne pas participer à la grand-messe prolétarienne.



        Ce rejet fut encore pratiqué dans les années 1980 exactement de la même manière par les directions dites ouvrières qui rejetaient aussi bien les précaires, les chômeurs, les sans papiers, les prostituées, dans la catégorie de ceux qui n'auront pas voie au chapitre lors du « grand soir » !
        Quoi de plus naturel dès lors que les chômeurs se soient réfugiés, pour une partie d'entre eux, également vers l'extrême droite. Le fascisme est, dans sa forme originelle, une pure réaction de violence des classes condamnées à mort par l'accumulation du capital. Les classes sociales qui ont soutenu les fascisme se présentèrent d'abord comme anticapitalistes, d'où l'ambiguïté de leurs propos : elles se réclamaient de la tradition, du nationalisme, de la patrie, de la religion, elles ne veulent plus ou pas de la République (exactement comme les paysans de Canudos au Brésil au 19 ème siècle qui ont rapidement compris que les républicains étaient les meilleurs défenseurs des grands propriétaires terriens !Voir le roman du péruvien Mario Vargas Llora : La guerre de la fin du monde , Gallimard, 1981) .… Puis le grand Capital se saisira lui-même du fascisme comme arme de soumission des grandes masses sur la base de leurs propres préjugés et revendications ! Hitler s'en prendra de plus aux juifs, en s'appuyant sur une vieille tradition catholique de l'Europe centrale de pogrom contre ces gens là, et, en y ajoutant le qualificatif de suppôts du capital financier, il aura le soutien des grandes masses déshéritées. En même temps, Hitler apparaîtra comme le meilleur liquidateur du communisme.

        3) Le mépris de Marx pour le peuple .

        Le rejet des groupes sociaux constituant le peuple, dans l'archaïsme et l'obscurantisme, est l'expression d'un mépris considérable. Celui-là, le peuple, sera, dans l'esprit de Marx, balayé par l'histoire. Si Marx, comme les bolchéviks, défendait les paysans pauvres, et les paysans sans terre (chômeurs, saisonniers, ouvriers agricoles), c'est précisément parce que ceux-ci avaient vocation à sombrer dans le prolétariat dans le meilleur des cas, mais ils pouvaient aussi sombrer dans l'armée industrielle de réserve. Ces paysans là ne l'intéressaient qu'au titre de prolétaires ou futurs prolétaires, mais jamais en tant que partie intégrante de la paysannerie. Cette dernière fut d'ailleurs massivement assimilée par la suite, par les bolchéviks, à des « koulaks », c'est-à-dire à des petits bourgeois, ou des éléments susceptibles de rallier la bourgeoisie, tandis que les paysans dit pauvres seront utilisés par les bolchéviks comme des "activistes" au service du parti, véritables voyous, allant détrousser les paysans, les jeter hors de chez eux lors de la collectivisation. Ceci est totalement conforme à ce que Marx dit de la paysannerie. N'oublions pas que Trotsky, réprouvant la violence de Staline, approuvera la collectivisation forcée commencée en 1929, qu'il qualifiera de "tournant gauche".


        Staline, fort des textes des épigones, poussera très loin cette théorie et ira jusqu'à l'extermination de la paysannnerie, en particulier en Ukraine en 1932-33. Il organisera la famine méthodiquement contre les "koulaks" c'est à dire les paysans, en utilisant de dits paysans sans terre et des pauvres, c'est à dire de fait des voyous (Georges Sokoloff, 1933, l'année noire. Témoignages sur la famine en Ukraine. Albin Michel. 2000): on dénombre aujourd'hui probablement entre 3 à 6 millions de morts. Les chiffres réels ne sont pas connus car le PCUS a fait disparaître tous les registres d'état civil de l'époque.


        Pourtant on trouve chez Marx des textes tout à fait intéressants qui expliquent que les paysans propriétaires de leur terre et produisant pour eux-mêmes et pour le marché local ne participent pas à la croissance du capital au sens capitaliste, car cela leur est étranger et non nécessaire. Ils sont donc anti-capitalistes par nature, mais cela, Marx ne le dit pas. Le mouvement du capital va justement consister à tenter de transformer les moyens de production des paysans en capital, en les expropriant (Marx, Le Capital, : théorie moderne de la colonisation , chapitre 33, p 1224 sq, tome I, La Pléiade). Dans ce texte très important, Marx montre bien que la transformation des moyens de production des paysans en capital signifie leur destruction. Il en est de même pour les artisans et le petit commerce.


