De notre bureau de Bruxelles, Aziouz Mokhtari
Le représentant de la Maison Senoussi, dynastie soufie aux origines algériennes — Mostaganem — avérées et assumées, était, hier, à Bruxelles. Le prince héritier, Mohamed-Reda Senoussi de Libye, était face à des parlementaires, des représentants de la société civile tant libyenne qu’européenne et de nombreux journalistes. Il est cultivé, très à l’aise en public, posé et parle et reprend calmement, avec mesure. «Mon devoir actuel est de soutenir les Libyens, d’empêcher le carnage perpétré par l’un des plus féroces dictateurs que le monde ait connus», répétera-t-il à plusieurs reprises dans son préambule.
«Je suis issu, dira-t-il, répondant à une question, d’une famille mystique (moutassaouiffa), très enracinée au Maghreb et en Libye.» «Le coup d’Etat du colonel Gueddafi en 1969 a signifié pour nous, expliquera, ému et très convaincant, Mohamed Senoussi, l’exil, les privations, les actes de brimade et les humiliations.» «Gueddafi n’hésitera pas, ajoute-t-il, à déterrer les cadavres de mes ancêtres, à piétiner le cimetière familial pour en enlever des restes humains et à les éparpiller, comme poussière, dans les airs et dans les cieux». Cependant, Mohamed-Reda Hassan Senoussi, comme il se définit lui-même, n’était pas au Parlement européen pour évoquer le mysticisme, ni la grandeur passée de ses ancêtres de Mostaganem. En fin politicien, il se positionne, intelligemment, sur l’échiquier politique libyen et se place dans l’après-Gueddafi. Il plaide pour la Constitution de 1951 amendée en 1963, celle de la monarchie, mais n’en fait pas un préalable. Le texte fondamental royaliste est, à ses yeux, une base solide pour la Libye moderne, mais l’héritier du trône Senoussi ne parle pas au nom du peuple libyen. «C’est à ce dernier, et à ce dernier uniquement, insiste-t-il, de déterminer quelle est la nature du pouvoir qu’il souhaite. Une monarchie constitutionnelle ou une République.» Pour lui, l’essentiel est que le régime libyen de l’après-Gueddafi soit «démocratique» et d’essence «populaire». La Constitution de 1951 garantit, toutefois, selon lui, tous les garde-fous de démocratie – liberté d’expression, d’association, de la presse, de réunion, des cultes – organise (le texte fondamental de 1951) les pouvoirs et peut assurer une vie démocratique normal. Le prince Senoussi moderne ne voit pas d’inconvénient à ce que la Constitution de 1951-1963 soit enrichie de nouveau. Pour autant, le plus important message du représentant de la Maison royale libyenne a trait au Conseil national de transition. Pour Senoussi, le CNT doit s’installer à Tripoli et s’ouvrir à toutes les sensibilités et à toutes les obédiences. Le Conseil de transition avec lequel l’héritier du trône entretient, par ailleurs, «d’excellentes relations» et avec lui «de bons contacts» n’a pas pour vocation de succéder à Gueddafi, ni même d’être la seule alternative de transition. Cette dernière doit être l’émanation d’une nouvelle configuration qui surgira, alors, de Tripoli dès Gueddafi déchu. Le représentant de la Maison royale de Libye sait ce qu’il dit et a un projet politique sérieux, bien ficelé. Il peut, décemment, prétendre à jouer un rôle majeur dans la Libye post-Gueddafi. Reda Senoussi ne dit pas vouloir la restauration, mais est partant pour une monarchie constitutionnelle moderne.
A. M.
Le représentant de la Maison Senoussi, dynastie soufie aux origines algériennes — Mostaganem — avérées et assumées, était, hier, à Bruxelles. Le prince héritier, Mohamed-Reda Senoussi de Libye, était face à des parlementaires, des représentants de la société civile tant libyenne qu’européenne et de nombreux journalistes. Il est cultivé, très à l’aise en public, posé et parle et reprend calmement, avec mesure. «Mon devoir actuel est de soutenir les Libyens, d’empêcher le carnage perpétré par l’un des plus féroces dictateurs que le monde ait connus», répétera-t-il à plusieurs reprises dans son préambule.
«Je suis issu, dira-t-il, répondant à une question, d’une famille mystique (moutassaouiffa), très enracinée au Maghreb et en Libye.» «Le coup d’Etat du colonel Gueddafi en 1969 a signifié pour nous, expliquera, ému et très convaincant, Mohamed Senoussi, l’exil, les privations, les actes de brimade et les humiliations.» «Gueddafi n’hésitera pas, ajoute-t-il, à déterrer les cadavres de mes ancêtres, à piétiner le cimetière familial pour en enlever des restes humains et à les éparpiller, comme poussière, dans les airs et dans les cieux». Cependant, Mohamed-Reda Hassan Senoussi, comme il se définit lui-même, n’était pas au Parlement européen pour évoquer le mysticisme, ni la grandeur passée de ses ancêtres de Mostaganem. En fin politicien, il se positionne, intelligemment, sur l’échiquier politique libyen et se place dans l’après-Gueddafi. Il plaide pour la Constitution de 1951 amendée en 1963, celle de la monarchie, mais n’en fait pas un préalable. Le texte fondamental royaliste est, à ses yeux, une base solide pour la Libye moderne, mais l’héritier du trône Senoussi ne parle pas au nom du peuple libyen. «C’est à ce dernier, et à ce dernier uniquement, insiste-t-il, de déterminer quelle est la nature du pouvoir qu’il souhaite. Une monarchie constitutionnelle ou une République.» Pour lui, l’essentiel est que le régime libyen de l’après-Gueddafi soit «démocratique» et d’essence «populaire». La Constitution de 1951 garantit, toutefois, selon lui, tous les garde-fous de démocratie – liberté d’expression, d’association, de la presse, de réunion, des cultes – organise (le texte fondamental de 1951) les pouvoirs et peut assurer une vie démocratique normal. Le prince Senoussi moderne ne voit pas d’inconvénient à ce que la Constitution de 1951-1963 soit enrichie de nouveau. Pour autant, le plus important message du représentant de la Maison royale libyenne a trait au Conseil national de transition. Pour Senoussi, le CNT doit s’installer à Tripoli et s’ouvrir à toutes les sensibilités et à toutes les obédiences. Le Conseil de transition avec lequel l’héritier du trône entretient, par ailleurs, «d’excellentes relations» et avec lui «de bons contacts» n’a pas pour vocation de succéder à Gueddafi, ni même d’être la seule alternative de transition. Cette dernière doit être l’émanation d’une nouvelle configuration qui surgira, alors, de Tripoli dès Gueddafi déchu. Le représentant de la Maison royale de Libye sait ce qu’il dit et a un projet politique sérieux, bien ficelé. Il peut, décemment, prétendre à jouer un rôle majeur dans la Libye post-Gueddafi. Reda Senoussi ne dit pas vouloir la restauration, mais est partant pour une monarchie constitutionnelle moderne.
A. M.
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