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Conférence sur l’œuvre de Slimane Azem

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  • Conférence sur l’œuvre de Slimane Azem

    C’est avec un œil critique et objectif que l’écrivain et critique littéraire Rachid Mokhtari a, lors d’une conférence animée dimanche dernier à la maison de la Culture de Tizi Ouzou, décortiqué certains aspects de la chanson de Slimane Azem, suivant plusieurs contextes sociaux, culturels et historiques.

    Il aborda la chanson suivant une conception khaldouniène, qui fait de la chanson une profession de luxe, de loisir et de divertissement, et comme il aborda cette façon de voir la chanson, face à des sociétés qui n’ont pas atteint un niveau esthétique élevé, pouvant notamment contribuer à la distinction de l’utile de l’agréable dans l’art. “L’utile nie l’art, alors que l’agréable en est l’aboutissement.” Slimane Azem reste le parfait exemple d’une négation, niant la conception d’Ibn Khaldoun. Pour lui, l’art n’est pas le beau, mais une quête de l’esthétique.

    Le verbe loughna chez Slimane Azem reste un acte de chanter pour la distraction. Il se démarque alors de la communauté artistique utilisant ce mot et de ce regard porté sur l’art du chant, par Chna, un acte de chanter, exploité comme une quête de l’idéal et une négation au premier concept. Une dualité esthétique, car, pour l’artiste, le concept loughna n’a pas de prise sur le présent et il n’est pas existentiel. “Loughna, employé au passé, est valorisant et procure du beau, alors qu’il est péjoratif lorsqu’il est utilisé au présent, notamment quand il est associé à la danse par exemple, une danseuse, reste souvent connotée de péjoration chez nous, même employé dans un sens professionnel.” Slimane Azem critique même sa vision de loughna à travers certaines de ses chansons, mais pas avec un sens absolu.

    Rachid Mokhtari fait une découpe objective du répertoire de Slimane Azem, suivant une lecture immédiate des œuvres et un contexte bien défini.

    Il décompose en trois postures les chansons de Da Slimane, l’une est que l’artiste chante ce qui est accepté, suivant une morale et une pensée propre à lui à la société traditionnelle, regrettant peut-être d’autres thématiques chantées par ses contemporains, une thématique d’amour, telle chantée par El Hasnaoui et Allaoua Zerrouki…

    Puis, en deuxième lieu, il a chanté ce qu’il sait et ce qu’il voit, donc une position de témoin de son temps, alors que l’artiste est plutôt rêveur. Il revoie de manière explicite à la guerre et à l’immigration, à une actualité directe. En troisième lieu, Slimane Azem chante ce qu’il veut et ce qu’il souhaite, une chanson d’espoir, face à un futur “perdu”. On sent, dans cette phase de son répertoire, un acharnement de l’artiste pour retrouver, de faire faire revivre et de chanter ce monde ancien perdu, mais tout en prenant conscience que cela reste impossible, “le passé reste le passé, à jamais perdu”. Face à cette impuissance de redresser la morale ancienne, acceptant tous ses alias, liés à ce monde nouveau, avec ses dualités et contradictions, il aboutit alors à l’attribution des ses chansons aux animaux.

    Est-il une forme d’impuissance à faire convaincre l’homme par l’homme ou, tout simplement, une façon d’exprimer un contexte d’actualité absurde, par la bouche d’un animal ?

    Le conférencier évoque aussi ce télescopage entre les deux espaces, l’exil et le pays natal chez Slimane Azem, comme un seul espace, exilé aussi dans son propre pays.

    Par Liberté
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