        Marx qui est un partisan inconditionnel de la grande industrie pour les raisons exposées ci-dessus, prédit la disparition de ces couches sociales, c'est à dire le peuple, et préconise même cette disparition en faveur d'un grand prolétariat. Le caractère anticapitaliste de ces couches sociales ne lui suggérera aucun autre choix d'évolution que celle qui va vers une accumulation gigantesque du capital, dont il espère que le prolétariat se saisira plus tard. Ce caractère anticapitaliste devient même secondaire à ses yeux. L'union du peuple contre le capital et exprimant lui-même un choix démocratique quant à son devenir, est quelque chose de totalement étranger à Marx, voire réactionnaire . Marx exprimera la plus vive opposition vis à vis de tout mot d'ordre qui mettait le peuple en avant (exemple, Critique du Programme de Gotha , 1875, p 1409, tome I).



        On comprendra là très bien pourquoi les leaders des pays du Tiers monde et des pays colonisés, devenus marxistes en faisant des études dans les pays occidentaux dans les années 1960-70, participeront à l'écrasement de leur propre peuple, à la militarisation de leur paysannerie pour des objectifs de communisme qui sont étrangers à ces derniers, puisque, dans ces années, 50% à 90% de la population de ces pays étaient paysans. Cet écrasement n'est pas une déviation, c'est une application stricte de la théorie de Marx. Il achèvera de la pire des façons « l'œuvre » colonisatrice ! Les méfaits de cette application en Chine, au Cambodge, au Mali, au Mozambique, en Algérie, en Ethiopie…. seront immenses. Et en Amérique latine, ce ne sera pas par hasard que l'organisation de la petite paysannerie sans terre, contre les gros propriétaires, se fera contre ou sans les marxistes mais avec les prêtres et les évêques attachés à la théorie de la libération, ce qui est pour le moins extraordinaire par rapport à ce que les marxistes prétendaient représenter dans l'histoire.


        Marx, redisons le, ne parle jamais de la démocratie directe.
        Rebbi yerrahmek ya djamel.
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        • #5
          La bourgeoisie en parle pour la dénaturer. On nous présente encore aujourd'hui, aussi bien dans les manuels de droit constitutionnel, ou dans la grande presse, le référendum comme étant l'expression même de la démocratie directe!!! Rien de plus faux. La démocratie directe permet à la population d'exprimer ce qu'elle veut, comment elle le veut, et avec quoi elle le veut.

          La population, face au référendum, n'est pas consultée sur la nature même de ce qui est en jeu, sur les questions à poser et pourquoi même les poser. Elle est dessaisie, et pire elle est manipulée. Le référendum est l'arme préférée du populisme par exemple à la façon suisse, permettant d'exprimer ce qui est le plus bas en l'homme: sur l'immigration, la peine de mort, la patrie, le nationalisme... Rares sont les référendums qui ont eu un sens. On peut en citer un, mais dont le pouvoir en place s'est "assis dessus": le référendum de mai 2005 sur "la constitution européenne" totalement réactionnaire.

          Conclusion .

          C'est ainsi que marxistes et libéraux, avec des langages et des objectifs différents furent au 19 ème et au 20 ème siècle les meilleurs défenseurs de la société moderne, au travers de la démocratie parlementaire, puis de la "démocratie" soviétique, en justifiant la disparition de la classe paysanne, des artisans, des petits commerçants, au profit des trusts privés ou d'Etat, ayant à leur service un immense salariat dont la plus grande partie sera réduite à la misère… Ce n'est pas par hasard non plus si les marxistes, entraînant toute la gauche derrière eux, approuveront l'industrialisation de l'agriculture, dans les années 1950 en France, qui portera les coups les plus efficaces à la paysannerie et transformera celle-ci soit en fermiers capitalistes « fonctionnaires » de l'Etat, soit en prolétaires. C'est à ce niveau entre autre que le contenu de l' « Etat bourgeois » de Marx prend toute sa valeur. Car c'est l'«Etat bourgeois » qui a impulsé ce mouvement de disparition au profit de l'accumulation du capital..... soutenu par Marx lui-même !

          La politique des marxistes, là où ils ont pris le pouvoir sous des formes différentes, apparaît bien comme un autre moyen pervers de soutenir le système capitaliste sous le jargon révolutionnaire de la mise en avant du prolétariat.

          Nous reparlerons plus loin du salariat moderne, qui comprend bien sûr la classe ouvrière traditionnelle, pour indiquer qu'il n'est pas devenu une classe homogène puissante, capable à lui seul de chasser le capitalisme, mais un conglomérat aux intérêts parfois apparemment divergents, et qui oppose ceux qui bénéficient encore des « avantages acquis » à ceux qui n'ont rien, dans la négation de l'internationalisme.
          Rebbi yerrahmek ya djamel.
          "Tu es, donc je suis"
          Satish Kumar; "Tout est lié, c'est le don qui est le lien naturel entre tout".

