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Entretien avec Smaïl Siaghi poète et peintre

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  • Entretien avec Smaïl Siaghi poète et peintre

    Smaïl Siaghi: «Je continue à écrire tant que la mort n’est pas pressée de me prendre, Je continuerai bien sûr à le faire tant le cauchemar me tient la main.»

    La Tribune : Depuis la publication de «Testament des pigeons», tu n’as rien publié d’autre même si tu continues d’écrire dans le silence. Quel sens donnes-tu à cela ?

    SMAÏL SIAGHI : Tu sais, quand on écrit, trop souvent, on n’écrit pas pour
    publier ; on écrit parce que ça vient, et c’est tout ! Après le Testament des pigeons, j’ai écrit les Gammes de gris, Qafia (rime arabe) qui sont achevés et j’ai aussi quelques débris par-ci, par-là qui demeurent en chantier. En ce moment, je suis sur le Privilège des hiboux, donc je continue à écrire tant que la mort n’est pas pressée de me prendre. Je continuerai bien sûr à le faire tant le cauchemar me tient la main.

    Smaïl, tu es aussi peintre. Est-ce que pour toi la poésie et la peinture sont un seul et même acte ?

    Toute expression artistique possède sa puissance. Mais, à mon avis, même si deux expressions diffèrent sur le plan matériel, elles demeurent presque similaires sur le plan immatériel, surtout lorsqu’elles sont dégagées par le même esprit. Leurs éléments principaux peuvent être reconnus comme un cachet appartenant à l’artiste.

    Comment vis-tu cette «double» pratique ?

    Sincèrement, je m’exprime bien dans les deux modes, et tant mieux. La seule différence est que, dans la poésie comme disait le philosophe, je n’ai pas besoin de support pour m’exprimer, mais dans la peinture, si.

    Depuis quelque temps, tu t’es installé aux Etats-Unis. Comment vis-tu l’expérience de ce nouveau lieu ?

    L’exil a toujours été un point essentiel chez les poètes. «Partir» pour un poète ou généralement pour une âme créatrice, c’est suivre le sentiment magique d’un monde qu’on ne connaît pas. Les Etats-Unis, c’est un autre monde par rapport au pays où nous sommes nés, une autre culture, un autre mode de vie, une autre langue et surtout une expérience extraordinaire pour moi.

    L’exil n’est-il pas précisément le lieu même du poème ?

    Je pense que oui. Mais, pour moi, un poème est à la fois l’exil et la patrie de celui qui le fait comme de celui qui le lit ou qui l’écoute. Si tu relis Anywhere, out of the world de Baudelaire, dans les Fleurs du mal, tu vas comprendre que l’âme du poète est prête à s’élever toujours plus haut dans les cieux.

    De surcroît, tu écris dans deux langues complètement «étrangères» à la langue et à la culture américaines ?
    Une langue reste un matériel d’expression dont les éléments existent dans toutes les cultures. Quelle que soit la langue dans laquelle un poème est fait, la profondeur demeure la même.

    Est-ce que les éléments qu’on retrouve dans ta poésie ne te manquent pas ?

    Tout est enfoui en nous. Un poète ou un artiste, comme tout homme du commun, garde son vécu en lui, duquel il reconstruit son présent.

    Et la poésie américaine fait-elle chanter tes oiseaux ?

    Oh, oui! L’Amérique aussi possède de très grosses pointures. Walt Withman, par exemple, est un poète qui me charme beaucoup. Il y a franchement trop de choses à découvrir chez les poètes américains.

    Par Azeddine Lateb, La Tribune
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