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Ben Laden ou le mentor du GIA, du GSPC et d’AQMI

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  • Ben Laden ou le mentor du GIA, du GSPC et d’AQMI

    Au début des années 1990, Ben Laden change de stratégie en encourageant les «phalanges arabes» à exporter le «djihad» vers leurs pays respectifs

    Depuis la prise en charge des bataillons d’Algériens arrivés en Afghanistan pour faire la guerre à l’armée russe pendant les années 1980, jusqu’à leur transfert vers le pays au début des années 1990 pour exporter le djihad, Ben Laden a joué un rôle important dans le terrorisme en Algérie. Il avait réussi à exporter vers l’Algérie le «terorisme salafiste» à travers l’infiltration des GIA, la création du GSPC et d’AQMI, la filiale d’Al Qaîda au Maghreb.

    Annoncée par le président américain en personne, la mort d’Oussama Ben Laden signifie-t-elle pour autant la fin de la nébuleuse Al Qaîda ? Non, diront les spécialistes. La nébuleuse est comme un serpent à mille têtes. Son mode de fonctionnement ne s’appuie pas sur le «leadership» dont la durée de vie est généralement limitée.

    La mort de Ben Laden n’aura certainement pas d’incidence sur les activités de la nébuleuse terroriste, en dépit du fait qu’il soit considéré comme le «père fondateur» du salafisme armé, notamment en Algérie. En effet, ce richissime homme d’affaires saoudien, qui avait ses entrées au sein de la puissante monarchie des Al Saoud, avait joué un rôle important, à la fin des années 1980, dans l’installation et l’organisation des camps de combattants musulmans en Afghanistan, dont des Algériens qui participaient à la guerre contre l’armée russe. Une guerre financée par les Américains et les Saoudiens ainsi que d’autres services, comme ceux de la Grande-Bretagne.

    Avec la fin du conflit, au début des années 1990, il change de stratégie en encourageant les «phalanges arabes» à exporter le «djihad» vers leurs pays respectifs. L’arrivée de plusieurs groupes «d’Afghans» en Algérie coïncide avec la montée en puissance de l’organisation terroriste GIA (Groupe islamique armé) dirigé alors par Abdelhak Layada et qui est, en réalité, une fusion entre le Mouvement islamique armé (MIA) créé et commandé par Mansouri Meliani en 1989 et les GIA de Layada (qui venait de succéder à Moh Leveilley). En une année (1992-1993), les GIA vont marquer la scène par des actions armées des plus violentes à travers la multiplication d’attentats ciblés et d’embuscades contre les forces de sécurité. Formés à la guérilla dans les maquis, les premiers groupes d’Afghans vont renforcer ses rangs, surtout au Centre et à l’Ouest.

    Ses contacts avec Djaâfar El Afghani et Djamel Zitouni

    Dès l’arrestation de Layada au Maroc, en 1993, c’est Djaâfar Al Afghani (Mourad Si Ahmed), un ancien «Afghan», qui prend les rênes du GIA. Il est le premier émir en contact direct avec Ben Laden. Une guerre sans merci est alors déclarée entre les fondamentalistes du courant des salafistes qui obéissaient à la logique de «révolution» internationale telle que prônée par Ben Laden et dirigée par Al Qaîda et ceux appartenant au courant «djazariste» qui n’avaient d’autre objectif que de prendre le pouvoir en Algérie.

    Des émissaires de Ben Laden arrivent au maquis de Djaâfar Al Afghani pour lui apporter le soutien, mais également l’aide matérielle et financière. En 1994, après la mort de Djaâfar Al Afghani, Djamel Zitouni (dit Abou Abderrahmane Amine) prend les rênes de l’organisation et entame une purge, ciblant tous les djazaristes, accusés de complot contre les salafistes. Durant cette période, le GIA – grâce à des réseaux de soutien installés dans de nombreux pays, notamment les Etats-Unis, la France, la Belgique, le Royaume-Uni, l’Allemagne, la Suisse, l’Italie, l’Espagne et la Suède, ainsi que dans des pays arabes comme le Maroc (par où transitaient les filières afghanes), l’Arabie Saoudite ou le Yémen – est le groupe terroriste le plus puissant et le plus médiatisé de la nébuleuse islamiste internationale.

    Avec ses «phalanges de la mort» (katibat el maout), il fait régner la terreur en Algérie, en tuant y compris des étrangers, et exporte sa «guerre» en France avec les attentats du RER durant l’été 1995.

    Fort de cette «puissance», il dépêche, vers la fin de 1995, son «exégète» Redouane Mokadour (dit Abou Al Bassir) au Soudan, pour rencontrer Ben Laden qu’il met en garde contre toute aide donnée au GIA à travers une autre personne. Il lui fait comprendre qu’il est l’unique interlocuteur du «djihad» en Algérie et qu’à ce titre, il en est le seul responsable.
    En 1996, Ben Laden lui envoie des émissaires pour évaluer ses besoins en armes et en logistique. Quelques mois plus tard, il est tué par un groupe dissident dans la région de Médéa et c’est son adjoint, Antar Zouabri, qui lui succède durant l’été 1996 et s’engage dans la stratégie des massacres collectifs.