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          • #6
            Une expérience historique contradictoire dont les marxistes ne font pas état: la révolution mexicain

            Une expérience historique contradictoire dont les marxistes ne font pas état: la révolution mexicaine de 1910: démocratie paysanne.

            Ce qu'il faut retenir, comme leçons politiques, du livre sur ZAPATA raconté par Steinbeck.


            1)Avoir un objectif clair intransigeant et ne jamais en varier.

            L'objectif doit être fondé sur des revendications simples clairement énoncées par les citoyens. Ne jamais temporiser sur cet objectif, ou s'en détourner, au motif qu'il y aurait des difficultés imprévues, que la revendication met en jeu des choses compliquées, qu'il faut remettre à plus tard sous prétexte de mises à l'étude…etc


            Cela suppose une rigueur et une intégrité à toute épreuve, sans doutes, mais aussi un contrôle sur celui ( ou ceux) qui mène le combat.


            2)" La terre aux paysans indiens " dans le cas précis de Zapata.

            Au 16ème siècle les espagnols ont pris une partie des terres des paysans indiens, mais leur ont garanti, sur documents écrits, de grandes parcelles avec l'engagement du Roi. Or au fur et mesure que le temps passait, les grands propriétaires ont empiété sur les terres réservées aux indiens pour faire des cultures commerciales pour l'exportation, par exemple la canne à sucre. Les paysans se réclament de cet engagement du Roi.

            En 1910, la principale revendication avancée est " la restitution des terres ". On peut préciser :
            -restitution immédiate des dernières terres volées au vu et au su de tout le monde, les semailles n'attendent pas.
            -délimitation des propriétés telle que prévue au début de l'occupation, par les paysans eux-mêmes, et protection des propriétés par la loi
            -restitution de toutes les terres volées, au cours du temps, au-delà de ces délimitations
            -interdiction des expropriations des paysans indiens
            -interdiction aux chefs de guerre indiens de s'approprier indûment plus de terres que ce à quoi ils ont droit
            -droit des paysans indiens de rester armés


            3)Le pouvoir aux mains du peuple. Sens ?

            Zapata l'explique en maintes occasions, au fur et à mesure des batailles.
            -Il n'y a aucun bon pouvoir. Personne n'a capacité à se substituer durablement au peuple, sinon pour finir par le tyranniser ou le tromper, une fois la paix envisagée avec la partie adverse.

            -Le peuple apprend lentement à se saisir de ses affaires, à prendre des initiatives, à mettre son imagination au service de la gestion des affaires collectives. Il lui faut le temps de prendre conscience de sa force et d'avoir confiance.
            -Le peuple apprend à n'avoir plus besoin de l'homme fort (le chef). Les gens apprennent à se guider les uns les autres. Le peuple doit apprendre à se méfier du chef, et le chef doit s'effacer (c'était le principe des conseils de paysans du temps de Makno en Ukraine de 1917 à 1923), ou se plier aux décisions prises " en bas ".

            Juillet 2007
            Rebbi yerrahmek ya djamel.
            "Tu es, donc je suis"
            Satish Kumar; "Tout est lié, c'est le don qui est le lien naturel entre tout".

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            • #7
              Démocratie représentative

              Démocratie représentative

              Le parlement = le parler menteur (le prix d'un parlementaire 1953 Boris Vian)

              Voir ce que nous coûte notre "noblesse d'Etat": (Le cri du contribuable n° 62. 27-12-2008)
              Voir en fin de rubrique "démocratie directe"


              LE DEGUISEMENT DEMOCRATIQUE DU CAPITALISME
              (mis en place en Janvier 2007)


              En son temps, Marx avait bien énoncé une telle chose, mais il avait aussi écrit qu'il valait mieux la démocratie " bourgeoise " que pas du tout.
              Sur le plan historique la démocratie représentative est née avec le capitalisme. Au moment où les bourgeois ont voulu se saisir du pouvoir contre la monarchie, ils se sont donnés cet instrument. Il s'agissait pour eux principalement:
              -de prendre en mains le parlement pour contrôler les impôts et la monnaie afin de n'être plus des prêteurs jamais remboursés !
              -abolir les corporations : c'est-à-dire constituer la libre concurrence comme principe de gestion de la société. Plus précisément cette abolition instituait la libre entreprise et la fin du contrôle social sur les techniques, et les prix.
              -établir la propriété privée totale de la terre contre les éléments existant de propriété nationale (du sous sol entre autres) et de propriété collective.
              -établir une justice et une police pour leur propre compte.

              Mais dans le mouvement de la révolution de 1789, il convenait d'associer une partie du peuple à cette initiative par le biais du suffrage censitaire, et de déguiser cet instrument en " souveraineté populaire ". Ainsi, tandis que les nouveaux possédants travaillaient pour leurs propres intérêts, ils prétendaient en même temps être l'expression de la voix populaire.

              Il est évident que tout principe démocratique se heurte d'emblée à la minorité qui possède l'essentiel de la terre et le système d'entreprises. Mais au-delà de cette remarque, certes fondamentale, il convient de passer au crible le contenu même de la démocratie représentative, même si le " suffrage universel " l'a rendue plus accessible au peuple masculin sous la 3ème République en France, et au peuple féminin en 1945.

              La question du mandat impératif.


              Le principe fondamental de la démocratie représentative est d'interdire ce qu'on nomme, en droit constitutionnel, " le mandat impératif ", au nom de la liberté de conscience du " délégué-député ". Il s'agit de permettre à ce dernier de ne pas se sentir engagé par une promesse électorale face à une situation qui exigerait de lui qu'il examine à nouveau le pour et le contre de son engagement..

              Autrement dit, par principe, le " délégué " ou député est délié de toute promesse électorale, de tout programme électoral. Il est par définition hors de tout contrôle populaire. Il rsique seulement de ne pas êttre réélu.

              A l'argument "le député" peut faire ce qu'il veut, on peut répondre à cela " c'est dangereux pour lui, il ne sera pas réélu ".C'est pourquoi, face à cette difficulté, le député va établir des liens personnels de clientèle, de relations privilégiées avec une partie des électeurs. Le clientélisme supplée ainsi avantageusement au mandat moral dont les citoyens imaginent naïvement qu'il est l'élément fort de la relation entre électeurs et député. Le clientélisme est le fondement même de la démocratie représentative. Ce ne sont pas les africains qui l'ont inventé, c'est nous, c'est un principe constitutionnel indirect. Si le clientélisme semble avoir pris le pas sur la démocratie en Afrique, c'est parce que les citoyens sont tellement démunis de tout, qu'ils se saisissent de cet instrument importé de l'Occident pour en faire le moyen d'obtenir quelque avantage, en faisant valoir naturellement les appartenances d'ethnie. Ce ne sont pas les africains qui ont dévoyé " notre démocratie ", ils se sont appropriés le clientélisme induit par nos principes démocratiques, pour avoir un peu…

              En fait, les proportions entre démocratie et clientélisme sont fonction du degré de bien être ou de misère du peuple.

              En outre, le député, qui en réalité n'est pas un délégué à qui on pourrait demander de rendre compte, n'est mandaté que par son parti, et par sa classe sociale. " Avec mon parti, nous promettons ceci ou cela…votez pour nous ! ". D'ailleurs les campagnes électorales ne sont pas fondées sur l'appel à la responsabilité, au contrôle, à l'intelligence, mais sur la gouaille, les trémolos, la manipulation, le charisme. On est donc loin de la responsabilité immédiate du délégué élu par une assemblée de citoyens à la base, ou du principe élaboré par la Commune de Paris " le délégué-député doit rendre compte de son mandat et est révocable à tous moments ".

              C'est pourquoi, il ne vient à l'idée d'aucun député, face à une difficulté, de venir demander l'avis à ses électeurs " Que me conseillez-vous dans cette situation dont je vous donne les éléments ? ". C'est le parti qui va dicter aux députés la façon de voter au parlement. Un parti ne rend compte qu'à ses adhérents, et encore !

              La corruption est induite par la démocratie représentative


              On peut déduire de ce qui précède que la corruption est nécessairement induite par ce type de démocratie; entre autres par le clientélisme qui lui est nécessaire. L'élu municipal ou le député savent donc que leur élection sera fonction de la bonne ou mauvaise publicité qu'il va faire vis à vis des électeurs, et des avantages personnels qu'il va accorder à tel ou tel, ou à tel groupe social, ou tel groupe économique. Cela suppose donc des budgets considérables de campagne. Ces budgets sont eux-mêmes source de corruption. Si le député tente de s'attacher tel groupe par des dons pour être élu, lui-même va être soudoyé par des groupes économiques puissants, ou des Etats, pour dire ou pour agir dans tel sens, moyennant le financement de sa campagne. Cette corruption hiérarchique va dans tous les sens, et échappe largement aux électeurs. Les programmes sont abandonnés, les promesses envolées, seuls comptent les dons ou avantages au coup par coup. Et tout le monde tient tout le monde par la barbichette: "si tu ne fais pas ce que j'ai demandé, ou ce que tu as promis, je suis susceptible de témoigner et d'agir contre toi".