    Pour faire oublier le GIA, Hattab crée le GSPC sur le conseil de Ben Laden

    Une stratégie qui va donner une très mauvaise image du «djihad international» prôné, soutenu et financé par Ben Laden. Ce dernier se rapproche de Hassan Hattab, alors émir de la zone est d’Alger pour le GIA et en disgrâce avec Antar Zouabri, pour lui suggérer de créer une autre organisation à même de faire oublier la logique sanguinaire de son rival en lui assurant une aide importante. Ce que Hassan Hattab va mettre en place.
    Hassan Hattab va se démarquer du GIA et se reconnaît officiellement du combat international prôné par Ben Laden en annonçant la naissance du Groupe salafiste pour le djihad et le combat (GSPC) en janvier 1998. Il va refuser les offres de reddition faites en 1999 et élargit les ramifications de son organisation à la Mauritanie et au Mali. Il lance des fetwas contre les étrangers installés en Algérie mais, en juillet 2003, il est évincé par Nabil Sahraoui. Vers la fin de la même année, l’enlèvement de 31 touristes étrangers dans le sud du pays par Abderrazak El Para marque une nouvelle étape, avec l’installation dans les régions du Sahel de nouveaux groupes affiliés au GSPC. Une année auparavant, un Yéménite, émissaire de Ben Laden, a été abattu par les forces de sécurité à Batna, où sévissait El Para.

    Quel message a-t-il apporté ?

    Certainement celui de renouer avec le GSPC après la mise à l’écart de Hassan Hattab. L’élimination de Nabil Sahraoui en 2004 verra l’arrivée de Abdelmalek Droukdel, au moment où les filières de recrutement vers l’Irak se multipliaient partout dans le monde arabo-musulman, mais également en Europe, notamment en Espagne, en France et en Italie, où le GSPC avait ses réseaux de soutien.

    Soutenu par Aymane Ezawahiri, l’éminence grise de Ben Laden, et inspiré par Abou Mossaab Zerkaoui (auquel il a rendu un vibrant hommage), il prête allégeance officiellement à Al Qaîda et annonce la création, en janvier 2007, d’Al Qaîda au Maghreb islamique (AQMI), un groupe constitué par des «salafistes» qui activent en Tunisie, au Maroc, en Libye et en Mauritanie. Il copie le même mode opératoire qu’Al Qaîda en Irak et en Afghanistan, adoptant sa stratégie des attentats kamikazes et du recours aux technologies de télécommunications pour appuyer sa propagande. L’alliance idéologique avec la nébuleuse de Ben Laden est ainsi scellée. Droukdel choisit la date du 11 décembre 2007 pour mener deux attentats kamikazes à Alger en ciblant non seulement les bureaux de l’ONU mais également le siège du Conseil constitutionnel. Sa stratégie porte désormais le label Al Qaîda.

    Droukdel fonde AQMI et obtient le label de Ben Laden

    Les deux organisations (celles de Droukdel et de Ben Laden) se rendent service mutuellement. L’une fournit l’impact médiatique et l’autre le leadership dans la région du Maghreb, mais aussi dans le Sahel, devenu un sanctuaire pour de nombreux terroristes venus des pays limitrophes. Vers la fin de l’année 2010, les forces de sécurité ont démantelé un réseau de terrorisme international en relation avec Al Qaîda, dans la région de Batna. C’est l’une des plus importantes opérations de démantèlement de réseaux terroristes internationaux en liaison avec le GSPC ou AQMI que les services de sécurité viennent de mener dans les maquis de Batna. Composé d’une quinzaine d’éléments, dont une dizaine d’étrangers qui recrutaient, par l’organisation de Droukdel, des jeunes (nationaux et étrangers) pour aller combattre en Irak dans les rangs d’Al Qaîda de Ben Laden. Pour cela, il a rallié à ses rangs, en tant que nouvel exégète, le terroriste mauritanien Brahim Ould Mohamed Ould Na(dit Abou Anes Echenguitti) qui va se charger de la mission étant donné son expérience dans le domaine, mais aussi de sa relation directe avec Ben Laden. Ce dernier l’aurait instruit de renforcer les troupes d’AQMI et de les endoctriner pour mener des attentats kamikazes et des enlèvements d’Occidentaux. Son poste de membre du «conseil des sages» va lui permettre de donner une dimension internationale à AQMI à travers le ralliement massif d’étrangers, surtout des Mauritaniens, devenus de plus en plus prédominants au Sahel.

    Rentré en 2008 en Algérie, il séjourne dans les maquis de Tébessa puis de Batna, où il a procédé à la réorganisation des groupes terroristes dans les deux régions avant d’être arrêté par les services de sécurité vers la fin 2010. Lui et 14 autres terroristes arrêtés feront des révélations fracassantes sur les liens entre Ben Laden et AQMI ayant permis l’identification de 211 terroristes du Mali, de Libye, de Mauritanie, de Tunisie, du Soudan, du Maroc, du Nigeria, de Guinée Bissau et du Burkina Faso activant au Sahel.
    Leurs aveux ont levé également le voile sur les connexions avérées d’AQMI avec d’autres organisations terroristes internationales, affiliées ou proches d’Al Qaîda de Ben Laden, parmi lesquelles Boko Haram du Nigeria dirigée par Abou Bakr Chikou, le mouvement somalien Harakat Chabab Moudjahidine dont le chef est un certain Abou Zoubeir, ayant bénéficié de l’appui logistique du GSPC à travers des formations paramilitaires et des aides financières mais aussi de l’armement acquis grâce aux rançons. Même s’il n’y aura pas d’incidence «militaire», la mort de Ben Laden va priver AQMI d’un soutien plus moral que matériel. Droukdel perd un de ses «mentors» mais pas son capital logistique, mis à sa disposition par Aymane Ezawahiri pour assurer à ses actes l’effet médiatique à travers les sites web d’Al Qaîda.


    Par Salima Tlemçani, El Watan
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