              Ceci n'a rien à voir avec un élu délégué des citoyens dans une assemblée populaire, et qui devra venir rendre compte de ce qu'il a dit, fait, tenté de faire, voté, dans telle instance.

              Un député honnête peut tenter d'agir ainsi en donnant le compte rendu de cequ'il a dit à l'Assemblée à ses élus, mais ça n'est pas fréquent. Et cela n'a rien à voir avec le travail de recherches de fonds et de relations pour la prochaine campagne.

              A cet égard, dce qui s'est passé à Corbeille-Essonnes au niveau de la Mairie est très intéressant. En 1995 Dassault l'emporte contre le maire traditionnellement communiste de cette municipalité. Comment ? En soudoyant par un travail minutieux des jeunes, des petites gens : financement des vacances, des permis de conduire, et autres... etc. L'électorat habituel du parti communiste tombe dans le piège. Ses membres deviennent sensibles aux dons immédiats et non plus à la réalisation hypothétique du programme, ou à l'idéologie "Je crois ce que je vois, je suis sceptique quant au reste". Ceci ca de pair avec la société consumériste à laquelle tous les citoyens sont attachés grâce au marketing politique de la majorité au pouvoir, avec l'assentiment de la gauche..
              Le PC ne réagit pas tant alors sur le fond, mais sur la recherche des failles juridiques du système Dassault. Bruno Piriou va enquêter pendant de précieuses années, qu'il aurait pu consacrer à l'éducation politique des jeunes et des citoyens, et à leur engagement concret pour faire des choses pour la communauté avec une relative liberté... Ce n'est aps ce qu'il fait. Il enquête comme un juge d'instruction sur les méthodes Dassault et sur leurs irrégularités, et devient un excellent policier... pour faire chuter Dassault qui avait reconquis à nouveau la municipalité en 2008 avec 170 voix d'avance... Est-ce ce dont les masses citoyennes ont besoin ?
              La morale veut que tous deux sont inéligibles pour leurs incartades réciproques... en Juin 09.

              (exemple de corruption : les députés anglais s'en sont mis plein les poches aux frais du contribuable, en faisant passer pour des frais professionnels, des petits et grand plaisirs... A-t-on chiffré ? Vont-ils rembourser ?? (entre autres le Monde des 27 et 28-9-09 p 6)
              Mais il n'y a pas que les députés anglais, c'est évident. Qui contrôle ces frais ?
              Rebbi yerrahmek ya djamel.
              "Tu es, donc je suis"
              Satish Kumar; "Tout est lié, c'est le don qui est le lien naturel entre tout".

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              • #8
                La question du salaire.

                La Commune de Paris avait édicté la règle selon laquelle un député ne devait pas toucher plus qu'un salaire d'ouvrier.
                Le SMIC est égal aujourd'hui à 1254,28 euros. Le parti socialiste demande qu'il soit relevé à 1500 euros. Un salaire moyen d'ouvrier s'approche des 2000 euros.

                Un salaire de député est de 20000 euros, soit 10 fois plus.
                Un député est en fait un haut fonctionnaire de l'Etat, il appartient à l'élite sociale, et il est effectivement au service de l'Etat. Il en respecte les fondements, le fonctionnement, les us et coutumes, et il n'a aucun rapport avec le peuple de base du fait de son statut social.

                A-t-on déjà vu un député réfuter réellement l'exploitation capitaliste ? Demander l'abrogation de la libre concurrence ? Des prêts bancaires à taux zéro pour les citoyens ? L'abrogation des licenciements ? La gratuité totale de la justice ? La réorganisation de la profession des avocats ? Exiger que soit rendue publique la diplomatie secrète du gouvernement… c'est-à-dire tout ce qu'on peut imaginer qu'un citoyen de base voudrait ?? Ce député serait traité de fou et pris pour tel. D'ailleurs il ne serait même pas présenté par un parti politique..!


                Si le parlement a pu faire voter, à une certaine période, dans l'après guerre, des réformes sociales importantes et a pu légiférer en matière de libertés démocratiques, ce fut d'une part en raison des rapports de force entre les classes existant dans le pays, mais également et surtout pour maintenir un équilibre entre les classes, ou préserver ce qu'on appelle la paix sociale. Il n'y a pas lieu d'en faire le procès ; tant mieux. Mais rien n'est définitivement acquis et tout peut être repris. Sous couvert d'une loi sur la délinquance, le ministre de l'intérieur, Sarcosy, vient de faire voter fin 2006 une loi qui est une déclaration de guerre contre la démocratie ; et que nous sachions, ça n'a pas fait grand bruit à gauche !! Mais depuis 2006, se succèdent toutes les lois de remise en cause des acquis en matière de santé, de retraite, de stabilité de l'emploi, de remise en cause de l'indépendance de la justice..


                En définitive la démocratie représentative est l'habillement nécessaire du capitalisme pour paraître démocratique, mais surtout pour préserver ce système économique et social. On l'a vu en novembre 2005, lorsque le gouvernement a fait valoir une loi des années 50 sur le couvre feu, pour réprimer les jeunes émeutiers, quels sont les députés de la gauche qui ont protesté ? Tous les députés ont fonctionné comme des fonctionnaires d'Etat, avalisant l'action de la police, de l'armée, de la justice.
                Peut-on en finir avec un régime par la démocratie représentative ?

                Les forums sociaux de 2006 auxquels ont participé en France de nombreux citoyens, ont cherché le meilleur programme et les meilleurs représentants de ce programme afin de se présenter à la Présidence de la République et à la députation. Cela n'a rien donné d'autre qu'une campagne électorale améliorée, qui s'est finalement rangée dans les rails du conformisme politique et social habituel.


                Nulle part n'a émergé la moindre critique contre la démocratie représentative ! Comme pour empêcher, de façon consciente ou non, toute réflexion à ce sujet, la gauche de la gauche a fait valoir, pour améliorer la démocratie, la " démocratie participative " par exemple, qui est devenu le cheval de bataille de Ségolène Royal, et toute une série de qualificatifs attrayants pour la démocratie, mais personne n'a osé mettre en cause ce qui paraît faussement être l'expression de la République, chacun s'appuyant sur cette fausse souveraineté populaire. On a même entendu certains demander des référendums fréquents, comme expression de la démocratie directe au service du peuple !! Alors que c'est un autre instrument de dévoiement de la démocratie et de la manipulation.
                Mémoire courte ou mémoire manipulée ?

                En règle générale, si la démocratie représentative peut permettre au fascisme de s'installer (le nazisme à partir de 1933), sans passer obligatoirement par un coup d'Etat, elle ne permet pas et n'a jamais permis de transformer le capitalisme, à moins qu'un vote ne s'accompagne d'un mouvement populaire de grande importance ou d'une modification substantielle des rapports de force régionaux ou mondiaux (par exemple aujourd'hui dans les pays d'Amérique latine, sous des formes très diverses et parfois dévoyées).

                Quelques exemples oubliés…

                -Qu'on se souvienne d'Allende élu démocratiquement au Chili en 1970. Les services secrets américains se porteront au secours des grands propriétaires fonciers et de la grande bourgeoisie, à travers l'armée chilienne, et aideront le coup d'Etat de Pinochet en septembre 1971 à se défaire de la démocratie représentative qui avait permis (oh scandale !) de véhiculer des idées de réforme incompatibles également avec les intérêts américains.


                -Qu'on se souvienne du prêtre Aristide élu démocratiquement en Haïti en 1990, avec 67,5% des voix. Un coup d'Etat fomenté par la CIA le renverse. Aristide fuit mais son aura ne fait que croître dans le peuple. Clinton négocie un compromis : Aristide peut revenir en 94 mais doit promettre d'appliquer les recommandations du FMI au lieu de les pourfendre. Il a été manifestement " changé " aux USA, mais on ne connaît pas la part de malveillance dans le récit le concernant, de provocations sur place, de tyrannie de sa part.. Toujours est-il qu'Aristide est réélu avec 91% des voix, ayant aussi avec lui la bourgeoisie noire. Il réclame alors à la France les 90 millions de francs or extorqués à Haïti entre 1825 et 1885… (une longue histoire). Les USA et Paris organisent alors conjointement un coup d'Etat. On retrouve les ex lieutenants de Duvallier poussés par les USA (le père Bush) et … Regis Debray pour la France, qui lui demandera de démissionner. A l'issue de provocations diverses et variées, où l'épiscopat prend partie contre Aristide, ce dernier est tout simplement enlevé par l'armée américaine vers Miami pour … être jugé pour trafic de drogue. L'administration américaine ne va pas le suicider à la Allende mais a trouvé d'autres méthodes

                -Qu'on se souvienne de Lumunba, démocrate élu démocratiquement par les congolais en 1960 pour former le premier gouvernement du Congo indépendant. Lumumba a le grand tort de croire naïvement que le parlement et le gouvernement peuvent décider, par un simple vote, de changer l'armée, l'administration qui sont demeurées….belges. La Belgique répond : " on vous octroie l'indépendance, mais on reste, et rien ne bouge, surtout pas l'armée qui doit rester belge ! " Lumumba résiste. Le gouvernement belge fait alliance avec la bourgeoisie noire du Katanga minier. Lumumba, après deux à trois mois de gouvernement, est enlevé, torturé, assassiné et sa dépouille brûlée au cas où le peuple viendrait la chercher pour l'honorer. Le chef congolais de l'armée, Mobutu, mis en place par Lumumba, se plie volontiers au pouvoir belge, devient un dictateur et laisse piller le pays, en profitant des prébendes qu'on lui laisse… Cet exemple épouvantable illustre bien d'une part ce que fut la décolonisation en Afrique et ailleurs, et d'autre part l'impossible cohabitation entre un parlement démocratique à l'occidentale et le symbole le plus évident de l'Etat : l'armée, lorsque cet Etat est mis en cause par le parlement. Autrement dit la démocratie représentative, faible expression de la démocratie, ne peut être acceptable que si elle respecte l'Etat ou les Etats dominants. C'est pourquoi les députés doivent se comporter comme des fonctionnaires d'Etat. Ici la démocratie représentative apparaît dans ses pires oripeaux.

                Mais plus près de nous, le Hamas est élu démocratiquement en Palestine en janvier 2006. Ce vote ne convient pas à Israël, aux USA, et à l'Europe. Les vivres sont coupés. La démocratie représentative a bien fonctionné, mais pas dans le sens désiré par l'Occident. Un gouvernement ne parvient pas à se constituer entre le Hamas et le Fatah, corrompu et devenu minoritaire, parce que ce dernier veut faire des concessions majeures à Israël pour récupérer l'aide occidentale. Le Fatah, obéissant vis-à-vis des puissances ci-dessus, a envisagé de refaire des élections, qui, pour lui être favorables, devraient obligatoirement être truquées avec l'aide occidentale. S'égare-t-on ? Fin 2006 est rendu public l'envoi d'armes au Fatah par Israël. Avec une grande lucidité politique, un représentant du Djihad islamique de Palestine indique dans un interview, en janvier 2007, qu'il est impossible d'imaginer un fonctionnement normal de la démocratie dans un pays occupé, dont la libération n'est souhaitée ni par les Etats arabes, ni par les Etats occidentaux, et qu'il était illusoire de vouloir même constituer un gouvernement dans ces conditions. Le seul objectif, dit-il, " d'abord s'unir pour en finir avec l'occupation". C'est la raison pour laquelle son organisation n'a pas présenté de candidats aux élections.

                Démocratie représentative oui, mais aux ordres ! C'est le message qui est passé aux pays dominés par les occidentaux.
                Rebbi yerrahmek ya djamel.
                "Tu es, donc je suis"
                Satish Kumar; "Tout est lié, c'est le don qui est le lien naturel entre tout".

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                • #9
                  Comment contourne-t-on la démocratie représentative ? Tout simplement en passant outre les votes !!

                  LA TOTALE PERTE DE LEGITIMITE DES INSTITUTIONS EUROPEENNES
                  Aussi , l'Union populaire républicaine titre le 3 octobre dernier (2009): " Un référendum pour rien ! " et expose les faits : " Le 12 juin 2008 , le peuple irlandais rejetait par 53,4% le traité de Lisbonne . Le 2 octobre 2009 , il s'est prononcé de nouveau , et favorablement , sur ce même texte sans qu'une seule virgule en ait été changée .


                  " Un texte qui n'est lui-même qu'une reformulation délibérément confuse du traité constitutionnel européen rejeté par les électeurs français et néerlandais en 2005 .
                  " Ainsi , quel qu'ait été le résultat , le second référendum irlandais ne pouvait être qu'une nouvelle illustration de la perte totale de légitimité des institutions européennes...
                  "
                  Si l'Union européenne était un système démocratique - ce qu'elle n'a jamais été et ne sera jamais -, il serait incapable de faire revoter un peuple souverain alors même que celui-ci vient de donner verdict .


                  " Il ne serait pas davantage envisageable de priver de parole les autres peuples . Mais les peuples d'Europe ne vivent que dans une parodie de démocratie , le verdict des urnes , tout sondage d'opinion légitime , a cessé d'être politiquement contraignant .
                  " Il faut en prendre acte avec le plus grand sérieux et mesurer ce que les dirigeants européens sont prêts à faire pour que leurs projet aboutisse . "

                  Quelle démocratie pour l'avenir ?


                  Il ne nous vient pas à l'idée, malgré tout ce qui précède, de désirer la suppression des parlements. Nous avons le souvenir, pas si lointain, et de sinistre mémoire, de la " Constituante " russe de 1918, donnant une majorité aux Socialistes révolutionnaires et aux mencheviks, tandis que les bolchéviks, qui avaient fait campagne pour elle, y étaient minoritaires. A peine élue, les bolchéviks qui avaient pris le pouvoir par un coup d'Etat, la dissolvait par les armes pour installer la dictature de leur parti. Il n'empêche que partout où se trouvent aujourd'hui leurs " descendants " politiques, une Constituante est demandée dans des situations révolutionnaires ou supposées telles. Pour en faire quoi ? Jamais la question du mandat n'est discutée.

                  A notre avis, il conviendrait d'une part de faire campagne pour que les députés soient mandatés, viennent rendre compte dans leurs circonscriptions et puissent être révoqués. Il conviendrait également que le "métier" de député ne soit pas une planque financière (révision du salaire et du cumul des retraites)

                  D'autre part il conviendrait de susciter des assemblées populaires, par grands quartiers de ville et de campagne (indépendants des circonscriptions), pour proposer des lois, et lui donner des pouvoirs d'exécution, avec des délégués, indépendants des partis politiques, élus et révocables par les citoyens. Double emploi ? Oui et non. Double pouvoir ? Oui pourquoi pas. Resterait à proposer quelle serait la part de pouvoirs pour chacun. Ceci ne règlerait en aucune manière la question fondamentale de la nature de l'Etat. Mais, dans des situations précises, le pouvoir des assemblées populaires fédérées pourrait être à même de faire face à l'Etat. Comment ? L'expérience le dira.



                  Nous sommes pour une sertaine confusion du législatif et de l'exécutif; mais nous restons partisans de la séparation totale entre le pouvoir exécutif et le pouvoir judiciaire.

                  Démocratie directe ?

                  Il faut tenter de distinguer la démocratie directe de la pratique des référendums.
                  La Suisse se gargarise de pratiquer la démocratie directe par les référendums (vote sur les minarets de décembre 2009), et beaucoup de politiques utilisent l'argument, qui est fallacieux. C'est prendre le côté formel des choses et l'apparence pour une pratique démocratique.

                  Le référendum est une pratique populiste et démagogique où le résultat du vote sera en conformité en général avec la manière de poser les questions. Et des gens sont spécialisés dans la recherche des "bonnes" questions pour un "bon" résultat (le résultat désiré). Le référendum n'a rien à voir avec la démocratie directe.

                  La démocratie directe est par opposition une décision prise par la base, réunie en AG ou en plenum ou en Conseil du peuple, toutes catégories populaires confondues, décision prise après la discussion et l'échange de vue les plus larges. Le caractère collectif de la discussion et de la décision est très important. (voir les conseils ouvriers et paysans entre février et octobre 1917 en Russie)
                  (corrections en décembre 2009)

                  revu en juin 09

                  Des cités s'excluent du système électoral

                  La jeunesse de la France exprime ouvertement son désavoeu de la démocratie représentative en ne votant plus.
                  En moyenne, aux dernières régionales de 2010, la participation électorale dans les cités a été de 30%, alors qu'au niveau général elle a été de 45%. A villiers le Bel elle a été de 31%; dans un quartier des Mureaux 11,8%, aux Bosquets et à Montfermeil 13%, au Mas du Taureau et à Vaulx en Velin 18,4%. Mais on ne fait pas apparaître dans les statistiques les non inscrits qui pourraient représenter 25 % des électeurs potentiels (10% nationalement).


                  Claude Dilain du PS, maire très respecté, avait obtenu 66% des suffrages en 2008, soit 2792 voix sur 28000 habitants...
                  C'est la partie de l'électorat la plus protégée et la plus âgée qui vote (nous ajouterons à cela que le crétinisme syndical et politique de gauche constitue le plus grand soutien au système électoral).
                  La politique traditionnelle n'est porteuse d'aucun espoir, la démocratie représentative n'apporte rien.


                  (19-3-2010, le Monde)
                  Rebbi yerrahmek ya djamel.
                  "Tu es, donc je suis"
                  Satish Kumar; "Tout est lié, c'est le don qui est le lien naturel entre tout".

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                  • #10
                    Je vous encourage à passer du temps sur ce site : http://marx21siecle.com/index.php

                    Des textes et articles très intéressants qui participeront sans doute à lever le voile sur les recettes illusionnistes des idéologies, des concepts capitalistes et bourgeois, marxistes et communistes, de la fausse démocratie de la bourgeoise capitaliste.
                    Dernière modification par Gandhi, 22 avril 2011, 15h14.
                    Rebbi yerrahmek ya djamel.
                    "Tu es, donc je suis"
                    Satish Kumar; "Tout est lié, c'est le don qui est le lien naturel entre tout".

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